Pas de petits poèmes sur la nature, ni de réflexions déambulatoires, ni d'escapade en canot-camping ici! le parc dont il est question en est un métaphorique. Un lieu de guérison, une colonie de vacances pour ceux qui se sentent perdus, un safe space où on peut mettre son existence sur pause et faire sa crise existentielle en paix. Un endroit où on tourne en rond, à la fois refuge et cage : on y tombe par inadvertance ou on s'y met volontairement à l'abri du monde – ou un peu des deux à la fois. Dans un cas comme dans l'autre, le danger, c'est d'y rester coincé. Pour en sortir, il faut faire le saut de la foi, oser se jeter dans le vide, dans la vie.
J'ai été agréablement étonnée par le thème et la façon dont il est abordé. C'est une allégorie originale, attendrissante et pleine d'humour, qui nous rappelle qu'il y a toujours de l'espoir. Une belle surprise!
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j’me dis que je vois limité
et c’est peut-être ça l’analogie
la conclusion à laquelle il faut arriver
celle de nos perspectives étroites
on ne s’imagine pas à quel point
je pourrais tuer avec le bout de mes doigts
pour une comparaison de même
« chasse au trésor mes champions »
on nous rappelle que nous sommes nés pour la réussite
[…]
« le bonheur est caché dans un coin
c’est votre première activité »
[…]
trouver le bon coin
ça semble facile facile
je cherche un angle
sans doute obtus
j’imagine le bonheur large
Il doit prendre de la place
sauf que ce parc est rond
« c’tu ça
un jeu de l’esprit ? »
à bout de patience devant la courbure des choses
je m’arrête deux secondes
mes mains font un bol
il est peut-être en leur creux
devant mes yeux depuis tout ce temps
fallait juste que je le prenne
une voix plus loin : « JE L’AI. »
marée humaine à sprint
pendant que j’haïs ma candeur
ça n’a pas exactement été du partage
[…]
le bonheur est mort
c’était notre seule chance
dans le jardin
des déceptions anticipées
au travers des rosiers
on nous martèle de semer
ce qui est trop beau pour être vrai
on en vient à explorer
davantage notre tabarnak
que notre envie de rester là
à se dire que la mesure des choses
finalement
c’est plus compliqué que ça
on me dit que je cherche la marde
on me fait des gros yeux
je ne suis pas le mode d’emploi
bienvenue
bienvenue
fais le tour
jusqu’à ce que
tu comprennes
le sens des pissenlits
Extrait du sensible et doux recueil de poésie pour la jeunesse « Colle-moi» de Véronique Grenier, publié à courte échelle en août 2020. Pour les 9 ans et +.
Lecture : Véronique Grenier
Réalisation : Farid Kassouf et Renaud Lefebvre
Musique : Sonate pour piano n 15 de Beethoven interprétée par Karine Gilanyan
Illustration : Ohara Hale
« Colle-moi » fait partie de la collection Poésie. https://www.groupecourteechelle.com/la-courte-echelle/livres/colle-moi/
Dans « Colle-moi », on suit les réflexions d'un jeune garçon dont les parents se sont séparés. Désespérément à la recherche du lien familial perdu, l'enfant partage des états d'âme nuancés, riches. On y reconnaitra l'écriture franche et sensible de la poétesse Véronique Grenier, qui n'hésite pas à décortiquer les émotions au moyen d'images étonnantes et toutes simples.
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