Alexandre Griboiedov (1794-1829)
Le Malheur d'avoir de l'esprit (1824)
On ne peut pas parler de l'efflorescence du monde des poètes et des littérateurs russes du 19 e siècle, siècle sans pareil, sans évoquer la mémoire de celui qui fut un homme brillant dans tout ce qu'il entreprenait. Il fut tour à tour dramaturge, diplomate, compositeur.. Ses pairs le lui rendent bien à travers de vibrants hommages ; ici (en France) plutôt peut-être pas ! Il faut vraiment s'intéresser à cet homme, voilà j'annonce la couleur !
Ah, encore un grand littéraire qui n'obtiendra pas tout le succès escompté, fauché dans sa jeunesse à cause d'une affaire sordide où il sera assassiné. Il avait tout pour réussir. Les quelques écrits qu'il laisse à la postérité sont remarquables. Il viendrait à l'idée de qui - idée qui m'obsède depuis que j'ai lu un historiographe écrire à propos de Garchine que puisque sa production est faible, l'oeuvre est faible - là pour cette fois de reléguer son oeuvre à une question de kilos ? Hein ? Il fait figure de chevalier blanc ! Il nous réservait avec une très forte probabilité des écrits à venir avec peut-être plus d'acuité encore et de variation de thème tellement sa courte vie foisonne d'aventures et de drames : en tous les cas, sans analyse prophétique, voire présomptueuse, sa vie est un roman.
C'était à l'époque, dans ce siècle impérial naissant, où le "sexe faible" restait à la maison pendant que les jeunes officiers partaient guerroyer en tout sens pour la patrie ; les fortunes étaient diverses au retour !..
Qui n'a jamais éprouvé, devant un rival qui vous pique votre nana sous votre nez, un sentiment de jalousie quand celui-ci n'a rien pour plaire et que vous vous demandez ce qui peut bien germer dans la tête d'une fille intelligente, celle que vous aimez pour fréquenter un type pareil moins bien que vous sous tout rapport ? C'est le point de vue que se fait le protagoniste Tchatski vis-à-vis de Motchaline et de Sophie !
Mais dans les affaires passionnelles , les choses ne sont jamais si simples, elles peuvent se renverser si par exemple, on comprend mieux quand l'insolent rival n'est en fait qu'un mauvais coucheur. Mais il y a un problème réel qui empeste l'atmosphère -pour les âmes romantiques s'entend - quand les choses sont consommées entre la jeune fille et le flagorneur, quand elle tombe dans son jeu machiavélique qu'une fraicheur d'esprit ne saurait voir, et y laisse sa vertu !
Eh ben, c'est le fond de cette comédie. La jeune fille est humiliée, s'en veut terriblement ..Après avoir trouvé mesquine l'attitude de Tchatski, -il l'était il faut le dire et avait "
le malheur d'avoir de l'esprit" - Sophie se sent maintenant salie, objet de la risée dans la société ..