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André Markowicz (Traducteur)
EAN : 9782742765164
165 pages
Actes Sud (30/11/-1)
3.62/5   45 notes
Résumé :
Un matin d’hiver, Tchatski revient à Moscou après trois années d’absence (« Je voulais faire un tour du monde »), brûlant de retrouver Sofia, une amie d’enfance, fille d’un haut fonctionnaire, Famousov. Il est accueilli froidement. Avec l’impatience - et la naïveté - des amoureux, il doute encore de son malheur et veut aussitôt savoir la vérité : Sofia aime-t-elle un rival ? Le soir du même jour, au cours d’un bal chez Famousov, Tchatski retrouve le tout-Moscou. Il ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
L'histoire se présente ainsi : Tchatski, membre de l'aristocratie russe, mais assez peu fortuné ni sans beaucoup d'appuis, revient à Moscou après trois années passées à l'étranger dans de lointaines provinces.

Celui-ci espère retrouver celle qui faisait battre son coeur avant son départ, celle qu'il connaît et côtoie depuis l'enfance, celle qui lui était destinée en quelque sorte, Sofia, fille d'un haut fonctionnaire, Famoussov.

Cependant, l'accueil reçu par Tchatski de la part de Sofia n'est pas exactement à la hauteur de ses espérances. La belle semble avoir tissé d'autres liens, aussi affectifs que secrets durant ces trois dernières années, notamment avec Moltchaline, le secrétaire particulier de son père.

Famoussov lui-même se soucie de Tchatski comme d'une guigne. À la vérité, le père verrait d'un mauvais oeil le fait que sa fille se lie avec cet exilé sans le sou et use de tout son poids pour indiquer à celle-ci un parti qu'il juge plus avantageux avec un jeune colonel, Skalozoub.

Tchatski arrive donc tel un chien dans un jeu de quilles au milieu de cette vie mondaine russe à laquelle il n'est plus habitué. Il est le témoin de l'étalage d'hectares de cirage sur les pompes d'une myriade d'hommes de pacotille, qui tous se hissent sur la pointe des pieds pour dépasser d'un cheveu leur voisin.

Chacun bombe le torse, chacun fait des courbettes devant, casse du sucre derrière, avec le plus beau des sourires à la cantonade. Cooptation et népotisme sont les deux mamelles qui nourrissent l'avancement et la reconnaissance publique dans ce monde.

Et le talent ? s'interroge Tchatski. de talent il ne semble guère question dans la vie mondaine, sauf à considérer cet art de louvoyer, de s'abaisser, de flatter, de trahir, de calculer et de se faire valoir comme un véritable talent.

Je ne vous en dis pas plus et vous laisse donc entendre sans ambages qu'il s'agit d'un brûlot fort corrosif adressé par Alexandre Griboïedov à toute la haute société russe de 1825, à toute cette vie mondaine et faite de courtisans veules et hypocrites. Cette même société qu'on voit étrillée un peu partout en Europe à cette même époque, en France par Balzac ou Stendhal, notamment.

C'est très intimement autobiographique et Tchatski n'est autre que Griboïedov lui-même. D'ailleurs, comme Balzac ou Stendhal, on ne parle jamais si bien de cette société et de ses travers que quand on les a vécus soi-même. Lui, le diplomate Griboïedov, parti trois années en Perse et dans le Caucase, qui se sentira tellement mal à l'aise à Moscou à son retour qu'il n'aura de cesse de repartir, avec la fin tragique que l'on sait...

En outre, il me faut dire un mot ou deux de la traduction d'André Marcowicz. J'avais déjà abordé cette question à propos de son contemporain Pouchkine et en particulier sur la traduction d'Eugène Onéguine. Il ne fait aucun doute qu'André Marcowicz est un grand traducteur et que traduire en vers une oeuvre en vers est une gageure des plus irréalisables.

Il s'en tire. Bien, là est une autre question, mais il s'en tire. Il faut tellement contraindre le français, tellement entortiller les notions pour arriver à faire rimer " vrai ", avec " secret ", que, malgré tout le talent du traducteur, le texte est fade voire nébuleux.

On perd toute la fluidité, toute la jubilation caustique à vouloir rimer coûte que coûte. Selon moi, le texte y perd, et grandement. Je n'ai pas pris le plaisir que j'aurais dû et pire, je n'ai pas ri ou souri autant que le russe le prévoyait car le français, à jouer le contorsionniste, a fait tomber quelque chose que je n'ai pas retrouvé, même en regardant les morceaux brisés sous l'équilibriste.

Comme pour Eugène Onéguine, je pense qu'une version non rimée est souhaitable. Voilà pourquoi il ne me restera vraisemblablement pas un très grand souvenir de cette comédie satirique pourtant très réputée en Russie.

Il convient néanmoins de garder toute prudence vis-à-vis de cet avis qui ne signifie pas forcément grand-chose car contrairement à Tchatski, je ne souffre pas du malheur d'avoir trop d'esprit (titre sous lequel la pièce est plus généralement traduit en français).

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Moscou, début des années 1820.
Après avoir passé trois ans à l'étranger, Tchatski, ami d'enfance de Sofia Pavlovna, fille d'un chef de service de l'administration impériale aux dents longues, se replonge dans l'univers des salons moscovites avec un oeil neuf, critique et révolté sur la société. Se croyant épris de la jeune femme et se posant comme légitime prétendant, sa déconvenue est grande quand il retrouve la dame de ses pensées aussi froide à son endroit qu'un glacier du Kamtchatka, et visiblement éprise en secret d'un autre...

Alexandre Griboïedov n'est pas un dramaturge très connu en France - enfin c'est ce qu'il me semble. Et pourtant, c'est avec talent et audance qu'il dénonce très tôt - sa pièce sera interdite et circulera abondamment sous le manteau - la sottise des classes aisées lancées dans la course à l'échalote des "carrières" (militaires ou administratives), des beaux partis, des grosses dots et des mirifiques honneurs.

Dans cette pièce en quatre actes et aux scènes brèves, mettant en scène de très nombreux personnages, le verbe sonne haut et fort, acerbe et blessant. Tourbillonnant kaléidoscope des aspirations et des ambitions, aussi vaines et ridicules les unes que les autres ; déprimant constat qu'il est bien difficile pour la jeunesse de faire bouger les pièces du jeu - quelle que soit l'époque. L'innovation, les réformes et les nouvelles idées sont très loin de plaire aux riches et/ou nobles Russes qui renient leur identité en adoptant maladroitement les modes occidentales et se confisent dans leur conservatisme grand teint.

Sur la forme, j'ai aimé le rythme de cette pièce ; toutefois, j'ai peu apprécié qu'elle soit écrite en vers. C'était certes dans l'air du temps mais aujourd'hui le contraste est frappant entre des propos à la forme surannée et leur actualité toujours vive.


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DU MALHEUR D'AVOIR DE L'ESPRIT de ALEXANDRE GRIBOÏÉDOV
Pièce en quatre actes et en vers.
L'action se passe à Moscou, Famoussov est chef de service dans une administration, il vit avec Sofia sa fille, Liza sa bonne et Moltchaline son secrétaire. Un marin tôt, il trouve ce dernier chez sa fille, or il rêve pour elle d'un homme important alors que son secrétaire est discret et modeste. Sofia semble l'aimer. Débarque Tchatski, ami d'enfance, brillant, qui était parti voir le monde et pour sa première visite il passe chez Sofia pour laquelle il avait un penchant. Mais trois années ont passé, il n'a donné aucune nouvelle et Sofia l'a quelque peu oublié. Famoussov qui les surprend en pleine discussion se désespère de voir sa fille prise entre un gandin comme Tchatski et un gueux comme Moltchaline, lui son souhait ce serait plutôt le colonel Skalozoub, un militaire bien solide, à l'ancienne.

Une pièce aux répliques qui font mouche. La jeunesse anticonformiste de Tchatski, la fourberie de Moltchaline qui lutine Liza, les réflexions venimeuses de Sofia, Famoussov un peu perdu dans cette ambiance qui rappelle souvent les chefs-d'oeuvre de Feydeau ou de Courteline.
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Du malheur d'avoir de l'esprit

Le jeune Tchatski revient dans son Moscou natal après trois années passées à l'étranger. Il se précipite chez Famoussov pour y retrouver son amour d'enfance, Sofia.

Mais celle-ci a trouvé l'amour, ailleurs, en la personne de Moltchaline qui travaille comme secrétaire pour son père.

Mais ledit secrétaire semble, lui, plus intéressé véritablement par la bonne Liza que par Sofia.

Autant dire que les retrouvailles vont être mouvementées.

Voilà fort longtemps que je n'avais pas lu une pièce de théâtre. Ce n'est clairement pas un de mes genres de prédilection, mais j'avais envie découvrir l'oeuvre unique de Griboïedov, poète contemporain de Pouchkine.

J'ai trouvé ici une lecture plaisante. C'est une comédie au rythme vif, où les rebondissements s'enchaînent. Les personnages sont caricaturaux même si celui de Sofia apparaît comme moins intéressant avec des motivations plus floues.

Cette pièce écrite en 1825 ne sera pas jouée avant 1861 car elle est aussi une critique de cette noblesse, pleine de gens ridicules, prompts à juger les autres sans véritablement d'esprit ou de coeur.

Je serais passée à côté de nombreuses références qui, à l'époque de l'écriture de la pièce semblaient évidentes, sans les notes ajoutées dans cette édition, sans oublier la postface, qui permettent de mieux comprendre les enjeux de la pièce.

Bref, une lecture divertissante d'une pièce qui connut un succès immédiat et retentissant à son époque.
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Souvent, les brillants esprits cherchent a focaliser l'admiration sur leur personne en usant de leurs talents oratoires. Ici, Tchatsky n'opere pas de la sorte, n'hesitant au contraire pas a froisser chacun de ses interlocuteurs. Ce point ne le rend d'ailleurs pas eminemment sympathique, et l'on peut etre d'accord avec ce reproche que lui fait Sofia de perpetuellement chercher a railler.
Mais il paie cher cette autonomie d'esprit. Malheur a l'homme seul, a l'anticonformiste!! Rien ne sert helas d'avoir raison seul contre tous, ou contre les apparences.....ces situations n'appartiennent pas a une epoque revolue, mais sont une experience bien quotidienne, bien contemporaine!
A refuser les codes et les simagrees d'une societe, d'un groupe, on s'en exclut aussi surement que l'on en est exclu: voila le triste sort d'un homme sincere et brillant qui a surestime l'intelligence et la liberte d'esprit de ses concitoyens.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
TCHATSKI : Voilà, cette journée passée, et, avec elle,
Les ombres, les fumées, toute la griserie
De mes espoirs, de mes désirs rebelles.
Que pensais-je trouver ici ? qu'ai-je attendu ?
Quel cœur en sympathie, quel charme frais, candide ?
Un cri ! ô joie ! on s'embrasse ! Et le vide.
Ainsi, en voyageant par des chemins perdus,
Dans la plaine infinie, on reste sans rien faire,
On voit toujours des choses, loin, devant,
Bleues, bigarrées, plein de points de lumière,
On roule un heure, deux, un jour, on fend le vent,
On arrive au repos, au gîte : où qu'on regarde —
Toujours la même plaine, et morte, et vide et nue !...
Ça vous blesse en plein cœur pour peu qu'on s'y attarde.

Acte IV, Scène 3.
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FAMOUSSOV : En aura-t-on souffert de ces travaux !
Mais, depuis, les maisons, les trottoirs et les routes,
Tout s'est refait sur un mode nouveau.
TCHATSKI : C'est vrai pour les maisons ; les préjugés, j'en doute,
Ils survivront sans contredit
À la mode, aux années, aux incendies.

Acte II, Scène 5.
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FAMOUSSOV : Tu as couru le monde et tu veux te caser ?
TCHATSKI : Que vous importe, à vous ?
FAMOUSSOV : Bigre, je suis censé,
Puisqu'elle est quelque peu de ma famille
— On me l'a dit, du moins — lui donner mon accord
En tant que père de ma fille.

Acte II, Scène 2.
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TCHATSKI - Comme il s'affole ! quelle fuite !
Et Sofia ? - Ou vraiment elle a un fiancé ?
Je leur suis étranger, on dirait qu'ils m'évitent !
C'est vrai, où est-elle passée ?
Qui est ce Skalozoub ? Le père le vénère -
Allez savoir, pas que le père...
Ah ! votre amour est mal en point
Quand vous partez trois ans au loin.
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FAMOUSSOV : Sofia ! Fille impudique !
La honte ! Où ? Avec qui ? Ah mais, exactement
Comme feu mon épouse, sa maman.
Il suffisait que j'aille faire un somme,
On vous la retrouvait en compagnie d'un homme.

Acte IV, Scène 14.
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