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Thomas Grillot (Traducteur)
EAN : 9782362794810
235 pages
Alma Editeur (08/10/2020)
4.27/5   11 notes
Résumé :
Disaster Falls : le nom d’un lieu perdu – des rapides sur la Green River entre l’Utah et le Colorado. Mais le nom, aussi, d’un événement tragique. À l’été 2008, lors d’un voyage organisé, le kayak dans lequel Stéphane Gerson naviguait avec son fils Owen chavira dans ces eaux froides. Après trois heures de recherches, on retira de l’eau le corps d’Owen. Il avait huit ans.Au croisement du récit, de la chronique et de l’enqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je termine enfin, un peu éprouvée, ce récit autobiographique de Stéphane Gerson qui nous fait partager, entre pudeur et quête obsessionnelle de sens, la perte de son fils Owen, âgé de 8 ans, lors d'une descente des rapides de la Green River. L'enfant périra noyé sur la portion de ces rapides terriblement nommé "Disaster Fall".
Je remercie les éditions Alma et Babelio de m'avoir offert l'occasion de découvrir ce récit, mais je ne cacherai pas qu'il peut se révéler douloureux pour toute personne ayant vécu la perte d'un être cher. Je me suis demandé pourquoi j'avais alors fait un tel choix lors de l'opération Masse Critique, car le thème était pourtant bien clair. Très certainement pour les mêmes raisons qui poussent l'auteur à explorer en tout sens son chagrin, à le disséquer, à participer à des réunions de parents endeuillés, à retourner sur les lieux de l'accident, à exhumer le passé familial des grands parents ayant connu la déportation, à lire les écrivains qui subirent la perte d'un enfant : comprendre pourquoi et tenter de donner du sens. Car comment supporter l'insupportable docilement ?
À la lumière de mes propres deuils, je perçois la démarche de Stéphane Gerson comme une enquête (reposant sur son expérience professionnelle d'historien), qui lui permet de faire un pas de côté et s'émanciper de sa propre peine pour mieux la canaliser.
Au delà du chagrin et la déflagration que représente la perte d'un enfant pour une famille, et plus largement toute une communauté (amis, voisins, collègues...), j'ai été très émue par cette approche qui a consisté pour l'auteur à investiguer tout ce qui pouvait avoir un rapport à Owen. Stéphane Gerson nous plonge avec lui dans ses souvenirs d'Owen, ses tentatives de ne pas céder à la colère, de transformer ce vide, de donner absolument du sens, d'en appeler au passé pour presque inventorier et comprendre comment des parents "orphelins de leur enfant" ont survécu à ce deuil.
Il analyse au passage la réaction de son entourage face à ce deuil et à leur chagrin, et constate sans jugement la difficulté, la gène, voire les condamnations sous entendues de ceux qui ne comprennent pas pourquoi il a mené son enfant sur cette rivière, pourquoi il n'a pas pu l'en sauver.

Il nous ouvre une porte sur ce que beaucoup ne suspectent pas tant qu'ils ne l'ont pas vécu : le chagrin abyssal. Et il y a beaucoup derrière cette porte. Des parents inconsolables, meurtris jusqu'à l'aigreur, la solitude car il est ardu de franchir la porte dans l'autre sens une fois le chagrin entré dans votre vie. Mais parfois aussi l'empathie, et si ce n'est des réponses à cette quête de sens, au moins une acceptation au long cours vers un peu de sérénité, une transcendance.

Pas de pathos gratuit ou d'auto apitoiement,
juste le cheminement d'un papa qui reste debout et cherche.
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Ce livre nous prend, des la première page,  dans la spirale du deuil,
On est tiré vers le fond dans cette famille percutée par la mort d'un enfant, et on ne respire plus qu'avec l'auteur. et on sort de cette lecture assez éprouvé.
L'écriture est toutefois suffisamment légère, avec de nombreux retours arrière et diversions pour permettre au lecteur d'absorber ce traumatisme. C'est très bien écrit, et cette longue thérapie familiale a une valeur de cas d'école en psychologie du deuil.
L'auteur met ce drame en perspective des drames vécus par sa propre famille, avec la Shoah, et on se rend compte aujourd'hui que le traumatisme est d'autant plus mal accepté que la mort d'un enfant est devenue très rare, contrairement à ce qui se passait au dix-neuvième siècle ou plus récemment dans des pays comme la Biélorussie, terre de ses ancêtres.







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Je remercie Masse Critique Babelio pour cette lecture. Disaster Falls, les chutes du désastre, de Stéphane Gerson est un livre publié aux Éditions Alma et traduit par Thomas Grillot.

Petit garçon angoissé, Owen, huit ans, fait du rafting avec son père, sa mère et son frère aîné, sur la rivière Green. Fier d'avoir dépassé sa peur en passant de petits rapides, il dira à son père «C'est le plus beau jour de ma vie».
Ce sera aussi le jour de sa mort.

L'accident a lieu durant l'été 2008.
Pour Alison et Stéphane Gerson, il s'agit désormais de faire le deuil non seulement de l' enfant mais aussi «de l'adolescent, du jeune adulte et du parent qu'il serait devenu »
Chaque chapitre a pour titre la parole, bien souvent une question, d'un camarade ou d'un proche de la famille.
Ce livre est une porte ouverte sur l'intime, sur la douleur incommensurable des parents d'où ressort une question: à l'avenir, comment redéfinir leur couple de l'intérieur ?

Ils décident ensemble de ne pas se laisser porter par la colère.
Stéphane Gerson, historien et professeur américain, tient bon grâce à son écriture quasi obsessionnelle à la fois pour expier et rendre hommage à son fils.
Il cherche une direction, un chemin pendant sa longue période de deuil et ce chemin, nous l'empruntons avec lui à travers ce récit ponctué de différentes chroniques.
L'auteur retourne en Belgique, voir la cousine germaine de sa grand-mère pour reconstruire son histoire familiale, s'essaye aussi aux réunions d'un groupe de soutien aux parents ayant perdu un enfant, part à Minsk découvrir le berceau de sa famille et se met à enquêter sur la rivière Green où eut lieu l'accident. Ce n'est que plusieurs mois après leur retour de Biélorussie que Stéphane Gerson se met à écrire sur son fils.

La dernière partie du livre est consacrée à la nouvelle du cancer de Berl, son propre père, au choix de celui-ci de demander une injection -on est en Belgique- et d'accepter l'euthanasie, enfin à son accompagnement pendant son hospitalisation.

Beaucoup d'histoires se mêlent donc à cette dramatique histoire de famille endeuillée. Mais il n'en reste pas moins que cette non fiction est un livre sur la transmission, sur la vie.

Gros bémol, pour la lectrice que je suis, grande amoureuse des livres. J'ai été déçue par cet objet livre. le
cadrage du prologue donne l'impression de lire sur un bateau: la marge en haut de page est de 1,7 cm et celle du bas de 2 cm.
De plus, lors de ma lecture, et vraiment, je ne maltraite pas mes livres bien au contraire, les pages du prologue ont commencé à se détacher en haut. Cela donne l'impression d'une fabrication de mauvaise qualité et m'a gâché la lecture des premières pages du récit. Et je ne parle pas des fautes...
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Un témoignage bouleversant, une lecture coup de poing et coup de coeur ❤ Je n'ai jamais autant pleuré en lisant un livre...

La plume est à la fois percutante et tout en finesse. Un doux mélange d'émotions et de réflexions sur la vie. Certains passages ont une puissance d'évocation de sentiments incroyable. Quelques simples mots ont réussi à me mettre KO.

L'auteur nous raconte l'accident qui a causé la mort de son fils de 8 ans. Un drame terrible qu'il relate de son point de vue et avec un certain recul. C'est un récit nécessaire pour lui, pour sa famille mais aussi pour tous les parents qui ont perdu leur enfant.

La thématique du deuil prend évidemment une place centrale. Comment continuer à vivre avec cette culpabilité de survivre à son fils ? Ce livre nous montre que c'est possible en communiquant, en extériorisant et en décupabilisant.

Suite à cette épreuve, la famille n'est malheureusement pas au bout de ses peines. En effet, le cancer va s'immiscer dans leur vie et leur infliger un énième lot de douleurs... Les attentats de 11 septembre sont également évoqués. Ces derniers ayant eu des répercussions sur certains points de leur existence.

Je n'oublierai jamais Owen. Ce petit garçon vivra éternellement dans le coeur de ses parents et dans le mien, mais aussi à travers ce roman.

Un récit inoubliable, fort en émotions et magnifiquement bien écrit. Je vous invite chaleureusement à découvrir l'histoire de cette famille attachante qui a dû faire face à la pire tragédie qui soit : perdre son enfant.
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e viens de lire ce récit d'une traite (version e-book), après l'avoir offert (livre papier) à un ami, père récemment endeuillé. C'est fort, intense, précis, comme sous un scalpel. Anatomie d'une douleur pourtant inexprimable, d'un manque lancinant et d'un « travail de deuil » quasi obsessionnel, parfois chaotique, jamais complaisant. Ici, nulle obsession nombriliste ni pathos larmoyant. Peu à peu, au fil d'une narration habilement construite, se met en place un puzzle qui tient en haleine et parfois embue le regard du lecteur : comment l'accident a-t-il pu arriver ? Comme s'est-il passé ? Qui est responsable ? Comment survivre ?... La lucidité et l'intelligence du jeune père — sa culture aussi — tiennent solidement les rênes : pas question de larmoyer ni de s'apitoyer ! Juste tenter de comprendre et d'avancer. Et dépasser le malheur individuel avec un élargissement surprenant mais bienvenu sur la petite et la grande Histoire, depuis la tragédie du 11 septembre jusqu'à la Shoah en Biélorussie et, dans les dernières pages, le choix de la mort douce et volontaire. Tout le malheur du monde condensé dans une destinée singulière, à la fois personnelle et familiale (le père, la mère, le jeune frère rescapé)… avec néanmoins quelques lueurs d'espoir car la Vie, tenace, l'emporte toujours. Bref, un témoignage profond, un livre habité, intense et douloureux , qu'il faut néanmoins oser s'approprier voire partager peut-être aux soeurs et frères d'infortune.
Lien : https://michel-bellin.fr
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Comment envisager l'avenir avec Alison et transmettre un quelconque héritage à Julian ? Et comment prévenir une colère qui ne laisserait rien sur son passage, certainement pas un récit qui s'efforce de composer avec l'horreur. La colère ne m'était pas étrangère depuis l'accident. Julian l'exprimait parfois en prenant à partie l'organisateur et tout l'état de l'Utah. Une des entraineuse de baseball d'Owen me dit qu'elle en voulait à tous les cours d'eau. Ces sentiments ne m'étaient pas étrangers, mais je gardais un souvenir pénible du couple endeuillé qui nous avait rendu visite peu après l'accident. Ils avaient porté plainte, eux aussi, et la fureur imprégnait à présent leur existence.
Je continuais à croire que la colère devait être domestiquée, étouffée, harnachée, repoussée.
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Cette quête m'a conduit à la Seconde Guerre mondiale, avec son nombre incalculable d'enfants morts. Pour des parents juifs vivant en Europe pendant l'occupation nazie, la perte d'un enfant fut à la fois engloutie dans le génocide et amplifiée par celui-ci. Le cordonnier polonais Simon Powsinoga surmonta bien des épreuves dans le ghetto de Varsovie, mais pas la mort de son fils unique. "Il y a deux jours, j'étais encore un être humain... Je pouvais subvenir aux besoins de ma famille et même aider les autres. Maintenant tout m'est égal. Sans Mates, à quoi bon vivre ?"
Pareil désespoir m'était d'un piètre secours et pourtant, dans ma famille il n'y avait pas moyen de contourner cette guerre. (P.124)
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L'énergie élémentaire qui habitait Alison la projetait dans l'avenir. Elle imaginait ce qu'Owen serait devenu au fil des années, à quoi il aurait ressemblé à neuf ou dix ans, dans l'adolescence puis dans sa vingtaine ou sa quarantaine. Chaque jour, Alison se confrontait non seulement a ce qu'Owen avait perdu et à ce que nous avions perdu, mais aussi à ce que nous continuerions de perdre, à cette lignée d'enfants et de petits-enfants qui jamais ne verraient le jour.
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J'écrivais à tout bout de champ, saisi par une graphomanie qui m'a laissé perplexe jusqu'au jour où une mère endeuillée me fit remarquer que si nous dénommons orphelins ceux qui ont perdu un parent, nous n'avons aucun mot pour désigner ceux qui ont perdu un enfant. C'était donc pour pallier l'absence d'un mot que j'écrivais. (P.13)
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