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4,02

sur 149 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un livre qu'on découvre comme on marche. On picore des sensations, des ressentis. On le lit lentement ou vite. À chacun son rythme.
Ce livre très fin et documenté fait le tour de la marche à travers les siècles, les continents et les sciences. On se découvre philosophe, on cerne des sensations inexprimées.
Quel plaisir!
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Un livre de chevet, à prendre, goûter, méditer et reposer pour vite enfiler ses chaussures et partir sur la route, le chemin... Une ouverture sur des pensées différentes, des approches philosophiques de ce que l'on sent confusément. Un texte qui reste très accessible malgré la grande richesse des références. J'avais fait l'erreur de le lire comme "un livre" avant de comprendre qu'il fallait l'ouvrir quand je voulais respirer, me poser. j'ai une nouvelle édition, où la couverture est bien plus jolie, illustrée de gravures en noir et blanc.
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C'est un livre dense, très intéressant et de lecture très accessible pour un bouquin de philo.

Il y a trois auteurs qui ont écrit sur la marche : Frédéric Gros (ce livre), David le Breton, anthropologue (3 livres), Roger-Pol Droit, philosophe (1 livre). Quoique trois points de vue différents, ils ont en commun l'idée que marcher n'est pas un sport, mais une activité permettant d'apprécier la nature, se concentrer sur soi même, méditation, travailler ses idées, ...

Ce livre de Frédéric Gros part de la particularité de la marche - un bon marcheur, liberté, lenteur, rage de fuir, solitude, silence, rêves éveillés, éternités, ... - ce sont les titres des chapitres. A chacune de ces particularités il associe un philosophe (ou autre) et décrit sa vie, comment la marche a affecté sa vie et sa pensée.

C'est le contraire de Roger-Pol Droit, dans son livre "Comment marchent les philosophes" qui partage l'activité de marcher en quatre catégories et, dans chaque catégorie, mentionne les philosophes.

C'est un livre intéressant. Ceux qui aiment marcher ne marcheront plus comme avant après lire ce livre.
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J'ai beaucoup aimé cet essai sur la marche en lien avec la philosophie.

Alors, bien sûr, la marche est la manière simple et normale de se déplacer, n'importe où, loin des contraintes de vitesse ou de performance (sauf lorsque la marche devient compétition en termes de kilomètres parcourus ou de dénivelés gravis), juste pour être soi avec soi, dans le dénuement de devoir uniquement poser un pied devant l'autre.

Mais, bien plus, Frédéric Gros convoque, pour nous en persuader, de grands philosophes comme Nietzsche, Rousseau ou autres, qui étaient d'infatigables marcheurs et trouvaient dans cette activité leur source d'inspiration.

Un livre à mettre entres toutes les mains des marcheurs, randonneurs ou simples flâneurs, de tous ceux qui vont le nez au vent, les yeux émerveillés par ce qu'ils découvrent au détour d'un chemin.
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Si vous aimez la marche vous en connaissez les bénéfices. Dans ce livre, Frédéric Gros nous propose une exploration des différentes philosophies d'illustres marcheurs comme Rimbaud, Rousseau, Gandhi et bien d'autres encore dans lesquelles vous vous retrouverez forcément à un moment ou un autre
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Ce livre explore les différentes facettes de la marche, au travers d'écrits de philosophes. Je l'ai lu petit à petit, en me plongeant dans l'univers de chaque auteur et sa manière toute personnelle de marcher. Un voyage que j'ai trouvé extraordinaire, qui m'a permis de prendre conscience de la profondeur et la richesse de cette activité.
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« En avant, route ! »
L'incipit de l'essai du philosophe enseignant Frédéric Gros oppose sport et marche à pied : « Marcher n'est pas un sport » puis il développe succinctement en quoi les deux pratiques se différencient : techniques, règles, scores, compétition, apprentissage, effort, discipline, endurance, marchandisation et médiatisation pour le sport ; « intensité du ciel, éclat des paysages » pour la marche. le ton est donné. L'auteur aurait pu y adjoindre l'extraordinaire pouvoir subversif de la marche comme pratique gratuite, élémentaire, instinctive tournant royalement le dos au consumérisme ambiant mais l'orientation de l'ouvrage eût été autre. le chapitre suivant enchaîne sur la notion de libertés (suspensive, le temps d'une randonnée ; de rupture avec la plongée dans la nature sauvage ; de renoncement en se détachant exactement de tout ce qui nous constitue socialement et civilement : « C'est au moment où on renonce à tout que tout nous est offert, au moment où on ne réclame plus rien que tout est donné, à profusion. Tout, c'est-à-dire l'intensité même de la présence ». Déjà vingt pages sont passées à toute vapeur produisant l'étonnement émerveillé du lecteur. L'écriture est lisible sans jargon philosophique ou formule alambiquée, les idées exposées simplement, étayées d'exemples éclairants. Les chapitres enchaînent les réflexions incisives et les portraits lumineux d'écrivains pour qui la marche a été un ouvroir de philosophie, de littérature ou de poésie, essentielles : Friedrich Nietzche, le marcheur des abrupts, depuis le village de Sils-Maria dans la haute Engadine : « Ne prêter foi à aucune pensée qui n'ait été composée au grand air… Être « cul-de-plomb »… c'est le vrai pêché contre l'esprit » ; Arthur Rimbaud, l'homme en marche contre tout, des Ardennes à l'Abyssinie : « Allons ! La marche, le fardeau, le désert, l'ennui et la colère » ; Jean-Jacques Rousseau, le promeneur herborisant : « Jamais je n'ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi… que dans les voyages que j'ai faits seul et à pied… » ; David Henry Thoreau, le marcheur de l'Ouest : « C'est dans la vie sauvage que repose la sauvegarde du monde » mais encore les cyniques de la Grèce antique (« cynique » de « kunos », « chien », philosophes marcheurs à la vie de dogue, prompts à l'invective aboyée, pourfendant l'hypocrisie), Gérard de Nerval, l'errant mélancolique, ténébreux et hanté, Emmanuel Kant, Walter Benjamin, Gandhi, le rouet hindou, Hölderlin, le poète à vif et tant d'autres, anonymes pèlerins, lointains aborigènes, colporteurs disparus… Frédéric Gros ne perd jamais le fil de son propos, la marche à pied et ses effets, modifiant la perception des êtres et des choses. Il n'élude pas les difficultés rencontrées par le marcheur dans sa peine pédestre : « Il n'y a plus qu'un immense renoncement… les jambes sont aspirées par le chemin et l'esprit flotte au-dessus ». A la lecture de ce passionnant et instructif ouvrage, le lecteur sent que l'auteur, n'hésitant pas à partager ses expériences de marcheur, maîtrise son sujet comme le montre à l'envi la précieuse bibliographie en fin de volume. Il est rare de rencontrer un livre sur la marche qui ne se perde pas dans des considérations métaphysiques plan-plan, un lyrisme aphone, un mysticisme hermétique. Beaucoup de moments forts parsèment l'ouvrage à l'instar des chapitres consacrés à Thoreau, Gandhi ou Rimbaud mais peut-être l'acmé du livre se situe-t-il lors de l'évocation des pèlerinages, de Compostelle, du Kailash au Tibet et surtout quand il raconte la grande marche du peyotl effectuée par les Indiens Huichol dans la Sierra Madre, au Mexique. le lecteur, mis en appétit, aimerait en apprendre davantage en parcourant lui-même les antiques tracés. Dans ces pages célestes, la Terre apparaît éminemment désirable avec ses cols vertigineux et ses chausse-trapes abyssales. Comme l'aurait dit David Henry Thoreau sur son lit de mort au prêtre lui évoquant l'au-delà : « S'il vous plaît, un seul monde à la fois ».
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« L'illusion de la vitesse, c'est de croire qu'elle fait gagner du temps.{…} Mais la précipitation et la vitesse accélère le temps, qui passe plus vite, et deux heures à se presser écourte une journée. Chaque instant est déchiré à force d'être segmenter, rempli à craquer, on empile dans une heure une montagne de choses. »
Frédéric Gros a les mots pour faire ressentir au marcheur et au sédentaire la simplicité de la marche, la libération des futilités sans existences réelles et l'invitation à sentir le réel qu'elle procure. Les politiques, les journalistes et tous les hommes du XXIème siècle devraient s'agiter moins et marcher plus pour sentir au fond de leurs tripes à ce qui fait de nous des humains et non des robots : libertés, lenteur, solitudes, silences, éternités, énergies, présence… « Je ne suis en marchant qu'un simple regard. »

Lien : http://www.quidhodieagisti.c..
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Marcher, une philosophie, est un très bel essai dans lequel le philosophe Frédéric Gros affirme que le secret du génie philosophique se trouve dans la faculté de marcher, seul des heures durant vers l'ouest ou au sommet des montagnes.
Ce livre est un bijou d'érudition.
La marche nous donne une approche paradoxale de la liberté.
En quoi la marche est-elle une expérience de liberté ? Alors qu'elle est une contrainte, d'abord physique, marcher jusqu'à une fatigue parfois insoutenable, où le poids du corps devient comme un fardeau. Contrainte psychologique car il faut trouver la force mentale de continuer, contrainte météorologique... La marche nous amène à la patience, l'humilité, parfois la résignation. Ne jamais savoir à quelle heure on parviendra à sa destination...
Frédéric Gros nous dit que marcher est une démarche d'émancipation où l'on se libère de facilités aliénantes, qui nous paraissaient presque indispensables et dont la marche démontre qu'on peut s'en passer. C'est une joie d'en être libéré.
Marcher, c'est s'affranchir de ces contraintes et renouer avec une forme de liberté que nous aurions perdue.
Il y a différentes formes de marche, des marches en ville, des flâneries, des randonnées longues... Frédéric Gros nous les fait visiter avec le prisme d'un philosophe, mais aussi à travers son expérience personnelle.
Pourquoi le philosophe est-il fasciné par la marche ? L'effort physique répété a dans la marche une telle régularité que cela nous rend disponible à autre chose... Et notamment pour accueillir la pensée...
Mais marcher, c'est aussi mettre un pas devant l'autre, c'est peut-être le plus beau geste tendant à chercher l'équilibre dans le déséquilibre. Lever un pied, sentir le vide dans ce déséquilibre et emplissant ce vide par ce pied qui avance pour retrouver l'équilibre. N'y a-t-il pas dans ce geste primaire et préhistorique un geste inaugural qui prévaut aux prémices de la réflexion ? Car marcher fait penser, n'en avez-vous jamais fait l'expérience ? Marcher d'un point à un autre est la meilleure manière de voyager dans ses intériorités, parfois abyssales.
Mettre un pas devant l'autre et de manière répétée, c'est un mouvement perpétuel, il y a comme quelque chose de monotone et pourtant ce mouvement produit quelque chose d'inouï en nous, une sorte de métamorphose. Comme si le corps comme un fardeau s'en affranchissait par la marche par l'effort et la contrainte physique... C'est une contrainte qui devient douce du fait de sa régularité. Nous sommes disponibles à autre chose, la présence au monde, la présence à soi, la lenteur fait qu'on peut regarder et être disponible au monde, aux autres, disponible à notre propre corps, à ses respirations... Marcher c'est faire cette expérience de la lenteur. Apprendre cette lenteur...
J'ai compris pourquoi l'auteur conseille de marcher seul, ayant moi-même expérimenté les deux manières sur des chemins très longs. Sur de tels chemins je vous conseille d'y aller seul. Marcher, c'est être tout d'abord disponible à soi-même...
En tant qu'agnostique et pour des raisons totalement spirituelles, le fameux chemin de Saint-Jacques de Compostelle m'intéressait ; j'ai ainsi marché à partir du Puy-en-Velay jusqu'à Pampelune. Pas plus loin, effrayé par le risque d'hystérie religieuse en terre espagnole, et encore plus à l'approche de l'étape ultime, que je n'aurais pas supporté. J'ai rencontré des êtres ordinaires et exceptionnels à la fois. Marcher nous fait poser des regards sur les autres... Un marcheur qui avait des boules de pétanques dans son sac pour participer à une compétition internationale à l'étape de Figeac, un ambulancier qui pleurait de devoir renoncer au chemin pour cause de problèmes physiques, une femme d'un richissime industriel fille d'un riche banquier, habitant le XVIème arrondissement de Paris, ayant la crise de la quarantaine, fuyant cette vie qu'elle ne supportait plus, fuyant avec sa fille adolescente et un coach sur le chemin, et cette jeune américaine tout droit sortie de l'Université d’ Harvard, partie du Puy-en-Velay et qui poursuivait le chemin jusqu'au Maroc, à la frontière mauritanienne. Elle s'appelait Barbara... Le chemin de Compostelle est un petit village. J'entendais souvent parler d'elle comme d'un mythe, sorte de gazelle aérienne, fugitive, insaisissable... Les hommes en parlaient le soir dans les gîtes d'étapes. On l'a disait belle comme un mirage qui filait vers le désert saharien... Elle avait deux jours d'avance sur moi et marchait beaucoup plus vite... Qu'importe ! Le chemin est une lenteur. Et puis à Moissac elle s'arrêta pour une pause de deux jours... C'est là que je fis alors sa connaissance... Je me souviens de ce verre pris à une terrasse avec elle, nous avions devant nous la sublime abbatiale Saint-Pierre ... Elle n'était plus un mythe, elle devenait réelle avec ses ampoules aux pieds, son visage exténué par les kilomètres, le poids de son bagage qu'elle ne supportait plus, et son accent français à la manière de Jane Birkin... La jeune femme devenait une amie, compagne de route, prenant réalité sous mes yeux fatigués, éreintés... Nous découvrions le poids de nos corps et la légèreté qui va autour... L'abbatiale devant nous n'en était que plus belle...
Passées ces rencontres insolites, il y a celles non moins insolites avec un être que vous allez apprendre à mieux connaître en cheminant : vous-même...
Frédéric Gros convoque ici des philosophes marcheurs, ils sont célèbres... Kant, Nietzsche, Rousseau, Thoreau... Mais aussi d'autres intellectuels, des poètes, Arthur Rimbaud, Gérard de Nerval, des écrivains comme Julien Gracq...
Marcher c'est être disponible à des pensées, des impressions, des souvenirs...
Marcher m'a fait penser à des choses qui ne me seraient pas venues autrement.
En marchant, nous sommes traversés par des pensées...
Et puis la pensée creuse un autre chemin, un cheminement en tâtonnant tout d'abord comme une agitation et puis l'apaisement vient dans ce pas saccadé et régulier, la pensée s'évade revient, tente un rhizome, le chemin devient un souterrain, un pas de plus vers les choses qui nous échappent. Marcher est une verticalité vers l'inconnu.
Marcher, c'est atteindre une forme de disponibilité d'esprit qui aurait pu être occultée par la vie quotidienne.
Marcher est une ouverture au monde.
Marcher est une joie.
Marcher comble par une présence au paysage, à nous-même, aux autres donc plus tard...
Marcher, c'est faire un formidable pas de nos côtés sur nos existences...
Marcher peut être un rituel. La régularité et la discipline auxquelles Kant s'astreignait tous les jours n'était-elle pas ridicule ? Mais alors, sans ce rituel, interrompu deux ou trois fois seulement, que serait la production de son œuvre ?
Kant pensait que marcher, pendant longtemps fut la manière d'être le médecin de soi-même. Il avait infiniment raison... Plus que jamais, je le pense aujourd'hui.
Marcher, nous dit Frédéric Gros , relève de notre part d'enfance, et j'adore cette idée.
Je pense au confinement que nous avons vécu durant les dernières semaines. Partir dans les bois, marcher. Et lorsque cet état de droit nous obligeait à ne pas dépasser ce fameux kilomètre ridicule à ne pas dépasser, il y avait comme une jubilation de ma part à entrer dans les bois, à deux pas de chez moi, et à sceller mes pas dans les veines des chemins qui coulaient bien au-delà de l'ordre établi, des règles et des injonctions. Cela devenait comme une jouissance de marcher loin si loin, un pied-de-nez, une révolte, un cri de liberté...
Et s'il faut chercher un sens à notre actuel devenir, marcher n'est-ce pas une manière de requestionner nos pas, nos gestes d'une société qui va trop vite, qui s'accélérait jusqu'à présent, jusqu'au confinement dont nous sommes en train de nous extirper... ? Pour autant, faut-il nous précipiter et courir vers la vie d'avant pour rattraper les quelques semaines « perdues » ou bien tout simplement marcher comme une manière d'approcher de manière apaisée, libérée, le monde d'après... ?
Si marcher est un chemin vers soi, vers les autres pour mieux y parvenir, alors oui marcher est bien une philosophie !
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Indispensable dans la bibliothèque de tout véritable marcheur qui se respecte. "On ne peut pas asservir l'homme qui marche !" clamait Vincenot, on ne peut pas en dire autant de celui qui trekke et du randonneur sportif.
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