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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pour parler d'un tel livre, je m'interdis tout sens de la mesure.

Vie et destin est plus qu'un récit de guerre au réalisme saisissant ou une critique du totalitarisme, auquel on le réduit souvent (comme l'oeuvre de tous les auteurs étiquetés "dissidents"). Ce qui le rend remarquable avant tout, c'est sa réflexion philosophique sur la forme et la nature du bien et du mal. On serait même presque tenté d'y voir une application de la métaphysique hégélienne, à savoir faire parler l'histoire pour en tirer la vérité ultime de l'âme humaine. Faute d'une étude approfondie sur ce point, je le laisse en suspens.

L'idée maîtresse de l'ouvrage est aussi simple à comprendre que profonde : toute tentative d'élaborer une théorie du bien, au moyen d'une doctrine religieuse, philosophique ou nationaliste, ne peut qu'échouer et causer beaucoup de mal. La bonté n'existe qu'au niveau individuel, elle est sans pensée, spontanée. Donc la bonne action ne se préoccupe pas de sa finalité, contrairement à tout système doctrinal :

"Plus [la bonté] est insensée, plus elle est absurde et impuissante et plus elle est grande. (...) L'amour aveugle et muet est le sens de l'homme."

Plutôt que de me perdre en 30 lignes de citation, je vous renvoie au chapitre 15 de la deuxième partie (les écrits d'Ikonnikov), qui constitue la clé de voûte de l'ouvrage.

Grossman ne pouvait être un pacifiste : il s'est retrouvé face à un ennemi qui a voulu détruire sa patrie et exterminer sa race. Mais il met en garde contre un préjugé qui corrompt le sens de toute guerre : celui de croire qu'elle est menée au nom d'un Dieu, d'une nation, d'une classe sociale. Ces derniers ne sont pas la fin recherchée de la lutte, mais un moyen collectif d'obtenir ou préserver une existence individuelle libre.

Après s'être frotté à la pensée de Grossman, on ne considère plus les rares soubresauts des consciences nationales (pourtant mourantes en Europe) de la même façon. 25 ans après la "fin de l'histoire" et le triomphe des démocraties libérales en Europe, le profond et subtil humanisme de cet ouvrage garde quelque chose de subversif.
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Lorsque l'esprit décide de son envol au son des libertés humaines, rien ne l'entravera.
Pendant vingt années, morceaux par morceaux; il s'enfuira et déjouera la toile de l'obscurantisme.

Ouvrage à découvrir et respecter dans sa détermination.
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Suite de "Pour une juste cause" (que je n’ai pas lu), "Vie et destin" est une œuvre immense. Elle a été terminée en 1962, mais elle a bien failli être perdue en raison de l’intervention musclée du KGB. Heureusement, elle a pu être sauvée. Son contenu provient de l’expérience personnelle de Vassili Grossman comme correspondant de guerre sur le front, face à la Wehrmacht (notamment à Stalingrad). Une expérience terrible, qui lui a permis de tout observer: l’impréparation de l’Armée Rouge, les atrocités de la guerre, les massacres de Juifs par les nazis, le poids despotique de la dictature stalinienne. Il raconte tout cela, mêlant son expérience personnelle aux aventures de ses personnages romanesques. Dans ce livre, l’auteur - qui était Juif - se révèle lucide et sincère, au risque de se mettre personnellement en danger. Dans ce monde en folie, il sait prendre de la hauteur et s’exprime sans acrimonie, sans pathos. Vassili Grossman était un grand humaniste.
J’ai découvert tardivement ce monument de la littérature russe et je suis heureux, amèrement heureux de l’avoir lu. Je le recommande sans aucune réserve, malgré la longueur de son texte.
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Une fresque monumentale. Et si je me suis un peu perdu parmi la foule des personnages dont les noms, prénoms et surnoms se mêlaient quelque peu, j'ai vraiment vécu à leurs côtés tant l'écriture de Vassili Grossman est remarquable. Un choc littéraire, vraiment.
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oeuvre magistrale sur le fascisme, le stalinisme, la prise de Stalingrad par les armées d'Hitler et sa reprise par les armées russes au cours de terribles combats. La politique : nazisme, fascisme, stalinisme, l'antisémitisme. La vie des gens dans un monde de folie meurtrière. Lire toutes les critiques excellentes, des lecteurs qui donneront le détail de cette histoire mondiale.
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Un des plus grands romans de la littérature russe.
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C'est en lisant le Divan de Staline que j'ai découvert cette oeuvre de Vassili Grossman; à la première lecture, j'ai constaté que les nombreux personnages étaient amenés un peu brusquement, sans présentation préalable et j'aurais souhaité qu'on me fournisse une liste de ceux-ci en début de roman. Jusqu'à ce que je constate, en fouillant dans Babelio, qu'un autre titre précédait Vie et Destin, Pour une juste cause... tant pis, j'ai continué car tout dans ce récit est poignant : la reconstitution des discussions des généraux soviétiques et allemands lors de la bataille de Stalingrad qui allait décider de l'issue de la Deuxième Guerre mondiale, les scènes émouvantes des camps d'extermination des Juifs, la société soviétique sous Staline décrite avec justesse et subtilité jusque dans les discussions entre amis et cette crainte d'en avoir trop dit ou pas assez. Et enfin, l'amour familial qui englobe toute histoire.
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Un conseil préliminaire: avant d'entamer la lecture de ce monument de la littérature mondiale, allumez une symphonie de Chostakovitch, de préférence les 5ème, 7ème (dite "Léningrad") 8ème (dite "Stalingrad") et 13ème (dite "Babi Yar"). Vous verrez à quel point la grande musique se marie si bien avec la grande littérature, à plus forte raison lorsqu'elles ont été composées l'une comme l'autre dans le même contexte historique, à savoir l'URSS stalinienne, la Grande Guerre Patriotique contre l'envahisseur nazi et la Shoah.

Le philosophe Alain avait affirmé qu'il ne fallait pas espérer trouver de pages équivalentes à Guerre et Paix. Il n'a pas vécu assez longtemps pour découvrir Vie et Destin.

Le compositeur Alban Berg s'était exprimé ainsi sur la sixième symphonie de Mahler: "la seule Sixième, en dépit de la Pastorale de Beethoven." En le paraphrasant, je dirais volontiers concernant Vie et Destin: "L'un des plus grands romans historiques, en dépit de Guerre et Paix".

Vie et Destin mérite en effet amplement d'être considéré comme le Guerre et Paix du front de l'Est de la Seconde Guerre mondiale, pour ne pas dire celui du 20ème siècle. Si je n'étais pas limité par le seuil de six livres, je crois que je n'hésiterais pas à emporter ce livre sur mon île déserte.

On y retrouve certains caractéristiques propres aux grandes fresques historiques russes: la recréation d'un monde dans son ensemble, créant une continuité entre les espaces marqués par la guerre et celles de l'arrière à la paix précaire, des personnages dotés d'une vie pleine et entière (professionnelle, sentimentale, intellectuelle, sociale) et pas seulement traités comme des personnages historiques, le primat donné à des personnalités anonymes au regard de l'Histoire (c'est à dire ceux crées par l'auteur) et non aux grands hommes.

Vie et Destin, c'est aussi le récit de la prise de conscience de l'identité profonde qui existe entre les totalitarismes staliniens et hitlériens, de la tragédie que portent en elles toutes les utopies, toutes les idéologies les plus généreuses à l'instar du christianisme ou du communisme, à savoir le fait qu'elles finissent toujours par légitimer des entreprises d'oppression des hommes. C'est également la révélation de la perversité propre aux régimes totalitaires, où sauvegarder son intégrité est une épreuve de chaque jour, face aux exigences de délation qu'impose le stalinisme, comme en témoigne la fin du roman, où Strum, inspiré du romancier lui-même, est contraint de signer une lettre de critiques envers un collègue physicien.

C'est aussi avant tout le tableau intérieur d'un déchirement de l'auteur entre une identité russe, dans laquelle il s'est toujours reconnu, au point qu'il célèbre au détour d'une page "la grandeur du peuple russe en armes, depuis Souvorov" et une identité juive auquel il est renvoyé, d'abord par les nazis, meurtriers de la mère de Sturm comme de Grossman lui-même (la dernière lettre de la mère envoyée à son fils est sans doute un des passages les plus poignants du roman), ensuite par le régime stalinien lui-même au cours de la campagne contre le complot des blouses blanches, commis supposément par les Juifs.

Cependant, au milieu de ce désespoir, c'est également une profession de foi déchirante en une bonté de la nature humaine, en la liberté, contre laquelle le mal demeure impuissant, comme en témoigne le discours d'Ikonnikov, qui suit la conversation entre Liss, officier de la Gestapo et Mostovskoi, le vieux bolchevik prisonnier d'un camp de concentration nazi.
Liberté auquel aspirent d'ailleurs les Soviétiques eux-mêmes, qui se battent contre l'envahisseur nazi avec l'espoir que le monde de l'après-guerre sera celui de la libération de la terreur stalinienne, comme en témoignent le major Erchov, qui monte une cellule de résistance à l'intérieur du camp de prisonniers de guerre où il est détenu avec Mostovskoi et Ikonnikov, ainsi que le capitaine Grekov, en première ligne à Stalingrad (le passage de sa confrontation avec le commissaire politique Krymov est à cet égard révélateur).

L'un des plus beaux romans au monde, à l'écriture flamboyante d'humanité et de grandeur épique. Pour reprendre de nouveau les propos d'Alain, les seuls mots qui me viennent à la bouche sont les suivants: "Lisez, relisez ces pages éternelles."
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Que dire qui n'a pas déja était dis sur ce monument de la littérature du 20 éme siécle ? Cet ouvrage relate avec beaucoup de réalisme la terrible bataille de Stalingrad qui a vu pendant un an les russes faire face dans une duel sans pitié avec les armées allemandes . La plus grande défaite de l'armée russe qui fut contrainte au recul jusqu'a la Volga et la'plus grande victoire paradoxalement pour la Russie qui au terme de cet affrontement sans pitié a remporter une victoire qui allait sonner le début de la fin pour l'armée allemande prise au piége des glaces et de l'hiver russe . N'oublions pas que cet opus est la suite de Pour une juste cause publiée en 1952 par Grossman . le méme Grossman avait vécu tellement d'événements terribles durant la période de la guerre , entre autres la mort de sa mére pendant le massacre des juifs au ghetto de Berditchev en 1941 , puis son arrivée en tant que correspondant de guerre au camp de Trebnlinka en Septembre 1944 , avant d'étre le rédacteur en chef d'un livre noir sur l'extermination des juifs par le régime nazi , avant comple de l'absurde de vivre la terreur stalinienne qui s'abattie sur la population juive à partir de 1948. Au final la rédaction de ce manuscrit fut achevée en 1960 et confisqué par le régime soviétique à l'image de L'archipel du Goulag de Soljénitsyne . Il fut enfin publié en France en 1980 , puis en Russie en 1989. Cette oeuvre dresse un portrait trés peu flatteur de la société soviétique au travers de nombreux personnages , cela dans une période marquée par Auschwitz et le Goulag. C'est donc un roman historique et un roman psychologique que l'on a ici. Grossman prend le parti de comparer les régimes soviétique et nazi pour donner une idée la plus précise possible de la folie du totalitarisme et du populisme appliqué. Grossman n'épargne pas le régime soviétique qui est selon lui le principal fautif de l'échec dans l'instauration d'une démocratie socialiste. Pour lui l'histoire méme de la russie est à l'origine de cet échec. Il renvoie dos a dos communistes et nationalistes , et les accusent d'avoir détruit l'idéal de liberté que comportait la notion méme de démocratie socialiste. Pour lui Stalingrad fut au fond une victoire et une catastrophe pour le'peuple russe qui allait connaitre l'enfer du stalinisme , l'opposé total du socialisme en tout points. Grossman se pose en observateur devant la soumission du peuple russe à une icone , une idole . Ainsi il établit un lien direct encore une fois avec le nationalisme , ce quise confirme encore aujourd'hui. Pour lui la force des régimes totalitaires c'est au fond la privation de la capacité de liberté de l'esprit , cela à l'échelle d'un continent . Il va méme jusqu'a parler d'hypnose en la matiére et force est de constater qu'il avait raison . La violence des mots est telle dans ces régimes que l'homme est au final réduit en esclavage malgré lui et ne peut plus répondre de maniére individuelle. La parole de masse a remportée une victoire en aliénant les esprits et en les rendant dépandants d'une parole dite issue de la voix du peuple . Pour lui , la banalisation de la parole extrémiste est un piége fatal qui conduit à l'horreur du totalitarisme et à la justification d'actes atroces dont l'extermination des juifs. Il brouille les frontières entre innocence et culpabilité , pour lui la quasi totalité des peuples sont responsables des actes atroces commis par les bolchéviques et par les nazis . Vie est destin est un ouvrage comme il en existe trop peu dans l'histoire , et il est à regretter qu'il soit si complexe , si ardu , a tel point que nombre ne le terminent pas . Peut étre aurait il mieux valu que ce livre soit édité en plusieurs tomes , de maniére a pouvoir vraiment prendre le temps de le lire et de mesurer combien l'humanité doit à cet auteur qui est aujourd'hui trop oublié alors qu'il fut et qu'il reste l'une des principales voix par dela la mort a lutter pour la'paix et pour la liberté de l'esprit.
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un lecture difficile rendue compliquée par le grand nombre d'acteur. Mais comment ne pas voir qu'il s'agit là un d'un chef d'oeuvre. Les régimes nazis et staliniens se retrouvent là où il s'agit d'écraser la moindre personne ou groupe de personne pouvant porter atteindre à leurs intérêts. C'est un roman sombre, puissant mais exigeant. Une référence.
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