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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un roman magnifique et malheureusement peut connu, c'est le guerre et paix du 20 ième siècle avec toute la force et la violence du siècle auquel il se rattache. Une plongée dans le Stalingrad assiégé avec des personnages d'une profondeur folle et d'une humanité immense, tout ça sous la folie destructrice de 2 régimes totalitaires qui s'affronte et qui se ressemble tant. Un véritable chef d'oeuvre de la littérature russe que Grossmann a passé 20 ans à écrire et qui n'a jamais été publié de son vivant dans son pays, un manuscrit sauvé in extremis du KGB grâce à une copie précieusement gardé et déchiffré à l'étranger.
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Un pavé, une somme
En passant outre la multitude des personnages (faire fiche)
Histoire de l'Urss: Stalingrad, les camps..
Un documentaire, une fiction..
INOUBLIABLE
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Un incontournable de la littérature du XXe siècle, un roman colossal par bien des aspects : plus de 1000 pages et près de 200 chapitres, fresque immense de la seconde guerre mondiale, la réalité rejoignant la fiction, « Vie et destin » est à coup sûr le « Guerre et paix » de la bataille de Stalingrad.

Même s'il s'étend sur une période relativement courte des années 1941 et 1942, il revient sur l'Histoire ancienne et récente de la Russie puis de l'U.R.S.S., c'est un pays, une nation, un peuple passés au scanner, sans concession.

Attention, on entre pas dans « Vie et destin » comme on pénètre dans un confessionnal, il faut même une certaine préparation psychologique, la trame est complexe, suavement embrouillée, sautant sans prévenir de l'Histoire à la fiction, du présent (1941/1942) à 1917 en passant par 1937 avec des téléportations dans le futur (années 50), mêlant les personnages historiques de ceux nés de l'imagination de GROSSMAN.

Aucun point faible dans cette saga gigantesque puisque les nombreuses anecdotes historiques accélèrent le rythme de certains passages un peu plus longs voire légers et rend un tout palpitant. On apprend entre mille choses que le fils de STALINE, prisonnier de l'armée allemande, lui donnerait des renseignements sur l'armée russe de son père, que les civils fuient parfois la « liberté » trop dangereuse pour se réfugier dans des ghettos dans lesquels ils se considèrent en sécurité. Des petites bluettes de ce genre, le bouquin en regorge.

La littérature n'est pas en reste, on cause sans masque, notamment dans les camps de prisonniers, de DOSTOIEVSKI, TOLSTOI (surtout) ou encore TCHEKHOV, on les compare, on les analyse. Pour les conversations politiques, les échanges sont longs et minutieux, on croit justement atterrir sur un chapitre de DOSTOIEVSKI qui savait si bien faire échanger ses personnages jusqu'à l'épuisement.

L'épuisement psychologique est d'ailleurs au coeur de ce récit où la fiction avec tous ses humains que nous allons suivre, que nous allons voir évoluer, principalement autour de la famille Chapochnikov aux nombreuses ramifications. L'action se déroule en divers lieux : dans un stalag, dans un camp d'extermination, sur le front ou à l'arrière de la bataille de Stalingrad, dans les rues de Stalingrad, mais aussi dans celles de Moscou, sans oublier la fameuse « maison 6bis ». La narration se déplace tantôt dans le camp soviétique, tantôt (mais beaucoup moins souvent) dans celui de l'Allemagne nazie.

L'incroyable force de ce roman est de renvoyer dos à dos les idéologies hitlérienne et stalinienne, émanant d'un citoyen russe pour lequel le tout semblait à l'époque particulièrement périlleux. L'état d'esprit d'une population prise entre deux feux est mis à nu : « Je pense souvent au suicide et je ne sais pas ce qui me retient, est-ce ma faiblesse, ma force ou un espoir insensé ? », car l'espoir perdure dans ce quotidien où on ne peut envisager aucun avenir : « le fascisme et l'homme ne peuvent coexister. Quand le fascisme est vainqueur, l'homme cesse d'exister, seuls subsistent des humanoïdes, extérieurement semblables à l'homme mais complètement modifiés à l'intérieur. Mais quand l'homme doué de raison et de bonté est vainqueur, le fascisme périt et les êtres qui s'y sont soumis redeviennent des hommes ». Dans cet affrontement entre deux dictatures, le peuple ment : « Un homme, disons, aime une femme. Elle est tout le sens de sa vie, son bonheur, sa joie, sa passion. Mais il doit le dissimuler : ce sentiment, Dieu sait pourquoi, n'est pas convenable. Il doit dire qu'il couche avec cette bonne femme parce qu'elle lui prépare ses repas, lui reprise ses chaussettes et lui lave son linge ». Tout le monde doit être utile à la cause nationale, devenir opérationnel pour ce que GROSSMAN appelle le nationalisme étatique de STALINE.

L'auteur revient largement sur les purges staliniennes de 1937 suite à la collectivisation forcée, les comparant aux camps de concentration nazis érigés en système quelques années plus tard. Cette audace téméraire de GROSSMAN lui a valu les foudres de guerre du gouvernement soviétique aux débuts des années 1960 après qu'il a écrit ce « Vie et destin » : censure, destruction, interdiction. le manuscrit sera pourtant caché, et aussi incroyablement surprenant que cela puisse paraître, miraculeusement envoyé à l'ouest lors d'un épisode rocambolesque où c'est le physicien Andreï SAKHAROV lui-même qui jouera le rôle du passeur de microfilm afin que le livre voie le jour en 1980 en Europe de l'ouest. Entre temps, GROSSMAN sera mort d'un cancer en 1964 et ne verra jamais son oeuvre aboutir.

L'histoire de ce bouquin est déjà un vrai sujet de roman à elle seule, elle est contée dans le superbe reportage (visible sur le net) « le manuscrit sauvé du K.G.B. », où il est entre autres expliqué que, si pour la plupart des écrivains considérés comme sulfureux ou anti-révolutionnaires par le pouvoir stalinien, une balle dans la nuque où une déportation suffisaient, il n'en était pas de même pour un GROSSMAN alors au fait de sa gloire, pesant sur l'opinion, avec le risque qu'un assassinat réveillerait les consciences, et qu'il était de fait plus aisé de condamner un livre que son auteur.

À noter que ce roman fait suite à « Pour une juste cause », mais qu'entre temps (« Pour une juste cause » a été achevé en 1952, « Vie et destin » 10 ans plus tard), l'auteur a évolué dans ses opinions politiques, il est devenu farouchement anti-stalinien, dénonciateur infatigable du bolchevisme, et de ce fait les deux oeuvres peuvent se lire distinctement. Inutile de préciser que ce « Vie et destin » me paraît comme une oeuvre majeure, qu'elle est un mal nécessaire et que son contenu fait encore écho aujourd'hui puisqu'il paraît évident que cette bataille de Stalingrad fut un tournant définitif dans le dénouement de la seconde guerre mondiale et même au-delà par un changement des mentalités.
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Petite précision qui peut avoir son importance, « Vie et destin » est la suite de « Pour une juste cause ». Si le roman se suffit à lui-même, la multitude de personnages évoqués m'a parfois fait regretter l'absence d'un petit index.
Pour le reste, quelle réussite ! Ces 1200 pages nous offrent une mise en perspective du nazisme et du soviétisme.
Une petite parenthèse pour dire que le roman a été écrit dans les années 50 et j'avoue être admirative du courage dont a fait preuve l'auteur – son roman fut d'ailleurs confisqué – et du recul qui a été le sien pour analyser la situation de son pays.
Il est terrible de constater à quels points ces deux régimes, bien qu'antagonistes suite à l'opération Barbarossa, sont similaires dans les méthodes utilisées et dans l'extermination de tous ceux considérés comme ennemis, ceux-ci pouvant d'ailleurs être les amis d'hier.

Vassili Grossman nous dépeint avec force la vie soviétique avec cette peur permanente de la délation, où chaque parole peut être mal interprétée et sujette à une lettre de dénonciation.

L'analyse de la place de la bureaucratie est aussi bien menée, on assiste à la mise à l'écart des révolutionnaires historiques, de la première heure, au profit d'une nouvelle catégorie d'hommes et de femmes, pas forcément plus zélés communistes mais en tout cas bien plus habiles apparatchik.

Les personnages principaux ne sont pas manichéens dans l'ensemble même si l'auteur semble s'attacher à ne pas nous les rendre attachants, en nous exposant leurs défauts et autres faiblesses sans fard. Ce n'est pour autant pas un reproche car au final je trouve que cela m'a permis d'appréhender bien mieux la vie sous Staline.

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Par où commencer pour vous résumer les 1200 pages très denses de ce roman qui en est à peine un ? Eh bien commençons par là : si c'est un roman, on est très vite happé par son réalisme cru, et on en comprend aisément la cause en découvrant la biographie de Vassili Grossman. Issu d'une famille bourgeoise juive, il était à la base ingénieur chimiste. Il a travaillé dans une mine, ignore comment il a pu être épargné par les premières purges soviétiques contrairement à d'autres membres de sa famille, il a dû se battre pour éviter le goulag à son épouse et quand la guerre a éclaté, il est devenu correspondant de guerre à Stalingrad.

Vie et destin relate la vie d'une famille Russe juive à travers la guerre, du siège de Stalingrad aux camps de concentration nazis, de l'Académie des Sciences soviétiques aux camps d'internement russes, de Moscou aux petites villes de province. Et on comprend tout de suite mieux le réalisme du récit. Il nous décrit le quotidien des habitants de Stalingrad assiégée, la famine, la peur instillée par le régime de Staline dans tout le pays et le poids d'une administration centrale toute puissante. Loin de se contenter de descriptions, les chapitres plus ou moins romanesques sont entrecoupés de réflexions profondes sur des sujets variés et, pour certains, intemporels. Jusqu'à la lecture de Grossman, je n'avais jamais vraiment compris pourquoi faire la différence entre racisme et antisémitisme. En quelques pages, il m'a fait comprendre l'évidence, que je vous laisserai découvrir car personne ne l'a jamais aussi bien expliqué que lui. En outre, ses propos sur la surveillance de masse du régime de Staline sont terriblement d'actualité. Ses réflexions sur le collectivisme devraient calmer plus d'un utopiste de notre époque. Et mettant en parallèle les réalités du nazisme et du communisme, il creuse la question des idéologies qui promettent des lendemains qui chantent, tranchant sans naïveté : elles ne peuvent mener qu'à des purges et des massacres.

Vassili Grossman a terminé la rédaction de Vie et destin en 1962. le KGB lui est tombé dessus, son manuscrit a été saisi ainsi que les rouleaux encreurs de sa machine à écrire. Cette oeuvre aurait pu disparaître à jamais. Heureusement pour nous, car c'est un document précieux, Andreï Sakharov en a fait sortir une copie du pays. Il sera publié à l'ouest au début des années 80, et en Russie seulement après la chute du mur.

Vie et destin m'apparaît comme un ouvrage qu'on doit lire. Il est indispensable, riche, dense. Mais je ne vais pas vous mentir : ça n'est pas une mince affaire que de s'y attaquer. Outre sa longueur, le nombre des personnages ne simplifie pas la lecture. Et ça n'est rien encore en comparaison du fond. Mais c'est ainsi : il faut souvent se donner un peu de peine pour accéder au meilleur. Entre Histoire, histoire des idées, philosophie, politique et sociologie, Vie et destin est désormais rangé dans ma bibliothèque sur l'étagère des indispensables chefs d'oeuvre, de ces livres qui appartiennent ou devraient appartenir au patrimoine mondial de l'humanité.

Une petite note, pour conclure, au sujet du Livre de poche qui publie cet ouvrage : quand on est responsable de la publication d'une telle oeuvre, il est absolument honteux d'y laisser traîner autant de fautes. C'est inqualifiable de maltraiter ainsi un chef d'oeuvre. Je ne les ai pas comptées, mais j'ai maudit au moins vingt fois cet éditeur pour son travail lamentable. Si vous l'achetez, sachez qu'il est aussi publié par Pocket : peut-être, mais je n'ai pas vérifié, ont-ils fait un travail plus respectueux à ce niveau que le Livre de poche.
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Il faut certains efforts pour se plonger dans cette oeuvre, bien écrite mais pleine de recoins, de nuances, de plans distincts, de personnages nombreux, dont les noms russes varient selon le contexte. Il y a des romans que l'on lit simplement, avec une certaine distance. Ce roman là ne se lit pas, c'est une expérience que l'on fait.
Au milieu du livre, j'ai failli jeter l'éponge. La description d'Auschwitz m'avait débordé de malaise. J'ai poursuivi néanmoins et quelle grâce ! ? Aussi paradoxal et incompréhensible que cela puisse paraître.

Ce roman est trop riche pour être résumé. Mais si vous voulez entrevoir quelque chose de l'humain, du totalitarisme, de la guerre, de la liberté, foncez chez le libraire.
Il y a beaucoup de livres que j'aime, mais c'est bien le seul qui m'ait marqué à ce point, pour lequel je conçois une telle urgence. Ce sont probablement les conditions initiales de publication qui ont fait que ce monument est relativement peu visité. Foncez.

NB: Dans l'édition "bouquins " de 2005(Vassili Grossman Oeuvres ), outre le fait que le texte à été revu (Ah! le charme du samizdat issu d'un microfilm approximatif), la préface de Tzvetan Todorov me semble précieuse.
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Fortement apprécié mais très long à lire. Après quasi 2 mois, comme c'était un emprunt à une autre bibliothèque, j'ai abandonné à plus de la 1/2, car j'avais envie de lire autre chose et je devais de plus absolument rendre le livre. Mais j'y reviendrais à reprendre le cours de ce livre ... mais alors avec un pense-bête des personnages car on s'y perd dans les noms, surnoms, etc. Et à faire quand on lit un auteur de l'Est.
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La guerre et la paix au temps de Stalingrad sont, dans ce gros roman russe où il faut accepter - comme toujours chez les Russes - de se perdre un peu dans la forêt de personnages, entremêlés. le lecteur suit le quotidien des soldats au front, retranchés dans des usines désaffectées, il voit des amours contrariées par la mort ou naissant dans les décombres, il perçoit les dilemmes des chercheurs affectés par le poids du contrôle soviétique des idées, il pénètre dans les chambres à gaz nazies et dans le goulag, il connaît le désespoir de l'attente au milieu des puces et la joie de la victoire, il réfléchit à l'emprise de Staline sur son peuple, il s'indigne des trahisons et des dénonciations, bref il est plongé dans un monde terrible et beau, parce que rien n'est larmoyant, tout est placé sous le signe de la vie, parfois de la vie la plus crasseuse et la plus immorale, mais d'une vie passionnée et intense qui montre que le rouleau compresseur de l'histoire n'efface jamais totalement la liberté des hommes qu'il écrase.
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Vie et Destin offre une peinture réaliste de la société russe et de la très rude bataille de Stalingrad. Cette lecture ardue nécessite du temps mais cet effort en vaut la peine car il aide à mieux comprendre le monde et, en particulier, la Russie.
Vie et Destin marque un tournant dans la pensée philosophique et politique de Vassili Grossman. Fervent communiste et partisan du régime soviétique dans Pour une juste cause, il analyse désormais la dérive totalitaire de Staline, qui n'a rien à envier à celle d'Hitler et du national-socialisme, et dont on trouvait déjà des bribes dans la pensée de Lénine. Cette prise de conscience le fait basculer dans le camp des opposants qui sont appelés "les ennemis du peuple ", il craint d'être arrêté, son manuscrit est saisi par le KGB, la police politique, et ne sera sauvé que grâce à l'action de quelques hommes de bonne volonté, désireux de sortir de cet enfer qu'est le totalitarisme. Vassili Grossman montre, d'une manière inacceptable pour les autorités, la convergence entre les systèmes nazi et soviétique (camp de concentration/goulag, police politique : Gestapo/KGB, nationalisme d'État, élimination des minorités et des opposants grâce à la terreur et la répression). Sa réflexion rejoint celle d'Hanna Arendt sur la banalité du mal qui se nourrit de la peur individuelle, légitime lorsque règne ce genre d'ambiance effrayante.
Le personnage de Strum, physicien nucléaire, est isolé car ses recherches sont accusées d'être de la physique juive, occidentale, qui contredit les travaux du maître à penser, Lénine. Puis, lorsque Staline l'appelle, il retrouve son poste et ses amis, ne risque plus d'être arrêté. Alors qu'il avait toujours été courageux, il accepte de signer une lettre qui nie les exactions commises envers des scientifiques et les arrestations arbitraires. Il a honte de sa faiblesse et est tourmenté. Pour Vassili Grossman, le régime soviétique, en détruisant la liberté, a fait régresser son pays et restauré une servitude identique à celle de la Russie des tsars et des serfs. Il s'interroge sur la nature pernicieuse des idéologies, surtout celles qui ont pour but le Bien de l'humanité et sont érigées en systèmes dogmatiques qui font sombrer l'Homme dans la barbarie. Que reste-t-il après un tel chaos, à part l'espoir incertain que la bonté humaine parviendra à vaincre, malgré tout, ces entreprises de déshumanisation ?
Ce roman m'a bouleversée. Il est, pour moi, un des chefs-d'oeuvre du XXe siècle. Il est à la fois un témoignage rare et poignant de la Shoah en Europe de l'Est et de l'univers totalitaire dans lequel des milliers de personnes, en U.R.S.S., ont été obligées de rester enfermées et de survivre. Certains passages m'ont durablement marquée : les descriptions horribles de ce que les historiens ont appelé « la Shoah par balles » et plusieurs dialogues, expressions des tourments philosophiques et politiques de l'auteur.
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Beaucoup de critiques comparent Vie et Destin à Guerre et Paix, et donc Vassili Grossman à Léon Tolstoï. L'objet des deux oeuvres est le même : décrire le destin de groupes d'hommes et de femmes, notamment de familles, confrontées à la guerre, offertes en sacrifice.

Les points de vue sont divers : celui du petit soldat de 19 ans, jeté dans la fournaise, celui de l'officier d'artillerie ou de chars sans illusion, qui va au sacrifice en toute conscience, celui du puissant commissaire politique, qui poursuit dans la steppe les intrigues nouées au KGB à Moscou, enfin celui de la maman rendue folle par la perte de son fils.

Les Russes ne sont pas seuls en cause : Grossman, bien avant « Shoah » de Lanzmann décrit le martyr du Peuple juif pris au piège des villes ukrainiennes ou biélorusses. Il cite aussi un point de vue allemand, avec le personnage de Liss, SS bureaucrate chargé d'une importante mission auprès de Himmler, dans la ligne définie à Wannsee.

D'ailleurs, les deux camps sont soumis au totalitarisme, à sa cruauté, à ses emprisonnements et a ses déportations arbitraires : cette position a valu au livre de ne pas être publié du temps de l'URSS.

Ce livre est utile à l'historien, mais il est aussi un grand livre humaniste, dont beaucoup de passages, par leur écriture, forcent l'admiration, celui-ci par exemple :

« Novikov sentait qu'ils parviendraient à leurs fins, qu'ils seraient plus forts, plus malins plus intelligents que leurs ennemis. Cette masse de bravoure, de calcul, de savoir faire, toute cette richesse humaine de combattants qui pouvaient être au choix méchants, bons, coléreux, braves, prudents et une fois unis ils devaient vaincre car ils constituaient une trop grande richesse pour être battus ».
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