Crions, c'est le jour du fracas.
Deux mondes se côtoient en toute alternance. Chacun son tour chapitre par chapitre, ou presque.
Premier monde, Ceux de la table. Une bande de copains ainsi dénommée, 6 garçons et 3 filles. Dans les 14 ans, en troisième, du côté de la Seyne-sur-Mer, les années 90,
Deuxième monde, une colonie pénitentiaire sur l'île du Levant près de Hyères, de 1861 à 1866, 1866, année du drame.
Petit point d'histoire. Nous sommes sous
Napoléon III, des bagnes pour enfants ont été crées, accueillants délinquants mais aussi orphelins, gavroches en tous genres et un peu comme sur lettres de cachet, des pères demandant à l'Etat pour leur rejeton un placement en ces maisons de correction. L'idée est de les remettre sur le droit chemin de les éduquer et de leur apprendre un métier. Bien sûr entre l'intention et le résultat, il y a l'arbitraire des encadrants, peaux de vaches et tortionnaires compris et les manques de moyens à commencer par la nourriture.
Voici un livre qui malgré ses faiblesses et ses partis pris donne à réfléchir. Qu'est ce qu'une société normative, l'enfance et l'adolescence des parangons d'innocence et de liberté brimée ? , quelles sont les limites aux jugements sur le passé avec le regard d'aujourd'hui, la société doit elle être bouc émissaire des carences parentales et enfin qui a raison ?
Parti pris et société normative.
Héloïse Guay de Bellissen, joli nom pour une rebelle, semble faire porter à la société bien des travers. Etouffoir de liberté comme si nous étions la dernière des dictatures. Pour
Napoléon III cela se discute, encore que : faut il juger le passé avec les valeurs d'aujourd'hui, qu'y avait il avant les bagnes d'enfants et était ce mieux ? ( attention, je n'ai pas dit que c'était le cas mais je m'interroge ). Quoiqu'il en soit pour les années 90, l'espace de liberté me semble suffisamment grand même à penser pour certains qu'il est trop petit.
Bagnes d'enfants. La société de l'époque était elle totalitaire , je ne me prononce pas mais pour le bagne, les excès des encadrants étaient porteurs de révolte, à juste titre.
Parallèle, celui fait par l'auteur, du bagne avec Ceux de la table en mal de je ne sais quoi semble excessif. Pour ce rejet sociétal, une vague explication d'une page avec des parents en mal de je sais quoi d'autre, cela laisse sceptique.
L'adolescence et l'enfance parangons d'innocence et de liberté !
Lisez le chapitre sur le chef des révoltés, Condurcer, et des supposés espions, ce n'est pas glorieux, de même raisonnement discutable, la société les ayant mis là, et ayant crée les conditions d'une rébellion, elle est donc responsable ( de tout ? ).
Idem, deux garçons se suicident, je lis cette phrase : Alors, les sociologues, qu'est ce qu'ils ont à dire de ça ?
Faut il comprendre là encore que la société est responsable. Antipsychiatrie des années soixante, ce n'est pas l'individu qui est fou, c'est la société qui le rend comme tel.
Qui définit les normes, qui érige les règles, et la société évolue t elle bien ou non ? Pass sanitaire, vaccination, pour ou contre etc.
Crions, c'est le jour du fracas. Un livre qui peut se lire d'une traite. Regrettons un manque de densité historique concernant les bagnes pour enfants, et de densité psychologique concernant la bande de Ceux de la table.
Liberté, liberté, chacun sa perception des choses et ce qui en découle, choix de vie, mode de pensée et bilan final.
Pas terrible pour Ceux de la table ayant zappé l'école,, pour les garçons, un assassiné, une overdose, un assassin, pour le pire, et un vendeur de figurines, et deux on ne sait pas. Les filles, itou, on ne sait pas mais une fois par an, elles se retrouvent autour d'un pique nique et peut être pour se dire : c'était mieux avant.
Et n'oublions pas,
Les enfants sont les censeurs de demain et les adultes censeurs, les enfants libres d'hier.
Pardon.
Les enfants sont l'espoir de notre futur et les adultes les souvenirs radieux de notre passé.
C'est mieux ainsi.
Trêve de plaisanterie, la contestation, adolescente en particulier, est une garantie contre l'immobilisme mais pas sans limites. ( de la crème épilatoire dans les cheveux à vous rendre à moitié chauve, et une chaise à travers une baie vitrée, le père fut il vitrier, c'est un peu trop )