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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'avais déjà lu et apprécié « Dans le ventre du loup ». J'avais même eu la chance et l'opportunité de la rencontrer dans la librairie de ma ville Les Fringales littéraires. Je garde un bon souvenir de cette rencontre. C'était avec plaisir que j'avais envie de découvrir son prochain roman
Lors du confinement, elle repense à la période de son adolescence avec sa bande de copains. Un fait lui remonte en tête et décide de se replonger dans cette période et sur le fait raconté par son copain. Lui n'avait pas séché l'école et indiquait même avoir apprécié ce cours d'Histoire. Ca ne lui ressemblait pas et c'est pour ça que cette anecdote l'a marqué. Ce cours parlait de l'île de Levant où se trouvait un bagne pour enfant au XIXème. L'idée été présentée de manière belle de l'extérieur, c'était l'opportunité de donner une éducation, d'apprendre un métier à ses enfants orphelins, délaissés. La réalité, des enfants livrés à eux-mêmes, emprisonnés. On voulait s'en débarrasser des villes et avoir de la main d'oeuvre bon marché. Ses enfants emprisonnés, ne se sont pas laissés faire, ils ont mis le feu à leur pénitencier. Plusieurs morts donc un enfant Léon Cazale surnommé « Boule-de-neige » qu'elle fait parler et le rend vivant avec ses passages en alternance avec ceux de son enfance intitulé « Ceux de la table ».
Pour ceux qui ont été adolescents à la même période que l'auteure vous allez totalement replonger dans cette période avec les nombreuses références. On retrouve bien aussi le coté ado qui rejette la société et ses contraintes. le coté rébellion des deux périodes. Un roman avec encore un coté personnel et où l'on retrouve toute sa personnalité. Personnellement je ne connaissais pas l'existence de ses bagnes où j'ai oublié quand on m'en a parlé en cours d'Histoire.
Encore un peu de patience, ce roman sort le 19 aout en librairie
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Je remercie les Editions Seghers et Babelio de m'avoir permis de découvrir ce roman dans le cadre de l'opération Masse Critique. Lu d'une traite, en une soirée.

Le dernier bagne pour enfants en France a fermé un an avant ma naissance en 1977. C'était à Belle-Île. J'ai visité celui de Tatihou, au large des côtes normandes. Celui dont parle ce roman est situé sur l'Île du Levant, dans la commune d'Hyères. Ces colonies correctionnelles étaient de véritables pénitenciers, souvent à vocation agricole. Elles se voulaient des purgatoires éducatifs, elles n'étaient que des enfers pour mineurs en marge de la société. C'était d'ailleurs bien pour ça que ces colonies étaient souvent établies sur des îles, en marge du continent et de la vie normale, pour tenir ces petits délinquants ou enfants trop oisifs loin du regard, et les oublier.

La structure du roman alterne entre l'histoire de la révolte de 1866 sur l'Île du Levant et l'adolescence de l'autrice dans les années 90. Une adolescence désoeuvrée, rebelle, elle aussi en marge d'une société dont elle refuse les velléités de formatage. Je suis né à la charnière des générations X et Y, alors toutes ces références que l'autrice égrène me sont familières, déclenchent le souvenir et le sourire. La narratrice et ses potes, qui forment le clan de « Ceux de la Table », écoutent Nirvana, Daft Punk, Radiohead et Les Cranberries. Ils sèchent les cours, se révoltent face aux profs soporifiques, portent des couleurs fluo et fument de la beuh. Ils seraient nés un siècle plus tôt, leur place aurait peut-être été au bagne pour enfants. C'est à partir de ce constat que l'autrice construit sa trame narrative, comme deux histoires parallèles. L'une ponctuée de couplets en VO de tubes des années 90, l'autre agrémentée d'extraits d'archives documentaires.

La mise en abyme de ces deux récits est intéressante, et même si je n'émarge pas complètement au propos de l'autrice sur l'échouage programmé de la génération Y, il fait naître la réflexion sur les échecs éducatifs et le sacrifice des inadaptés. Préface et postface ont le feu pour narrateur, celui par lequel la mort arrive pour certains enfants rendus momentanément à la vie au fil de ces pages. J'aurais aimé passer plus de temps en leur compagnie, en savoir davantage sur eux et leur vie au bagne. Tout se précipite. Quant au récit sur « Ceux de la Table », », il m'a semblé trop superficiel et un peu inabouti… à l'image peut-être des vies immolées. L'ensemble se lit vite, laissant intelligemment davantage d'interrogations que de réponses.
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Il y a quelque temps, je reçois un courriel de Babelio me demandant si je suis intéressée par un roman qui sortira en septembre prochain. Ma curiosité de lectrice avide me fait accepter bien entendu. Et me voilà aujourd'hui à chroniquer ce roman choral.

Trois narrateurs : pour la préface et la postface, le feu qui tient un rôle non négligeable dans le roman. Puis en alternance, Hélo , ado dans les années 1990 qui fait partie d'une bande de jeunes dénommée "Ceux de la table" et Boule-de-neige, de son vrai nom Léon Cazale, ado lui aussi mais vers 1866, bagnard sur l'île du Levant au large d'Hyères.

Chaque chapitre est précédé d'un extrait des archives (réelles) que l'auteure a pu consulter à Draguignan à propos de ce bagne pour enfants ou d'un extrait d'une chanson à la mode en 1990.

Au cours du confinement de 2020 dû à la pandémie du covid, Helo se souvient de "Ceux de la table", ces collégiens dont elle fait partie dans les années 90. Ils sont en quête de liberté, séchant les cours, écoutant les groupes à la mode tout en fumant dans des lieux cachés. Elle nous fait revivre des moments de leur quotidien d'ados rebelles, qui devront se séparer à la fin de l'année scolaire, chacun poursuivant un autre chemin dans d'autres écoles.

En écho, Boule-de-neige nous raconte le quotidien d'enfants et d'ados bagnards sur l'Ile du Levant. Nous sommes plus ou moins en 1866. Certains ont bien commis quelque petit délit, mais d'autres sont là parce qu'ils sont orphelins, ou nés dans des familles qui vivent dans la précarité. Ces colonies pénitentiaires sont instaurées par une loi de Louis Napoléon Bonaparte afin de rééduquer les enfants par le travail et de nettoyer les villes des délinquants. La discipline y est très (trop) sévère . le silence et le travail sont sacrés. C'est sans compter sur Condurcer , un "ancien" auto-proclamé chef des ados et qui a su aussi se faire une place auprès des gardiens : il travaille dans les cuisines de la colonie. Mais Condurcer est un révolté qui ne pense qu'à s'évader.

Je n'irai pas plus loin dans le résumé afin de ne rien dévoiler de l'intrigue.

Mon avis :
Grâce à ce livre, j'ai appris l'existence de ces "bagnes" pour enfants, bien souvent très pauvres. Dans les extraits d'archives repris par l'auteure, il y a des faits ignobles que j'ai eu du mal à lire tant c'est cruel, inhumain. Heureusement, cela n'a concerné que quelques paragraphes.
Cette partie est très bien écrite par l'auteure. On ressent toute la tragédie, l'horreur même de l'histoire . On voit qu'elle s'est bien documentée et qu'elle a pris ce pan de l'histoire à coeur .

Par contre, j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire des jeunes des années 90. Cela m'a paru plus superficiel. Les ados font des bêtises, certes, ne se sentent pas concernés par l'école et puis …. Sera-ce comme dans la chanson de Bruel, "on s'verra dans 10 ans…" ? Avec les dialogues écrits dans le langage propre aux ados de 1990, et l'écriture au vocabulaire contemporain, on pourrait s'y identifier. Mais non, il m'a manqué quelque chose qui m'accroche.

Et puis je trouve que le parallèle entre les deux époques est mince. C'est en lisant une interview de l'auteure que j'ai mieux compris sa démarche.

La norme , les standards , les lois édictées par nos sociétés seraient liberticides quelle que soit l'époque. Ce qui provoque la révolte, en l'occurrence des ados. le livre fait également écho à 2020 - 2021 (pandémie du covid) et la liberté réduite jusqu'au confinement strict dans le but d'éradiquer le virus.

Je remercie Babelio et les Editions Seghers de m'avoir permis de découvrir ce roman en "avant-première".
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Crions, c'est le jour du fracas.

Deux mondes se côtoient en toute alternance. Chacun son tour chapitre par chapitre, ou presque.

Premier monde, Ceux de la table. Une bande de copains ainsi dénommée, 6 garçons et 3 filles. Dans les 14 ans, en troisième, du côté de la Seyne-sur-Mer, les années 90,

Deuxième monde, une colonie pénitentiaire sur l'île du Levant près de Hyères, de 1861 à 1866, 1866, année du drame.
Petit point d'histoire. Nous sommes sous Napoléon III, des bagnes pour enfants ont été crées, accueillants délinquants mais aussi orphelins, gavroches en tous genres et un peu comme sur lettres de cachet, des pères demandant à l'Etat pour leur rejeton un placement en ces maisons de correction. L'idée est de les remettre sur le droit chemin de les éduquer et de leur apprendre un métier. Bien sûr entre l'intention et le résultat, il y a l'arbitraire des encadrants, peaux de vaches et tortionnaires compris et les manques de moyens à commencer par la nourriture.

Voici un livre qui malgré ses faiblesses et ses partis pris donne à réfléchir. Qu'est ce qu'une société normative, l'enfance et l'adolescence des parangons d'innocence et de liberté brimée ? , quelles sont les limites aux jugements sur le passé avec le regard d'aujourd'hui, la société doit elle être bouc émissaire des carences parentales et enfin qui a raison ?

Parti pris et société normative.

Héloïse Guay de Bellissen, joli nom pour une rebelle, semble faire porter à la société bien des travers. Etouffoir de liberté comme si nous étions la dernière des dictatures. Pour Napoléon III cela se discute, encore que : faut il juger le passé avec les valeurs d'aujourd'hui, qu'y avait il avant les bagnes d'enfants et était ce mieux ? ( attention, je n'ai pas dit que c'était le cas mais je m'interroge ). Quoiqu'il en soit pour les années 90, l'espace de liberté me semble suffisamment grand même à penser pour certains qu'il est trop petit.

Bagnes d'enfants. La société de l'époque était elle totalitaire , je ne me prononce pas mais pour le bagne, les excès des encadrants étaient porteurs de révolte, à juste titre.

Parallèle, celui fait par l'auteur, du bagne avec Ceux de la table en mal de je ne sais quoi semble excessif. Pour ce rejet sociétal, une vague explication d'une page avec des parents en mal de je sais quoi d'autre, cela laisse sceptique.

L'adolescence et l'enfance parangons d'innocence et de liberté !
Lisez le chapitre sur le chef des révoltés, Condurcer, et des supposés espions, ce n'est pas glorieux, de même raisonnement discutable, la société les ayant mis là, et ayant crée les conditions d'une rébellion, elle est donc responsable ( de tout ? ).

Idem, deux garçons se suicident, je lis cette phrase : Alors, les sociologues, qu'est ce qu'ils ont à dire de ça ?
Faut il comprendre là encore que la société est responsable. Antipsychiatrie des années soixante, ce n'est pas l'individu qui est fou, c'est la société qui le rend comme tel.

Qui définit les normes, qui érige les règles, et la société évolue t elle bien ou non ? Pass sanitaire, vaccination, pour ou contre etc.

Crions, c'est le jour du fracas. Un livre qui peut se lire d'une traite. Regrettons un manque de densité historique concernant les bagnes pour enfants, et de densité psychologique concernant la bande de Ceux de la table.
Liberté, liberté, chacun sa perception des choses et ce qui en découle, choix de vie, mode de pensée et bilan final.

Pas terrible pour Ceux de la table ayant zappé l'école,, pour les garçons, un assassiné, une overdose, un assassin, pour le pire, et un vendeur de figurines, et deux on ne sait pas. Les filles, itou, on ne sait pas mais une fois par an, elles se retrouvent autour d'un pique nique et peut être pour se dire : c'était mieux avant.

Et n'oublions pas,
Les enfants sont les censeurs de demain et les adultes censeurs, les enfants libres d'hier.
Pardon.
Les enfants sont l'espoir de notre futur et les adultes les souvenirs radieux de notre passé.
C'est mieux ainsi.

Trêve de plaisanterie, la contestation, adolescente en particulier, est une garantie contre l'immobilisme mais pas sans limites. ( de la crème épilatoire dans les cheveux à vous rendre à moitié chauve, et une chaise à travers une baie vitrée, le père fut il vitrier, c'est un peu trop )
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J'aime beaucoup les écrits de l'auteur : je la suis depuis son premier roman. Il me manque juste "dans le ventre du loup", mais c'est en cours ... Je remercie les Editions Seghers et Babelio de m'avoir permis de découvrir le nouveau texte d'Heloïse Guay de Bellisen.
L'auteur a un nom a porter un drapeau avec ses armoiries familiales sur un fier destrier et la voir sur des photos avec sa tignasse blonde et tous ses tatouages : j'aime le contraste (et en plus elle était libraire, ma profession préférée).
Crions, c'est le jour du fracas est bien un cri de guerre d'enfants maltraités aussi bien par leurs parents que la société. L'auteur imagine un parallèle entre la génération de jeunes gens incarcérés et exploités dans la colonie pénitentiaire de l'île du Levant (quel dommage : un si beau nom d'île) et ses potes, sa bande, sa génération, ceux qui mettent le bazar, refusent de rentrer dans les cases qu'on leur assigne, qu'on leur destine : ils ne veulent pas devenir des adultes consuméristes, mais peinent à trouver d'autres portes de sortie. L'auteur a trouvé l'écriture, un grand nombre de ses potes n'ont pas eu cette chance.
C'est un roman violent, non pas uniquement par les situations qu'il décrit, mais aussi, par l'implacable machine à laminer qui fonctionne toujours, qui broie les individus : la norme sociétale qui met en avant des rêves inaccessibles ou factices pour leurrer ceux qui n'ont pas les structures intellectuelles, sociales pour lutter.
J'ai aimé le point central qu'occupe "la table" (juste une ordinaire table de ping-pong en béton) autour de laquelle se retrouvent les chevaliers à la triste figure, qui comme Don Quichotte, luttent contre des moulins à vent.
Il y a aussi celui qui ouvre le livre : c'est le feu (les êtres sans feu ni lieu, les vagabonds qu'on peut retrouver dans le mouvement grunge) et sert de lien entre les 2 époques 1860 et 1990, le feu destructeur, mais aussi purificateur : la vie redémarre de plus belle sur un terre brûlée. Il y a de la richesse dans le feu qui sert à allumer des incendies, des pétards, et qui, quand on joue avec, fait mal. L'auteur nous présente les protagonistes de ces deux histoires, qui d'une certaine façon, se répètent : parents incapables ou ayant du mal à élever leurs enfants, manque de moyens sociaux et scolaires, de temps ...
C'est un texte rythmé par la musique des groupes des années 90, mais j'en ai entendu d'autres : "light my fire" - Doors, "I'm on fire" - Springsteen. J'ai aussi revu fort étrangement, surgir du néant, les personnages de la dernière partie de Twin Peaks : ces vagabonds qui apparaissent et disparaissent, sèment la mort et la peur et dont la première phrase est "got a light ?". Décidément, un auteur que je vais continuer à suivre.
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Feu.
Feu de joie, feu de Dieu, feu de camp, feu de forêt, feu de cheminée, feu d'amour, feu destructeur...
Le feu c'est "la mort et la vie contenues dans un même miracle, et cela, que je sois un feu intérieur ou extérieur (...)" selon les mots de l'auteure.
Le roman se découvre au travers de 3 narrateurs qui se succèdent : Condurcer, l'auteure et un juge.
Les trois histoires s'entremêlent pour n'en dévoiler qu'une, cachée au coeur des trois histoires réunies : un mouvement de fougue, et une jeunesse, désireuse de casser les codes que la société lui impose. Non sans mal, d'ailleurs, au risque de se prendre au piège des dictats et des tentations les plus dévastatrices.
En plus d'une narration très habile, je découvre une histoire que je ne connaissais pas : la révolte du bagne pour enfants de l'île du Levant.

Ce roman nous interroge sur la question de la responsabilité, tant individuelle que collective.
L'auteure va même jusqu'à interroger la responsabilité du "feu", élément controversé, oscillant entre bien et mal. Les choix que nous prenons sont-ils dépourvus de toute influence? Si non, à quel point sommes-nous responsables des faits et gestes que nous prenons? Y a t'il des "fautifs"?

Merci à Babelio pour cette Masse Critique. Ce fut une belle découverte !
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Toujours aussi impressionnée par l'écriture de Heloise Guay de Bellissen.
Cette fois, elle nous plonge dans un épisode terrible des pénitenciers pour enfants du 19e siècle et retrace en parallèle son adolescence révoltée avec sa bande d'amis.
C'est brut, ça secoue, mais on ne peut pas le lâcher.
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Ni livre de souvenir, ni roman, ni enquête , le livre d' Héloïse Guay de Bellissen est cependant un peu tout cela. Elle se souvient de son adolescence dans les années 90, avec sa bande de copains: » Ceux de la Table ». Elle utilise des passages d'interrogatoires après l'incendie dramatique en 1866 qui détruisit la colonie pénitentiaire de l' Ile du Levant , tuant 13 jeunes dont elle imagine les pensées, les sentiments.
Une alternance de courts chapitres nous permet de suivre aisément les différentes histoires.
Ceux de la Table, ce sont ses copains d'alors et les réflexions qu'elle se fait aujourd'hui, avec le recul, sur cette période de sa vie.
Boule-de-neige, c'est le « témoignage « imaginaire d'une des jeunes victimes.
Le juge, c'est le point de vue de celui qui va devoir juger ceux qui ont fomenté la révolte.

On imagine bien ce que fut la vie dans ces centres qui sur le papier , se voulaient éducatifs , mais n'étaient en fait que des lieux de violence pour des gamins déjà maltraités par la vie ou leurs familles. Orphelins, petits délinquants, enfants livrés à eux mêmes, tous envoyés sur l' Ile pour y apprendre un métier mais surtout pour « débarrasser les villes des abandonnées s'offrir une main d'oeuvre bon marché ». Un de ces centres a d'ailleurs perduré jusqu'en 1977 à Belle Ile.
La vie des ados de 1993 nous est plus familière : le sentiment de n'avoir pas de futur (slogan de l'époque : No futur), de refuser d'être comme leurs parents, d'appartenir à la société… une bande d'ados qui snobaient l'école, qui traînaient ensemble en écoutant de la musique. Un petit groupe mixte sans chef dit l'autrice, mais avec un leader quand même :Don, menteur, tricheur, séducteur, traficoteur, voleur…..
Les deux colonies se télescopent dans la mémoire de l'actrice car c'est Don qui ayant assisté à un cours d »histoire , parle au groupe de cette colonie pénitentiaire et utilise l'expression Boule-de-neige .
Evidemment, on ne peut les comparer: les enfants de l' Ile du Levant n'avaient pas choisi d'y être; ceux de la Table choisissaient en grande partie de ne rien faire à l'école, ne subissaient pas une discipline féroce . Pourtant ils ont eu des points communs , que l'actrice met en lumière dans son récit.
C'est un livre que j'ai trouvé intéressant ; j'y ai découvert cet évènement épouvantable de l' Ile du Levant, il m'a permis de replonger dans la période des années 90 (celle de l'adolescence de mes enfants) , avec ses chanteurs et musiciens fétiches: Kurt Cobain, Radio Head….
Merci aux Editions Seghers et à Babelio.
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Bah alors quoi ? (tu comprendras si tu lis le livre minou).

Ah mais c'était la bonne idée de mettre ce livre sur ma voie, je te jure.
C'est pas que ce soit hyper bien écrit ni que le côté récupération fasse un peu grincer des dents. Disons que c'est un livre de génération. T'es d'ac avec ça ? Moi je suis dac avec ça en tout cas.

En 1866, sur l'île du Levant qui est une île vers le coin où j'habite (en vrai tu mets deux heures à y aller mais au moins maintenant je la connais), y'avait une pénitencier pour gosses. Des vrais gosses je te jure. Et les conditions étaient tellement terribles que y'a une partie d'entre eux qui ont mené une mutinerie, qui ont enfermé d'autres gosses qu'ils soupçonnaient d'être des espions à la botte des gardiens, et ils les ont cramés.
Voilà. 13 morts, 13 petits, morts. Et ça fout les frissons dans l'échine moi quand je lis ça.

Des années plus tard et un confinement dans la gueule, Héloise Guay de Bellissen est en train de faire le chemin inverse dans ses souvenirs et se rappelle que quand elle était ado, elle traînait sur la plage en face de cette île avec ses potes, fumait des joints, écoutait les Pixies, Prodigy et Nirvana (bon ok, j'aimais pas Nirvana) et ...

Et grâce à un moyen un peu improbable elle arrive à te récupérer le truc et se comparer au besoin de liberté de ces gosses de cette île. C'est un peu gros et dommage mais j'ai kiffé, je sais absolument pas pourquoi, la touche nostalgie certainement.

Ça aurait pu vite me saouler, les trucs à base de "j'ai vécu ça un peu comme quand machin avait fait ça" no way. Mais l'autrice a plus d'un tour dans son sac. Elle ne se contente pas d'inventer, de raconter, elle incorpore des documents officiels qu'elle est allée chercher elle même dans les archives afin de donner une voix et des corps à son récit.

Ok l'exercice n'est pas nouveau, mais j'ai littéralement dévoré ces textes. Avide d'Histoire, influencé par Sa Majesté des Mouches (qui est un de mes romans préférés dans la vie), j'ai laissé les pages défiler avec un gros regain d'intérêt. Et puis ça se passe pas loin comme je t'ai dit toute à l'heure.

Et en vrai savoir qu'à la même époque que la tienne y'a d'autres gosses un chouïa plus vieux que toi qui faisaient les mêmes conneries que toi dans les mêmes endroits bardés d'histoires de gosses que toi t'as pu connaître, ça te donne cet élan d'appartenance, de rassemblement, de connexions.

J'ai kiffé, et pour les passages un peu plus relou, bah les chapitres sont courts alors tu passes vite à autre chose. C'est suffisamment bien alterné récit de vie / récit du bagne pour pas que t'ailles voir ailleurs.

J'sais pas toi mais moi j'ai un peu envie de le défendre ce bouquin, tu m'diras ?

Deal !
Lien : https://www.instagram.com/lo..
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Et voilà pour ma première participation au "Masse critique" organisée par Babelio (je ne savais même pas que ça existait ce truc là )

D'Héloïse Guay de Bellissen, j'avais dévoré et adoré littéralement le "Roman de Boddah". Alors c'est un grand honneur pour moi de découvrir son nouveau roman qui sortira dans une dizaine de jours (le 19 août si je ne me gourre pas trop).

__________

L'adolescence. Cette période propice à la révolte, où l'autorité et le système sont remis en question... c'est à travers deux époques qu'Héloïse Guay de Bellissen évoque ce passage difficile vers l'âge adulte.

Au moment du premier confinement, l'autrice se remémore cette époque avec sa bande de potes : les squattes, les concerts, le collège, les cours séchés... "Ceux de la table", adolescents des années 90, sont ce que l'on pourrait appeler des "têtes brûlées". Ils considèrent le collège comme une prison et le système éducatif semble les asphyxier. Aucun de leurs professeurs ne les inspirent...

Malgré les nombreuses heures de cours manquées, l'un d'entre eux se souvient d'un fameux cours d'histoire où il était question d'une colonie pénitentiaire pour enfants dans les années 1860. Y étaient placés des délinquants, mais aussi des orphelins...
Sous le point de vue de "Boule de Neige", on a un aperçu de leur calvaire dans ce lieu sensé les préparer au travail. le manque d'humanité et la rigueur y sont impitoyables. le règlement est très stricte les privant de quasi toutes leurs libertés, à commencer par celle de communiquer entre eux et même de rire. Ils sont donc contraints de vivre, ou survivre, dans cet endroit jusqu'à ce jour tragique où survient une révolte...

Durant tout le roman, on alterne donc entre ces deux époques. En lien : une organisation inhibante et, par la force des choses, destructrice. le système, tel qu'il est décrit, serait un frein aux libertés.

Étant moi même une ado des années 90, j'ai particulièrement apprécié toutes les références musicales semées en tout début de parties de "Ceux de la table"... Nirvana, les Pixies, les Cranberries, Rage Against the Machine...
En revanche, je ne connaissais pas du tout l'existence de ces colonies pénitentiaires pour enfant et aurais aimé que ces parties soient un peu plus développées dans le récit.

Ce roman a mûri et peut-être même a commencé à voir le jour pendant le premier confinement.
Je ne peux pas m'empêcher de voir une connexion avec la situation que nous experimentons actuellement.

L'entrave aux libertés mènerait-elle inévitablement à la révolte ?

L'histoire nous le démontre.
Alors crions, c'est le jour du fracas !
__________

P.S. : merci à Babelio pour l'envoi de ce livre.
Il va pouvoir maintenant voyager entre les mains des copains !
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