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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le 28 septembre 2021-
Gros coup de coeur (accompagné d'une avalanche de colère, au vu du sujet indigne d'une société…quelle qu'elle soit !)

Une flânerie inopinée à la librairie Mémoire 7, à Clamart, m'a fait dénicher ce roman , lu dans la nuit, avec moult émotion, le coeur battant …Lecture marquante qui s'ajoute à celles de Marie Rouanet « Les Enfants du bagne » et d'Ariane Bois « L'Ile aux enfants"...

La phrase introduisant ce roman formule la quintessence de ce double récit : « Pour écrire ce roman, j'ai enquêté sur le drame qui s'est produit en 1866 dans un pénitentier pour mineurs de l'île du Levant ; la troupe d'adolescents que j'y ai rencontrée était le miroir d'une autre bande dont je faisais partie dans les années 90. Deux époques , deux rebellions, deux histoires vraies. «

L'auteure que je lis pour la première fois a capté d'emblée mon intérêt et par un style des plus vifs, et par les sujets traités : la Jeunesse à travers deux bandes de copains à 100 ans de décalage… Ce groupe de gamins abandonnés, relégués dans ce pénitentier de l'île du Levant, et cette bande d'adolescents dans les années 90, (dans le Sud, à proximité de ce bagne) à laquelle la narratrice appartenait… Même si ce n'est guère comparable, restent les drames, les tragédies de jeunes, d'adolescents , qui dans leur quête universelle ne veulent surtout pas ressembler à leurs parents, et aux adultes en général…

La narratrice, l'auteure , entre les deux confinements, se souvient de sa bande de copains et surtout lui revient en mémoire, un incident paraissant anodin, qui va réveiller un déclic pour des recherches et ce livre à venir…imprévu : un de leurs copains, à qui ils avaient fait une plaisanterie (ils lui avaient fait croire qu'ils se retrouvaient tous au cours d'histoire, dont pourtant ils redoutaient la prof, profondément ennuyeuse) ; il les retrouvent furieux à leur point de ralliement habituel, s'étant retrouvé tout seul, cependant ébranlé et inexplicablement intéressé par le cours d'histoire où justement il était question de ce Bagne d'enfants …

Ce souvenir va impulser la curiosité de l'écrivaine pour faire des recherches sur ce lieu et l'horrible drame s'étant déroulé, tout en rendant une nouvelle vie à cette bande de copains, qui lui a été si chère et essentielle. Elle fait revivre leur jeunesse, leurs colères, leurs rebellions, leurs farces, leurs provocs… leurs joies et chagrins partagés !

Le récit alterne entre les deux périodes et narre les désespoirs, les joies aussi de ces très jeunes… en construction ! Ce récit exprime avec la plus grande énergie le scandale de ces bagnes d'enfants… et je ne peux pas oublier une découverte bouleversante à Belle-Ile en-mer où j'allais avec mon mari, en hiver, chaque année…pour un éloignement dans des paysages marins désertés , magnifiques… et lors d'une marche sur les chemins côtiers, nous « tombons « sur des ruines qui m'intriguent , j'interroge les îliens, et me frotte à une gêne certaine… Je finis par découvrir que ce fut un bagne d'enfants et le dernier à être supprimé, en 1977 !!!

« Ce langage de la justice mêlé à celui de l'enfance et un bien triste linceul et jamais il n'aurait dû se rencontrer.
Mais, si le monde enfantin et le monde carcéral se font face dans son tribunal, c'est le champ lexical tout entier qui est remis en question, et, dans ces cas-là, la faute viendrait de plus loin, sans doute du système.
Récréation et cachot ne peuvent pas tenir dans une même poésie, tout comme l'eau et le feu, et pourtant c'est le cas. Quand deux langages s'entrechoquent, c'est une mort annoncée. En attendant que les mots puissent s'accorder entre eux, ou alors que chacun reprenne sa place, c'est égal. (p. 151) »

Un texte qu'on ne peut pas lâcher… on s'attache à tous ces jeunes, ceux du Bagne comme ceux appartenant à l'adolescence de l'auteure, jusqu'au juge, personnage bienveillant , compréhensif, mais dépassé par une justice , lui paraissant brutalement « inhumaine » et hypocrite !!

Il doit assurer le procès des gamins-assassins ; il se sent enragé et impuissant face à un système inique, fabriquant de la barbarie et de la violence, par ses dérapages , dont celles sévissant dans les institutions dites « de redressement ou de correction » qui ont sévi si longtemps, et ont été honteusement utilisés comme des réservoirs de main-d'oeuvre gratuite !!

« Ce qu'ils savent faire, c'est fermer des portes, administrer des punitions, et être parfaitement idiots. Ils appliquent sans réfléchir une discipline militaire. le juge reste persuadé qu'ils ont d'autres fonctions, celles qui se greffent toujours quand la bêtise et le pouvoir sont dans la même main. »

Un ouvrage fort… qui parle d'un sujet universel : La jeunesse et les drames, désespoirs, mal-être parfois tragiques selon les contextes politiques, sociaux, économiques…sans oublier le dernier choc : la Pandémie et l'isolement contraint, les jeunes et leurs difficultés ressenties dans leur scolarité comme parfois dans leur milieu familial… que la Jeunesse soit « malmenée » et pire « massacrée » comme dans ces bagnes d'enfants, indignes, et c'est toute une société qui se trouve malade pour LONGTEMPS !

Un texte dense, percutant qui nous interpelle tous…fait mal !

Je termine ce billet par une phrase d'espoir de Jean Cocteau qu'Héloïse Guay de Bellissen a mise parmi d'autres , en exergue :
« Si le feu brûlait ma maison, qu'emporterais-je ? La flamme »
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J'ai retrouvé avec plaisir une auteure dont j'avais beaucoup apprécié un essai sur les tatouages.
Dans ce dernier livre, qu'il serait difficile d'enfermer dans une catégorie (essai, récit, archives ou les trois à la fois) les souvenirs de jeunesse de l'auteure se mêlent à l'histoire et à un triste épisode de celle-ci, le bagne pour enfants.
Lors du confinement, l'auteure se remémore le collège et une sortie scolaire, une anecdote lui revient en tête et il n'en faut pas plus pour qu'elle contacte les archives départementales de Draguignan pour en savoir plus sur cette histoire de bagne pour enfants au large d'Hyères sur l'île du Levant, une colonie disciplinaire pour délinquants, enfants défavorisés voire abandonnées.

C'est alors un récit alterné entre Ceux de la table et Ceux du Levant.
Réminiscence de sa bande des années 90, génération désenchantée sur fond de Nirvana et Pixies, d'alcool, de cigarettes et de drogues. Des gosses oubliés des hommes et des dieux, collégiens de la Seyne-sur-mer qui se retrouvent autour de la table, un endroit secret bien à eux, ils sont un peu paumés surtout rebelles, en butte contre le système et férus de liberté même si le prix de celle-ci se révèlera très cher.

Et puis se sont ceux du Levant qui prennent la parole, au large d'Hyères, le destin d'une centaine d'enfants « les colons » : délinquants, orphelins, gosses des rues, laissés pour compte, malchanceux. Un bagne privé pour ceux que plus personne ne veut. Ils ont entre 5 et 21 ans, maltraités, affamés, exploités, ils vont doucement cheminer vers la révolte et leur destin.
Une histoire traitée de façon originale qui ne peut laisser indiffèrent et dont le sujet mérite une mise en lumière... pour ne pas oublier.
C'est chose faite grâce à L'auteure.

Une histoire qui n'est pas sans rappeler celle similaire sur la colonie pénitentiaire des enfants sur Belle Ile en mer, et qui inspira à Jacques Prévert son poème « la chasse à l'enfant ».

Merci à Babelio qui m'a permis de lire ce livre dans le cadre d'une Masse critique.
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Avis : DUR
de coups de poing en coups au coeur, le roman nous entraîne en alternances de vies, se mouvant entre les années 1860 dans un centre pénitentiaire sur l'île du Levant et les années 1990 dans un collège où l'autrice vit, avec le groupe de la Table, une adolescence révoltée.
Un collège à La Seyne-sur-Mer et un groupe d'adolescents rétifs et conscients de ce que la société veut leur imposer, un cours qui intéresse l'un d'entre eux et qui leur dévoile ce que fut la vie des jeunes colons envoyés sur l'île du Levant pour y être enfermés et rééduqués : voilà la trame d'un roman qui ne peut laisser personne indifférent. L'autrice, au travers de nombreux points communs entre les personnages, nous embarque dans le monde agité des jeunes et pervers des adultes qui les ont en charge. Avec une humanité qui se dévoile parfois là où l'on ne l'attend pas.
Sur 26 pages, nous avons une entrée en matière qui nous laisse percevoir que ce ne sont pas que des faits historiques ou que des histoires d'ados qui nous seront contés mais plutôt un regard sur des sociétés dissemblables au premier abord mais aux ressorts très partagés si l'on veut bien y regarder. le dénominateur commun en est le combat larvé ou combatif entre certains adultes et certains adolescents. Les adultes sont toujours les mêmes, sûrs d'eux et de leur pouvoir pour éduquer, d'autres diront « dresser ». Pour les adolescents, on pourrait s'interroger sur ce que des élèves d'un collège du 20ème siècle peuvent partager avec des colons d'un centre pénitentiaire du 19ème siècle Mais la « révolte » hante tous les temps et tous les milieux.
le talent d'Héloise Guay de Bellissen consiste à nous amener à découvrir que toutes les violences se ressemblent même si certaines ne peuvent approcher le droit de dire et que les destructions de soi ont toujours eu les mêmes causes, portées en bannières de révoltes ou enfouies au plus profond des êtres. Je ne connaissais pas son écriture et je remercie Babelio et les Editions Seghers qui m'ont permis de la découvrir dans le cadre d'une masse critique privilégiée. Elégante, fouillée et addictive, elle m'invite à rechercher la lecture de ses ouvrages précédents. Ami lecteur aimant aller au fond des choses, je ne peux que conseiller Crions, c'est le jour du fracas.

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"Crions, c'est le jour du Fracas !"
Un titre qui personnellement ne me parlait pas vraiment. Une couverture avec une photo d'adolescents d'une vieille époque qui, là non plus, ne m'attire pas du tout.
Puis il y a la 4ème de couverture qui nous parle d'un bagne pour enfants... une colonie pénitentiaire sur l'île du Levant en 1866 date à laquelle les "colons" se sont révoltés effroyablement.
L'autrice va nous révéler cette histoire qu'elle a retrouvé lors du 1er confinement et qui a fait écho à sa propre enfance, alors membre d'une bande d'adolescents rejetant la société et ces contraintes.
J'ai beaucoup aimé me retrouver dans la peau de "Boule-de-neige" grâce à l'utilisation de la 1ère personne pour raconter son histoire. Puis alternant avec "Ceux de la Table", c'est l'adolescente Héloise Guay de Bellissen qui reprend la parole, toujours à la 1ère personne. Je ne me suis jamais perdue dans ces 2 temporalités éloignées de 130 ans et j'ai ressenti beaucoup d'émotion tant dans l'une que dans l'autre.
J'y ai découvert ces colonies pénitentiaires, impensables à notre époque, où injustice et discipline vont de paire. Un lieu pour les délinquants mais aussi les orphelins, les "abandonnés", les gavroches des rues qui dérangent le beau monde. J'ai donc été particulièrement touchée et j'ai très envie d'en savoir plus.
En clin d'oeil à ce roman, j'avoue n'avoir pas souvenir de cette terrible révolte sur l'île du Levant, pendant mes cours d'histoire au collège. Ou peut être était-ce abordé lors d'un cours que j'ai séché ?
En revanche le mal être de la génération née dans les années 80, la génération Y, j'en ai déjà entendu parlé et je l'ai vu, bien qu'elle soit un peu plus jeune que moi (X). Contestataire, remettant en cause l'autorité, impulsive et en quête de liberté, consciente de leur époque d'abondance qui fleurte avec la précarité, un peu perdue....
"...Nous voulons tout ou rien, la mort et la vie, les deux ensemble, une moitié de mort et une moitié de vie, les deux l'une après l'autre, tout, rien, le vide..."
L'autrice par son roman nous plonge dans leur corps et dans leur âme, menant les révoltes qui leur paraissent nécessaires même si elles seront destructrices.
Ce sont donc des destins tragiques d'adolescents et d'enfants qui vont être révélés dans ce roman. Deux visions de révolte à 130 ans d'écart. Si le sujet est très sérieux, le récit lui, est parfois ponctué de blagues potaches aux résultats risibles pour un adulte mais au combien terribles dans le coeur d'un adolescent, d'une adolescente.
Pour la forme, ce roman pourrait presque se lire en 2 fois : lire tous les chapitres "Boule-de-neige" d'un coup. Puis lire tous les chapitres de "Ceux de la Table". Je n'ai pas vu de lien direct de l'un à l'autre si ce n'est la volonté de l'autrice de mettre en parallèle des adolescents à 130 ans d'écart.
Une année pour les premiers, qui les a mené à une révolte scellant leur destin de façon inéluctable. Une année pour les second où c'est l'autrice qui nous révèle que "la révolte" plus insidieuse de "Ceux de la table" a mené une partie de la bande dans un destin bien sombre.
J'ai particulièrement apprécié les extraits d'époque des dépositions des colons lors du procès de l'incendie, et les relevés de punition, qui ponctuent chaque nouveau chapitre de "Boule-de-neige". Cela apporte de l'authenticité dans ce récit.
Et en regard, les citations musicales et culturelles des années 90 introduisant les chapitres de "Ceux de la Table" permettent la transition d'une époque à l'autre en douceur.
Un livre qui porte une réflexion sur la place des enfants et des adolescents dans leur époque respective et sur le regard des adultes, voire leur incompréhension face à cette jeunesse.
J'ai beaucoup aimé cette lecture.
Merci à Babelio et aux éditions Seghers pour cette découverte.
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Un roman atypique, assez bouleversant et si nostalgique. J'ai adoré me plonger dans ces pages qui nous racontent deux histoires, des histoires d'enfants, d'adolescents, des époques différentes mais des similitudes frappantes. Je me suis quelque peu retrouvée dans les années collège d'Héloïse, dans l'ambiance, les références musicales... nous sommes de la même génération.

Page après page, nous découvrons, en alternance, Boule-de-Neige, enfant de la colonie pénitentiaire, qui nous raconte sa vie, ses camarades, sa mort, et Héloïse, sa jeunesse, ses amis, sa vie.
Le récit de Boule-de-Neige est assez bouleversant, empreint d'une tristesse amère et aussi d'une injustice totale. Une vie dure, sans parole, sans vie. Parfois, la lecture devient insoutenable, vous serre le coeur.
Le récit d'Héloïse reflète bien la société de l'époque, rebelle au système, les différences de classes sociales et ses conséquences, mais empreinte d'un espoir, celui qu'un jour tout changera, sans penser que la vie est parfois rebelle elle-aussi.

La construction du livre est très bien faite, car entre les alternances des mémoires de Boule-de-Neige et d'Héloïse, il y a des paroles de musiques savamment bien choisies ou des dépositions des enfants du bagne. Ceci confère au texte plus d'impact, d'épaisseur et de réalité.
Nous nous rendons compte également que l'autrice a fait un vrai travail de recherches, en profondeur, pour nous expliquer le bagne et ce qu'il y a pu s'y passer, avec une part d'imagination, bien sûr. J'ai beaucoup apprécié.

Miettes à miettes, divers sentiments vous traversent. Nous avons l'impression de ressentir chaque émotion de ces enfants, leurs peurs, leurs espoirs, leurs rêves aussi, un peu chimères mais bien présents, pour se sentir encore un peu en vie. Une rébellion qui monte, qui explose, qui fait tout voler en éclats, et qui a pour seule conséquence le retour à la case départ, la perte de soi. Et ceci est valable aussi bien pour les enfants du bagne que pour Héloïse et ses amis.

Il est difficile de vous parler de ce roman sans trop en dévoiler, mais il se lit d'une traite, mélangeant à la perfection une page de notre histoire et celle d'une autre époque, notre jeunesse (la génération Y).

La plume de l'autrice est fluide, juste, pleine de caractère et de force. A travers ses mots, si bien choisi, l'émotion est palpable, la sensibilité et la rage au rendez-vous et au coeur.

En bref, un coup de coeur pour ce roman assez atypique et une compassion énorme pour ces enfants du bagne. Je ne connaissais pas l'existence de celui-ci sur l'Île du Levant, alors qu'enfant, j'y suis allée. Il est étonnant, voir choquant même, de s'imaginer ce qu'il s'y est passé quand on voit l'Île maintenant.
Un coup de coeur aussi car ce récit se fait l'écho des voix des enfants du bagne, une reconnaissance et une délivrance pour toute cette souffrance et ces injustices.
Enfin, un coup de coeur tout simplement car j'ai extrêmement aimé cette histoire, si bien écrite, cette force en émotion, riche en informations, et surtout, ce sentiment d'intimité, un peu comme un journal intime, un exutoire, mais aussi un hommage.

A lire absolument !
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Deux histoires en parallèle, les 2 à la destinée tragique.

Au large du Var, se dressait sur l'île du Levant une colonie pénitentiaire dans laquelle les garçons durs à cuire, ou n'agissant pas conformément aux désirs de leurs parents, des rebelles finalement, étaient envoyés.
Violence et injustice perpétrées par les adultes rythmaient leurs journées.

Un siècle plus tard, à la Seyne-sur-Mer, un groupe d'ados dont l'auteur fait partie, vit pleinement son adolescence.

J'ai beau avoir vécu une dizaine d'années sur la Côte d'Azur, je ne connaissais pas cette histoire très sombre d'enfants bagnards privés de liberté et de droits. de ces adultes tortionnaires seuls coupables de la fin tragique racontée dans ce roman.

En parallèle ces ados des années Nirvana et Bodyguard, avides de liberté, séchant les cours, fumant des joints, défiant l'autorité des profs... à la fin tragique pour certains. C'est l'avènement du marketing de masse, des marques qu'il faut porter, des films qu'il faut aller voir... Les parents divorcent, les femmes au foyer se retrouvent seules avec leur désespoir. Les profs sont ennuyeux. Bref ce n'est pas la joie (même si j'en ai un autre souvenir perso).

Des ados rebelles dans les deux cas, qui ne se reconnaissent pas dans les lois dictées par la société. La recherche de liberté, les limites toujours repoussées, leur seront fatales. Etre rebelle conduirait-il forcément au drame ? Pas sûr. Mais c'est en filigrane la question qu'il me semble être posée dans ce roman parmi d'autres.
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Comment associer cette photo datant de 1900 avec ce titre, cri d'une révolte? Il n'est jamais bon de regarder derrière soi mais l'autrice l'a fait pendant le confinement, pour se remémorer son adolescence et le bons moments passés avec sa bande de copains. Elle se remémore notamment ce jour où suite à une blague, deux de ses amis se retrouvent en cours d'histoire pendant le reste de la bande sèche les cours. Ils reviennent avec l'histoire d'un bagne pour mineurs non loin d'eux sur l'île du Levant où une révolte a eu lieu en 1866 et pendant laquelle treize enfants ont trouvé la mort.
L'idée de départ était plutôt bonne, donner à ces enfants délinquants ou orphelins, une éducation et leur apprendre un métier lié à la terre. Sauf que confier leur surveillance à des gardiens "jeunes, et tous illettrés" n'était peut-être pas la meilleure chose à faire: "ce qu'ils savent faire, c'est fermer des portes, administrer des punitions, et être parfaitement idiots. Ils appliquent sans réfléchir une discipline militaire. le juge reste persuadé qu'ils ont d'autres fonctions, celles qui se greffent toujours quand la bêtise et le pouvoir sont dans la même main."
En tout cas dans cette colonie agricole qui était en fait un pénitencier, rien n'est fait pour leurs montrer le droit chemin, affamés, punis et travaillant comme des forcenés ces enfants étaient réduit au silence par un règlement absurde. "Comment des chants et des cris d'enfants peuvent-ils être interdits? Et pourquoi les mettre sur le même plan que les blasphèmes et le désordre? N'est-ce pas là choses contradictoires? Comment peut-on tout interdire, encore plus à des êtres isolés qu'on exploite?"
Mais voilà qu'un des leurs refuse ce destin et se révolte, entraînant avec lui ses frères de misère. Et ce qui devait être une libération le conduira lui et d'autres vers une pénitence bien plus lourde, condamnés par un juge qui ne comprend pas comment rendre la justice face à une injustice.
L'autrice fera parler Léon Cazale dit Boule-de-neige, il raconte son arrivée et sa vie à la colonie, ses compagnons et cette fameuse révolte où il trouva la mort, tué par d'autres colons car on le suspectait d'être un espion. Alternant des chapitres sur la colonies et d'autres où elle raconte des instants de vie adolescente des années 90, l'avenir était vendu comme un beau rêve mais ne semblait pas correspondre à cette jeunesse en manque de liberté. Cette génération Y, comme l'a définit un sociologue américain, était perdue d'avance; après des passages de partage et de fraternité et ce jusqu'à la fin du lycée l'autrice décrit la chute libre: la drogue, l'alcool, le suicide parfois radical parfois sans fin.

A plus de 100 ans d'écart, la rébellion reste la même, en recherchant sa liberté on se perd. le rejet de la société entraîne de lourdes conséquences sur ceux qui ne sont pas bien armés. Je connaissais l'histoire de ces colonies agricoles et d'autres bagnes pour mineurs à travers la France, et dire qu'ils ont existé jusque dans les années 70 c'est terrible! Rapprocher des époques totalement différentes pour aborder le thème de l'adolescence, du besoin de liberté et des chaînes qui empêchent de l'atteindre, est une idée originale. Je pensais m'ennuyer, me plonger dans des faits historiques et lire les déboires d'adolescents paumés mais je m'étais largement trompé, car malgré la rudesse des épreuves décrites la plume est douce et compréhensive.
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Deux histoires se croisent dans ce livre.
Nous avons d'un côté les une bande d'adolescents rebelles dans les années 1960: la troupe de la table. Des jeunes un peu paumés n'ayant pas forcément une vie familiale facile.

D'un autre côté, 100 ans en arrière, nous suivons l'histoire de "Boule de neige" attrapé par la police car c'est un enfant des rues, un peu filou. On le place dans le bagne pour enfant de l'ile du Levant pour y être " éduqué " et apprendre un métier.
Les conditions de vie sont très rudes, les punitions courantes ce qui engendre un climat de violence.

Ces deux histoires parlent de ces enfants dont la vie n'a pas été facile, mais aussi des erreurs de la société vis à vis de ces enfants perdus.

Livré très bien écrits, rapide à lire car l'ecriture est très fluide. On est touché par ces enfants. Je le recommande.
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Voilà une histoire qui, comme j'aime, démarre sur les chapeaux de roues !
Héloïse Guay de Bellissen, l'esprit vagabond pendant le confinement, s'est rappelée son adolescence à La Seyne-sur-Mer dans le années 90 avec ses potes, leur esprit rebelle, leur soif de liberté et puis l'évocation de l'histoire de la colonie pénitentiaire de l'île du Levant lui est revenue, ce bagne pour enfants... une centaine d'années auparavant, des enfants à l'esprit parfois rebelle étaient envoyés arbitrairement dans des colonies pénitentiaires. le parallèle était fait, le récit pouvait commencer.

Trois narrateurs se succèdent :
Le feu, celui qui réchauffe, purifie, mais aussi détruit tout.
Héloïse elle-même, adolescente en révolte contre la société.
Boule de neige, enfant bagnard de treize ans, livré en pâture à un "no future" instauré par une structure sociale inique et indécente.

L'autrice alterne les chapitres entre sa "carrière" d'adolescente et le sort des enfants dont la société s'est débarrassée au XIXème siècle en se donnant bonne conscience, et le tout entre en résonance.
Grâce à ses recherches aux Archives départementales de Draguignan, elle a réussi donner corps à ces pauvres gosses rejetés, à les faire revivre, à les faire exister pour nous au XXIème siècle, à leur rendre leur nom.

Ce roman parle d'une réalité historique totalement révoltante pas si loin de nous, parce qu'en fait c'était quasiment hier...

C'est un livre qui se dévore, qui nous parle d'une époque passée qui ne protégeait pas ses enfants, mais aussi, plus près de nous, de la génération grunge, ces ados mi Peter Pan, mi Gremlins qui ne voulaient pas grandir, pas ressembler à leurs parents avec leurs vies absurdes.
L'écriture est vraiment belle, très rock, à l'image de l'autrice.
J'ai adoré le rythme narratif d'Héloïse Guay de Bellissen, qui m'a rendue nostalgique de ma propre adolescence, et ça c'est vraiment un exploit car c'est une période de ma vie que je n'ai pas vraiment aimée... et l'analogie ainsi que les antagonismes faits avec ces enfants que la société avait jetés aux oubliettes.

C'est un livre qui vous avale dès la première page mais ne vous recrache pas à la fin car je suis bien convaincue que tous ces adolescents vont m'habiter encore longtemps.
Lien : https://mechantdobby.over-bl..
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Je connais déjà Héloïse Guay de Bellissen pour avoir lu son roman paru l'année dernière, le dernier inventeur. Elle revenait sur l'histoire du groupe de jeunes gens qui ont découvert la grotte de Lascaux. J'avais beaucoup aimé ce roman, la façon d'écrire de l'autrice et de relater une histoire. J'étais donc très contente de la retrouver dans ce nouveau roman sorti à cette rentrée littéraire. Une nouvelle fois, elle s'appuie sur des faits réels, et j'aime énormément quand la fiction rejoint la réalité.

 

On va donc suivre ici deux groupes de jeunes gens en parallèle, séparés par cent trente années. le premier est un groupe de jeunes adolescents, paumés pour beaucoup, orphelins ou petits délinquants, des laissés pour compte. Ils se retrouvent emprisonnés dans un bagne sur l'ile du Levant, en face de Hyères. Officiellement, ce lieu existait pour éduquer les enfants, pour les remettre sur le bon chemin. En réalité,  c'est surtout le moyen de débarrasser les villes de ces jeunes qui dérangent. Comme dans tout lieu où des personnes vivent ensemble, les uns sur les autres, des petits chefs apparaissent, des conflits aussi, jusqu'à en arriver à un drame.

Cent trente ans plus tard, dans les années 1990, on retrouve un autre groupe de jeunes adolescents qui se retrouvent à un endroit qu'ils appellent « la Table ». Ils vont au lycée, sèchent certains cours, se moquent, rigolent, fument des joints, des cigarettes, écoutent Nirvana ou les Pixies. L'autrice fait partie de ce groupe. Un jour, un de leur copains revient d'un cours d'histoire qu'il n'a pas séché et qu'il a même trouvé très intéressant. Dans ce cours, il était alors question des adolescents de l'île du Levant. Et ce jeune de notre époque a trouvé plein de similitudes entre eux et ceux du passé, dans leurs agissements, leurs pensées.

 

Héloïse Guay de Bellissen a eu l'idée de raconter la vie de ces adolescents lors du premier confinement, où, comme les jeunes sur leur île, on pouvait se sentir en prison. Elle a eu la très bonne idée de faire une sorte de comparaison entre les deux époques. Et on se rend vite compte que ce sont les mêmes jeunes, avec les mêmes blessures, les mêmes espérances dans la vie, les mêmes relations avec les adultes. Les punitions ne sont plus les mêmes, quoique le bagne pour enfant n'existe plus, seulement, depuis 1977, c'est quand même encore tout récent. L'autrice parle et raconte avec beaucoup de justesse et de franchise, elle n'embellit rien, même dans les moments les plus cruels, elle reste vraie.

 

Je ne connaissais pas du tout ces faits se passant au temps de Napoléon. Ces faits m'ont beaucoup intéressée. Je me suis beaucoup retrouvée dans les jeunes de notre époque, je ne faisais pas partie de mêmes groupes, mais j'avais des connaissances qui écoutaient la même musique, se comportaient de la même façon, et j'ai beaucoup aimé retrouvé cette ambiance. Celle où les réseaux sociaux n'existaient pas, où les jeunes se retrouvaient entre eux pour discuter, où les téléphones n'existaient pas non plus, c'est un monde complètement autre que ce que l'on connait aujourd'hui. Il n'y a que trente ans qui nous séparent, mais que de changements ont eu lieu dans la vie et dans les moeurs.

 

J'ai beaucoup aimé suivre tous ces jeunes gens, que ce soit en 1860 ou en 1990. Ils m'ont tous marquée. J'ai aimé les surnoms qu'ils se donnent suivant leurs personnalités, le Rom's, Boule de Neige, Alors quoi, etc…que ce soit à notre époque ou avant. Que ce soit au passé ou au présent, certains ont eu des destinées tragiques. L'autrice parle de ses amis avec beaucoup d'émotion. le titre « Crions, c'est le jour du fracas » a été prononcé par un des jeunes de l'île quand ils se sont soulevés et provoqué une révolte, et on se rend compte que ces mots auraient pu être prononcés en 1990 ou même maintenant….finalement, la jeunesse se ressemble à travers les âges et les siècles...

J'ai également beaucoup aimé la construction du roman. Les chapitres alternent entre les jeunes de l'île du Levant et ceux de 1990. La narration est double, et ça j'ai adoré, ça correspond tout à fait à ce qu'a voulu faire l'autrice. Les parties se passant dans le passé sont écrites à la troisième personne du singulier, celles se déroulant en 1990 sont à la première personne du singulier. Ce qui est tout à fait logique puisque l'autrice se raconte. Ce « je » m'a permis de me mettre encore mieux dans la peau de l'autrice, de ressentir ses émotions, ses joies, ses peines, j'ai pu ainsi vivre au sein de son groupe de copains et j'ai eu l'impression de faire un bond dans le passé et de me retrouver dans mes propres années lycée. Mes souvenirs se sont mêlés aux siens, pour mon plus grand plaisir.

 

Les chapitres sont intercalés avec des extraits du jugement et des dépositions faites après le drame que l'île du Levant. Ce sont des vrais, l'autrice a fait des recherches à Draguignan. On sent d'ailleurs tout son travail de recherche pour relater avec le plus de justesse possible les faits. En plus de ces extraits, il y a aussi des phrases de chansons qui ont marqué l'adolescence de l'autrice. Tout est fait pour mettre dans l'ambiance, soit du passé soit du présent. J'ai aussi aimé le personnage insolite représenté par le feu, qui prend la parole pour expliquer sa fonction dans la vie humaine.

 

Le livre s'est lu rapidement et facilement. le sujet m'intéressait beaucoup d'une part, et la fluidité du texte a beaucoup aidé d'autre part. C'est un sujet que j'ai rarement rencontré, que je ne connaissais pas bien. C'est troublant de se rendre compte que de tels endroits existaient pour des enfants qui auraient pu mieux tourner s'ils n'étaient pas passé par là. Les chapitres courts et leur alternance donnent beaucoup de rythme à la lecture et le sujet est tellement passionnant que j'ai eu beaucoup de mal à quitter mon livre qui s'est lu presque d'une traite.

 

C'est le second roman que je lis de Héloïse Guay de Bellissen et il confirme ma première très bonne impression. C'est une autrice que je vais continuer de suivre avec beaucoup d'intérêt et de plaisir. Si j'ai le temps, je lirai un de ses anciens romans, sinon, je serai au rendez-vous de sa prochaine parution. Je ne sais pas si elle s'inspirera à nouveau de faits réels, mais en tout cas, elle les relate très bien. Elle montre avec beaucoup de justesse les ressemblances entre ces deux jeunesses, leur vulnérabilité, leur force, leurs envies et toute l'espérance qu'ils mettent dans la vie et que les adultes savent casser si facilement.

J'aime quand mes lectures ont ce double rôle de me divertir et de me pousser à la réflexion, ces livres sont marquants pour moi, j'aime alors les relire, les prêter pour que d'autres aient connaissance de pans de l'Histoire peu connus.

 

Pour tout ça, je ne peux que vous conseiller ce roman. Si vous ne connaissez pas encore Héloïse Guay de Bellissen, n'hésitez pas à le faire, c'est une autrice à lire. Pour ma part, j'attends déjà le prochain avec impatience.


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