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J'avais déjà lu et apprécié « Dans le ventre du loup ». J'avais même eu la chance et l'opportunité de la rencontrer dans la librairie de ma ville Les Fringales littéraires. Je garde un bon souvenir de cette rencontre. C'était avec plaisir que j'avais envie de découvrir son prochain roman
Lors du confinement, elle repense à la période de son adolescence avec sa bande de copains. Un fait lui remonte en tête et décide de se replonger dans cette période et sur le fait raconté par son copain. Lui n'avait pas séché l'école et indiquait même avoir apprécié ce cours d'Histoire. Ca ne lui ressemblait pas et c'est pour ça que cette anecdote l'a marqué. Ce cours parlait de l'île de Levant où se trouvait un bagne pour enfant au XIXème. L'idée été présentée de manière belle de l'extérieur, c'était l'opportunité de donner une éducation, d'apprendre un métier à ses enfants orphelins, délaissés. La réalité, des enfants livrés à eux-mêmes, emprisonnés. On voulait s'en débarrasser des villes et avoir de la main d'oeuvre bon marché. Ses enfants emprisonnés, ne se sont pas laissés faire, ils ont mis le feu à leur pénitencier. Plusieurs morts donc un enfant Léon Cazale surnommé « Boule-de-neige » qu'elle fait parler et le rend vivant avec ses passages en alternance avec ceux de son enfance intitulé « Ceux de la table ».
Pour ceux qui ont été adolescents à la même période que l'auteure vous allez totalement replonger dans cette période avec les nombreuses références. On retrouve bien aussi le coté ado qui rejette la société et ses contraintes. le coté rébellion des deux périodes. Un roman avec encore un coté personnel et où l'on retrouve toute sa personnalité. Personnellement je ne connaissais pas l'existence de ses bagnes où j'ai oublié quand on m'en a parlé en cours d'Histoire.
Encore un peu de patience, ce roman sort le 19 aout en librairie
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Le 28 septembre 2021-
Gros coup de coeur (accompagné d'une avalanche de colère, au vu du sujet indigne d'une société…quelle qu'elle soit !)

Une flânerie inopinée à la librairie Mémoire 7, à Clamart, m'a fait dénicher ce roman , lu dans la nuit, avec moult émotion, le coeur battant …Lecture marquante qui s'ajoute à celles de Marie Rouanet « Les Enfants du bagne » et d'Ariane Bois « L'Ile aux enfants"...

La phrase introduisant ce roman formule la quintessence de ce double récit : « Pour écrire ce roman, j'ai enquêté sur le drame qui s'est produit en 1866 dans un pénitentier pour mineurs de l'île du Levant ; la troupe d'adolescents que j'y ai rencontrée était le miroir d'une autre bande dont je faisais partie dans les années 90. Deux époques , deux rebellions, deux histoires vraies. «

L'auteure que je lis pour la première fois a capté d'emblée mon intérêt et par un style des plus vifs, et par les sujets traités : la Jeunesse à travers deux bandes de copains à 100 ans de décalage… Ce groupe de gamins abandonnés, relégués dans ce pénitentier de l'île du Levant, et cette bande d'adolescents dans les années 90, (dans le Sud, à proximité de ce bagne) à laquelle la narratrice appartenait… Même si ce n'est guère comparable, restent les drames, les tragédies de jeunes, d'adolescents , qui dans leur quête universelle ne veulent surtout pas ressembler à leurs parents, et aux adultes en général…

La narratrice, l'auteure , entre les deux confinements, se souvient de sa bande de copains et surtout lui revient en mémoire, un incident paraissant anodin, qui va réveiller un déclic pour des recherches et ce livre à venir…imprévu : un de leurs copains, à qui ils avaient fait une plaisanterie (ils lui avaient fait croire qu'ils se retrouvaient tous au cours d'histoire, dont pourtant ils redoutaient la prof, profondément ennuyeuse) ; il les retrouvent furieux à leur point de ralliement habituel, s'étant retrouvé tout seul, cependant ébranlé et inexplicablement intéressé par le cours d'histoire où justement il était question de ce Bagne d'enfants …

Ce souvenir va impulser la curiosité de l'écrivaine pour faire des recherches sur ce lieu et l'horrible drame s'étant déroulé, tout en rendant une nouvelle vie à cette bande de copains, qui lui a été si chère et essentielle. Elle fait revivre leur jeunesse, leurs colères, leurs rebellions, leurs farces, leurs provocs… leurs joies et chagrins partagés !

Le récit alterne entre les deux périodes et narre les désespoirs, les joies aussi de ces très jeunes… en construction ! Ce récit exprime avec la plus grande énergie le scandale de ces bagnes d'enfants… et je ne peux pas oublier une découverte bouleversante à Belle-Ile en-mer où j'allais avec mon mari, en hiver, chaque année…pour un éloignement dans des paysages marins désertés , magnifiques… et lors d'une marche sur les chemins côtiers, nous « tombons « sur des ruines qui m'intriguent , j'interroge les îliens, et me frotte à une gêne certaine… Je finis par découvrir que ce fut un bagne d'enfants et le dernier à être supprimé, en 1977 !!!

« Ce langage de la justice mêlé à celui de l'enfance et un bien triste linceul et jamais il n'aurait dû se rencontrer.
Mais, si le monde enfantin et le monde carcéral se font face dans son tribunal, c'est le champ lexical tout entier qui est remis en question, et, dans ces cas-là, la faute viendrait de plus loin, sans doute du système.
Récréation et cachot ne peuvent pas tenir dans une même poésie, tout comme l'eau et le feu, et pourtant c'est le cas. Quand deux langages s'entrechoquent, c'est une mort annoncée. En attendant que les mots puissent s'accorder entre eux, ou alors que chacun reprenne sa place, c'est égal. (p. 151) »

Un texte qu'on ne peut pas lâcher… on s'attache à tous ces jeunes, ceux du Bagne comme ceux appartenant à l'adolescence de l'auteure, jusqu'au juge, personnage bienveillant , compréhensif, mais dépassé par une justice , lui paraissant brutalement « inhumaine » et hypocrite !!

Il doit assurer le procès des gamins-assassins ; il se sent enragé et impuissant face à un système inique, fabriquant de la barbarie et de la violence, par ses dérapages , dont celles sévissant dans les institutions dites « de redressement ou de correction » qui ont sévi si longtemps, et ont été honteusement utilisés comme des réservoirs de main-d'oeuvre gratuite !!

« Ce qu'ils savent faire, c'est fermer des portes, administrer des punitions, et être parfaitement idiots. Ils appliquent sans réfléchir une discipline militaire. le juge reste persuadé qu'ils ont d'autres fonctions, celles qui se greffent toujours quand la bêtise et le pouvoir sont dans la même main. »

Un ouvrage fort… qui parle d'un sujet universel : La jeunesse et les drames, désespoirs, mal-être parfois tragiques selon les contextes politiques, sociaux, économiques…sans oublier le dernier choc : la Pandémie et l'isolement contraint, les jeunes et leurs difficultés ressenties dans leur scolarité comme parfois dans leur milieu familial… que la Jeunesse soit « malmenée » et pire « massacrée » comme dans ces bagnes d'enfants, indignes, et c'est toute une société qui se trouve malade pour LONGTEMPS !

Un texte dense, percutant qui nous interpelle tous…fait mal !

Je termine ce billet par une phrase d'espoir de Jean Cocteau qu'Héloïse Guay de Bellissen a mise parmi d'autres , en exergue :
« Si le feu brûlait ma maison, qu'emporterais-je ? La flamme »
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Je remercie les Editions Seghers et Babelio de m'avoir permis de découvrir ce roman dans le cadre de l'opération Masse Critique. Lu d'une traite, en une soirée.

Le dernier bagne pour enfants en France a fermé un an avant ma naissance en 1977. C'était à Belle-Île. J'ai visité celui de Tatihou, au large des côtes normandes. Celui dont parle ce roman est situé sur l'Île du Levant, dans la commune d'Hyères. Ces colonies correctionnelles étaient de véritables pénitenciers, souvent à vocation agricole. Elles se voulaient des purgatoires éducatifs, elles n'étaient que des enfers pour mineurs en marge de la société. C'était d'ailleurs bien pour ça que ces colonies étaient souvent établies sur des îles, en marge du continent et de la vie normale, pour tenir ces petits délinquants ou enfants trop oisifs loin du regard, et les oublier.

La structure du roman alterne entre l'histoire de la révolte de 1866 sur l'Île du Levant et l'adolescence de l'autrice dans les années 90. Une adolescence désoeuvrée, rebelle, elle aussi en marge d'une société dont elle refuse les velléités de formatage. Je suis né à la charnière des générations X et Y, alors toutes ces références que l'autrice égrène me sont familières, déclenchent le souvenir et le sourire. La narratrice et ses potes, qui forment le clan de « Ceux de la Table », écoutent Nirvana, Daft Punk, Radiohead et Les Cranberries. Ils sèchent les cours, se révoltent face aux profs soporifiques, portent des couleurs fluo et fument de la beuh. Ils seraient nés un siècle plus tôt, leur place aurait peut-être été au bagne pour enfants. C'est à partir de ce constat que l'autrice construit sa trame narrative, comme deux histoires parallèles. L'une ponctuée de couplets en VO de tubes des années 90, l'autre agrémentée d'extraits d'archives documentaires.

La mise en abyme de ces deux récits est intéressante, et même si je n'émarge pas complètement au propos de l'autrice sur l'échouage programmé de la génération Y, il fait naître la réflexion sur les échecs éducatifs et le sacrifice des inadaptés. Préface et postface ont le feu pour narrateur, celui par lequel la mort arrive pour certains enfants rendus momentanément à la vie au fil de ces pages. J'aurais aimé passer plus de temps en leur compagnie, en savoir davantage sur eux et leur vie au bagne. Tout se précipite. Quant au récit sur « Ceux de la Table », », il m'a semblé trop superficiel et un peu inabouti… à l'image peut-être des vies immolées. L'ensemble se lit vite, laissant intelligemment davantage d'interrogations que de réponses.
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Héloïse Guay de Bellissen est une de mes auteures préférées. Sa plume m'envoûte à chaque lecture. Je me laisse porter par la beauté et la poésie de son écriture. Dans ses livres, rien n'est de trop. Chaque mot est à sa place, chaque virgule a son sens, chaque phrase a son souffle. Son livre sur la grotte de Lascaux, sorti l'année dernière, "Le dernier inventeur" fut un énorme coup de coeur, un des meilleurs livres que j'ai lu en 2020.
Tout naturellement, quand j'ai vu qu'elle posait son nom sur une nouvelle histoire, je n'ai pas hésité. Je savais qu'elle allait me charmer une fois de plus. Et c'est chose faite.
"Crions, c'est le jour du fracas ", c'est un déchirement du coeur. Elle nous raconte la révolte des enfants prisonniers au pénitencier de l'Île du Levant au XIXème siècle, qui semble intimement lié à celle d'un groupe d'adolescents dans le sud de la France à la fin du XXème siècle, un groupe dont Héloïse fait partie.
Si vous avez loupé un cours d'histoire, sachez qu'en 1861, conformément à une loi instaurée par Napoléon III, fut ouvert sur l'île du Levant un bagne pour mineurs, dont le but était d'enfermer des jeunes délinquants et vagabonds qui erraient dans les villes, afin de réessayer de les éduquer. Les conditions d'existence étaient drastiques. Les jeunes enfants, âgés de treize à vingt ans, se plaignaient notamment du manque de nourriture, entre autres. le bagne, qui connut une brève et tragique existence, c'est comme une blessure grande ouverte dans ce livre. Un événement particulièrement grave, une véritable catastrophe, surviendra au cours de l'année 1866.
En parallèle, l'autrice nous raconte un chapitre de sa vie et de celle de ses amis. Une poignée d'âmes, dont certaines se sont fracassées sur le chemin de la vie. le sac était trop lourd à porter, les épaules trop fragiles... D'autres ont eu plus de chance.
J'aime beaucoup dont l'auteure nous décrit la période de son adolescence. A travers ses mots, j'ai senti chaque rébellion, chaque bouffée d'énergie, chaque envie, chaque seconde de leur vies d'adolescents .
S'il y a quelque chose que m'a manqué dans ce récit, ce sont peut-être quelques pages de plus. Je voulais savoir plus, je n'ai pas eu assez. J'aurais aimé m'imprégner encore et encore des leurs vies, de leurs chagrins, de leur bonheur, de leurs fracas. Trembler pour eux encore un peu...pour ceux de l'île et ceux de la table...
Malgré ce petit manque, j'attends avec impatience son prochain roman, je sais d'ores et déjà que j'y serais en première ligne pour le rendez-vous!

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Crions, c'est le jour de fracas.
Et pas des moindres.
Heloïse Guay de Bellissen a décidé de surprendre avec un nouveau roman historique, en se projettant en 1866 , dans le dernier pénitencier pour enfant , sur l'île du levant . Alternant entre ce passé et
Le sien, dans les année 90, à la Seyne-sur mer.
Deux générations, deux histoires, des différences et des drames, chacun survie ou apprend à sa manière et d'autre meurt.
L'auteur s'est plongé dans l'histoire de ce pénitencier, à mis des mots et des visages à ces 13 enfants disparus, a mis des mots aux flammes, a enquête et nous partage cette histoire et la sienne .
Celle d'ados en quêtent de jeunesse.
D'ados qui cherchent leur place .
Cherchant leurs noms et leurs places dans un monde hostile à leur envie de vie et leurs désirent de rébellion .
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Il y a quelque temps, je reçois un courriel de Babelio me demandant si je suis intéressée par un roman qui sortira en septembre prochain. Ma curiosité de lectrice avide me fait accepter bien entendu. Et me voilà aujourd'hui à chroniquer ce roman choral.

Trois narrateurs : pour la préface et la postface, le feu qui tient un rôle non négligeable dans le roman. Puis en alternance, Hélo , ado dans les années 1990 qui fait partie d'une bande de jeunes dénommée "Ceux de la table" et Boule-de-neige, de son vrai nom Léon Cazale, ado lui aussi mais vers 1866, bagnard sur l'île du Levant au large d'Hyères.

Chaque chapitre est précédé d'un extrait des archives (réelles) que l'auteure a pu consulter à Draguignan à propos de ce bagne pour enfants ou d'un extrait d'une chanson à la mode en 1990.

Au cours du confinement de 2020 dû à la pandémie du covid, Helo se souvient de "Ceux de la table", ces collégiens dont elle fait partie dans les années 90. Ils sont en quête de liberté, séchant les cours, écoutant les groupes à la mode tout en fumant dans des lieux cachés. Elle nous fait revivre des moments de leur quotidien d'ados rebelles, qui devront se séparer à la fin de l'année scolaire, chacun poursuivant un autre chemin dans d'autres écoles.

En écho, Boule-de-neige nous raconte le quotidien d'enfants et d'ados bagnards sur l'Ile du Levant. Nous sommes plus ou moins en 1866. Certains ont bien commis quelque petit délit, mais d'autres sont là parce qu'ils sont orphelins, ou nés dans des familles qui vivent dans la précarité. Ces colonies pénitentiaires sont instaurées par une loi de Louis Napoléon Bonaparte afin de rééduquer les enfants par le travail et de nettoyer les villes des délinquants. La discipline y est très (trop) sévère . le silence et le travail sont sacrés. C'est sans compter sur Condurcer , un "ancien" auto-proclamé chef des ados et qui a su aussi se faire une place auprès des gardiens : il travaille dans les cuisines de la colonie. Mais Condurcer est un révolté qui ne pense qu'à s'évader.

Je n'irai pas plus loin dans le résumé afin de ne rien dévoiler de l'intrigue.

Mon avis :
Grâce à ce livre, j'ai appris l'existence de ces "bagnes" pour enfants, bien souvent très pauvres. Dans les extraits d'archives repris par l'auteure, il y a des faits ignobles que j'ai eu du mal à lire tant c'est cruel, inhumain. Heureusement, cela n'a concerné que quelques paragraphes.
Cette partie est très bien écrite par l'auteure. On ressent toute la tragédie, l'horreur même de l'histoire . On voit qu'elle s'est bien documentée et qu'elle a pris ce pan de l'histoire à coeur .

Par contre, j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire des jeunes des années 90. Cela m'a paru plus superficiel. Les ados font des bêtises, certes, ne se sentent pas concernés par l'école et puis …. Sera-ce comme dans la chanson de Bruel, "on s'verra dans 10 ans…" ? Avec les dialogues écrits dans le langage propre aux ados de 1990, et l'écriture au vocabulaire contemporain, on pourrait s'y identifier. Mais non, il m'a manqué quelque chose qui m'accroche.

Et puis je trouve que le parallèle entre les deux époques est mince. C'est en lisant une interview de l'auteure que j'ai mieux compris sa démarche.

La norme , les standards , les lois édictées par nos sociétés seraient liberticides quelle que soit l'époque. Ce qui provoque la révolte, en l'occurrence des ados. le livre fait également écho à 2020 - 2021 (pandémie du covid) et la liberté réduite jusqu'au confinement strict dans le but d'éradiquer le virus.

Je remercie Babelio et les Editions Seghers de m'avoir permis de découvrir ce roman en "avant-première".
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Crions, c'est le jour du fracas.

Deux mondes se côtoient en toute alternance. Chacun son tour chapitre par chapitre, ou presque.

Premier monde, Ceux de la table. Une bande de copains ainsi dénommée, 6 garçons et 3 filles. Dans les 14 ans, en troisième, du côté de la Seyne-sur-Mer, les années 90,

Deuxième monde, une colonie pénitentiaire sur l'île du Levant près de Hyères, de 1861 à 1866, 1866, année du drame.
Petit point d'histoire. Nous sommes sous Napoléon III, des bagnes pour enfants ont été crées, accueillants délinquants mais aussi orphelins, gavroches en tous genres et un peu comme sur lettres de cachet, des pères demandant à l'Etat pour leur rejeton un placement en ces maisons de correction. L'idée est de les remettre sur le droit chemin de les éduquer et de leur apprendre un métier. Bien sûr entre l'intention et le résultat, il y a l'arbitraire des encadrants, peaux de vaches et tortionnaires compris et les manques de moyens à commencer par la nourriture.

Voici un livre qui malgré ses faiblesses et ses partis pris donne à réfléchir. Qu'est ce qu'une société normative, l'enfance et l'adolescence des parangons d'innocence et de liberté brimée ? , quelles sont les limites aux jugements sur le passé avec le regard d'aujourd'hui, la société doit elle être bouc émissaire des carences parentales et enfin qui a raison ?

Parti pris et société normative.

Héloïse Guay de Bellissen, joli nom pour une rebelle, semble faire porter à la société bien des travers. Etouffoir de liberté comme si nous étions la dernière des dictatures. Pour Napoléon III cela se discute, encore que : faut il juger le passé avec les valeurs d'aujourd'hui, qu'y avait il avant les bagnes d'enfants et était ce mieux ? ( attention, je n'ai pas dit que c'était le cas mais je m'interroge ). Quoiqu'il en soit pour les années 90, l'espace de liberté me semble suffisamment grand même à penser pour certains qu'il est trop petit.

Bagnes d'enfants. La société de l'époque était elle totalitaire , je ne me prononce pas mais pour le bagne, les excès des encadrants étaient porteurs de révolte, à juste titre.

Parallèle, celui fait par l'auteur, du bagne avec Ceux de la table en mal de je ne sais quoi semble excessif. Pour ce rejet sociétal, une vague explication d'une page avec des parents en mal de je sais quoi d'autre, cela laisse sceptique.

L'adolescence et l'enfance parangons d'innocence et de liberté !
Lisez le chapitre sur le chef des révoltés, Condurcer, et des supposés espions, ce n'est pas glorieux, de même raisonnement discutable, la société les ayant mis là, et ayant crée les conditions d'une rébellion, elle est donc responsable ( de tout ? ).

Idem, deux garçons se suicident, je lis cette phrase : Alors, les sociologues, qu'est ce qu'ils ont à dire de ça ?
Faut il comprendre là encore que la société est responsable. Antipsychiatrie des années soixante, ce n'est pas l'individu qui est fou, c'est la société qui le rend comme tel.

Qui définit les normes, qui érige les règles, et la société évolue t elle bien ou non ? Pass sanitaire, vaccination, pour ou contre etc.

Crions, c'est le jour du fracas. Un livre qui peut se lire d'une traite. Regrettons un manque de densité historique concernant les bagnes pour enfants, et de densité psychologique concernant la bande de Ceux de la table.
Liberté, liberté, chacun sa perception des choses et ce qui en découle, choix de vie, mode de pensée et bilan final.

Pas terrible pour Ceux de la table ayant zappé l'école,, pour les garçons, un assassiné, une overdose, un assassin, pour le pire, et un vendeur de figurines, et deux on ne sait pas. Les filles, itou, on ne sait pas mais une fois par an, elles se retrouvent autour d'un pique nique et peut être pour se dire : c'était mieux avant.

Et n'oublions pas,
Les enfants sont les censeurs de demain et les adultes censeurs, les enfants libres d'hier.
Pardon.
Les enfants sont l'espoir de notre futur et les adultes les souvenirs radieux de notre passé.
C'est mieux ainsi.

Trêve de plaisanterie, la contestation, adolescente en particulier, est une garantie contre l'immobilisme mais pas sans limites. ( de la crème épilatoire dans les cheveux à vous rendre à moitié chauve, et une chaise à travers une baie vitrée, le père fut il vitrier, c'est un peu trop )
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J'ai retrouvé avec plaisir une auteure dont j'avais beaucoup apprécié un essai sur les tatouages.
Dans ce dernier livre, qu'il serait difficile d'enfermer dans une catégorie (essai, récit, archives ou les trois à la fois) les souvenirs de jeunesse de l'auteure se mêlent à l'histoire et à un triste épisode de celle-ci, le bagne pour enfants.
Lors du confinement, l'auteure se remémore le collège et une sortie scolaire, une anecdote lui revient en tête et il n'en faut pas plus pour qu'elle contacte les archives départementales de Draguignan pour en savoir plus sur cette histoire de bagne pour enfants au large d'Hyères sur l'île du Levant, une colonie disciplinaire pour délinquants, enfants défavorisés voire abandonnées.

C'est alors un récit alterné entre Ceux de la table et Ceux du Levant.
Réminiscence de sa bande des années 90, génération désenchantée sur fond de Nirvana et Pixies, d'alcool, de cigarettes et de drogues. Des gosses oubliés des hommes et des dieux, collégiens de la Seyne-sur-mer qui se retrouvent autour de la table, un endroit secret bien à eux, ils sont un peu paumés surtout rebelles, en butte contre le système et férus de liberté même si le prix de celle-ci se révèlera très cher.

Et puis se sont ceux du Levant qui prennent la parole, au large d'Hyères, le destin d'une centaine d'enfants « les colons » : délinquants, orphelins, gosses des rues, laissés pour compte, malchanceux. Un bagne privé pour ceux que plus personne ne veut. Ils ont entre 5 et 21 ans, maltraités, affamés, exploités, ils vont doucement cheminer vers la révolte et leur destin.
Une histoire traitée de façon originale qui ne peut laisser indiffèrent et dont le sujet mérite une mise en lumière... pour ne pas oublier.
C'est chose faite grâce à L'auteure.

Une histoire qui n'est pas sans rappeler celle similaire sur la colonie pénitentiaire des enfants sur Belle Ile en mer, et qui inspira à Jacques Prévert son poème « la chasse à l'enfant ».

Merci à Babelio qui m'a permis de lire ce livre dans le cadre d'une Masse critique.
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J'aime beaucoup les écrits de l'auteur : je la suis depuis son premier roman. Il me manque juste "dans le ventre du loup", mais c'est en cours ... Je remercie les Editions Seghers et Babelio de m'avoir permis de découvrir le nouveau texte d'Heloïse Guay de Bellisen.
L'auteur a un nom a porter un drapeau avec ses armoiries familiales sur un fier destrier et la voir sur des photos avec sa tignasse blonde et tous ses tatouages : j'aime le contraste (et en plus elle était libraire, ma profession préférée).
Crions, c'est le jour du fracas est bien un cri de guerre d'enfants maltraités aussi bien par leurs parents que la société. L'auteur imagine un parallèle entre la génération de jeunes gens incarcérés et exploités dans la colonie pénitentiaire de l'île du Levant (quel dommage : un si beau nom d'île) et ses potes, sa bande, sa génération, ceux qui mettent le bazar, refusent de rentrer dans les cases qu'on leur assigne, qu'on leur destine : ils ne veulent pas devenir des adultes consuméristes, mais peinent à trouver d'autres portes de sortie. L'auteur a trouvé l'écriture, un grand nombre de ses potes n'ont pas eu cette chance.
C'est un roman violent, non pas uniquement par les situations qu'il décrit, mais aussi, par l'implacable machine à laminer qui fonctionne toujours, qui broie les individus : la norme sociétale qui met en avant des rêves inaccessibles ou factices pour leurrer ceux qui n'ont pas les structures intellectuelles, sociales pour lutter.
J'ai aimé le point central qu'occupe "la table" (juste une ordinaire table de ping-pong en béton) autour de laquelle se retrouvent les chevaliers à la triste figure, qui comme Don Quichotte, luttent contre des moulins à vent.
Il y a aussi celui qui ouvre le livre : c'est le feu (les êtres sans feu ni lieu, les vagabonds qu'on peut retrouver dans le mouvement grunge) et sert de lien entre les 2 époques 1860 et 1990, le feu destructeur, mais aussi purificateur : la vie redémarre de plus belle sur un terre brûlée. Il y a de la richesse dans le feu qui sert à allumer des incendies, des pétards, et qui, quand on joue avec, fait mal. L'auteur nous présente les protagonistes de ces deux histoires, qui d'une certaine façon, se répètent : parents incapables ou ayant du mal à élever leurs enfants, manque de moyens sociaux et scolaires, de temps ...
C'est un texte rythmé par la musique des groupes des années 90, mais j'en ai entendu d'autres : "light my fire" - Doors, "I'm on fire" - Springsteen. J'ai aussi revu fort étrangement, surgir du néant, les personnages de la dernière partie de Twin Peaks : ces vagabonds qui apparaissent et disparaissent, sèment la mort et la peur et dont la première phrase est "got a light ?". Décidément, un auteur que je vais continuer à suivre.
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Avis : DUR
de coups de poing en coups au coeur, le roman nous entraîne en alternances de vies, se mouvant entre les années 1860 dans un centre pénitentiaire sur l'île du Levant et les années 1990 dans un collège où l'autrice vit, avec le groupe de la Table, une adolescence révoltée.
Un collège à La Seyne-sur-Mer et un groupe d'adolescents rétifs et conscients de ce que la société veut leur imposer, un cours qui intéresse l'un d'entre eux et qui leur dévoile ce que fut la vie des jeunes colons envoyés sur l'île du Levant pour y être enfermés et rééduqués : voilà la trame d'un roman qui ne peut laisser personne indifférent. L'autrice, au travers de nombreux points communs entre les personnages, nous embarque dans le monde agité des jeunes et pervers des adultes qui les ont en charge. Avec une humanité qui se dévoile parfois là où l'on ne l'attend pas.
Sur 26 pages, nous avons une entrée en matière qui nous laisse percevoir que ce ne sont pas que des faits historiques ou que des histoires d'ados qui nous seront contés mais plutôt un regard sur des sociétés dissemblables au premier abord mais aux ressorts très partagés si l'on veut bien y regarder. le dénominateur commun en est le combat larvé ou combatif entre certains adultes et certains adolescents. Les adultes sont toujours les mêmes, sûrs d'eux et de leur pouvoir pour éduquer, d'autres diront « dresser ». Pour les adolescents, on pourrait s'interroger sur ce que des élèves d'un collège du 20ème siècle peuvent partager avec des colons d'un centre pénitentiaire du 19ème siècle Mais la « révolte » hante tous les temps et tous les milieux.
le talent d'Héloise Guay de Bellissen consiste à nous amener à découvrir que toutes les violences se ressemblent même si certaines ne peuvent approcher le droit de dire et que les destructions de soi ont toujours eu les mêmes causes, portées en bannières de révoltes ou enfouies au plus profond des êtres. Je ne connaissais pas son écriture et je remercie Babelio et les Editions Seghers qui m'ont permis de la découvrir dans le cadre d'une masse critique privilégiée. Elégante, fouillée et addictive, elle m'invite à rechercher la lecture de ses ouvrages précédents. Ami lecteur aimant aller au fond des choses, je ne peux que conseiller Crions, c'est le jour du fracas.

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