je suis celle que l’on fait sécher entre deux pages
celle que l’on épingle sur le mur les ailes écartelées
mais je n’ai pas perdu tout mon bleu
tu le vivifies avec des mots de mer
tu discernes
ce qui bruit dans les plis
des mots à double tranchant
tu dis méfie-toi
des mots inconnus
qui bordent la plaie
ouverte comme ces groseilles
calcinées
déchiquetées par le bec des merles
L’HIVER ENGOURDIT LA PAROLE…
L’hiver engourdit la parole
il trace sous le gel
un nouveau réseau de nerfs à vif
les bûcherons sont là
veillant à élargir la peur
élaguant la seule échelle
qui permettrait d’atteindre le ciel
et toi
tu rapportes de tes chevauchées
des essaims de paroles
des rires de landes perdues
et tes mains fraîches
d’avoir touché la croisée des vents.
avec toi
ce qui guérit c’est le sourire
dans le grain de la pierre
chauffée au soleil
qui fait disparaître
les lézardes
LE FROID DIVISE…
le froid divise
hier il a neigé en août
sur des mots
blanchis à la craie
mais le feu se partage
cette année juillet
sera une paille
qui réchauffe
[…]
tu me transmets
la façon d’apprivoiser la peur
qui va et vient par les sentiers battus
tu masses mon cœur courbaturé
par des mots qui ont frappé
trop fort