J'avoue que ma première rencontre avec le philosophe
Salomon Ibn Gabirol fut très particulière : assis près du bar dans une salle de concert (entre deux groupes de rock , dois-je préciser) , on discutait paisiblement de littérature , et puis ça s'est mis à dégénérer tout doucement , nous voilà branchés sur les philosophes de la péninsule ibérique au Moyen-Age .
Légèrement imbibé , je n'ai pas été fichu de me rappeler le nom du philosophe juif , il me restait juste son prénom . Heureusement , le jeune avec lequel je m'entretenais le connaissait parfaitement (comme quoi il ne faut jamais , au grand jamais prendre les djeuns pour des crétins ignares ) ; j'ai découvert très vite qu'il en savait plus que moi , qui étais pourtant en pleine découverte du texte de
René Gutman (le livre de l'amélioration des qualités de l'âme ) .
Je n'ai rien appris du jeune sur la biographie de
Salomon Ibn Gabirol , sinon que les dates de sa naissance et de son décès sont approximatives (vers 1020 et vers 1058 ), surtout pour les parias de la communauté juive , autant détestés par l'autorité arabe que par la hiérarchie catholique à cette époque . Je précise que certains manuels ont latinisé le nom du philosophe en Avicebron , jugeant le nom de l'auteur trop arabe (ou trop juif) .
Pour ce qui est du reste , les réflexions du jeune homme m'ont passablement éclairé sur la pensée de Gabirol . A savoir qu'il a été influencé par les socratiques et les néoplatoniciens , qu'il a été bercé dès sa jeunesse par la philosophie aristotélicienne .
Le gros problème avec ce traité de philosophie , c'est finalement , la croyance religieuse de l'auteur , les références constantes à "l'Eternel" ; pour des athées militants comme beaucoup d'entre nous (et comme ma pomme ) , c'est un peu difficile . Car on peut naturellement exercer sa pensée sans se référer continuellement à Dieu ou Yahvé .
Ce qui est intéressant avec Ibn Gabirol , c'est qu'il met l'accent sur la décision morale et la responsabilité individuelle , et donc le libre arbitre .
Je me dois de préciser que l'on a surtout affaire dans ce livre , non pas au texte du philosophe , mais à une forme d'exégèse de la pensée d'icelui de la part de
René GUTMAN .
En se référant à la Théologie d'
Aristote , Ibn Gabirol affirme que "ce qui pousse l'âme c'est le désir vers le haut" . Selon lui , l'homme a une vocation éthique qui consiste à faire le bien (sans que Dieu le pousse dans ce sens ).
Ce livre vise à constituer une thérapie des âmes , tel un Itinerarium menant l'homme à se conjoindre avec l'Intelligence agente, en commençant à faire de lui un homme parfait .
Difficile pour moi de résumer ce traité de morale , tant il est foisonnant ; la meilleure des choses à faire est de le lire !
Je tiens néanmoins à remercier les éditions
La Louve et Babelio qui m'ont fait rencontrer ce livre .