la femme dont nous racontons l’histoire se sentit
entrainée peu à peu vers des obscurités profondes
elle se demanda
elle se demande
si la puanteur de charniers se dissipe ou quoi
si la guerre continue ou quoi
au début
tout est en ruines
après avoir beaucoup marché
elle demande
si à part les morts il y a quelqu’un
j’ai vu les haies blanches d’aubépine
j’ai vu les traits du soleil dans les sous-bois
j’ai vu la lumière agrandie dans la clairière
j’ai mis le jus de l’if dans mes veines
et la belle pervenche
la femme dont nous racontons l’histoire sait bien que le théâtre s’effondre
elle sait que sur les charniers poussent les fleurs les plus belles
que les voix plurielles viennent un instant la visiter »
et des mots à droite :
tu ne sais rien de l’effondrement
tu ne sais rien de la lumière
tu ne sais rien de la vie
je te dis
la vie est à vivre sans la savoir
le père de la mère de ma mère s’appelait edmond
sur le chemin de la vie
choses gens événements ont disparu
il a été tué par la mort je ne sais où
et je lui tisse une écriture
linge presque détruit