AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782377290628
160 pages
Libertalia (18/10/2018)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Elle se voulait écrivaine, elle n'est que prête-plume de quelque célébrité; elle aligne les mots qui plaisent pour payer son alcool quotidien. Jusqu'à la rencontre... Dans ce " presque roman " au Je multiple, l'auteure nous donne à éprouver la littérature de l'intérieur : c'est par le sang noir des chairs torturées que s'écrivent les mots affranchis. Violent, poétique, amoral, libre, un manifeste contre l'art édifiant, un Lautréamont post-punk.
Que lire après Virgules en trombeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
le temps de me recoiffer et je suis à vous. En effet, ce livre de l'auteure algérienne Sarah HAIDAR est une tempête sur (et sous) le crâne. Début des hostilités avec cet avertissement « À la littérature, sublime salope sans scrupules ». Cet OVNI littéraire est une polyphonie de monologues poétiques et violents. Une auteure publique, noire, alcoolique, « nègre » d'écrivains en mal d'inspiration conte ses blessures par allusions, hallucinations. Un employeur surnommé Chrysanthème, puis rencontre avec un homme, pédophile et assassin d'enfants. Séquence dégoût total.

Puis tout un peuple va faire écho à l'auteure publique, va prendre la parole, divination de la littérature, son poids, son influence, son pouvoir. Prendre le train en marche : « Je n'ai pas assisté à mon enfance », dans les bas-fonds infestés de rats, araignées, mites et autres cafards. Récit halluciné, violence encore, impitoyable. Sans l'écriture nous ne sommes rien. Avec elle, elle seule survivra, et encore. le couple symbole du nihilisme : « La rencontre entre un homme et une femme se fait toujours dans la violence car elle n'est rien d'autre qu'une intrusion intolérable dans l'univers de l'autre, une atteinte à sa solitude, un viol, une humiliation. C'est sans doute pour cela qu'il me faut à présent vivre avec lui quelques minutes de rejet, une possibilité de recul, trouver le moyen d'anéantir ce festival de délicieux cauchemars que me font miroiter ses yeux et son rictus. Je suis, comme lui, au seuil de l'enfer ; nous hésitons ensemble à y accéder tout en sachant que ne pas le faire nous ferait retomber dans la même linéarité insupportable ».

Certains moments sont rudes, insoutenables, la torture d'enfants, par tous les bords, de toutes les manières. Oui mais l'auteure publique a publié un livre sur la pédophilie, les lecteurs s'en sont imprégnés, se sont pris au jeu. La limite du supportable n'existe plus. Les barrières sautent, dynamitage du seuil de tolérance.

Ce texte est d'une agressivité sans nom. Un extrait le résume bien mieux que je ne pourrais : « Des créatures improbables venaient peupler le visage d'une nouvelle vie, de la dégénérescence minable d'un texte provisoire. Avec elle, l'écriture était affranchie de ses lâches virgules et de ses minables suspensions car elle venait de découvrir son essence inconditionnelle : jamais de début ni de fin mais un éternel tournoiement autour du néant de riens et vérités fatales ».

Lucidité, voire inquiétude de l'auteure qui, dans un dialogue entre l'auteure publique du récit et son éditeur, imagine ceci :

« - Les textes ne vous plaisent-ils pas ?
- Pour qu'ils me plaisent, faudrait d'abord que je les comprenne ! Or, ce que vous m'avez balancé, ce n'est rien d'autre qu'un amas de charabia qui n'a du français que l'alphabet, et encore ! Qui va vous lire des immondices pareilles ? Vous étiez sous-effet quand vous les avez écrits ?
- À vrai dire, je n'en suis pas l'auteur ; je les ai trouvés dans un cimetière ».

Sarah HAIDAR, féministe libertaire, est comparée à LAUTRÉAMONT, mais il n'est pas interdit de penser au marquis de SADE, voire plus près de nous à Marcel MOREAU ou à certains textes sulfureux de Jacques CHESSEX.

Qu'on ne s'y trompe pas : derrière ces enchevêtrements d'images terrifiantes dans un univers presque gothique, c'est bien un hommage appuyé à la littérature dont il est ici question. Les mots claquent, errants abandonnés, orphelins, sans but. L'écriture y est très exigeante. C'est aussi une ode à la Terre, Dame souillée par l'humain et par ses dieux destructeurs. Une lecture qui laisse K.O., roman poésie (ou récit halluciné) écrit en 2013 et sorti fin 2018 en France chez les immanquables Éditions Libertalia.

https://deslivresrances.blogspot.fr/
Lien : https://deslivresrances.blog..
Commenter  J’apprécie          10
Chronique compliquée pour lecture inachevée !
Comment parler d'un livre qu'on a lu à moitié mais qui nous a totalement transporté par son écriture incroyable et sublime ! Voyez ma déroute !
Je me suis arrêtée à cause d'un seul chapitre qui m'a mis la gerbe sur lequel je n'ai pas pu faire un pas de plus alors que dès le début du livre, stylo en main j'ai souligné des phrases entières voir des chapitres entiers.
Je ne saurais dire s'il s'agit d'une ôde à la violence ou à la littérature emportée par une écriture exigeante. Mais la violence du récit est inouïe et remarquablement écrite, une allégorie du conte noir.
La narratrice est ici une porte-plume totalement alcoolique qui rencontre un homme lors d'une signature dans une librairie. de façon fantasmagorique, il est le personnage principal d'un livre (dégueulasse) qu'elle commence à écrire. Cet homme kidnappe des enfants, les viole, les découpe et les mange, un ogre-diable absolu.
Entre digression, rêveries cauchemardesques et récit hallucinatoires, l'auteure à une plume remarquable, incroyable voire extraordinaire !
Je remercie @maya_lectures avec qui j'ai eu des échanges enrichissants sur ce livre, elle m'a informé sur ce fait réel dont l'auteure s'est inspirée, des enfants kidnappés et violés, entre 2017 et 2019
Je ne terminerai donc pas ce roman ci mais je suis absolument bluffée par l'écriture de Haidar donc je vais rester à l'affût de ses parutions françaises !
Encore merci à toi @maya_lectures pour la découverte de cette plume unique !
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Moi aussi, j’ai tenté d’écrire. Moi aussi j’ai tenté de lire et de succomber à mes lectures. Je suis née dans une lettre ensanglantée hésitant entre l’envol d’un texte et la tombe d’une virgule.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Sarah Haidar (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sarah Haidar
Les désirs comme désordre - Pauvert
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus

Autres livres de Sarah Haidar (1) Voir plus

Lecteurs (10) Voir plus




{* *}