La mer passe
d’une crique à l’autre.
Les plans bleutés s’étagent
L’horizon indéfiniment repoussé
s’efface dans le blanc du ciel.
Rochers et arbres vivent sans cris.
Le temps s’en va avec les fleurs
les nuages les eaux
des lointaines cascades.
Sur le rivage
l’homme attend l’improbable.
Brume épaisse dans les gorges
et jusqu’au sommet des monts.
Le sentier de celui qui marche
seul parmi rocs et cascades
se déchiffre pas à pas.
Que le voyageur oublie
d’où il vient
où il va.
Il ne peut s’égarer
s’il ne se laisse troubler
par les mots.
Tant d'années sont tombées
en poudre sur les chemins.
Combien fidèle cependant
la mémoire
qui enfouit les images
dans les couches du coeur
où ne peut atteindre le temps.
Eaux gelées
montagnes ruisselantes
noirs archets des arbres
lancés très haut dans le ciel.
Le chemin dans le vaste
est peu sûr.
Que l’homme suive ce ruban étroit
au long des précipices.
Qu’il ne se retourne pas.
Il parviendra à un ermitage
dressé dans la lumière
- au bord du vide.
Ici présente
la vie même.
Et tout à coup
l'absence comme une pierre
comme des pierres
une à une enfoncées dans l'âme.