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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Traduit du norvégien par Georges Sautreau
Panique au Nordland ! Ce n'est pas le roman d 'un amour, mais celui de la folie. C'est le livre du désir, de la possession, de la jalousie, de la frustration. La légende dit que celui qui rencontrera Pan deviendra fou. Hamsun nous en donne la démonstration. Paradoxe que ce livre. Alors qu'à travers le regard de Glahn, le personnage principal, on en vient à se laisser bercer par la poétique de l'espace et par la déclamation des émotions qui le saisissent, et que l'on se voit porter vers un sentiment de liberté, d'indépendance, de dépassement, d'amour et de respect pour la nature sauvage qui l'entoure, nous sommes constamment rappelés au désordre par un sentiment d'enfermement, d'emprise, de désoeuvrement, de rancoeur, et de haine.
La caresse et la gifle. La glace et le feu. La pureté et le mensonge. La comédie et la vérité.
Hydre bicéphale sous l'emprise de la destruction.
Étrangeté du récit qui provoque le malaise de cette lecture. « Bénis soient la vie et la terre et le ciel, bénis soient mes ennemis, je veux en ce moment faire grâce à mon pire ennemi et nouer les cordons de ses souliers »...Oui mais voilà que ce chantre du « tout amour » balance à l'eau sans aucune raison le soulier de son espérée...voilà qu'il crache dans l'oreille d'un baron, voilà qu'il tue « accidentellement » son aimée en faisant exploser le pan d'une montagne ( l'image d'ailleurs est assez intéressante je trouve) , voilà qu'il se tire une balle dans le pied, et voilà qu'il abat son chien, voilà qu'il tire à coups de fusil sur tous les oiseaux...
Devenu un classique de la littérature norvégienne, Pan fut écrit par Knut Hamsun en 1894. En 1920, celui-ci se voit couronner par un prix Nobel de littérature. Parcours chaotique que celui de cet auteur dont l'enfance n'a pas été des plus heureuse ( ceci a valeur de tentative de compréhension et non d'excuse) . Peut être est ce là qu'il convient de rechercher le venin de la folie injecté dans ce roman, et la vision de l'auteur sur la société humaine ? Sa recherche pathologique de la pureté est apparente dans ce livre. Ce qui est considéré comme « impure » chez Hamsun est sous sa plume frappé de laideur. La notion de pureté et, surtout, la recherche et la glorification constante de celle-ci a toujours quelque chose de sulfureux, de nauséabond.
Il n'est pas possible d'ignorer les choix injustifiables de Hamsun lors de la seconde guerre mondiale qui l'on poussé à soutenir le 3e Reich jusqu'à en venir à écrire l'éloge funeste du monstre de Berchtesgaden. Henry Miller le voyait comme un aristocrate de l'esprit. Nombreux furent ceux qui saluèrent sa plume : Thomas Mann , André Gide, Maxime Gorki, Bertolt Brecht, H.G. Wells. Nombreux, oui, mais en 1929…
Il peut paraître pour certains quelque peu facile et même tendancieux aujourd'hui de rechercher les traces dans les écrits d'Hamsun des indices d'une appétence pour le nazisme, puisque nous connaissons le passé. Mais je prends ce risque.
Hamsun lui même savait le désordre qui le hantait, seulement il en avait sous estimé l'ampleur.
« Dieu avait fourré le doigt dans mon réseau nerveux et modérément, très superficiellement, il avait mis un peu de désordre dans les fils.".

Astrid Shriqui Garain
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Le lieutenant Thomas Glahn vit dans le Nordland, une des contrées les plus septentrionales de la Norvège où Knut Hamsun, lui-même passa une grande partie de son enfance. Un jour, une forte averse propulse pour s'abriter dans sa petite hutte, M. Mack, sa fille Edvarda et le Docteur.

Dès lors, la vie du Lieutenant Glahn, un ermite chasseur et pêcheur pour sa nourriture, amateur de forêt et de paysages, va se trouver bouleversée. Sous le charme d'Edvarda, il n'aura de cesse que de la séduire ; alors qu'Eva, la femme du forgeron lui voue un amour simple et sincère.
Edvarda s'avérera beaucoup plus calculatrice que sa gaucherie pouvait le laisser prévoir : mythomane, elle se joue des hommes pour les séduire et les abandonner. Il sera très tard quand Glahn le comprendra à ses dépends… Glahn, beaucoup plus adapté à la vie « d'homme des bois » qu'à la vie en société.

Dans une deuxième partie, on le retrouvera chassant en Inde, alors qu'il est porté disparu et recherché par sa famille, en compagnie d'un chasseur de qui il détournera la compagne indigène…

Un ouvrage remarquable ; et tellement teinté de l'ambiance fin XIX ème siècle…
Une écriture, lyrique dans la description de la nature et une action menée le plus souvent au passé simple qui amène dans le texte des tournures verbales un peu désuètes, mais si agréables à l'oreille.

Un personnage, le lieutenant Glahn, inadapté à la vie sociale, complexe, imprévisible et tellement romantique… Edvarda, la venimeuse…

Une nature décrite sous la lumière tellement particulière de grand nord scandinave. Combien de fois, à la lecture de ces pages magnifiques, m'est-il venu à l'esprit la toile de Caspar David Friedrich, « le voyageur au-dessus de la mer de nuages » ?...

Ajoutez à cela, une édition, celle de Calmann-Lévy 1994, agrémentée de peintures étranges et dures dues à Haakon Gullvaag … Obsédantes …

On l'aura compris. Je ne me lasse pas de ce genre de texte. Même si l'homme, Knut Pedersen (c'est le véritable nom de l'auteur, Prix Nobel 1920) mérite quelque mépris par son soutien indéfectible à l'Allemagne nazie, l'écrivain Knut Hamsun reste un écrivain majeur de la fin XIX ème, début XX ème.
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Je ne m'attendais pas du tout au texte que j'ai finalement découvert, en ouvrant Pan : d'après les papiers du lieutenant Thomas Glahn de Knut Hamsun. On m'avait parlé de modernisme, de célébration d'un retour à la nature contre la civilisation et ses contraintes, tout ça chez un auteur norvégien, que je ne connaissais pas… je pensais trouver un livre qui me serait totalement nouveau, étranger. C'était oublier que Pan datait de 1894.

Thomas Glahn, lieutenant, en a visiblement un peu marre de la vie. Il décide d'aller se réfugier dans une petite cabane de chasseur, loin dans le Nordland, et de se retrouver face à lui-même. Il chasse, il se promène avec Esope, son chien, et il cherche dans cette retraite un bonheur, une tranquillité qui se révéleront finalement bien fragiles.

Le lieutenant Thomas Glahn n'est pourtant pas loin de tout. Il croise bientôt Edvarda, fille du notable du coin, pour qui il éprouve, de plus en plus, une fascination destructrice. Il était pourtant bien tranquille, dans sa retraite ; c'est elle qui est venue le chercher. Hélas, elle lui aura exprimé, plus d'une fois, combien elle l'aimait et combien il comptait pour elle. Dès lors, ça ne pouvait qu'être perdu. En effet, Thomas Glahn amoureux à son tour, Edvarda devient froide, prend ses distances. Lui qui était invité de toutes les fêtes, voilà qu'on le boude et qu'on lui rappelle combien il est brut, mal élevé. *Le lieutenant est prêt à tout pour retrouver les bonnes grâces d'Edvarda et, jaloux d'un petit docteur boiteux qui recueille tous les suffrages, un soir de colère, prend son fusil de chasse et se blesse au pied gauche.*

Jusqu'où sommes-nous prêts à aller pour trouver notre place dans la société ? Les premières pages où il célébrait, par des mots simples, les beautés de la nature et le quotidien bien réglé de ses chasses et promenade s'éloigne déjà. le voilà soucieux, inquiet, comme rattrapé par ce qu'il avait d'abord cherché à fuir. Eva, pourtant, si simple sous son foulard blanc, pourrait représenter une forme de salut : elle l'aime sans fioritures, sans même exiger de lui de nouvelles habitudes ou de nouvelles manières. Mais elle se révèle prise malgré elle dans les logiques sociales, mariée, employée à des tâches de plus en plus rudes en représailles de sa liaison avec Glahn. Et ce dernier hésite : ce serait tellement plus simple, tellement plus sain d'aimer Eva et les filles de passage, d'envoyer balader Edvarda et ses mises en scène, et de continuer comme prévu cette vie de repli. Mais même au fin fond du Nordland, où on attend la Poste des semaines et des semaines, le voilà tiraillé, à hésiter entre deux femmes, et à ne pas résister à la fascination qu'exerce sur lui la jeune Edvarda. C'est tout de même pas de chance.

A moins que l'entreprise n'ait été vouée à l'échec dès le départ. Dans sa quête désespérée d'une tranquillité illusoire, le personnage de Thomas Glahn m'est apparu, finalement, très proche des héros de nombreux romans de l'époque. Si l'on y pense, il partage certaines caractéristiques de ces célibataires de fiction qui lui sont contemporains : hommes célibataires, donc, sans repères surtout ; qui ne savent pas y faire avec la société et savent encore moins y faire avec les femmes ; ratés sous certaines formes, mais qui essaient malgré tout, parce que c'est peut-être leur seule marge de manoeuvre. En ce sens, Thomas Glahn m'a semblé être une sorte de des Esseintes à l'envers : dans A rebours de Huysmans, Des Esseintes fuit le monde, qu'il juge laid et méprisable, pour se réfugier dans une thébaïde à l'écart de tout, où il s'entoure d'art savamment choisi dans une vie tout ce qu'il y a de plus artificiel. Glahn, jugé si sauvage, ne chercherait-il pas la même chose, ne nourrirait-il pas le même mépris que le dandy de Huysmans pour la société qui l'entoure et ses codifications absurdes ?
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« Il peut pleuvoir et tempêter, ce n'est pas cela qui importe, souvent une petite joie peut s'emparer de vous par un jour de pluie et vous inciter à vous retirer à l'écart avec votre bonheur. Alors on se redresse et on se met à regarder droit devant soi, de temps à autre on rit silencieusement et on jette les yeux autour de soi. A quoi pense-t-on ? A une vitrine éclairée dans une fenêtre, à un rayon de soleil dans la vitrine, à une échappée sur un petit ruisseau, et peut-être à une déchirure bleue dans le ciel. Il n'en faut pas davantage. »

Relecture de Pan.

Après son chef d'oeuvre La Faim, Pan est considéré comme le roman le plus populaire de Knut Hamsun, prix Nobel de littérature en 1920. Comme à son habitude l'écrivain norvégien met en scène un personnage vivant à la marge de la société, un vagabond à l'esprit fantasque et aux idées poétiques, en rupture avec l'époque moderne. A travers ce roman qui raconte en deux parties distinctes la vie et la mort du chasseur Thomas Glahn, Knut Hamsun célèbre l'authenticité et la simplicité de la vie dans la nature et dénonce la société hypocrite et corruptrice.

Dans la première partie, Thomas Glahn se rappelle l'été 1855 alors qu'il vivait de chasse et de pêche en compagnie de son chien Esope. Glahn habitait dans une hutte, à la lisière d'une immense forêt, non loin de la mer et des montagnes du Nordland.

« de ma hutte, je pouvais voir un fouillis d'îles, d'îlots et de récifs, un peu de la mer, quelques cimes de montagnes bleuâtres, et derrière la hutte s'étendait la forêt, une forêt immense. La senteur des racines et des feuilles m'emplissait de joie et de gratitude, de même que le fumet gras du pin qui rappelle l'odeur de la moelle ; dans la forêt seulement tout s'apaisait en moi, mon âme devenait égale et se gonflait de puissance. »

A Sirilund, petite ville des environs, Thomas Glahn fait la rencontre d'Edvarda, fille du négociant M. Mack. Dès lors, la vie simple et heureuse de Glahn dans la nature est perturbée par ses pensées et ses émotions envers la jeune femme. D'autant que celle-ci souffle le chaud et le froid au pauvre chasseur, homme peu habitué à la vie en société.

« Vous avez raison, je ne sais guère fréquenter le monde. Soyez pitoyable ; vous ne me comprenez pas, je demeure de préférence dans la forêt, c'est là ma joie. Ici, dans ma solitude, cela ne fait tort à personne que je sois comme je suis ; mais, quand je me trouve avec d'autres personnes, il me faut employer tout mon soin pour être comme je dois. Deux années durant j'ai si peu été dans la société des hommes… »

Glahn est soucieux et son amour pour Edvarda le déchire parce qu'il brime son besoin de liberté.

« Tu erres ici et consumes ta vie pour une chétive écolière et tes nuits sont pleines de rêves désolés. Et un air étouffant stagne autour de ta tête, un air empesté d'antan. Cependant qu'au ciel frissonne le plus merveilleux des bleus et que les montagnes appellent. »

Plus tard, Glahn fait la connaissance d'Eva, la fille du forgeron, dont la candeur l'attire et envers qui il va se comporter comme Edvarda à son égard. Finalement, malheureux dans ses relations et ayant achevé son temps dans le Nordland, Glahn quitte Sirilund.

« Aucun souci ne me presse, je me languis seulement vers ailleurs ; où, je ne le sais pas, mais très loin, peut-être en Afrique, aux Indes. Car j'appartiens aux forêts et à la solitude. »

Si le jeu du chat et de la souris entre Edvarda et Glahn m'a paru long et redondant, en revanche j'ai grandement apprécié l'écriture joyeuse, insouciante et poétique qui narre la vie gaie et heureuse que mène Glahn dans la nature, à découvrir et à apprécier ses merveilles.
La seconde partie du roman, dont le narrateur est le compagnon de chasse de Thomas Glahn, rapporte en quelques pages l'étrange et suicidaire attitude du héros alors que tous les deux sont dans un village des Indes à chasser le gibier. N'étant jamais parvenu à comprendre ses semblables et à trouver la sérénité au sein de la société des hommes, Glahn choisira lui-même sa mort. Cette fin, tragique, résonne comme une impossible acceptation de la vie en société, de ses contraintes sociales et de sa fausseté.

« Plusieurs années durant j'ai pensé pouvoir lire dans les âmes de tous les hommes. Peut-être n'en est-il rien… »

Une très belle lecture.
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Le lieutenant Glahn écrit, deux ans après les faits, ce qu'il lui est arrivé en 1855 dans le Nordland. A l'époque, il est installé dans une hutte, au coeur de la forêt, retiré du monde. Il y vit avec son chien Esope et passe ses journées à la chasse ou à la pêche. “Je vivais dans la forêt, j'étais le fils de la forêt. (…) Certes non, je n'étais pas chasseur uniquement pour tirer, mais pour vivre dans la forêt. Là je me trouvais bien. (…) Dans la forêt je ne m'interdisais rien, je pouvais m'étendre sur le dos et fermer les yeux si je voulais, je pouvais aussi dire ce que je voulais.” Glahn est totalement libre, en harmonie avec la nature et loin des contraintes de la civilisation.

Malheureusement pour lui, son calme ne dure pas et sa paix est rompue par une femme : Edvarda. Glahn est tout de suite séduit par la jeune femme et tente à tout prix de la conquérir. Il quitte plus souvent la forêt, participe à des pique-nique, des bals pour se rapprocher d'Edvarda. Celle-ci semble charmée par le lieutenant et son côté sauvage, elle l'encourage jusqu'à ce que ce dernier soit éperdu d'amour. “S'il m'était donné de l'avoir pour femme je la servirais plus inlassablement qu'aucun autre ne pourrait le faire, et même si elle se montrait indigne de moi, si elle imaginait d'exiger de moi l'impossible, je ferais tout ce que je pourrais et même plus que je ne pourrais et je me réjouirais de ce qu'elle fût mienne.”

Hélas Glahn est tombé dans le piège d'Edvarda qui réduit les hommes à un amour servile pour mieux les rejeter par la suite. Elle ne cesse de souffler le chaud et le froid sur le lieutenant qui finit par ouvrir les yeux sur son aimée. Edvarda se laisse courtiser par deux autres hommes, elle est capricieuse, infantile et changeante. Glahn tente de l'oublier dans les bras d'Eva, une femme simple et amoureuse. Mais l'ombre d'Edvarda continue de planer au-dessus de lui jusqu'au drame.

Knut Hamsun a écrit “Pan” à Paris en 1894 en réaction à l'écrivain à la mode Guy de Maupassant. “Pan” est la réponse du Norvégien au “Notre coeur” du Français. Hamsun trouve le roman De Maupassant superficiel, bâclé et considère donc qu'il faut le réécrire avec plus de gravité.

Pan” est un concentré de passions humaines, un concentré de douleur et de drame. Glahn se perd dans son amour total, puis dans son désespoir. Toute sa personne est réduite à néant par la girouette Edvarda. J'admire la finesse de Knut Hamsun dans le traitement psychologique de ses personnages qui sont tous d'une grande complexité.

Le roman de Hamsun est aussi une ode au Nordland, à la nature. La vie de Glahn est au début paisible, heureuse car encadrée par la nature. Les descriptions de la forêt sont élégiaques et on souhaiterait que le lieutenant Glahn n'en soit jamais sorti. “A cette heure, un éclat féérique revêtait les champs et la forêt, le soleil s'était couché et teignait l'horizon d'une lumière rouge, onctueuse, qui s'étalait comme de l'huile. le ciel était de toutes parts ouvert et pur, je regardais fixement dans cette mer de clarté, et c'était comme si je me trouvais face à face avec le fond du monde et comme si mon coeur s'y sentait chez lui et battait à l'unisson.”
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A travers la lecture de "Pan", c'est un véritable portrait que dresse Knut Hamsun. Au fil des pages, les traits, apparaissent, s'épaississent et finissent par s'installer. Il s'agit du portrait d'une force de la nature, un peu abrupte, maladroite, peu à l'aise à côtoyer le "beau monde", Glahn. En effet, aux mondanités, il préfère la nature, la forêt. Il l'écoute, il l'apprivoise cette forêt, pour finir par en devenir un élément à part entière. Glahn est un chasseur, peu causant, non pas par timidité, sinon par maladresse. Une authenticité se dégage de ce personnage et s'oppose à l'artifice du personnage d'Edvarda, qui elle, a jeté son dévolu sur ce chasseur anachorète. Cependant, réduire Edvarda à quelque chose d'artificiel ne lui rend pas justice. C'est tout un personnage, bien complexe, qu'on a du mal à cerner. Au fil des pensées de Glahn, on l'adore, on la vénère mais on la méprise à la fois. On méprise cette emprise qu'elle a, et qu'elle veut avoir sur Glahn. Pourtant, on ne peut s'empêcher d'admirer son audace, bien qu'exubérante. Et finalement, on a pitié d'elle, de son insatisfaction perpétuelle dans les relations qu'elle entretient avec les hommes : c'est comme si le bonheur ne pouvait jamais se figer pour Edvarda. Finalement, Glahn et elle se rejoigne sur un point : la solitude.
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Le lieutenant Glahn vit volontiers à l'égard, dans une hutte, quelque part dans le Nordland, région septentrionale de la Norvège, avec pour seul compagnie un chien. Il subsiste de ses prises de chasse, et quand la période de cette activité est révolue, il se rabat sur la pêche. L'homme est singulier, il a un regard que d'aucuns qualifient de sauvage, commet des actes déconcertants, quand il n'adopte pas un comportement tout bonnement puéril. Inadapté à la société des hommes, c'est dans le sein de la nature et de ses manifestations qu'il éprouve une certaine plénitude. Vient à passer Edvarda, fille d'un riche négociant. L'attraction est mutuelle. Néanmoins la belle a le coeur qui balance entre de meilleurs partis, un médecin, puis un Baron. Pris de dépit devant les caprices de l'inconstante, l'homme se rabat., sur l'humble Eva, moins inaccessible et bien plus complaisante.

Comme le laisse à penser le titre de ce court roman, le récit n'est pas étranger à un certain paganisme, très ancré dans la culture scandinave. Les envolées lyriques traduisant la jubilation du narrateur devant le spectacle de mystères insondables et des beautés ineffables de la nature font tout le sel du récit. En revanche, la narration improbable des pathétiques approches, vouées dès le début à l'échec, entre le fantasque solitaire et la superficielle demoiselle, a quelque chose de déplacé et de dérangeant, qui rebute.
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Pan est la genèse des personnages récurrents que Knut Hamsun fera évoluer au cours de ses futurs romans. Nous retrouverons Edvarda et son père Mack à divers moments de leur vie dans Rêveurs, Benoni et Rosa. de même Pan s'installe dans une chronologie déjà mise en place dans la pièce de Hamsun écrite plus tôt, (Munken Vendt, 1902) dans laquelle évoluent Munken, Didrik et Iselin, dont les allusions sont assez nombreuses dans Pan.
Glahn ne peut qu'être rapproché de Munken, il est le vagabond solitaire que Hamsun reproduira dans ses romans, il oscille entre la fascination pour l'être aimé et la perte de sa liberté inhérente à cet amour exclusif. Ce n'est donc pas Edvarda qui exerce sa tyrannie sur Glahn, mais l'amour. L'issue ne peut être que tragique…
Pan reste un roman incontournable de Knut Hamsun, à mon humble avis pas le plus représentatif de l'ensemble de sa production. Ce qui m'a le plus chagriné est le titre de l'oeuvre : Pan, qui fait référence au dieu grec, protecteur des bergers, ce qui est un comble pour un roman norvégien ! La mythologie scandinave est assez riche et complète pour abriter son propre dieu de la nature sauvage.
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Malgré une écriture magnifique, je n'ai pas trop accroché à ce roman qui nous conte les aventures du lieutenant Thomas Ghlan avec la gente féminine. Thomas est un bel homme solitaire qui vit le temps d'un été dans le nord Norvégien. Il aime une gamine superficielle qui joue avec lui et n'aime pas assez une femme qui le vénère. Edvarda attend le prince charmant et le petit lieutenant croit que c'est lui (un grand classique). Et puis j'ai l'impression que l'on me joue la même scène indéfiniment du « je t'aime moi non plus », ce qui devient lassant. Je n'aime pas les personnages sauf Eva, la plus honnête, et ce que Ghlan fait à son chien me glace. Je déteste ce Ghlan misogyne et frivole et je suis contente de son sort. Si tel était le but de l'auteur, me faire mépriser ce genre d'homme, c'est alors une réussite totale.
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Pour moi ce fut même PanPan. Parce que j'ai relu ce livre sans me rendre compte que je l'avais déjà lu il y a quelques années. Preuve qu'il ne m'a pas (beaucoup) marqué.
S'il comporte indéniablement des qualités : Hamsun par son écriture froide et directe touchant certains fondements du lecteur que je suis ; une certaine originalité qui se dégage et qui est le propre de vrais grands auteurs, et qui me plaît plutôt : ce Pan reste sans me faire jouir de plaisir ou de délectation...
Et y aura-t-il un PanPanPan ?
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