Le Siècle des Lumières est traversé par un âpre conflit autour de l’encadrement de l’accouchement. Les chirurgiens-accoucheurs et leurs auxiliaires, les sages-femmes, s’opposent aux matrones. Largement étudié par Jacques Gélis, ce phénomène est avant tout une lutte de prérogatives – de savoirs et de pouvoirs sur les corps – visant à médicaliser l’enfantement et à faire des chirurgiens des experts en la matière.
En écartant les « femmelettes» qui se mêlent d’assister et de soigner les parturientes et en menant une campagne de dénigrement systématique des pratiques féminines, les corporations médicales comptent mettre en valeur les savoirs techniques et théoriques des chirurgiens, ainsi que leur finalité : lutter contre la mortalité en couches et la mortalité infantile, ce « massacre des innocents » qui scandalise et inquiète tant.