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La République face à la rue tome 1 sur 2
EAN : 9782866459840
204 pages
Le Félin (10/11/2022)
3.33/5   3 notes
Résumé :
Le rôle joué par la force chargée du maintien de l’ordre lors des grands évènements historiques est fondamental, mais trop souvent méconnu. Le monde en aurait été changé si la Bastille n’était pas tombée ou si, à l’inverse, Mai-68 était allé plus loin !


Cette série d’ouvrages sur l’histoire du maintien de l’ordre en France, de 1871 à 1968, éclairera le lecteur sur la façon dont les forces chargées de défendre l’ordre public ont dû se transform... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je remercie les éditions du Félin et Babelio pour cette oeuvre reçue lors de l'opération Masse Critique.
"La République face à la rue", ou un gouvernement face à des manifestants : celui qui veut maintenir l'ordre face à ceux qui sont prêts à se faire entendre, y compris parfois par la violence. le sujet est particulièrement intéressant, d'une actualité brûlante en France, alors que se succèdent les manifestations contre la réforme des retraites. D'ailleurs, on constate un changement dans la doctrine du maintien de l'ordre avec un nouveau préfet de police, moins d'éborgnés et de mutilés...
Bernard Hautecloque livre donc ici un essai, à la croisée de plusieurs champs. D'abord, l'histoire politique : l'ouvrage est le 1er tome d'une série, lui centre sa réflexion sur les débuts de la III ème République, avant la Grande Guerre. Ensuite, l'histoire sociale - il faut comprendre les raisons des manifestations, les revendications, dans une période où les syndicats se développent, ou les différentes tendances du socialisme commencent à se fédérer, mais aussi où la crise économique est forte. C'est aussi en partie une histoire de la police - dont Bernard Hautecloque est un spécialiste, même si le maintien de l'ordre fait aussi appel à l'armée et à la gendarmerie. C'est également une histoire très parisienne, voire une histoire de Paris dans ses rues et ses faubourgs : l'auteur élargit son propos, donnant des exemples de grève des mineurs dans le Nord ou de manifestations de vignerons dans le Languedoc, mais c'est à Paris, la révolutionnaire, que le maintien de l'ordre est un enjeu plus important, du fait du nombre de manifestants, de la symbolique de la ville auprès de la presse comme des politiques.
C'est enfin une histoire d'hommes, à commencer par le préfet de police, Lépine. Si on connaît son nom en lien avec le concours d'inventions qu'il a fondées, c'était un personnage médiatique avant l'heure au tournant du siècle, se mettant en scène pour faire parler de lui, allant jusqu'à se rendre en première ligne face aux manifestants, laissant aussi pousser sa barbiche pour être reconnaissable. Il reste en poste plusieurs d'années, ce qui lui permet de transformer la police parisienne, en lien avec un de ses grands centres d'intérêt, le maintien de l'ordre : il invente des techniques, des procédures, veillant à la discipline au sein de ses propres troupes - il durcit les critères de recrutement pour exclure les brutes peu alphabétisées et alcoolisées. Autre personnage, Clemenceau, ministre de l'Intérieur, radical dans son combat contre le cléricalisme, conservateur dans ses relations avec les ouvriers en grève.
Après une présentation générale, l'auteur développe différents exemples chronologiques - certains connus comme le massacre de Fourmies, d'autres non, l'historien veut montrer que la République refuse progressivement la violence, encore moins les morts parmi les manifestants comme parmi les forces de l'ordre : c'est un régime démocratique, elle doit donc accepter la contestation, même si celle-ci la fragilise, et même si la manifestation reste interdite dans la loi jusqu'aux années 1930. C'est donc l'histoire des moyens mis en oeuvre, de façon plus théorique d'ailleurs qu'empirique, pour permettre à la rue de s'exprimer sans victime.
Même si j'aurais aimé parfois que certains épisodes soient plus approfondis et contextualisés, notamment en accentuant sur le rôle des acteurs, cet ouvrage fait réfléchir - en comparant forcément par rapport à la situation contemporaine - et donne envie de découvrir les tomes suivants.
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Premier d'une série qui prévoit de couvrir la fin du XXème siècle, cet essai se propose de s'intéresser non pas à l'histoire militaire, depuis longtemps installée dans le paysage des sciences humaines et sociales, mais à celle des forces de l'ordre, du maintien de l'ordre en miroir des différents mouvements sociaux qui ont émaillé l'Histoire de notre payse depuis les événements de la Commune jusqu'à 14-18 (pour ce volume).

L'auteur étudie le passage progressif du maintien de l'ordre assuré par l'armée, et souvent très violent, à celui, plus encadré et professionnel, garanti par des services dédiés.
Historien, écrivain spécialisé dans l'histoire criminelle et membre de la SFHP (Société Française d'Histoire de la Police) l'auteur passe au crible les différentes révoltes et mouvements sociaux et la difficile conciliation, pour les gouvernants, entre liberté d'expression démocratique et maintien de l'ordre public.

La manifestation convoque 2 droits constitutionnels : celui de se déplacer et celui de s'exprimer, Il pose alors problème aux dirigeants qui oscillent entre nécessité de se conformer à la loi et désir de réprimer les contestations sociales. On apprend des choses fort intéressantes, comme une étude comparative européenne de la gestion des manif et autres grèves, les tergiversations quant à l'institution la mieux à même d'assurer l'ordre, police, armée, gendarmerie, milices privées…

Puis, dans un vaste panorama historique, l'auteur nous présente l'évolution des pratiques et des philosophies : la Commune, l'affaire Dreyfus, le Boulangisme, les grèves ouvrières, les affrontements pour la laïcité et anticléricaux, la montée des mouvements anarchistes et syndicalistes, mais aussi des grandes figures comme Clémenceau, le préfet Lépine, ou le général Tournier.

La conclusion démontre que la République est l'ennemie de la « violence policière » et à l'heure où politiciens et journalistes se repaissent de cette locution erronée, il était utile de le préciser. Bref
J'ai appris beaucoup de choses que j'ignorais, j'ai revu des événements que j'avais étudiés, sous un autre angle au cours de mes études, l'écriture est claire, didactique, les faits sont posés objectivement.

Bref, un livre très instructif dont j'aurais plaisir et intérêt à poursuivre la lecture des autres tomes. Je recommande ++ et remercie Babelio pour cette masse critique très pédagogique.
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Cet ouvrage retrace les rapports entre les forces de l'ordre et le peuple depuis la Commune jusqu'à la Première Guerre Mondiale.L'auteur décrit précisément comment la police se situait entre prévention et répression. Comment, petit à petit, les forces de l'ordre tentaient d'éviter les bains de sang, qui augmentaient encore plus la colère et la violence du peuple. Il remet bien les choses dans leur contexte. Après le traumatisme de la Commune, toute manifestation publique doit être évitée. Il cite de grands événements importants pour illustrer son propos : grèves, événements politiques...
Personnellement, j'ai beaucoup aimé les premières pages de ce documentaire, très intéressantes et allant à l'essentiel. J'ai moins aimé d'autres passages, trop longs en description pur que le propos soit vraiment percutant. Cependant, l'ensemble reste clair et à découvrir.
Je remercie les éditions du Félin de cette découverte lors d'une opération masse critique non fiction.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Par sa formation, le militaire considère son adversaire comme un ennemi à neutraliser par tous les moyens, en le détruisant physiquement s'il le faut, quitte à employer les armes les plus destructives. Au combat, réagir immédiatement est une condition du succès et, bien souvent, de survie.
Mais le maintien de l'ordre n'est justement pas un combat comme les autres, même si on ne commença à s'en apercevoir que dans le dernier tiers du XIX ème siècle. L'adversaire n'est pas un ennemi, et il s'agit de n'utiliser la force que comme ultima ratio, et jamais de façon spontanée. Le préfet de police Lépine, à la veille du 1er mai 1906, l'expliquait à des officiers supérieurs : "Les procédés de la police et de l'armée sont différents, ils sont même opposés. Nous, policiers, ne devons employer la force qu'à la dernière extrémité ; vous autres, militaires, c'est par là que vous commencez". Et si, au combat, il est hors de question de prendre contact avec l'ennemi, sinon pour négocier sa édition, en maintien de l'ordre, refuser tout contact avec l'adversaire ne peut qu'envenimer la situation.
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Mais Lépine [préfet de police de Paris] comprit à son tour qu'agir avec retenue, n'employer la violence que si c'était nécessaire et pas plus que ce n'était nécessaire, ramenait encore plus efficacement l'ordre que des charges aveugles et brutales, qui servaient surtout à calmer le nerf des agents.
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