Je voudrais tout d'abord commencer par remercier Sarah et les Éditions Jets d'Encre pour ce nouveau partenariat.
Concernant la couverture, je la trouve vraiment très jolie, entre la végétation et la lumière. de prime abord, elle peut sembler hors sujet. Mais une fois la lecture commencée, on s'aperçoit que cela n'est pas du tout le cas. Je suppose qu'elle évoque le fameux chemin de Cadoudal.
Concernant la plume de
Philippe Harant, j'ai pris beaucoup de plaisir à la retrouver. Comme dans son livre précédent, elle est agréable et fluide, assez descriptive pour s'imaginer les lieux et ressentir l'amour du personnage principal (et de l'auteur !) pour sa Bretagne, sans être lourde pour autant. L'auteur sait également alterner habilement entre enquête, action et humour.
Je tiens à préciser que je n'ai vu aucune coquille. C'est tellement rare de nos jours (que ce soit en auto-édition, ou avec les petites et grandes maisons d'édition), que je tenais à le signaler. ^^
Une petite précision avant de commencer plus avant, ce tome est le quatrième de la saga, mais il peut tout à fait être lu indépendamment, sans aucun souci de compréhension, comme cela a été le cas pour moi. Il y a juste quelques petites références aux tomes précédents.
Dumouriez est capitaine de police et vit sur Sept-Îles avec Gredin son berger de Bergame, avec lequel il adore se promener. Décrit comme ayant une grande carcasse, il ne passe pas inaperçu, et son caractère fait que l'on se souvient longtemps de lui (pas toujours, voire peu souvent, de façon positive). Il est bourru, ne s'embarrasse pas de la politesse élémentaire et n'est pas toujours dans les clous de la procédure.
Dumouriez va donc se voir appelé pour se rendre sur les lieux d'un crime. Sa Coccinelle l'emmène jusqu'à La Forest et au chemin de Cadoudal, au coeur du Morbihan, dans une clairière avec un très vieux chêne et une ambiance assez lourde, presque mystique. le corps est là, dans l'arbre, nu et sanglant. Il s'agit de Gilles Kéradec, un conteur qui avait remis les histoires du folklore breton au goût du jour. Qui pouvait bien en vouloir à cet homme très apprécié du public ?
L'enquête s'annonce difficile étant donné qu'elle commence sans le moindre indice. Les hautes instances font très vite comprendre à Dumouriez qu'il faudrait qu'il augmente la cadence et qu'il résolve cette enquête au plus vite. Comme d'habitude, la pression glisse sur lui comme la pluie sur un imperméable. Il va la résoudre, son enquête, mais à sa manière.
Certains pourront dire que le début est assez lent. J'ai à dire que, en commençant une enquête sans indice, le coupable ne va pas être trouvé dans l'heure. Oui, les pistes sont maigres, ne donnent parfois rien. Mais c'est normal et assez réaliste. Nous pouvons néanmoins compter sur les gros sabots de Dumouriez ainsi que sur sa langue sans filtre pour nous faire sourire.
Mais, une fois que les premiers indices concluants arrivent, le rythme s'intensifie, pour devenir bien plus rapide sur la fin et nous fournir moult révélations.
J'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver Ludovic Dumouriez dans cette nouvelle enquête. C'est vraiment un sacré loustic qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, qu'il aime d'ailleurs mettre tous les deux dans le plat. Plus le bonhomme va lui sembler antipathique, plus il va prendre de plaisir à l'asticoter, qu'il ait des relations ou pas. de toute façon, comme les intimidations ne l'atteignent pas, autant qu'il se fasse plaisir. lol
J'ai trouvé que sa relation avec sa supérieure, Laure Dentrec, était moins tendue dans ce tome, même s'il lui donne toujours des surnoms peu flatteurs et aime la faire enrager. À contrario, j'ai trouvé dommage qu'il soit retourné au point de départ avec sa coéquipière Camille Rouxel, qui n'a d'équipière que le nom, tant il l'ignore. Alors je ne demandais pas qu'ils soient au point de boire un café et de manger un donut ensemble tous les matins (il ne faut pas rêver non plus lol), mais j'ai été déçue que la sorte de "léger respect" qu'il avait pour elle dans le tome précédent ait disparu...
Le capitaine a beau être un solitaire de base, j'aime toujours autant le lien qui l'unit à Gérard, gérant du Tord-Boyau, dont il est un fidèle client. Sa relation avec Bernard Lestouches, alias Cyber-Nanard, nous offre aussi de belles piques amicales.
Là où j'ai eu une belle surprise, c'est avec le personnage de Marie Tallec, une vieille bretonne qui passe sa vie devant sa porte. Alors oui, c'est un commère qui connait presque tout et tout le monde, mais c'est aussi quelqu'un de très humain, de très gentil, mais qui n'a pas la langue dans sa poche. Je pense qu'elle souffre aussi de solitude et qu'elle voit en la personne du capitaine, une distraction à des jours qui se ressemblent tous. Dumouriez, lui, trouve une oreille attentive, une compagnie agréable et un regard extérieur à l'enquête (qu'au mépris de toute procédure, il lui confie dans les moindres détails). La vieille dame a réussi à la toucher assez profondément et je pense qu'elle comble en partie sa propre solitude. Ils ont vraiment tissé un lien fort et très touchant.
Concernant la fin, j'ai aimé le rythme assez soutenu que les différentes révélations donnent au texte. J'ai été surprise par certaines d'entre elles, moins par d'autres, mais j'ai néanmoins beaucoup apprécié le finish. La petite mention, tout à la fin, à
Il faut sauver le soldat Steiner, m'a donné le sourire. Finalement, je pense que Dumouriez n'aime pas tant la solitude que ça... ;-)
En résumé, j'ai adoré ma lecture. J'ai retrouvé une plume que j'apprécie beaucoup, des personnages attachants (dont deux qui se sont beaucoup attachés), une enquête pleine de suspense, d'investigations diverses, de surprises et de ballades (dont quelques-unes gastronomiques) au coeur de la Bretagne. N'oublions pas l'humour qui très présent grâce au comportement un peu souvent mufle et rentre-dedans de notre irremplaçable capitaine Dumouriez.
C'est un policier que je vous conseille avec plaisir, tout comme son auteur.
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