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EAN : 9782021503463
240 pages
Seuil (07/10/2022)
  Existe en édition audio
3.44/5   281 notes
Résumé :
Julian a volontairement troqué son job lucratif à la City contre une librairie dans une petite station balnéaire de la côte est anglaise. Mais à peine est-il installé qu’un visiteur surgi de nulle part vient bouleverser sa nouvelle vie : Edward, immigré polonais habitant la vaste demeure en bordure de la ville, semble en savoir beaucoup sur sa famille, et porter trop d’intérêt à a bonne marche de son entreprise.
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Critiques, Analyses et Avis (99) Voir plus Ajouter une critique
3,44

sur 281 notes
Je remercie Masse critique et les éditions du Seuil pour la découverte de ce roman.

A chaque fois que j'ai tenu en main un roman posthume d'un auteur dont l'oeuvre m'était un peu connue, cela m'a toujours procuré un sentiment d'éternité, comme une bulle intemporelle capable d'arrêter le temps et l'état des choses.

L'espion qui aimait les livres est paru après le décès de John le Carré.
Sans pouvoir le classer parmi les meilleurs ou les plus aboutis, ce roman arbore une charge émotionnelle particulière, car pour la première fois le romancier nous laisse entrevoir les affres de la vie d'espion, le désenchantement, les doutes, les sacrifices et les vies brisées dans un monde fermé, secret et impitoyable.

Tout va un peu trop vite dans ce récit, comme si la plume de le Carré flairait l'urgence.
Le romancier aborde en accéléré une partie de l'histoire de l'Europe, de la fin de la Seconde Guerre mondiale à nos jours.
Les espions pratiquent évidemment l'art du mensonge et de la dissimulation mais ils sont cette fois-ci plus que jamais humains, on nous permet de connaître leurs angoisses et leurs regrets, ternissant ainsi quelque peu l'image d'inébranlables rocs prêts à tous les sacrifices, dont les nombreux romans de l'auteur britannique avaient encensé.

Malgré la plume bien reconnaissable, trempée dans du vitriol et dans un humour noir et au style toujours aussi impeccable, Il y a tout de même une certaine précipitation narrative qui laisse un goût d'inachevé.
John le Carré signe une oeuvre noire et acide qui raconte la fin des illusions.


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Paru après la mort de son auteur, L'espion qui aimait les livres présente plusieurs personnages attachants. Dès le premier chapitre qui joue le rôle de prologue, on est plongé dans « le renseignement » et on fait très brièvement connaissance avec deux figures importantes du roman. Pour ma part, je les ai oubliées jusqu'à ce qu'elles réapparaissent, et je suis alors retournée lire ce très court chapitre. On découvre les deux personnages principaux au deuxième chapitre. Julian Lawndsley, jusqu'à très récemment brillant trader à la City, a tout plaqué pour acheter une librairie dans un village touristique sur la côte du Suffolk. Les affaires ne marchent pas très bien et Julian commencent simplement à comprendre que le métier de libraire ne s'improvise pas. Alors qu'il prend son petit déjeuner dans le restaurant du coin, le vieux monsieur qui est rapidement passé à la librairie la veille l'accoste et s'installe à sa table. Il se présente comme un (modeste) universitaire à la retraite, passionné de littérature (classique) : Edward Avon. Il a, dit-il, bien connu le défunt père de Julian : ils fréquentaient la même (épouvantable) école privée avant que Henry Kenneth Lawndsley ne rejoigne un groupe d'évangélistes et ne devienne pasteur avant de tout laisser tomber, perdant sa réputation et ses derniers sous, se retrouvant à la rue avec sa femme et Julian. Avon, décidément bavard, confie à Julian que sa femme Deborah est mourante. Il lui suggère aussi d'aménager le sous-sol de sa librairie pour qu'il devienne « un écrin pour une sélection soigneuse des plus grands esprits de notre temps et de tous les temps » qui pourrait s'appeler La République de la Littérature. Julian se méfie un peu du personnage, mais ne peut s'empêcher d'être tenté.
***
Court, pour un John le Carré, si on compare avec les autres, non ? J'ai dû lire 5 ou 6 de ses romans, pas plus, mais je garde un souvenir ému de la Petite Fille au tambour, de Une vérité si délicate, et surtout, surtout, de la Constance du jardinier que j'avais adoré et que je relirai avec plaisir. J'ai trouvé dans L'Espion qui aimait les livres ce que j'ai aimé dans les autres livres de cet auteur : un humour discret et souvent cruel, une ironie sous-jacente, une intrigue complexe présentée de manière à ce que le lecteur doive lui-même faire les liens pour reconstruire une histoire cohérente. On est loin ici des espions à l'intelligence acérée, bardés de gadgets, armés jusqu'aux dents et exterminant leurs adversaires sans états d'âme. le Carré met en scène des espions vieillissants, souvent en quête de rédemption, s'interrogeant sur leur utilité, reniant leur passé par sens moral ou, dans le cas de Avon, écrasé par des traumatismes trop lourds à supporter. Dans la postface, Nick Cornwell, le plus jeune fils de John le Carré, écrivain lui-même, conclut en forme de bilan « […] les espions britanniques ont, comme beaucoup d'entre nous, perdu leurs certitudes sur ce que représente leur pays et sur leur identité véritable. […] notre camp doit le reconnaître : l'humanité des services de renseignement n'est pas à la hauteur de la tâche, et ceci nous interroge sur le fait que cette tâche en vaille la peine. » Les désillusions de l'auteur paraissent dans la colère de certains de ses personnages, me semble-t-il, celle de Julian ou de Philip (voir les deux citations), comme dans la révolte de Lily ou dans celle d'Edward.
***
Je remercie infiniment l'opération masse critique privilégiée de Babelio et les éditions du Seuil pour ce roman original et touchant.
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Les milieux britanniques du renseignement n'avaient pas de secrets pour John le Carré, décédé fin 2020 à l'âge de 89 ans. Il en avait fait partie dans sa jeunesse, puis avait écrit une vingtaine de romans d'espionnage, parmi lesquels des ouvrages primés et des best-sellers. Publié après sa mort, à l'initiative de l'un de ses fils, L'espion qui aimait les livres avait été écrit au début des années 2010.

L'affaire prend place dans le Suffolk, sur la côte Est de l'Angleterre. A l'exception d'un personnage, tous émargent directement ou indirectement aux services de sécurité du Royaume-Uni. Comme il se doit, ils sont plus ou moins menteurs, manipulateurs et paranos. Lectrice, lecteur, sache que l'auteur en a profité pour te dresser un panorama confus et tronqué des événements qu'il a imaginé. Tu auras au début du mal à t'y retrouver ! Mais si tu sais faire preuve de patience et à condition que tu retournes parfois en arrière pour relire certains chapitres, les choses finiront par s'éclaircir.

Julian n'en sait pas plus que toi. Seul personnage fiable de l'intrigue, parce qu'il ne fait pas partie — du moins pas encore ! — des services de renseignement, c'est un jeune retraité de la City, désormais installé dans une petite station balnéaire, où il vient de racheter une librairie. Ce trentenaire, qui a eu la sagesse, fortune faite, de prendre ses distances avec la finance londonienne, va se trouver plongé à son corps défendant dans un maelström de contrespionnage.

Que cache cet homme âgé nommé Edward Avon, qui s'introduit partout et trouve réponse à tout ? Est-il un ami d'enfance du père de Julian, comme il le prétend, ou est-il né en Pologne, d'un père qui fut complice des nazis ? Ses convictions politiques sont-elles convenables, son pacifisme affiché n'est-il pas douteux ? Est-il un agent britannique et si oui — ne jouons pas sans cesse à cache-cache, c'est oui ! —, quel rôle a-t-il joué, en Pologne, puis en Bosnie dans les années 90, avant d'être rapatrié en piteux état, après avoir assisté à des massacres épouvantables ? Pour être clair, pour qui travaille cet homme cultivé qui affiche son amour des livres ? La question est brûlante, car Edward est depuis plus de vingt ans l'époux de la spécialiste du Moyen-Orient à la direction des Services de sécurité.

L'homme qui devra s'atteler à ces questions est un quinquagénaire d'allure banale, nommé Proctor (un mot qui en anglais signifie procureur ou responsable de la discipline). Tu découvriras, lectrice, lecteur, qu'il est le grand responsable de la Sécurité intérieure du Royaume-Uni. Une longue missive lui a fait part de possibilités de fuites au sein de son administration. Il enquête donc discrètement, afin d'éviter un scandale qui pourrait l'éclabousser… En même temps, il aimerait en savoir plus sur l'intérêt de sa belle épouse pour l'archéologie…

A lire John le Carré, les services secrets britanniques constitueraient une sorte de communauté ; ses effectifs vivraient comme les membres d'une confrérie à plusieurs étages, où des fonctionnaires ayant fait les mêmes études se reçoivent, se marient entre eux, s'entraident mutuellement. La hiérarchie sociale s'aligne sur les grades ou les postes, et chez les plus anciens, les niveaux de réussite professionnelle influent sur les modes de vie, les uns côtoyant l'aristocratie, les autres menant ou préparant une retraite étriquée. Sur le plan de l'efficacité, l'administration paraît poussiéreuse, à l'image de ses locaux datant de la Guerre froide, vétustes, mal entretenus, souvent obsolètes ; ses processus internes sont anciens et peu respectés. Elle semble avoir été conçue naguère comme une structure supplétive du Pentagone américain et elle serait devenue incapable, après le retrait des Etats-Unis de certains fronts, de se trouver une vocation nationale autonome. Un fonctionnement en surplace influant sur le moral et l'engagement de ses agents. Cela ne te laissera pas, lectrice, lecteur, une opinion flatteuse sur la maison qui employait James Bond.

Pour suivre l'enquête de Proctor, tu auras dû reconstituer la chronologie d'indices lâchés dans le désordre par l'auteur. Comme je t'en ai averti(e), il t'aura parfois fallu aussi rebrousser chemin pour relire certaines pages. Une façon pour John le Carré de te prendre au jeu, avec le risque que la fin te laisse sur ta faim. Son intention était, selon son fils, de « dire la vérité, trousser une belle histoire et (te) révéler le monde ». A toi de voir s'il y est parvenu.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Proposition de masse critique particulière de la part de mon fournisseur de lecture préféré "Babelio", j'ai répondu favorablement pour ce livre et je l'ai reçu dans ma boîte aux lettres

Il y a très longtemps, (bien avant la tenue de mon blog ...) j'avais lu "La constance du jardinier" de cet auteur, je n'ai hélas pas trop de souvenirs mais j'avais aimé, je pense…

Le titre de celui-ci m'attirait "L'espion qui aimait les livres", je ne pouvais que succomber.

Mais bon, mon attirance a été de courte durée et je peux dire que cette lecture ne m'a pas réellement conquise.

Il a manqué selon moi, d'une peu de "liant" entre les différents personnages de ce roman et surtout d'explications.

Julian apparait comme le personnage "candide" en quelque sorte de cette histoire ou l'espionnage et le contre espionnage et les espions qui s'espionnent ont semé le trouble dans mon esprit...

Qui est qui, que font-ils, au nom de qui ? Voilà autant de questions restées pour moi sans réponses …

Julian le personnage qui ouvre sa librairie m'a plu mais son personnage n'est pas tellement mis en avant…

On comprend qu'il est le fils d'un espion et qu'il a décidé de changer de vie professionnelle en passant de trader à libraire… Un grand écart qui est assez brumeux et que j'aurais apprécié voir un peu plus expliqué.

L'entrée en scène d'Edward, l'énigmatique Edward va prendre en main la création de sa librairie….Comme ça, l'air de rien…. Edward a bien connu le père de Julian, dont on ne sait pas vraiment grand chose aussi, comme son fils d'ailleurs…

Dans ce livre, les divers personnages se trouvent en parallèle et les chapitres alternent en passant des uns aux autres et j'ai eu du mal à faire les liens entre eux.

On se doute bien que tout va se rejoindre sur la fin et que le livre s'achemine vers ça, mais honnêtement pour moi il manque des explications, des petits guides pour le lecteur et même à la fin je n'avais pas vraiment tout saisi.

J'ai appris par la suite, que ce livre n'a pas été édité du vivant de l'auteur, mais que c'est un de ses fils Nick Cornwell qui l'a sorti a titre posthume…

Alors, selon le fils c'est parce que ce livre en disait trop sur le renseignement et que John le Carré se serait abstenu par respect pour ses anciens employeurs … Mais pour moi c'est peut être parce qu'il manquait dans ce livre des éléments reliant tous les personnages et que John le Carré n'était pas satisfait de son travail d'écrivain….

Mais je fais là, bien des suppositions hasardeuses et je vous invite à lire la postface du livre où le fils de John le Carré s'exprime au sujet de son père et de ce livre.

Toujours est-il que au final, je n'ai pas tellement aimé cette lecture. Tout d'abord, pour son côté un peu "non finalisé ". Je n'aime pas ne pas tout comprendre dans une histoire, et là les zones d'ombres étaient un peu trop nombreuses à mon goût et elles ont gâché ma lecture

Je remercie néanmoins Babelio et les éditions SEUIL

pour m'avoir offert ce livre.

Je suis désolée de ne pas en faire vraiment une promotion formidable…

Je me rends compte aussi que mon billet est nébuleux et pas très bien construit, je m'en excuse.

Mais il reflète le brouillard qui m'a assailli à cette lecture…

Mais je sais que l'oeuvre littéraire de John le Carré, n'en a pas vraiment besoin et que vous trouverez bien d'autres romans pour vous faire plaisir.


Bon long week-end les amis et belles lectures à vous

dans cet automne qui semble enfin s'installer !
Lien : https://imagimots.blogspot.c..
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Le dernier le Carré s'intitule donc « L'espion qui aimait les livres », jolie pirouette de l'auteur, ex-espion ayant passé la majeure partie de sa vie à écrire des livres.
Tout avait commencé avec « L'espion qui venait du froid », (en réalité le troisième roman de l'auteur) celui qui décida de quarante ans de succès. A cette époque, George Smiley ne se posait pas de question, il faisait la guerre à un ennemi implacable. Et puis, un jour, George triompha de Karla, un autre vit le mur de Berlin s'effondrer ce qui permit à beaucoup de commentateurs de ce côté-ci du rideau de fer désormais bien rouillé de prétendre que c'était la « fin de l'Histoire ».
Les héros de le Carré firent désormais face à des multinationales pharmaceutiques (la Constance du jardinier), à des trafiquants d'armes (Le Directeur de nuit) et commencèrent à s'offrir le luxe de tomber amoureux (Comme un collégien, la Maison Russie). Ils se posèrent des questions sur le bien fondé de leurs missions (Le Chant de la mission), ils commencèrent à éprouver des sentiments et de la compassion pour les victimes de causes qu'ils étaient chargés de combattre (Un Homme très recherché).
Ici, le héros de la guerre froide a pris sa retraite, il ne s'intéresse plus qu'aux porcelaines et aux livres. Qu'a-t-il vécu en Bosnie ? Aurait-il repris du service à l'insu du « service » ? Les livres qu'il aime beaucoup lui serviraient ils de couverture ?
Inutile de déflorer plus avant cette intrigue subtile et pleine de sous-entendus.
Les espions réclament leur libre arbitre. La saga se termine bien loin de la rigueur de George Smiley mais n'est-elle pas l'exact reflet d'un Occident épuisé, endormi à force de compassion, préférant chercher à comprendre ses ennemis plutôt que les combattre ?
George Smiley est mort, John le Carré est éternel.
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critiques presse (6)
LeJournaldeQuebec
13 février 2023
Alors qu’il gagnait extrêmement bien sa vie dans le milieu de la finance à Londres, Julian Lawndsley, 33 ans, a tout laissé tomber pour ouvrir une librairie dans une petite station balnéaire du Suffolk. Une bien curieuse idée, car on ne peut pas dire qu’il en sait beaucoup sur la littérature.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LePoint
02 janvier 2023
L'auteur de La Taupe , disparu en 2020, gardait en secret un tapuscrit dans un tiroir. Son fils l'a exhume, le voici enfin traduit.
Lire la critique sur le site : LePoint
LesInrocks
23 novembre 2022
L’Espion qui aimait les livres répète beaucoup des obsessions de l’auteur – comme la tromperie, qui se joue aussi bien entre agents secrets que dans la vie privée, puisqu’Ellen, la femme archéologue de Proctor le trompe, comme celle de Smiley, son agent culte, le trompait aussi -, au point de nous donner une impression de ressassement, de déjà-vu.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Culturebox
21 novembre 2022
Il ne s’agit pas d'un coup d’édition un peu artificiel, et on retrouve dans ce roman le talent et la veine du John le Carré des derniers romans, un peu désabusé, comme ses héros fatigués et guère optimistes sur la marche du monde, mais avec toujours une élégance, un sens de l'humour et une distance très britannique.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Telerama
13 octobre 2022
Minutieux et captivant, L’Espion qui aimait les livres, qui rassemble toutes ces qualités, est placé sous les auspices de W.G. Sebald et des Anneaux de Saturne, incomparable chef-d’œuvre de mélancolie, précisément ancré dans ce comté de l’est de l’Angleterre où se croisent, s’épient, se mentent et se manipulent les uns les autres les protagonistes.
Lire la critique sur le site : Telerama
Bibliobs
03 octobre 2022
Dans ce roman passé à la trappe, le Carré dépeint avec précision les agents, la hiérarchie, les protocoles et les secrets (mal) gardés de la Couronne britannique.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
Il se demandait comment cela pouvait bien être de se forger dans ce creuset de culpabilité et de honte. De savoir que même si on y consacre sa vie, on n’arrivera jamais à effacer cette souillure. De s’investir tout entier chaque fois pour finalement voir tout s’effondrer, que ce soit en Pologne ou littéralement de manière encore plus cruciale, en Bosnie
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Moi, faire défection à la City ? N’importe quoi ! J’étais un prédateur assumé dès le premier jour, pas du tout un converti. Je suis venu, j’ai pris, j’ai conquis, je suis parti. Point final.
Quant à mon regretté père, soit. On peut éventuellement considérer qu’il a fait défection à la religion. Mais bon, un fois qu’on a baisé la moitié des dames pieuses de sa paroisse, il est sans doute temps de divorcer de Dieu par consentement mutuel.
(p. 46)
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...l'homme traverse enfin la rue, il ôte son chapeau, pousse la porte du magasin et passe une tête chenue d'une soixante d'années à l'intérieur.
"Vous êtes fermé, informe -t -il Julian d'une voix catégorique. Vous êtes fermé, et je reviendrai un autre jour, j'insiste. "
Sauf qu'une chaussure de marche marron boueuse a déjà franchi le seuil et que sa jumelle l'imite, bientôt suivie par le parapluie.
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[…] Un beau salaud. Catholique intégriste, fasciste débridé, il trouvait les nazis tip top. Il leur a léché le cul, il les a aidés pour les déportations, il leur a indiqué des cachettes de juifs et il a décroché un emploi de bureau pépère qui consistait à les expédier en masse dans les camps. Bref… Après la guerre, il s’est fait serrer. Il se planquait dans une ferme en jouant les bouseux. Procès expéditif, pas de fioriture, pendaison sur la place du marché devant un gros public. […]
(p. 102)
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Il me semble que ces deux paragraphes résument l'état d'esprit de John le Carré. Il est certainement Proctor, et aurait pu être Edward.

Edward aimait-il encore le Service, malgré ses nombreuses tares ? Il lui poserait la question. Et sans doute Edward lui répondrait oui, comme nous tous.
Edward considérait-il le Service comme le problème plutôt que comme la solution ? Parce que cela arrivait parfois à Proctor. Edward craignait-il que, en l'absence de toute cohérence dans la politique étrangère du Royaume-Uni, le Service ait pris la grosse tête ? A vrai dire, cette idée avait aussi traversé l'esprit de Proctor, il le reconnaissait volontiers.
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