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EAN : 9782207114599
380 pages
Denoël (22/08/2013)
3.57/5   7 notes
Résumé :
Iasi, Roumanie, début des années 1950. Un jeune homme est retrouvé sur les marches de l'hôpital, frêle comme un oiseau tombé du nid. Le garçon ne prononce pas un mot, impossible de savoir qui il est, d'où il vient. Il ne parvient à s'exprimer qu'en dessinant.
Lentement, les souvenirs vont éclore sur les feuilles de papier : d'abord une colline, puis une étable, des chiens, des samovars, le tableau troublant et mélancolique d'un monde perdu. Seule une jeune in... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un homme voyage dans un train vers la ville, un lieu inconnu de lui jusqu'alors. Il erre puis s'écroule, inconscient, devant un hôpital. Des infirmières, des médecins, vont prendre soin de lui. Si l'homme voit sa santé physique s'améliorer, il refuse pour autant de parler. Une infirmière, Safta, va nouer un lien particulier avec lui. Elle l'a en effet reconnu : cet homme s'appelle Augustin, c'était le fils de la cuisinière de ses parents quand ils vivaient dans leur grande maison à Poiana, entourés de tout un cortège de domestiques. Et elle sait qu'Augustin est sourd-muet. Alors, patiemment, elle s'efforce de renouer le fil avec cet homme qui la relie à un passé révolu. Ce fil, c'est le dessin, le seul moyen pour lui de communiquer avec les autres, mais surtout avec lui-même, et de remettre un peu d'ordre, de la cohérence dans tout ce qu'il perçoit. Remettre du sens là où le monde lui paraît bien absurde. Car cette ville est située en Roumanie et l'intrigue se déroule peu de temps après la seconde guerre mondiale, sous la férule communiste.

Ce roman déroule son intrigue en se calquant d'abord sur les perceptions d'Augustin, amputées d'une strate de réalité, celle des sons. le rythme est donné dès le début, celui de la lenteur, du silence, d'une observation minutieuse du réel basée sur la vue. Cette tonalité particulière est séduisante, au départ. Dans cette lenteur, c'est toute une retenue, un tact et une pudeur que l'auteur fait jaillir, au détour des mots, et l'on parvient à pénétrer dans la réalité d'Augustin. C'est comme si les mots de l'auteur, dans leur concision extrême, parvenaient à décrire l'absence de sons et l'impossibilité de cet homme à communiquer verbalement. Mais c'est avant tout dans le regard de Safta qu'Augustin parvient à peindre le silence qui l'environne et à lui donner des contours. Ce regard, la jeune femme a appris à l'aiguiser dès son enfance : « Un rayon de soleil, le foin doré, des grains de poussière en suspension ; mais il resta là, morne, les bras ballants, les yeux rivés sur le plancher. Il refusait de lever les yeux, même pour Safta. Il avait ce pouvoir – lorsqu'il ne regardait pas, le monde n'existait pas » (p. 52).
Si la lenteur permet d'installer un climat particulier, une strate de réalité singulière, et semble fascinante au début, elle lasse cependant assez vite, car ce rythme perdure tout au long du roman. de majestueux, le climat devient vite lourd tant les épisodes passés (qui alternent avec l'intrigue au présent) sont dramatiques, d'autant qu'Augustin ne peut donner sens à ce qui se passe autour de lui.
Au final, « L'Homme sans mots » me laisse un goût mitigé, entre beauté fascinante du silence qui jaillit sous le pinceau des mots, et monotonie, pesanteur d'ensemble, le tout dans des décors dépeints de manière sublime.
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Au début du roman, on suit le voyage d'un homme dans un train, mais pour Augustin, ce voyage n'est pas banal, c'est son ultime chance de retrouver la personne dont il a été séparé depuis si longtemps. Et cette personne, c'est Safta, avec qui il a grandi, il était le fils de la cuisinière, elle était la fille de la « grande maison », en des temps qui sont révolus. C'était avant la Seconde Guerre Mondiale, où la vie était paisible, rythmée par les saisons. Et puis, la guerre est passée par là et avec elle son lot d'horreurs et de chagrin, et tout a changé. Quand il arrive à l'hôpital, Augustin est inconscient et en très mauvais état, il va peu à peu se rétablir. Mais il ne parle pas, il reste totalement hermétique aux autres, il ne cherche pas à communiquer avec le personnel soignant, il semble retiré en lui-même. Seule Safta va réussir, peu à peu à entrer en relation avec lui, et petit à petit, le lien qui les unissait dans le passé va se retisser. On va voyager dans leurs souvenirs, on va découvrir ce qui s'est passé pendant cette période troublée de la guerre, et les événements dramatiques auxquels Augustin a été confronté. Enfant, Augustin s'exprimait par le dessin, il retranscrivait tout ce qu'il l'entourait sur le papier, il fabriquait des figurines représentant les personnes qui l'entouraient. Mais quand, à l'hôpital, Safta lui donne du papier et des crayons, il reste les yeux rivés au plancher, et refuse de dessiner.
Georgina Harding sait rendre à merveille la douleur que ressent Augustin, les sons et les paroles lui sont inutiles, c'est au travers de ses dessins qu'il perçoit la vie, la sienne et celle des autres. Avec Augustin, l'auteure nous plonge dans son monde de silence, dans un monde d'images sans aucun son, donnant ainsi au roman une tonalité très particulière. On se laisse bercer par cette douce lenteur, on visualise chaque scène du roman comme si l'on en faisait partie et on se laisse totalement emporté par ce rythme, sans jamais se lasser. Et la fin arrive beaucoup trop vite, on aimerait continuer à voyager avec Augustin et Safta, juste encore un peu…
Lien : http://leschroniquesdu911.bl..
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Grâce à Babelio et à sa récente opération masse critique, j'ai reçu récemment « L'homme sans mots » de Georgina Harding, en échange de l‘engagement d'en publier une critique sous 1 mois. Malheureusement, une chose en entrainant une autre, j'ai oublié… et dépassé le délai. Que Babelio et Pierre Krause veuillent bien m'en excuser. Voici donc ma critique :

Parmi la grande masse de livres proposés, j'ai choisi celui-là parce qu'il parle de mots. Je suis fascinée par la relation au langage et à la langue. Dans ce roman, je suis servie !

Un jour échoue dans un hôpital de Bucarest un homme sans mots. Il est malade, affamé, en danger. Une infirmière le reconnaît et se consacre à lui. Après sa sortie de l'hôpital, elle va continuer à l'aider, au nom de leur histoire commune, de leurs enfances proches et lointaines à la fois. Cet homme ne parle pas. Sourd de naissance, il a grandi sans mots.

Si je suis vite rentrée dans ce roman, j'ai aussi vite ressenti des difficultés à le lire. En effet, le lecteur rencontre rapidement quelques phrases maladroites ou des répétitions Ainsi, dans un court paragraphe :
« C'étaient des braques de Weimar, des chiens de chasse à la robe luisante d'une douce couleur grège. (…) Les chiens étaient d'une race allemande ».
Ou encore :
« le début de la nuit dut venteux, agité. Elle se retira dans la chambre, qui se trouvai à côté de celle des enfants, mais elle ne parvint pas à dormir ».
Je vois là des lourdeurs, une recherche de trop d'explications qui nuit à la fluidité de lecture.

Mais en même temps, je me laissais happer par l'histoire de cet homme sans mots (...) la suite sur mon blog
Lien : http://encrebleunuit.blogspo..
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Très joli roman à la construction bien maîtrisée, un brin nostalgique, de la poésie dans l'écriture : un très agréable moment de lecture.
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Pour tout écrivain, recréer avec des mots le monde de ceux qui en ont perdu l'usage est un défi. Avec ce roman, « Georgina Harding l'a brillamment relevé, estime Clark, en explorant à travers son protagoniste muet les graves questions de l'identité et de l'attachement, de l'inadéquation du langage et des inconséquences des hommes »
Lien : http://www.books.fr/en-libra..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Un léger « Ti » sortit d’entre ses dents, le premier son du premier mot. Le doux souffle de « nu ». Voilà.
Il le sentit. Il leva la tête et plongea son regard dans le sien. Et, à ce moment précis, elle détourna les yeux.
Dans le monde de Safta, il y avait des sons, différentes strates de réalité, des distractions. Il y avait plus que Tinu.
Il y avait le soleil qui brillait de l’autre côté de la porte de la grange.
Le scintillement de la carrosserie d’une voiture qui approchait, entre les arbres.
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« Tu as raison. Il n’y a aucune raison de parler. Parler, ça ne nous mène nulle part. Tous ces gens doivent avoir des mots dans leur tête. Des nuées de mots. Des mots qu’ils veulent vraiment dire et des mots qu’ils ne veulent pas vraiment dire et des mots dont ils ne savent pas ce qu’ils veulent dire.
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Généralement, il aimait cet endroit, d’où il avait une vue complète panoramique sur la cour, le chemin d’accès, les allées et venues. Un rayon de soleil, le foin doré, des grains de poussière en suspension ; mais il resta là, morne, les bras ballants, les yeux rivés sur le plancher. Il refusait de lever les yeux, même pour Safta. Il avait ce pouvoir – lorsqu’il ne regardait pas, le monde n’existait pas.
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Elle a parlé avec audace, et sans une once de regret ; néanmoins, le regret semble résonner dans la pause qui suit. C’est un regret désincarné qui n’appartient ni au locuteur ni à l’interlocuteur, mais seulement au dénuement de l’histoire.
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Dans le silence, ils entendent encore la pluie. Que peut-il dire ? Il y a eu le passé, et maintenant il y a ce présent qui n’est qu’une attente de l’avenir. Il se prolonge indéfiniment. Trop longtemps. Ils sont tous les deux si fatigués.
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Video de Georgina Harding (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Georgina Harding
Béatrice Duval - Rentrée Littéraire Denoël 2013 .Béatrice Duval vous présente la rentrée Littéraire Denoël 2013. Georgina Harding, "L'Homme sans mots" http://www.mollat.com/livres/harding-georgina-homme-sans-mots-9782207114599.html Fabio Stassi, "La Dernière Danse de Chalot" http://www.mollat.com/livres/stassi-fabio-derniere-danse-charlot-9782207115589.html Jocelyne Saucier, "Il pleuvait des oiseaux" http://www.mollat.com/livres/saucier-jocelyne-pleuvait-des-oiseaux-9782207116104.html Notes de Musique : Enrico Rava 5 Birth Of A Butterfly
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