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EAN : 9782070392728
108 pages
Gallimard (24/01/1995)
4.04/5   154 notes
Résumé :
"Je n'ai rien à vous dire que vous ne sachiez déjà." Christian Bobin décide "simplement" de nous parler "à partir de ce don d'inexistence également réparti entre chacun de nous. (...) Cette inaliénable égalité devant le vide, l'horreur du vide, la souveraineté du vide". Dans le silence cristallin de ce vide, comprenez ces moments d'essence pure dont se brodent nos vies, Bobin cueille : des bouquets d'essentiel, d'originel ou d'élémentaire. Il s'adresse au "lisant" d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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« On prend ce livre, on le feuillette. Et puis comment vous dire. Cela vient très lentement. C'est comme une chose fragile qui demanderait à naître. Elle vient du dedans. Elle monte lentement dans le jour. Il y a cette pensée encombrée, prise à mi-chemin : alors on va à sa rencontre. On va dans le fond de sa vie ».

Christian Bobin, encore une fois, arrive à traduire ce sentiment étrange qui m'étreint, qui vous étreint, devant un livre.
Comment traduire mieux que lui cette envolée vers soi-même, dans la solitude bienveillante ?

Ce tout petit ouvrage se savoure et doit se relire, car cette fois, des phrases sont restées obscures pour moi. Peut-être ai-je voulu le parcourir trop vite, pressée d'entrer dans l'univers des autres livres qui m'attendent, pressée de me retrouver.

N'empêche, la solitude, l'amour, la lecture, l'écriture : tout cela est traduit par Christian Bobin en lettres d'or.
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N'imagine pas fréquenter des sentiers battus avec Christian Bobin.

N'imagine pas tirer sur un brin de laine qui sort de l'écheveau et dénouer une intrigue. Il n'y en a pas. Un bouquin de Bobin, c'est un sac de noeuds. Noeuds au cerveau, au coeur, noeuds à l'âme.

Un bouquin de Bobin, tu peux le commencer à la page 57, le lire à rebours, le reprendre n' importe où, dans l'autre sens, de toute façon tu n'iras pas vers la fin, il n'y en a pas.

Alors qu'est qu'il y a dans un bouquin de Bobin ?

De la lumière et du sang. Il aime ça !

Du sang, pas le genre hémoglobine qui coule à flot dans les séries policières de bas étage. du sang comme celui qui véhicule la vie dans ton corps animal. du sang qui irrigue ton cerveau. du sang qui permet cette curieuse alchimie qui transforme un phénomène physique en prodige psychique.

Cette alchimie qui transforme le plomb en or ?

Oui si tu veux. Si le plomb c'est la lourdeur de ton corps de mammifère, si l'or c'est l'éclat de tes pensées. Celles qui font de toi un être pensant. Donc inquiet.

Un bouquin de Bobin, c'est une collision de fulgurances qui cascadent dans les synapses de ses neurones, pour gagner les tiennes. Comme une osmose. Ce phénomène physique qui équilibre la concentration des substances au travers d'une paroi poreuse.

De la lumière ? Pas celle de la lampe à incandescence. Celle qui éclaire ton âme. Celle dans laquelle tu baigneras quand tu auras fait le grand saut dans l'inconnu. Tu sais bien, cette échéance qui te fait peur. La lumière céleste !

Un bouquin de Bobin, y'en a qui peuvent trouver ça un brin circonvolutions mielleuses. D'autres grandement sublime. Tous auront raison. A partir du moment où ils rangeront le prosélytisme aux oubliettes.

Un bouquin de Bobin et moi ?

J'y pioche quelques phrases. Elles me font réfléchir. Je trouve qu'elles dédramatisent des sujets graves. Alors, des fois, ça me fait du bien.

Mais pour en parler avec les autres, c'est difficile. Parce qu'un bouquin de Bobin, c'est pour toi, pour ton intérieur intime.

L'avantage avec un bouquin de Bobin, c'est que tu peux le tirer de son rayon de ta bibliothèque, lire une ou deux pages et le reposer. Y revenir, ou pas.

L'avantage avec un bouquin de Bobin, c'est que tu peux ne pas le lire.
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Bobin ne fait parfois penser à Jacques Prévert, et dans ce livre-ci, ce serait à cette poésie :
« Quel jour sommes-nous
Nous sommes tous les jours, Mon amie
Nous sommes toute la vie, Mon amour
Nous nous aimons et nous vivons
Nous vivons et nous nous aimons
Et nous ne savons pas ce que c'est que la vie
Et nous ne savons pas ce que c'est que le jour
Et nous ne savons pas ce que c'est que l'amour. »

L'amour, la solitude, le vide, la mort… : avec quelle vérité, quelle profondeur légère, quelle force, il nous en parle…

Et même, s'il m'a parfois agacée ici, avec toute cette prose à la Dali…. enfilez-les tous, le lecteur ramassera les perles…., et ce je ne sais quoi d'angélisme qui plane, je ne parviens pas à douter… je reste inconditionnelle de Bobin : touchée, trop touchée à coeur par sa volupté du dépouillement et sa parole libre.
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Qu'il est bon et réjouissant de lire Christian Bobin. Cette parenthèse dans des vies qu'on ne prend plus le temps de vivre. Se dire qu'il a raison et que le vide ne doit pas faire peur mais aider à mieux apprécier ce qui est. Qu'il est plaisant d'être guidée par la lumière dont il nous parle, par le mot matérialisé en lecture ou écriture mais parfois tu et si plein de sens.
Qu'on tombe amoureux de l'Amour quand on lit cet ouvrage.

La vie ne peut être appréciée que parce que l'ombre s'oppose à la lumière, la nuit au jour, la peine à la joie etc.

Aujourd'hui l'individu a peur du vide, de l'ennui ; il cherche en permanence l'occupation.

Merci M.Bobin de nous rappeler que contempler, aimer, se poser avec soi-même, c'est naturel, bénéfique et indispensable pour se rendre compte de qui nous sommes, de la vie que nous désirons réellement et de ce que notre regard peut aussi apporter à l'autre.

Lire Christian Bobin, c'est, pour moi, toujours un enchantement.
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Une invitation à pérégriner avec Christian Bobin le long de ses journées apparemment vides. Des journées qu'il passe entre lecture, écriture, marches solitaires. de cette pérégrination naissent des confidences qui ne peuvent qu'être murmurées à l'oreille du lecteur. Elles parlent de l'amour des livres, du "sablier des lectures où ne s'écoule que l'immobile, qui ne mesure que cette heure avancée dans le temps, la même, toujours la seule". Silence et solitude de celui qui écrit et de celui qui lit. Et entre eux, comme un lien : les mots, qui arrivés en vrac, se sont liés à la pensée pour s'ordonner dans des phrases. "La phrase, c'est le rythme. le rythme, c'est le souffle et le souffle c'est l'âme non entravée dans sa capacité de jouir". En écrivant, c'est dans un même mouvement que Christian Bobin "s'efface dans le jour, et que le ciel s'avance sur la page".
Lire Christian Bobin, c'est entrer religieusement dans son silence, écouter "le bruit que font les livres qui marmonnent. Ils disent quelque chose, à voix basse, monocorde. Inlassablement. Ces textes, des poèmes, affectent la vue de la même façon, exactement, que l'audition, lointaine, irréelle, de chants grégoriens, dans la fraîcheur d'une église visitée, affecte l'ouïe. Au travers de ces deux sens, la lecture comme ces chants inventent quelque chose de notre âme".
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Citations et extraits (88) Voir plus Ajouter une citation
La vraie vie, celle qui n'est pas dans les livres mais dont les livres témoignent, où est-elle ?

Un autre jour. J'ai oublié de vous parler de la neige qui est venue, hier, tardive, en début de soirée. De cette idée d'éternité qui est venue avec elle, qui se confondait avec son mouvement, avec sa blancheur. Douceur effondrée, lentement effondrée. J'ai tout arrêté pour la regarder, et déjà cette lettre. Je ne sais pas pourquoi je vous écris cela. J'ai regardé cette neige. Longtemps. Je ne pensais pas. Je ne pensais à rien. Ou si j'avais des pensées, leur mouvement et celui de la neige ne faisaient qu'un seul. Cette fascination, cette indistinction maladive entre le dehors et le dedans n'est pas sans rapport avec ce que je veux vous dire. La lecture, le fait de lire n'en serait qu'une variante.
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XIII
     
Vous m’avez offert un bouquet de sept roses, autant que de jours de la semaine. Elles brûlent dans l’air limpide. Elles s’ouvrent dans la chambre profonde comme un ciel. Avec le soir, elles se referment sur votre absence. C’est une chose étrange que l’absence. Elle contient tout autant d’infini que la présence. J’ai appris cela dans l’attente, j’ai appris à aimer les heures creuses, les heures vides : c’est si beau d’attendre celle que l’on aime.

Il n’y a rien dans l’attente, que la vie seule, nue et pauvre. Elle ignore la défaite comme le triomphe, l’amertume comme la puissance. Elle ne sait que la grâce d'un silence sur la terre tendre, sous le ciel calme.
Elle nous apprend que l’amour est impossible et que, devant l’impossible, on ne peut réussir ni échouer, seulement maintenir un désir assez pur pour n’être défait par rien.
     
     
Lettres d’or - pp. 99-101
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Lettres d'or – extrait- II

« Il y a un temps où ce n'est plus le jour, et ce n'est pas encore la nuit.

Il y a du bleu dans le ciel, mais c'est une couleur pour mémoire, une couleur pour mourir. On voit ce qui reste de bleu et on n'y croit pas.

La dernière lumière s'en va. Elle a fini son travail qui était d'éclairer les yeux et d'orienter les pensées, et maintenant elle s'en va.
Elle glisse du ciel vers les arbres, puis des arbres sur la terre.
Quand elle touche le sol, elle est toute noire et froide.

On regarde. Ce n'est qu'à cette heure là que l'on peut commencer à regarder les choses ou sa vie : c'est qu'il nous faut un peu d'obscur pour bien voir, étant nous-mêmes composés de clair et de sombre.

Dehors il y a les étoiles. Elles sont comme des clous enfoncés dans le ciel, de l'autre côté, du côté où l'on ne sait pas. Elles brillent, dépassant légèrement leur pointe.
Un vent noir passe sur les chemins, dessous les pierres, entre les haies. Il traverse toutes les choses comme un parole d'eau pure. Il fait comme un murmure disant que tout va bien, que l'on peut sans regret baisser les paupières, et entrer lentement dans l'ondée d'un sommeil.

Dedans, il y le silence de la maison. Le livre des heures, ouvert à la page du repas. On coupe le pain blanc. On verse une poignée de couleurs dans une eau frémissante.

Avec le soir, descendent les grands sentiments. Ils entrent dans l'âme comme des loups dans les villes.
C'est la faim que l'on a, qui vous tient tout le long du jour et qui vous serre un peu plus dans ces heures-là-la faim de beauté, de calme et de joie.
Ce sont les anges qui nous regardent, qui sont des gens comme nous, sauf que rien ne les trouble : si purs que personne ne les voit.
C'est un mélange de choses qu'on ne sait pas bien dire, peut-être parce que personne ne sait bien les entendre.

On se tient là, dans la fraîcheur d'une pensée sans objet, comme une jeune femme appuyant ses épaules sur la porte grande ouverte, attendant la venue de l'ami, mais il ne vient pas et elle reste quand même, et c'est un autre jour, puis un autre encore, et ce sont des jours de sa vie qui passent devant elle, toujours là, confiante, le dos contre la grande porte de bois.
Puis c'est la mort qui vient et la frôle sans la prendre, n'osant réclamer son dû, ajoutant simplement son silence à tout ce silence qui était avant elle. Telles sont les pensées qui nous viennent dans le soir.

Ce sont les pensées les plus claires que nous aurons jamais, étant sans phrases, étant sans bruit. Elles n'appellent ni ne demandent, se tenant sur les marches du sang comme une jeune fiancée sur les pierres du seuil, avec beaucoup de vies et de morts mises auprès d'elle, qu'elle n'aura pas goûtées, à peine touchées au bout des doigts.
C'est une heure dans les fins de l'été.

C'est une heure éternelle dans la vie de chaque jour.

C'est l'heure où vous étiez nue dans cette chambre, et à présent vous n'êtes plus là et je vous vois encore, et j'ose à peine vous regarder, car toutes les lumières se sont retirées en vous et leur blancheur m'éblouit. »


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Ce sont les ombres claires, ce sont les livres aimés. Ils entrent dans nos vies avec le soir, avec la pluie, avec la violence de la pluie sur le sol de la chambre, par un volet mal tenu, par un carreau brisé, par l'irrépressible envie de mourir au sommet d'un amour, au secret d'une enfance. Les livres aimés nous enlèvent au plus loin de nous-même, dans l'imaginaire du bonheur , dans le grand vent des récits, ils disent : regarde comme tout est beau , les lumières de ce soir, on dirait de la soie, de la peau , touche. Les livres aimés sont des rayons de miel fauve, de miel brun. Leurs pages sont venues comme ca, d'un seul coup. C'est l'auteur, c'est personne. Les manches de chemise retroussées jusqu'aux coudes, il a plongé son bras dans la ruche éternelle. Avec cette délicatesse des rustres, des sauvages, il a ramené ca, l'auteur, personne : quelques herbes, quelques phrases, quelques astres.
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Aimer quelqu'un, c'est le dépouiller de son âme, et c'est lui apprendre ainsi - dans ce rapt - combien son âme est grande, inépuisable et claire. Nous souffrons tous de cela : de ne pas être assez volés. Nous souffrons des forces qui sont en nous et que personne ne sait piller, pour nous les faire découvrir.
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Vidéo de Christian Bobin
Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ? Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire – Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche Son par Adrien Vicherat Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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