L'ouvrage est universitaire avec ses qualités d'exhaustivité et d'exactitudes mais aussi avec ses défauts: dénigrement systématique des études précédentes sur le sujet, schémas, graphiques ou dessins peu compréhensibles, informations crues et parfois répétées. Sans sombrer dans le roman, un peu de liant ou des fenêtres de réflexion auraient pu être proposées au lecteur. Ceci étant, l'ouvrage est sans doute une référence pour ceux que la question intéresse. A noter que les faits évoqués quant à l'habitat, mode de vie et aux croyances se référent à 1960 et l'auteur le dit lui-même, depuis cette date, la loi et l'armée équatoriennes ont réduit énormément la liberté d'être des Jivaros.
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En revanche, les femmes qui désirent avoir un enfant et qui n'en ont pas conçu depuis un certain temps, peuvent recourir à un remède contre la stérilité: on réduit en poudre l'os d'une patte de renard qu'on mélange à de la bière de manioc, et on avale la mixture. (p.95)
L'infanticide n'est pratiqué régulièrement que dans les cas d'enfants difformes; il s'accomplit par piétinement du nouveau-né. (p.98)
En revanche, on encourage pas les enfants à jouer, puisqu'on croit que jouer détermine l'aversion pour le travail. Un enfant qui plaisante ou qui fait l'idiot ne suscite pas non plus l'enthousiasme, car un comportement de ce genre est censé le mener au mensonge dans sa vie d'adulte. (p.101 éd. pte bibl. Payot, 2006)
L'importance des chiens pour la chasse, le jardin et la défense, explique amplement les soins qu'on leur prodigue. Lorsque naissent des chiots, une des femmes de leur propriétaire observe une sorte de couvade pendant laquelle elle reste allongée auprès de la chienne pour protéger la nichée contre le mal surnaturel. Le chiot est allaité aussi bien par la femme que par la chienne. Même au cours de sa vie adulte, le chien dort sur le lit; à côté de ses maîtres, et on lui donne à manger du manioc prémâché dans un bol en bois particulier. Les chiens, comme les gens, ont droit au datura hallucinogène qui les aidera à obtenir des pouvoirs surnaturels.
p. 74 éd. Petite Biblithèque Payot, 2006
Le chef, Quirruba, qui avait tout prévu et tout préparé avec une grande habileté, prit possession de la maison où logeait le gouverneur. (...) apportant l'or que son peuple avait amassé pour les célébrations ainsi que tout ce qui était nécessaire pour faire fondre cet or. Ils tuèrent tous les gens qui se trouvaient à l'intérieur, à l'exception du gouverneur qui, surpris par cette arrivée, n'avait pas eu le temps de revêtir sa tenue. Ils lui annoncèrent que le temps était maintenant venu pour lui de recevoir l'impôt en or qu'il avait réclamé. Ils le déshabillèrent complétement, lui lièrent pieds et poings (...) d'autres installaient dans la cour une grande forge où ils mirent l'or à fondre. Quand l'or fût prêt dans le creuset, ils lui ouvrirent la bouche avec un os, disant qu'ils voulaient voir si pour une fois il aurait assez d'or.
p. 26, éd. petite bibliothèque Payot, 2006.
Les Jivaros croient que les éléments qui déterminent vraiment la vie et la mort sont des forces cachées qu'on ne peut voir qu'avec des hallucinogènes. La vie quotidienne qu'on mène à l'état de veille est explicitement reconnue comme "fausse" ou "mensongère"; et le seul moyen de connaître la vérité sur les causes premières est d'entrer dans le monde surnaturel, monde que les Jivaros tiennent pour "vrai"; car les événements qui s'y déroulent sous-tendent bien des mystères et des manifestations de la vie quotidienne dont ils sont le fondement.
L'un des rares gestes "amicaux" qu'on impute à cette tribu durant cette période eut lieu en 1767: elle fit des "cadeaux" à une expédition de missionnaires espagnols; parmi ces cadeaux, il y avait des crânes d'Espagnols qui avait sans doute été tués auparavant par des Jivaros.
Interview en anglais de Michael Harner sur le chamanisme auquel il consacre sa vie