Robert Harris, maintenant on connaît. Cet auteur britannique, né en 1957, nous gratifie depuis «
Fatherland » (1992) de grands thrillers, historiques ou pas, d'une excellente facture, mélangeant suspense et érudition, avec une très belle écriture. S'il s'est intéressé à plusieurs reprises à la Seconde Guerre Mondiale («
Fatherland – 1992 », «
Enigma – 1995 », «
Munich – 2017 », « V2 – 2020 ») l'Antiquité romaine l'a inspiré avec bonheur pour deux excellents ouvrages : «
Pompéi » (2003) et la trilogie consacrée à
Cicéron («
Imperium – 2006 », «
Conspirata – 2009 », «
Dictator – 2015 »).
«
Pompéi », comme on peut s'y attendre, raconte l'éruption du Vésuve en l'an 79 après Jésus-Christ. Depuis quelques temps, les signes alarmants se précipitent : sécheresse, failles dans l'alimentation de l'aqueduc, mort de poissons, odeur de soufre, et surtout tremblements de terre et inquiétudes autour du Vésuve. Un nouvel « aquarius » (ingénieur des eaux, le Véolia de l'époque) est nommé : Vous le connaissez certainement, on en parle dans « Hair », rappelez-vous :
When the moon is in the Seventh House
And Jupiter aligns with Mars
Then peace will guide the planets
And love will steer the stars
This is the dawning of the Age of Aquarius
The Age of Aquarius
Aquarius! Aquarius!
Bref, cet aquarius-là est un jeune veuf, Marcus Attilius Primus, qui voit tout de suite que l'aqueduc a besoins de réparations profondes et urgentes. Mais, vous savez comment ça se passe, pour les chantiers, il faut un budget, et il faut négocier avec les édiles et les hommes d'affaires, notamment Numerus Ampliatus, un ancien esclave devenu milliardaire, qui a tous les défauts, sauf un, sa fille la belle Corelia qui va bien sûr s'intéresser (c'est un euphémisme) à notre héros. Mais pendant ce temps, le temps court, les évènements se précipitent et le Vésuve se fait de plus en plus menaçant…
Avec
Robert Harris on n'est jamais déçu : on sait qu'on aura de toutes façons un bon thriller, avec des personnages auxquels on s'attache, une intrigue qui nous tient en haleine, une documentation de premier ordre (technique et pointue, mais jamais lassante) et un savoir-faire exceptionnel qui allie le conteur à l'historien, sans pédantisme, sans démagogie. Même si comme dans le cas présent on sait ce qui va se passer.
La catastrophe de
Pompéi a fait couler bien plus d'encre que le Vésuve a fait couler de lave, et ce n'est pas peu dire. Pour les amateurs, côté Histoire, je vous conseille le « Découvertes Gallimard » qui y est consacré : «
Pompéi, la cité ensevelie » par
Robert Etienne, Découvertes-Gallimard n° 16 (pas très récent, mais cette collection est incontournable pour le sérieux des textes et l'iconographie, toujours remarquable). Et côté romans chez Omnibus : «
Pompéi, le rêve sous les ruines » qui réunit cinq romans majeurs : «
Les derniers jours de Pompéi », de
E. Bulwer-Lytton, « Arria Marcella », de Th. Gautier, « Gradiva », de W. Jensen, «
La Danseuse de Pompéi », de
Jean Bertheroy, et « Les Derniers jours d'Herculanum » de R. Llewellyn, le tout présenté, annoté et assorti d'un solide dossier historique et littéraire signe
Claude Aziza (autant dire le top). le «
Pompéi » de
Robert Harris complète parfaitement cette anthologie.
Pompéi, ce n'est pas
Pompéi, c'est divers… regards sur un évènement historique qui, au fil du temps, est devenu un mythe : celui de la fin du monde (ou d'un monde, comme on voudra), catastrophe naturelle ou punition divine, chacun trouvera son explication, son prétexte ou son excuse…