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3,8

sur 587 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
🗽 J'aime beaucoup la littérature américaine. Pourtant jusqu'ici je n'avais jamais été tentée par les romans de Jim Harrison car le film «Légendes d'automne» m'avait profondément ennuyée (n'en déplaise aux fans de Brad 😉).
J'ai finalement changé d'avis après avoir lu quelques retours enthousiastes sur les oeuvres de cet auteur.

Après quelques recherches, mon choix s'est porté sur «Un bon jour pour mourir» parce qu'il fait partie des premiers romans de l'auteur et que ce titre m'intriguait.

🐟 Dans un bar de Key West, un jeune pêcheur (notre narrateur anonyme) rencontre Tim, un ancien combattant du Viêtnam toxico. Leur conversation s'oriente sur les rumeurs de construction d'un barrage sur le Grand Canyon. Les deux hommes sans attache et imbibés d'alcool décident alors d'entreprendre un voyage pour dynamiter le barrage contre nature. En chemin, ils embarquent Julia, la petite amie de Tim dont le narrateur tombe vite amoureux.
Au fur et à mesure de ce road trip vers l'Ouest, des bribes du passé du narrateur sont révélées.

🌵 le style est simple et fluide. Il n'y a pas vraiment d'histoire. Pourtant j'ai aimé suivre ces trois jeunes désabusés s'improvisant écoterroristes à travers les vastes étendues américaines pour poursuivre un but environnemental à défaut d'autre but dans leur vie en dehors de l'alcool et la défonce.

Le protagoniste semble las de tout, a des tendances suicidaires et a laissé femme et enfant derrière lui, ne trouvant un peu de paix que dans la pêche à la truite et au tarpon et dans ses nombreux fantasmes.

Tim est revenu écorché du Vietnam (au sens propre comme au figuré) et Julia essaie en vain de retrouver le Tim qu'elle a connu avant la guerre et les substances chimiques.

🌵 «Courage, c'est un bon jour pour mourir» était un proverbe de la tribu des Nez-Percés à l'approche de la guerre. Comme cette guerre intérieure et désespérée que mènent ces jeunes gens.
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Il est des livres qui vous marquent un peu plus que d'autres. Sans être un chef d'oeuvre, celui-ci en fait partie.

Mais avant de vous dire ce que j'ai retenu de ce roman, un mot sur l'histoire et les personnages.

"Un bon jour pour mourir", c'est l'histoire d'un road-trip à travers l'Amérique des années soixante, au cours duquel un féru de pêche dépressif accro aux somnifères et au whisky -le narrateur-, un ancien vétéran du Vietnam impulsif qui carbure aux amphétamines et une belle blonde, un peu perdue, aux courbes pulpeuses et aux jambes interminables, décident lors d'une beuverie de faire sauter un barrage du Grand Canyon. Ainsi l'étrange équipée sauvage, unis par cette mission folle, absurde et dérisoire, balance au fil du récit entre euphorie chimique et déprime corsée avant de se terminer fatalement en une sévère gueule de bois !
Mais ne nous trompons pas, cette mission et ce voyage ne sont en fait qu'un prétexte, qui permet à Jim Harrisson de traiter, notamment travers ses 3 personnages sans repères et désenchantés, les thèmes du mal-être et de la fuite en avant d'une génération.

Alors, pourquoi ai-je apprécié ce livre ?

D'abord, c'est le livre c'est le reflet d'une époque avec des personnages et une histoire qui pointent du doigts les questionnements du moment et les spécificités de la société (Guerre du Vietnam, libération sexuelle, consumérisme, découverte des drogues, prise de drogue, refus du travail régulier, refus de la famille…). Ainsi, les voyages, l'exploration de religions orientales ou les paradis artificiels étaient autant de manières de refuser la société établie.
Bref, à travers ces 224 pages de cuites, de sexe, de drogue et de dynamite, mais aussi de vitesse, de découverte de nouveaux horizons et d'évocation des peuples opprimés (les indiens !), j'ai apprécié pouvoir me plonger dans ce concentré des années 60.

Ensuite, il y a un une écriture formidable qui rappelle que Jim Harrisson est un grand écrivain. A l'image des 3 personnages du livre noyés par les vapeurs d'alcool, le brouillard de la drogue et la fatigue, le style se révèle parfois, fiévreux, haché, tonique et à d'autres moments décousu, à la limite de l'incohérence. Mais dans tous les cas, l'écriture colle à l'état dans lesquels les personnages du roman apparaissent : ivres, défoncés, lunaires ou ensuqués.

Notons également le ton (désabusé pour ne pas dire pessimiste, mais non dénoué d'humour) qui s'inscrit dans le courant d'une partie des écrivains de cette époque : Henry Miller, Charles Bukowski, John Fante ou Jack Kerouac. Si vous les aimez, vous apprécierez Jim Harrisson.

Il y a tout de même un bémol, c'est le sort réservé aux femmes qui dans ce roman ne sortent pas vraiment grandies. Incarnée par Sylvia, l'un des trois protagonistes de l'oeuvre, les femmes apparaissent telles des objets sexuels plutôt décérébrées. Je ne crois pas qu'il y avait là une volonté délibérée de rabaisser les femmes, mais sans doute le reflet d'une société fortement patriarcale et misogyne.

Mais en définitive, ce que je retiens avant tout, à travers ce livre mais aussi à travers son oeuvre, c'est, au-delà du ton savoureux et d'un style marqué, cette capacité à restituer, y compris dans les petits détails, les marqueurs forts d'une époque. C'est ce qui en fait pour moi un grand écrivain.
Bref, laissez-vous enivrer par ce roman stupéfiant !
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UN BON JOUR POUR MOURIR de JIM HARRISON
Quand on est saoul, on peut prendre des décisions bizarres, comme de faire sauter un barrage dans le Grand canyon. Quand votre rencontre de bar est aussi saoul que vous avec sa copine, alors il trouve que c'est une très bonne idée. Même dessaoulés, personne n'ose revenir sur son engagement. Et c'est parti, de la Floride au Grand canyon, une équipée entre sexe, dynamite et alcool.
La pêche, l'amour, la jalousie, les bordels alimentent le voyage. Un roman déglingué à la Jim Harrison comme je les aime.
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Lorsqu'il traverse la chambre du Motel alors que Sylvia dort encore, un drap ne couvrant que très partiellement son corps magnifique, lorsque Sylvia se présente avec son short bien moulant et son dos nu, Jim Harrison veut nous faire croire que son joli postérieur lui fait penser aux pêches de Géorgie ou aux poires d'Anjou. Allez, Jim, ne nous la fais pas, on sait bien à quoi tu penses.
Mais le pire, c'est lorsqu'elle se baigne dans les rivières :
"Sylvia écarte ses cheveux des yeux. Elle est debout, dans l'eau à mi-cuisses. L'espace d'un moment, la scène est figée devant moi, comme l'image se fige parfois sur l'écran, dans les films de la nouvelle vague. Sylvia relevant ses cheveux, les épaules, le ventre et les hanches couverts de gouttelettes qui scintillent comme de petits miroirs dans la lumière du soleil, l'eau claire et bleue, et ses jambes fuyantes sous la surface de l'eau. Je ressentis une vague pitié à mon propre égard. Cette scène ne pouvait être effacée. C'était à tout jamais une trace dans ma mémoire et j'imaginais que dans vingt ans, je pourrais encore me remémorer cette vision, même si elle était plate et immobile, comme un tableau. Naturellement, les couleurs se faneraient un peu et les violents contrastes d'ombre et de lumière auraient sans doute disparu, même cette ombre légère, entre la hanche et l'aine, quand elle se détournait du soleil, pivotant doucement sur elle-même, au lieu de tourner simplement les épaules. Il y avait dans cette image une impression fugace de liberté, un bonheur évident, mais proche de la torture".
C'est un road trip à la Kerouac qui va de Key West en Floride jusque dans le Montana et qui consiste à aller poser quelques bâtons de dynamite au pied d'un barrage de manière à permettre aux truites saumonées de poursuivre leur incroyable migration. Mais qu'est-ce qu'ils ont ces écrivains américains à vouloir faire sauter des barrages ? Allusion à peine dissimulée au Gang de la clef à molette d'Edward Abbey.
Bref, après une soirée bien arrosée dans un bar de la côte est, Jim discute avec un vétéran du Vietnam nommé Tim. Sur le champ, ils décident d'aller dynamiter ce barrage. Alors on embarque quelques packs de bière, un peu de psilocybine et de méthadrine, quelques cassettes audio de Bob Dylan, de Johnny Cash (the girl from the North Country) et Grateful Dead pour le côté psychédélique, on prend au passage la belle Sylvia et c'est parti pour la route... et le supplice !

Challenge Multi-Défis 2022.
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Un voyage surréaliste hors de contrôle, deux hommes et une fille ! le temps passe très vite et il vous emporte tout simplement.
Tim, l'un des deux hommes (tous les deux alcooliques), est un vétéran qui a été gravement blessé au Vietnam. Il est complètement déconnecté et roule à toute vitesse sur le chemin de l'enfer avec un but unique. C'est un livre que j'ai lu il y a un an et j'ai toujours eu beaucoup de mal à écrire un billet. Nous sommes très loin de "Légendes d'automne" ou de "Dalva". Un petit côté misogyne selon beaucoup de lecteurs. J'y ai plutôt vu un livre, un voyage qui aurait pu être écrit par Kerouac et/ou Bukowski, une fureur de partir toujours plus loin, toujours plus vite, sous l'effet de l'alcool et de la drogue, un voyage surréaliste qui m'a plu, moins que "On the road" de Jack mais dont je garderai quand-même un très bon souvenir! Un "road novel" écrit en 1971 par un grand auteur américain!

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Ils sont trois , réunis par le hasard : Tim le balafré de l'âme et du corps revenant du Viet-Nam , Sylvia qui l'aime sans trop d'espoir et le narrateur en rupture de couple qui veut oublier ses galères en péchant . Dans un moment d'exaltation éthylique ,les voilà partis pour faire sauter un barrage qui nuit à la reproduction des truites. L'expédition ,ludique et farfelue au départ, largement assaisonnée d'alcool et de drogues diverses , vire à un ménage à trois toxique . de ce récit , outre les thèmes habituels d'Harrison ( nature, indiens, sexe …) , nait peu à peu une sourde tristesse de la confusion entre désir et amour , des sentiments dégradés dans leur contraire et de la souffrance de soi.
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Odyssée à travers les États-Unis dans les années 60, rassemblant le narrateur et un couple d'amis, dont l'objectif est de faire sauter un barrage sur le Grand Canyon. Ce trio n'a rien d'un mouvement terroriste, il s'apparente plutôt à des bouffons en mal de mauvais coups.

Le narrateur se trouve à Key West, dans un archipel à l'extrémité sud-ouest de la Floride. Entre deux joints et deux rasades de whiskys, il n'a d'autre activité que la pêche tropicale au tarpon, gros poisson sans grâce. À l'occasion d'une rencontre avec un autre pilier de comptoir, il avance que l'on va construire un barrage sur le Grand Canyon, et l'idée germe qu'il y a là une belle opportunité de le faire sauter : l'idée vient de Tim, un ancien du Viet Nam, baraqué, balafré, probablement très séduisant si l'on en juge l'attachement de Sylvia à sa personne. Amour non réciproque, Tim étant à la fois obsédé par les amphétamines qu'il consomme à l'excès au point de le rendre impuissant, et par son objectif de dynamitage. Quant au narrateur, il est tout simplement amoureux fou de Sylvia, de ses jambes, de son cul, de sa personne très directe, et de la distance qu'elle établit entre elle et lui. Ce qui n'empêche pas quelques attouchements plus ou moins pénétrants par effraction ou consentement furtif. L'ambiance est très relâchée, une certaine vulgarité au rendez-vous, la subtilité doit se chercher entre les lignes.
Ainsi sont traversés les États-Unis, de la Floride au Colorado en passant par le Montana, dans les vapeurs d'alcool et les volutes des joints de marie-jeanne. Et Jim Harrison, le narrateur, n'a de cesse de rêver à ses petites rivières où frétillent ces truites arc-en-ciel qu'il aime tant pêcher. Là est sa raison d'être, et faire sauter un barrage n'est pour lui qu'un expédient. Qui se conclura cependant par mort d'homme et de vache.
Un roman écrit dans la facilité par un Jim Harrison tout en verve et vérité, sans recherche d'effet littéraire, mais où finit par apparaître un style, une respiration, des rêves d'ailleurs. Cela m'amène à me poser la question : de quoi est fait Jim Harrison ? on connaît sa passion pour la chair, les femmes en particulier, pour la bonne chère aussi et les vins solides, on devine ses passions de toujours, pêche, chasse, nature, amis, poésie, on en a fait un homme de désirs, de fantasmes, en négligeant peut-être sa sensibilité extrême et sa générosité, ses failles, son humanité. Et finalement, ce style sans recherche apparente, sans grandiloquence, sans emphase, devient une véritable prose moderne qui nous fait sentir tout ce qu'il y a de spontané, de vivant, de vibrant, d'actualité dans la littérature.
(29 septembre 2021)
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Le 4e de couverture fait allusion à “Jules et Jim”, je dirais que ce livre m'a plutôt rappelé le film “Les valseuses” avec , entre autres, Miou-Miou, Dewaere et cie. Même genre de trio mal assorti, road trip bancal, sexe, drogue, méfaits, fuite en avant sans doute menant droit au mur. Je ne me suis pas ennuyé une seule seconde malgré les valses hésitations de la belle du trio. Les passages où le narrateur va à la pêche apportent une bouffée d'air frais et pur dans ce récit trépidant et quelque peu déprimant tellement on sent que tous les personnages passent à coté du plus important. L'écriture est juste, racoleuse. Définitivement un auteur qui me plait!
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Tim, Sylvia et le narrateur prennent la route, direction le Grand Canyon, pour y faire sauter un barrage. Une façon de passer le temps, entre sexe, drogue et dynamite. Années 60 obligent ! Mais la déprime les guette et un triangle amoureux finit par se former...

Jim Harrison brille par son écriture fluide et imagée. Il vous donnera soif de grands espaces et d'évasion.
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C'est un bon roman de Jim Harrison. Un peu macho à la mode cowboy, mais une écriture rythmée pour un Road trip passionnant. le récit est court mais au final il n'en est que plus percutant.
Pas besoin de s'épancher plus sur les personnages, leur donner un passé ne servirait pas l'instantanée de la narration.
C'est un roman un peu fou avec une narration alcoolisée. Laissez vous enivré, vous n'en serez pas déçu !
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