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4,19

sur 5327 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Combien de temps faut-il pour retourner à l'état sauvage ? Combien de temps pour que disparaisse ce que nous appelons civilisation ? Pour que nous devions renoncer à nos habitudes, nos espoirs, nos rêves et même parfois nos valeurs ?
Combien de temps met la forêt pour reprendre ses droits ? Et nous, perdons-nous nos droits à ce même moment (et quels droits avions-nous à la base d'abord) ? Quel équilibre après le déséquilibre ? La nature peut-elle renaturer ce que nous avons dénaturé ?
Ça fait beaucoup de questions, je sais. Et ce livre n'y répond pas. Pas directement, pas exactement. Parce que la question du temps n'y est jamais abordée véritablement, et pourtant il est bien là, les saisons passent, les récoltes suivent les semis, des gens meurent, d'autres naissent, le temps finalement retrouve sa vraie place, c'est un cycle immuable qui se fiche bien du désir des hommes.
Dans la forêt, un vrai spoil ce titre bon sang ! Oui parce que la forêt est au centre de cette histoire, elle évolue au fil des pages et se transforme en même temps que les deux jeunes filles qui l'habite. La nécessité fait loi et tour à tour elle protège, elle cache, elle isole, elle emprisonne, elle menace, elle nourrit et elle englobe. Pour les deux petites filles qu'étaient Nell et Eva, la forêt était un terrain d'aventure, de liberté, fait de cabane et des dangers évoqués par leur mère, tiques, sangliers ou sumac vénéneux. Elles n'avaient besoin de rien d'autre que d'être ensemble et dans la forêt. Puis, les petites filles grandissent et pour les adolescentes qu'elles deviennent la forêt représente toute la distance qui les sépare de leurs rêves, l'école de danse pour l'une, l'université ou un garçon pour la seconde. Elle les sépare des autres, fait d'elles des filles à part qui jamais ne pourront s'intégrer tout à fait au groupe des adolescents de Redwood, des Cendrillons qui doivent s'éclipser quand leur père vient les chercher avec la voiture avant minuit pour regagner leur maison au fond des bois. Les deux soeurs sont moins proches aussi, Eva s'enferme dans sa danse et Nell se retrouve souvent seule à errer sans but dans cette forêt qui a perdu toute sa magie.
Et soudain, le monde s'effondre. Je raconte n'importe quoi d'ailleurs, parce que cela ne se passe pas soudainement mais insidieusement : petit à petit tout s'évanouit, on a de l'électricité par intermittence, de moins en moins souvent puis plus du tout. Le téléphone fonctionne un jour sur trois, puis sur sept, puis se tait. On ne trouve plus d'essence, plus de médicaments, plus de nourriture, les écoles et les magasins ferment leurs portes. Sauf que quand on vit au milieu de la forêt on ne s'en rend pas tout de suite compte, on ne sait pas ce qui se passe ailleurs, on ne sait pas si ça touche le pays (voire le monde) entier ou seulement cette clairière oubliée. Le lecteur n'en sait pas plus d'ailleurs, et j'ai vraiment apprécié ce parti pris, on ne sait pas ce qui s'est passé, guerre, épidémie, catastrophe ? Et on s'en fiche, qu'est-ce que ça change après tout ? Rien. Absolument rien. Le résultat est le même et ce qui compte c'est ce qu'on va faire maintenant, ici, tout de suite. Il faut survivre, il faut s'adapter, il faut apprendre à faire autrement, ne plus attendre une hypothétique intervention extérieure et faire avec ce qu'on a. Et justement, il s'avère que ce qu'on a - quand on vit comme ça au milieu de la nature, c'est énorme - c'est tout ce dont on a besoin en fait (besoin pour vivre dans le monde tel qu'il est devenu, j'entends, mais à part ça heureusement qu'on a encore des livres et des sachets de thé dans son ancienne maison hein !).
Bon évidemment, la pilule est dure à avaler, on n'y arrive pas en un claquement de doigts, il faut du temps pour renoncer, du temps pour abandonner petit à petit les facilités et les conforts de son ancienne vie, mais on peut y arriver. Le plus difficile c'est sans doute de renoncer à ses rêves, devenir danseuse étoile, être admise à Harvard, et au début c'est grâce à eux - aux rêves - qu'on tient le coup, qu'on reste debout, c'est pour eux qu'on a envie de continuer, on attend que tout redevienne comme avant et on pense pouvoir reprendre sa vie là où elle s'était arrêtée. Au bout d'un moment cependant, il faut bien admettre que rien ne va se passer comme prévu et il devient vital d'envisager autre chose. Et à ce moment là, la forêt est là et vous tend les bras, à vous d'ouvrir les yeux et tous vos chakras afin d'y trouver les ingrédients et forces nécessaires à la construction d'un monde nouveau.
Ouah la vache, je m'emballe ! C'est beau, quelle apothéose ! Back to the trees ! Vous l'aurez compris (ou pas, alors je le dis), j'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture qui mêle avec subtilité post-apocalypse et nature writing (j'ai même du mal à rentrer dans la suivante). Il faut croire que j'ai laissé une petite partie de moi quelque part sous une souche ou un tapis de feuilles mortes là bas, dans la forêt…
Bref, je conseille à tout le monde de faire cette petite randonnée forestière, et en plus, ça peut aider en cas de fin du monde ;)
Lien : http://tracesdelire.blogspot..
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Un gros coup de coeur pour cette dystopie atypique. Je confirme une critique que j'ai lu. Pas besoin de science-fiction, de monstres, de vampires, manipulations politiques et médias pour rendre un monde post apocalyptique.
A l'heure actuelle, Nell et Eva sont seules au milieu de nulle part. Leurs parents sont morts. Elles vivent en ermite dans la forêt. Plus d'électricité, plus d'eau courant, plus de pétrole… Plus rien… Elles sont livrées à elles-mêmes. Un chaos sans nom pour ces filles qui se sont trop habituées à la modernité.
Un duo très touchant. On demande comment ces jeunes adultes vont survivre dans la forêt qui leur est devenue hostile. A travers le journal intime de Nell, le lecteur verra comment ces deux soeurs vont essayer de survivre, trouver des solutions à chaque évènement qu'elles vont vivre.
J'ai été captivée par ce roman. Pour moi, ces filles auraient du être comme un poisson dans l'eau dans cette nature sachant qu'elles y ont toujours vécu. Mais Nell et Eva vont devoir se la réapproprier à nouveau et revenir sur des besoins primaires. Jean Hegland aborde beaucoup de thèmes importants qui feront une remise en question pour l'auteure. Nous verrons des jeunes femmes qui ont connu l'ère moderne, des passions envahissantes et vont devoir se contenter de peu… Compliquer pour toute personne. le lecteur verra les héroïnes évoluer et devenir des héroïnes hors normes.
Beaucoup de questions nous traversent l'esprit… Vont-elles rester solidaires? Sont-elles en sécurité dans cette forêt silencieuse?
Un roman nature writing avec beaucoup d'émotions et valeurs. En temps normal je ne suis pas une grande fan de ce genre littéraire. Mais Melissa m'a conseillé et m'a convaincu. J'étais désespérément à la recherche de la pépite et ne pas rester sur mes déceptions passées. Je la remercie sincèrement. Son coup de coeur est devenu le mien.
Une très belle histoire d'amour fraternelle.
Un très beau retour vers la nature.
Une très belle leçon de vie.
Un très beau coup de coeur.
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Que faire si le monde tel que nous le connaissons aujourd'hui s'effondrait ? Comment vivre, par exemple, sans électricité, sans réseaux de communication, sans essence, sans médicaments ? Comment réagir si les magasins étaient vides, si les épidémies se multipliaient, si le chaos s'installait ?

Nell et Eva vivent dans un tel monde. Désormais orphelines, elles habitent toujours le chalet familial situé au coeur de la forêt, isolé. Etre à l'écart des autres, elles en ont l'habitude, leurs parents ayant choisi de ne pas les scolariser. Ce qui ne les empêche pourtant pas d'exceller chacune dans un domaine, la danse pour Eva, les études pour Nell. Mais le monde a changé, impliquant inévitablement une modification du mode de vie, des aspirations. Il faut apprendre, pour survivre, à se réapproprier la terre, la nature, la forêt. Et ce n'est pas une mince affaire, car, dans un tel monde en lambeaux, les menaces sont multiples...

Tant de lecteurs ont été conquis par ce roman, je ne suis qu'un de plus. Ce récit vous agrippe dès les premières pages, interrogeant notre conscience et nos comportements, on se sent à la fois coupable et penaud. On s'attache au devenir de ces deux soeurs livrées à elles-mêmes, sur lesquelles l'histoire se concentre. de l'évolution du monde extérieur en revanche, nous ne saurons rien, ou presque. Libre à chacun de se faire sa propre idée...

C'est une lecture forte, marquante, qui bouscule et interpelle. Parce qu'elle pose la question du gaspillage des ressources naturelles par l'être humain. Et parce que l'on craint malheureusement que cette fiction devienne un jour réalité.

Un dernier petit mot pour saluer les nouvelles couvertures des éditions Gallmeister, en particulier celles de la collection Totem : elles sont, à l'image de la couverture du présent roman, absolument magnifiques !
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Une crise politique sans précédent a plongé le pays dans le noir. Près de Redwood, dans une maison isolée au abords d'une forêt, deux soeurs, Eva, 19 ans et Nell, 18 ans, tentent de survivre. Elle n'ont plus rien : plus de parents, plus d'électricité, plus d'essence pour se rendre en ville... Roman intense et troublant, magnifique exemple de résilience, plaidoyer écologique, guide de survie, ode à une nature à la fois féroce et féconde, roman noir, huis clos oppressant... tout s'entremêle dans ce récit puissant que j'ai eu du mal à lâcher.
il y a quelque chose de très profond dans le rapport qu'entretient l'Homme avec la nature, tour à tour salvatrice et nourricière, ou destructrice et hostile; Entre peur, répulsion et besoin presque charnel d'y retourner, comme dans un giron maternelle. C'est cette idée, omniprésente, qui rend ce récit particulièrement fascinant.
Un très beau roman, a lire en sirotant une décoction de millepertuis.
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La vie. La mort. L'amour. Dans n'importe quel ordre.

Ce roman magistral et superbement bien écrit d'une auteure que j'apprécie, cette dystopie très vraisemblable, m'a angoissée tout au long de ma lecture. Car oui, c'est vraisemblable ! Je me souviens quand on a parlé il n'y a pas si longtemps des éventuelles coupures d'électricité, des épidémies (mais ça, c'est arrivé !) ; tout ça, à cause d'une Terre qui s'emballe et se braque devant les hommes, outrée de ce qu'on lui fait subir.

Nous sommes en Californie, et très insidieusement, tout s'est arrêté. Ca a commencé par des coupures sporadiques d'électricité, puis une électricité intermittente, et puis plus d'électricité du tout. Tout comme dans « Ravage », de Barjavel, les hommes paniquent, se battent, s'isolent.

Nos deux adolescentes, Eva et Nell, la narratrice, viennent de perdre leur mère, et leur père ne restera pas bien longtemps avec elles. Elles devront se débrouiller, totalement seules, car leur maison est isolée en plein milieu d'une clairière, bordée par une forêt touffue, à 15 km de la ville la plus proche. Et elles ont 16 et 17 ans ! La cadette se rêvait danseuse professionnelle et l'ainée voulait postuler comme étudiante à Harvard. Leurs rêves auront-ils du plomb dans l'aile ? Pourront-elles s'adapter à ce nouveau monde ? Et celui-ci aura-t-il vraiment lieu ?

Et moi, comme elles, j'ai redouté, j'ai espéré, j'ai désespéré. Comme elles, j'ai dû faire connaissance avec la nature, autrement que par une simple promenade dans les bois !
Et je me dis que je devrais un peu plus m'intéresser aux plantes sauvages, à toutes ses « simples » que les Anciens utilisaient à bon escient. Comme Eva et Nell.

Elles connaitront une infinité d'expériences de toute nature, fascinantes, poignantes, horribles, exaltantes, concernant la vie, la mort, l'amour. Dans n'importe quel ordre.
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Un chef d'oeuvre et un coup de coeur !!

Ce roman, de ses 308 pages, nous plonge dans un roman de nature writing en plein milieu d'une forêt, de science fiction bien trop proche de notre réalité pour nous faire l'effet d'un thriller psychologique... Ce livre, très bien écrit, nous pose vraiment des questions cruciales et plus que jamais actuelles sur notre mode de vie, la société de consommation... et tellement de questions humaines...
Nos deux héroïnes sont deux soeurs, et je me suis sentie très proche de Nell, la narratrice qui écrit leur aventure sous forme de journal. le fait que ce se soit Nell qui raconte, qui se confie, on se sent d'autant plus proche de ses sentiments, ses craintes et ses doutes, et les questions de survie qu'elle se pose nous atteint de façon virulente.

Il y a aussi de sacrés rebondissements et quelques surprises dans ce roman. Je suis parfois tombée des nues quant à certains événements tout à fait inattendus pour ma part. De quoi m'accrocher encore plus que je ne l'étais déjà. Je ne spoilerai pas, à vous de lire ! ;)

Mon coup de coeur : le rapport à la vie sauvage, le retour aux sources de nos ancêtres humains qui vivaient dans la nature, dans la forêt, sans électricité bien sûr et sans tous nos objets de confort, parfaitement inutiles. Je me demande si, si la menace de fortes épidémies, de pénuries d'électricité et d'essence, emmenant aussi la fermeture des écoles, des magasins et de tout bâtiment public, si nous arriverions à survivre nous aussi, après tant d'années de servitude, de société de consommation...

Les deux soeurs sont exactement comme nous au début du livre, elles ne sont pas plus campagnardes que cela, elles auraient pu être citadines. Et nous voyons, au fur et à mesure, leur évolution, leurs progrès et leurs transformations jusqu'à devenir de vraies femmes sauvages, fortes et indépendantes.

Quel livre ! Foudroyant !
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Dans la forêt décrit, avec intelligence, non pas la fin du monde, mais la fin d'un monde.
La société capitaliste, individualiste, mesquine, s'effondre et, peu à peu, renaissent les instincts de survie, ces instincts animaux que la société policée avait chassé à grands coups de certitudes.

Le seul bémol, est que ce livre, une fois encore, a été écrit par et pour les riches occidentaux, tout comme "la tresse" de Laetitia Colombani, sans tenir compte du fait que plus de la moitié de l'humanité vit déjà de cette façon en raison de l'aveuglement de l'autre moitié : nous autres.

Un roman sur le retour douloureux à la vraie vie.
Un roman sur la renaissance de l'Homme.
Un excellent roman.
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Deux jeunes filles peuvent-elles survivre seules dans la forêt alors qu'une épidémie a décimé les humains et que toute les technologies modernes se sont écroulées ? Il semble que oui, mais à quel prix ? Il y a un coté survivaliste à ce roman qui n'est pas pour me déplaire. La découverte graduelle de ce que la nature peut fournir en nourriture et médicaments, la ténacité et l'endurance nécessaires pour jardiner, bûcher, réparer, inventer, sont illustrées avec finesse et réalisme.

Mais c'est l'aspect psychologique qui a le plus retenu mon attention; comment ces deux soeurs allaient-elles redéfinir leur existence, donner un sens à leurs vies alors que leurs perspectives et ambitions avaient soudainement foutu le camps. Cette lente prise de conscience, et l'entreprise de reconstruction qui s'ensuit, s'élaborent parfois à travers cris et déchirements, espoir et découragement, parfois s'accélère soudainement suite à des évènements imprévus. Malgré certains revirements, on est loin cependant d'un thriller, le rythme est plutôt lent, comme les jours qui s'étirent, les semaines qui s'égrainent. Ce récit de l'humain désemparé suite à la perte de repères, de résilience de femmes et d'ode à la nature m'a charmé.
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Il fut un temps lointain, dit-on, où l'Homme n'avait pas besoin de wifi pour survivre, ni de smartphone ou de téléviseur 4K (ni même de "black friday", rendez-vous compte !)
Un temps où l'on ne rasait pas 15 millions d'hectares de forêt chaque année, où l'on ne jetait pas 1,3 milliard de tonnes de nourriture par an (soit un tiers des aliments produits sur la planète), où l'on ne brûlait pas 180.000 litres de pétrole par seconde (oui oui, par seconde !) et où l'on ne déféquait pas 120.000 tonnes de déchets électriques et électroniques par jour...

Ce temps est révolu, et Jean Hegland l'a bien compris.
Elle fait donc son possible pour maintenir ses deux héroïnes, Nell (17 ans) et Eva (18 ans), loin de ce monde à la dérive, à l'abri du chaos qui s'annonce. Dans la forêt.

Ainsi, quand les pénuries débutent, quand les produits de première nécessité viennent à manquer, quand les coupures d'électricité se multiplient et quand un mal un inconnu se propage en ville, les deux soeurs et leurs parents ne paniquent pas tout de suite. Il faut juste apprendre à vivre autrement, à préserver les ressources, à bricoler un peu, à écrire à la main et à danser sans musique, au son du métronome, en attendant que tout rentre dans l'ordre.
C'est Nell qui raconte, c'est Eva qui danse, et petit à petit on comprend que rien ne rentrera dans l'ordre.
A la suite d'événements fâcheux (euphémisme !), les deux jeunes femmes se retrouvent bientôt seules au monde, et c'est leur quotidien de survivantes qui nous est relaté dans le journal de Nell. Un texte à la fois fort et délicat, plein d'humanisme et de poésie, de désespoir parfois et d'amour très souvent. Quand on comprend que le provisoire est parti pour durer, que tout s'est définitivement écroulé, quand on est forcé de réutiliser vingt fois le même sachet de thé et d'économiser le moindre morceau de sucre, quand on ne peut même plus s'offrir le luxe d'une dispute avec sa soeur car il ne reste qu'elle au monde, la vie n'a plus la même saveur.

Dans la forêt est donc un grand roman, dont on peine à croire qu'il ait fallu attendre 20 ans pour le lire en français (encore une fois, bravo aux éditions Gallmeister dont le catalogue ne cesse de m'enchanter !). Avec un talent manifeste (et de solides notions de botanique !), Jean Hegland fait rimer survivalisme et féminisme, espérance et décroissance, écologie et dystopie. A travers ce roman d'anticipation d'un genre nouveau, minimaliste et bouleversant, elle trace un lumineux chemin vers l'essentiel : on en redemande !
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Nell et Eva. Eva et Nell. 2 soeurs, presques seules au monde dans leur maison perdue au fond de la forêt californienne. 2 soeurs confrontées à la fin du monde connu, l'électricité qui se coupe petit à petit, le téléphone qui ne répond plus, la voiture en panne faute d'essence... 2 soeurs en deuil de leurs parents disparus trop tôt. Que le monde est petit quand il est ainsi réduit à une seule autre dans une maison devenue refuge. Mais que le monde est grand quand on découvre soudain les ressources insoupçonnées de la nature qui nous entoure, comme l'histoire d'une renaissance Dans la forêt.

J'ai abordé ce livre avec un peu d'appréhensions car il a été beaucoup lu sur Babelio et ayant vu passé de nombreuses critiques j'avais l'impression d'en connaître déjà beaucoup. du coup j'ai abordé les premiers chapitres avec un peu de distance, d'autant que le thème de l'effondrement a déjà été abondamment traité en littérature ces dernières années. Ma réflexion première a été "oui, bon, ce roman est bien écrit, sensible, attachant mais pas grand chose de neuf, on connaît déjà malheureusement ce qui attend Nell". Et bien erreur, Jean Hegland a su me surprendre et a écrit un roman beaucoup plus complexe et riche qu'il n'y paraît au premier abord.

Premier gros point fort du roman : on n'est pas dans le sensationnel ou dans le catastrophisme, comme par exemple dans Et toujours les forêts de Sandrine Colette que je n'ai pas pu m'empêcher de comparer à ce livre et qui m'avait laissée très déçue. Là où Sandrine Colette nous décrivait une mystérieuse explosion catastrophe ayant soudainement détruit villes et hommes, Jean Hegland est beaucoup plus subtile. Pour la famille de Nell, ce sont d'abord de petits détails qui clochent : des coupures d'électricité qui se multiplient, des pannes mystérieuses, des produits qui viennent à manquer, une pénurie d'essence... Personne ne s'en inquiète et quand tout finit par être coupé, les soeurs restent persuadées que ce n'est qu'une longue attente jusqu'à ce que le monde redevienne normal. Quand le courant reviendra, quand il y aura à nouveau de l'essence, quand ces problèmes seront terminés... En cette année 2022 où la moutarde a disparu des supermarchés, où on nous annonce des coupures d'électricité et de gaz cet hiver et où la guerre sévit en Ukraine, on ne peut s'empêcher de trouver d'étranges résonances avec ce roman pourtant écrit en 1995.

Cela rend le récit très émouvant, d'autant que la plume de l'auteure est sensible, très belle, faite de petite touches, de descriptions sans pathos et sans exagération qui nous laissent parfois ko quand des événements tragiques surviennent. A la lecture du journal tenu par Nell, on ressent parfaitement les émotions des deux soeurs, on a l'impression de partager leur vie et on ne peut s'empêcher de se projeter en se demandant ce qu'on ferait à leur place. Et puis Dans la forêt, c'est aussi un hymne à la nature, nourricière, parfois féroce, souvent fragile mais résiliente et tellement plus pérenne que l'homme et sa société. Là aussi pas de grands discours, pas de leçons appuyées, juste de belles descriptions, une nature qui devient de plus en plus présente et dont les soeurs apprennent à reconnaître les bienfaits. C'est toute la force de ce roman qui est beaucoup plus que le récit d'une catastrophe et plutôt celui d'une renaissance, d'un changement de paradigme et de monde.

Une très belle découverte qui mérite son succès, si vous ne l'avez pas encore lu je vous conseille vraiment de le découvrir ! C'est un roman que j'ai trouvé marquant et que j'aimerais relire pour en profiter plus sereinement sans être happée par le suspens.
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