Les éditions « des femmes » créées par
Antoinette Fouque (merci à Masse critique) publient en 2023 une traduction du premier livre de l'auteur tessinoise
Virginia Helbling paru en 2016.
Il y est question de la détresse d'une mère confrontée à ce que depuis quelques années on identifie et reconnaît comme une dépression post-partum.
Derrière ce diagnostic plutôt sec se cache une immense détresse, celle d'une mère incapable d'être mère, débordée, dépassée par un nouveau-né qu'elle considère comme un parfait étranger. A cet épuisement s'ajoute une conspiration des choses matérielles - poussière, linge, cuisine, draps, lit en désordre - qui contribue à rendre la vie impossible, réellement impossible, et à mener aux confins de la folie.
Dans ce tableau, l'incompréhension du conjoint n'est pas un des moindres facteurs aggravants.
Mais attention, le beau texte de
Virginia Helbling n'est pas qu'un témoignage clinique et cru s'ajoutant à d'autres livres sur le même sujet.
Il s'agit d'un projet poétique, écrit et traduit dans une langue inventive, imaginative, sensible. La mère et son enfant habitent une maison en lisière d'une forêt. La nature est un personnage à part entière, tantôt menaçant, tantôt consolateur.
La naissance a lieu en automne : « Automne sec fait de feuilles qui s'effritent et de bogues vides ».
Cette première phrase est une métaphore de l'état même de la mère. Vide. L'hiver à venir.
« Dehors il pleuvine et les feuilles mortes dans les prés sont comme des grosses limaces léchées. Il y a un air de cimetière. »
La lumière finira quand même par changer.
Un beau livre, poignant, parfois un peu prévisible et dont la conclusion, l'arrivée d'un nouvel amour avec le retour des beaux jours, est peu convaincante.