Livre lu dans le cadre de mon challenge personnel de lectures pour l'année
2024. Il me fallait lire "un classique de la littérature américaine" et comme j'avais celui-ci dans ma pile à lire (édition Folio de 1985 traduite par
Jean Dutourd), je me faisais un plaisir de lire ENFIN le grand
Hemingway que je n'avais jamais lu.
Quelle ne fut pas ma déception !
Il m'a fallu m'accrocher pour aller au bout et trouver un quelconque intérêt à cette lutte entre un vieux pêcheur cubain désenchanté et le marlin accroché au bout de sa ligne. Peut-être est-ce parce que je suis une femme et que je ne connais vraiment rien au monde de la pêche ni à son vocabulaire ?
Certes, j'ai lu après-coup, ici ou là, qu'au travers de ses mots,
Hemingway cherchait à mettre en avant "le courage humain, la dignité, le respect, l'amour. C'est la condition même de l'homme qui est écrite. L'homme seul face à la grandeur et la puissance de la nature, l'homme digne malgré sa condition et son sort."(source Wikipédia), mais que c'était aussi une philosophie de l'acceptation de l'échec et de la fatalité. Car, après l'espoir et l'orgueil d'avoir pêché (après trois jours d'âpre lutte) un énorme poisson qui lui donnerait, à la fois la reconnaissance de ses pairs et les moyens de se nourrir pendant quelques temps après quatre-vingt cinq jours de pêche infructueuse, Santiago rentre au port avec seulement la tête et le squelette du poisson !
Tant sur le fond que sur la forme (149 p.), je n'arrive vraiment pas à comprendre comment un tel livre a pu obtenir en 1953 le Prix Pulitzer et en 1954 le
Prix Nobel de Littérature. Cela me conforte dans l'idée que les Prix littéraires, c'est truqué...
Je m'attendais à des descriptions flamboyantes, à une verve généreuse, à un style d'écriture qui justifieraient la grande renommée d'
Hemingway et je n'ai rien trouvé de cela. Un texte plat décrivant les faits et gestes limités du pêcheur et du marlin qui, même dans les moments de "lutte" (contre le marlin en premier, puis contre les requins en second) ne m'a décidément pas transportée ni émue (à part, peut-être l'attitude du jeune Manolin à l'endroit du vieil homme).
Et puis, ces répétitions à n'en plus finir : "le vieil homme", "le vieux", "dit le vieux" après chaque phrase... quelle lourdeur ! Et puis, ces phrases à la syntaxe voulue certes, mais par trop gênante à la lecture : "Tu veux-t-y que je te paie une bière..." , "Je peux-t-y prendre le filet à sardines ?", j'ai trouvé cela grotesque.
De plus, il y a un improbable mélange des genres avec l'évocation, ici ou là, d'éléments de la culture américaine qui nous sont totalement étrangers (ex : le base-ball et son célèbre joueur di Maggio) et dont, à vrai dire, je n'ai pas compris la raison d'être (à part peut-être qu'il s'agit de l'une des passions de l'auteur ?).
Bref, à la limite, ce roman pourrait convenir à des adolescents pour leur permettre de connaître l'oeuvre de ce "grand auteur américain" - c'est sans doute pour cela qu'il est étudié dans de nombreux établissements scolaires - mais, franchement, quel intérêt pour des adultes ?
Donc, lorsque je lis que cette oeuvre est l'une des plus fortes et des plus célèbres de l'auteur, son "chef-d'oeuvre", je m'interroge... Si je ne doute pas un instant de l'expertise d'
Hemingway en tant que journaliste, sa réputation en tant qu'auteur de littérature ne serait-t-elle pas surfaite ? A titre de comparaison, je vous invite à découvrir le livre de
Victor Hugo "
Les Travailleurs de la mer" (596 p.). Celui-ci vous laissera vraiment un souvenir impérissable ! Ou encore Les Raisins de la colère de Steinbeck (pour le réalisme social), c'est vraiment autre chose !
Mon conseil serait donc de passer au large de la barque de Santiago et de vous intéresser, plutôt, à l'adaptation cinématographique (je pense que ce sont surtout ces adaptations cinématographiques qui ont rendu son oeuvre célèbre) qui, de mon point de vue, est plus apte à vous faire ressentir quelque chose. Au moins, vous n'aurez pas l'impression de perdre votre temps.
En tout état de cause, je pense que je ne perdrai plus le mien à vouloir découvrir d'autres oeuvres de l'intéressé.