Voici une lecture que j'ai particulièrement appréciée. L'histoire nous raconte comment un agent artistique, au bout de sa vie, essaie de démarcher à tout prix un trio d'octogénaires norvégiens ayant été jadis un groupe de chanteurs et musiciens spécialisés, entre autre, en chants chrétiens. Toute l'histoire s'axe sur la famille Thorsen vivant recluse dans leur maison familiale dont le talent musical ne demande, qu'au final, à se manifester à nouveau et sur celle Jim qui cherche à donner un second souffle à sa carrière d'agent artistique.
Moi qui généralement cesse de lire un livre si celui-ci comporte plus de cinq fois les mots Dieu ou Jésus, ici ce ne fut pas le cas, car pour le coup, j'ai trouvé que cela cadrait bien avec la thématique du bouquin qui se relève être, en dehors, de cette couverture psychédélique être une lecture avec des personnages attachants, plein de blessures internes dont on découverte les souffrances passées au fil des chapitres. le tout sous un style doux et fluide.
La trentaine de chapitres que compose le livre se lisent facilement et aisément. L'histoire se passant en Norvège, la lecture se prête bien à cette période à cette période de l'année, mais en dehors de cette considération purement saisonnière. C'est une histoire qui ne sombre pas dans le larmoyant ni dans la guimauve totale, il y a un côté bon sentiment, mais juste la dose qu'il faut. Et c'est ce qui, au final, a fait que j'ai passé un moment agréable à lire cette histoire.
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A la question, offririez-vous ce livre à un ami ? Je répondrai à un plus qu'ami puisqu'il s'agit de mon mari. L'histoire du trio Thorsen, trois octogénaires norvégiens, musiciens et chanteurs, voués corps et âme à la musique semble faite pour toucher la corde sensible de Mister H. (ou plutôt devrais-je écrire les cordes sensibles si j'évoque celles de sa guitare).
Jim Gystad, réalisateur artistique, âgé de 42 ans, se traîne un blues terrible. Ce passionné de musique "roots" n'en peut plus de produire à la chaîne les mêmes albums aseptisés et de devoir plier devant les exigences du merchandising. Peu importe que la musique soit bonne, il importe surtout que l'emballage soit alléchant et les produits dérivés nombreux. Il traverse une mauvaise passe et arrive passablement imbibé au baptême de son filleul qui se déroule à l'église de Kongvinger, une toute petite bourgade bien éloignée d'Oslo. Ce pourrait être le scénario d'une catastrophe annoncée mais il est sauvé de sa torpeur alcoolisée par trois voix touchant au sublime, trois voix venant du rang derrière le sien. Plus qu'un coup de coeur, c'est une véritable révélation. Quand il se retourne, la vision de Timoteus et de ses deux soeurs Maria et Tulla ne l'arrête même pas. Derrière les vénérables vieillards, il distingue tout de suite l'ancien groupe de musiciens, des Pentecôtistes dont les chants religieux avaient connu un grand succès dans les années 60.
Pour Jim Gystad, ce trio "est la solution". Il n'aura de cesse de les approcher puis de les convaincre de travailler avec lui sur un nouvel album. le chemin sera caillouteux, au sens propre et au sens figuré. Les deux chiens d'élan du trio lui donnent la chasse alors qu'il tente d'ouvrir le portail de leur jardin et il atterrit au fond de la gravière voisine. Ce n'est que le début de ses mésaventures pour "apprivoiser" les fortes personnalités du groupe, l'atrabilaire Timoteus, l'autoritaire Maria et la plus douce, Tulla.
Il quitte Oslo et s'installe dans une maison au bord de la rivière à Kongvinger. Il renoue avec son premier métier, électricien, pour gagner son pain et s'emploie, pendant son temps libre, à découvrir peu à peu le parcours des Thorsen. Ces trois-là, avant de vivre ensemble dans la maison familiale, ont connu l'amour et la perte des êtres chéris, la foi et les reproches sur le manque d'orthodoxie de leur musique, les tournées triomphales et puis l'oubli. Pour les amener à enregistrer, il faudra d'abord que Jim sache les écouter, perçoive leurs blessures intimes qui rendent leur musique si particulière au crépuscule de leur vie. Pour que l'enregistrement soit bon, il devra aussi se mettre au diapason de ces trois âmes musicales et pour ce faire, trouver qui il est.
Ce roman, parfois très drôle, parfois terriblement émouvant, n'est certes pas parfait mais il m'a touchée au coeur. Il nous rappelle que pour vivre heureux, il faut vivre non pas cachés mais en harmonie avec la nature et avec les personnes aimées
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Ils donnaient un concert dans une église, et ce moment est l'un des plus forts qu'il m'ait été donné de vivre. J'ai dû partir au bout de dix chansons tellement j'avais peur de finir par croire en Dieu si je continuais à les écouter.
Tous les chemins paraissaient mener à la perdition. Avec eux, croire devenait un acte d'abnégation, à la limite du mépris de soi. Jésus est notre libérateur, mais eux en avait fait un gardien de prison.
Car l'art ne doit pas viser à la perfection. Il doit tendre vers l'erreur juste.
La vengeance est une forme facile de regret, déclara-t-elle. [Tulla]