C'est le premier recueil de ce genre de poésie à deux que je lis et je l'ai vraiment apprécié. Personnellement je trouve que ces deux poètes ont créé un troisième « imaginaire », une nouvelle voix poétique qui possède son propre style et quelle voix : de la philosophie, de la spiritualité, de la diversité culturelle et de l'humour.
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Extrait de la préface
Partage tranquille avec ses accents d'humour, ses intonations d'humeur aussi, voire quelquefois la désillusion d'observer le monde si peu conforme à ce qu'il pourrait être. On lira également de discrètes chiquenaudes à la pédanterie omniprésente dans nos environnements. Maria et Jacques s'adressent l'un à l'autre en même temps qu'à un hôte inconnu. De fait, nous qui sommes à l'extérieur de l'échange y entrons de plain-pied par la grâce d'un verbe disponible. Leurs questionnements réciproques deviennent les nôtres...
Les réflexions se sollicitent réciproquement. Une observation s'enrichit de son prolongement ou de son contraire. La parole est renvoyée plus loin dans son mouvement. En définitive, ces vers qui se tiennent la main nous libèrent. De quoi ? De l'épaisseur, pardi, celle de notre quotidien trébuchant, de la gangue de nos certitudes qui voudraient nous faire croire que le blanc est simplement clair et le noir simplement sombre alors que tout mérite d'être mieux examiné. (Jacques Tornay)
Un tout autre versant
S'il arrive parfois
Que d'une ombre surgissent
Les contours incertains
D'un profil menaçant
Il arrive souvent
Que nous nous méprenions
Tant sur sa nature
Que sur ses intentions
Incapables de cerner
Les raisons intimes
D’une telle apparition
Nous perdons pied
Victimes
De nos propres illusions
Il est bien plus fréquent
Que nos appréhensions
Ne durent pas
Plus que l'espace
D'un court instant
Les pressentiments
Sont aux sentiments
Ce que sont au silence
Des bruits courts
Mais assourdissants
Si nous laissons
Notre corps se poser
Et notre esprit se reposer
Nous nous surprenons
À découvrir du monde
Un tout autre versant
On a l’habitude
Quand les billes
Viennent à manquer
On utilise des yeux
À leur place
Mais jamais les siens propres
Au risque de vous déplaire
Pas plus que les yeux de verre
Trop fragiles et qui cassent
Avant de jouer
On a l’habitude
De les trier par couleur
C’est la méthode
La plus obvie de toutes
D’une main on les prend
De l’autre on les classe
On procède à la va-vite
Il y a ceux que l’on aime
Et ceux que l’on évite
Ceux qui vous sourient
Ceux qui larmoient
Et ceux qui font semblant
D’être encore en vie