Je trouve admirable l'idée de signer ensemble le même poème par succession de vers de deux plumes respectives. Cela suppose une certaine complicité mais aussi un renoncement au côté narcissique que possède la plupart des auteurs... Contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'exercice est difficile et requiert une grande maturité, notamment s'il se répète comme c'est le cas ici.
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Langage des feuilles
Deux grands bassins
Pleins à ras-bord
D’une eau limpide
Que le ciel bleuit
Et que le vent ride
S’offrent aux yeux
Sans se confondre
Dans l’ineffable lumière
Comme les ailes
D’un oiseau bleu
Dans l’allée centrale
Comme chaque jour
Les pavés
S’échangent des mots d’amour
Ou des propos acides
Quelques-uns reprennent
Des disputes banales
À l’étroit dans les bordures
Des chuchotements
Des petits bégaiements
Des murmures
Tentent de retenir
L’attention
Sans y parvenir
Et dans les branches des tilleuls
Comme un vrombissement
Léger
À peine audible
Intraduisible
Si l’on ne comprend pas
Le langage des feuilles
Ballotés sur la vague
Ballottés sur la vague
Entre pire et meilleur
Nous décomptons les heures
Dans la grisaille du temps
Par-dessus l’épaule
De l’instant présent
Nous scrutons
La robe bleu foncé
Aux bords effilochés
Nous portons nos regards
Sur la côte qui
Doucement s’éloigne
Et nourrissons ensemble
De fragiles espoirs
Nous jetons nos lettres
Dans une bouteille
À la mer
Malgré nos doutes
Et nos désillusions
De grands yeux ouverts
Nous fixent à l’horizon
Et semblent se moquer
De nos questionnements