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3,6

sur 286 notes
Et que Dieu me pardonne, comme on l'entend beaucoup (trop) actuellement sur les ondes radio... ce n'est toutefois vraiment pas gagné dans le cas présent.

Geoffrey Webb est un être bien peu recommandable, vil, manipulateur. Comment le sait-on ? Il suffit de l'écouter se confesser ! Choisir la religion comme une voie professionnelle, par pur opportunisme, sans ressentir aucune foi ? Coché ! Profiter de sa position d'aumonier auprès des jeunes pour coucher avec la fille mineure du Frère Card ? Fait ! Faire fi des dix commandements divins, en particulier "Tu ne tueras point" ? Sans hésiter !

Cela vous situe un peu le bonhomme. Lequel, après avoir multiplié les ignominies, ressent donc le besoin impérieux de se confesser. Et il choisit pour cela un personnage surprenant, croisé par le plus pur des hasards : le type qui le braque.

"L'enfer de Church Street" est un roman assez noir et plutôt irrévérencieux. Comme un règlement de comptes avec une certaine Amérique. Pas facile pour autant d'apprécier pleinement une histoire possédant une telle pourriture comme personnage central. D'autant plus que le récit est plutôt plat, et que les péripéties s'enchaînent de façon un peu exagérée ...

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L'enfer de Church Street ou Tartuffe égaré dans l'Arkansas...

Ce petit roman noir - ou cette longue nouvelle - de Jake Hinkson nous plonge à Little Rock, petite bourgade de l'Arkansas où Geoffrey Webb comprend très jeune que pour exister, il faut constamment jouer un rôle, s'inventer un personnage, ne pas faire ce que l'on dit et ne pas dire ce que l'on fait.

Dans cette ville qui baigne dans la religion baptiste, il trouve vite sa voie : il grossit pour devenir rassurant, débite à longueur de journée ses sentences bibliques apprises par coeur et, devenu orphelin, trouve vite un job à la paroisse en devenant l'animateur du groupe des jeunes à qui il enseigne les grâces de se tenir loin de l'alcool et du sexe. Avant d'enseigner le contraire à Angela, fille du pasteur local...

Vous me direz, c'est bien gentillet pour un Néonoir de Gallmeister... You're right ! Je vous rassure, ça va se gâter. Et sévère. Car plongées dans leurs mensonges, les âmes de Little Rock ne sont pas toutes vertueuses et les vieilles embrouilles vont resurgir. Puis un cadavre immédiatement suivi d'un second. Et la meurtrière fuite en avant de Geoffrey Webb va commencer.

Une jolie et glauque plongée dans cette Amérique profonde où la bonne conscience cohabite avec la tartufferie religieuse, dans une approche théorique vide et dénuée de tout fondement. À travers une écriture drôle et rythmée, Jake Hinkson nous livre un véritable pamphlet ironique contre la vacuité théologique d'une certaine idéologie américaine. Un délice...
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Encore un chouette petit bouquin de chez Gallmeister/Totem, lu en une soirée, distrayant et plein de suspense.
Une espèce de sale type s'enfuit de l'usine où il travaillait depuis trois semaines, dans le Mississipi, parce qu'il a cogné de toutes ses forces son contremaître qui a eu l'affront de le traiter de "connard fainéant". Parce qu'il est méchant, il lui a donc cassé la figure. Mais comme il a passé sa vie de prisons en salles de dégrisement, il n'attend pas la police et file. Et il a besoin de "braquer" quelqu'un. Pour s'acheter de quoi boire, etc.
Alors il se planque près d'une station service, afin de choisir la "bonne" proie. Pas une femme, ce n'est que des soucis. Pas des ados, qui n'ont pas un sou. Pas ces routiers musclés non plus. Vers le soir, il voit un homme obèse se garer et aller, péniblement, acheter des cigarettes et du soda. C'est le bon. Notre homme se cache près de la voiture, et une fois le gros homme ayant ouvert la portière, il lui enfonce son révolver dans le dos, et lui dit "Pas un geste. Monte dans la bagnole". L'autre ne bouge pas. Et il lui colle un coup de crosse sur l'oreille : "Monte". L'homme monté dans sa voiture, notre bandit de grand chemin s'installe à l'arrière et, le braquant toujours, lui demande de démarrer, et de tourner à gauche. Son idée est de le dévaliser et de lui prendre sa voiture dans le champ là en bas.
Bizarrement, le gros homme n'a pas l'air d'avoir peur. Et même soudain, au lieu de tourner, il s'engage à toute vitesse sur une bretelle d'autoroute, à fond. le révolver, enfoncé dans les plis de son cou, ne lui fait ni chaud ni froid. Il va même jusqu'à jeter son portefeuille gonflé de billets sur les genoux de son agresseur, refusant de s'arrêter. En fait, il exige même de son agresseur qu'ils fassent un contrat : il a envie de parler et besoin de compagnie, et il a au moins cinq heures de route devant lui. Une fois arrivé, il lui laissera ses 3 000 dollars.
Il se présente : il s'appelle Geoffrey Webb. Il dit qu'il mérite l'enfer pour ce qu'il a fait. Qu'il a besoin de raconter. Et il va raconter jusqu'au bout, sans que l'autre ne l'interrompe. Il raconte comment il a un jour décidé de devenir pasteur baptiste, parce qu'il a bien vu dans son enfance que ces gens-là gagnent bien leur vie tout en travaillant au max trois heures par jour. Il a fait les études, appris surtout comment parler en public et convaincre. Et surtout, parler en public et dire ce que les gens veulent entendre. Parce qu'il sait pertinemment que tout ça c'est de la rigolade, il suffit de faire semblant et que le reste suit. Sans beaucoup d'efforts. Lorsqu'il devient aumônier des Jeunes dans une petite communauté baptiste de l'Arkansas, tout lui sourit. Jusqu'à ce qu'il tombe amoureux d'une jeune fille qui se trouve être la fille unique du Pasteur de la paroisse. Et c'est ce sentiment amoureux pour la première fois ressenti qui va faire tomber le frère Webb de problème en problème, et de Charybde en Scylla.
Ce roman noir est un chef d'oeuvre d'ironie et d'anticléricalisme, et c'est franchement réjouissant. Les cadavres jonchent la route de Frère Webb, et l'immoral est qu'il s'en fiche complètement. C'est rebondissement sur rebondissement, impossible de poser ce livre avant la fin.
Lien : https://melieetleslivres.wor..
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Avec la réédition du Pike de Benjamin Whitmer et Exécutions à Victory, de S. Craig Zahler, L'enfer de Church Street ouvre la nouvelle collection des éditions Gallmeister, Neo Noir, consacrée plus particulièrement à des romans noirs américains plutôt urbains et dont l'action s'ancre dans le coeur d'une Amérique en crise – économique, morale, sociale – et s'attache à suivre les pas de personnages qui la subissent.
On est donc en plein dedans avec cet Enfer de Church Street qui débute sur une route de l'Oklahoma lorsqu'un repris de justice décide de braquer le client d'une épicerie qui lui réserve quelques surprises et peut-être aussi trois mille dollars :
« J'ouvris le portefeuille. Il était plein à craquer de billets de cent. Je ne les comptai pas, mais il semblait bien y avoir la somme en question. Je regardai à nouveau le gars. Pour une obscure raison, mes mains étaient poisseuses de sueur. Je savais que je pouvais flanquer une sacrée raclée à Geoffrey Webb. Je lui avais déjà mis une belle dérouillée, mais il avait pris la chose comme si ce n'était rien de plus qu'une tracasserie. Il n'avait pas peur de moi, et il n'avait pas peur de mon arme non plus. »
Si l'histoire de Geoffrey Webb pourrait tenir en deux courtes phrases (« L'histoire de ma vie, c'est que j'ai vécu, j'ai merdé, et je vais mourir. Je vais probablement aller en enfer »), il va néanmoins prendre le temps, durant cinq heures de route en direction de Little Rock, Arkansas, de la raconter en détail à son agresseur. L'histoire d'un garçon ayant vécu une enfance difficile avant de découvrir la religion… pour le pire :
« Il est difficile de savoir aujourd'hui si j'aurais été plus mauvais encore sans l'église, puisqu'elle a joué un rôle essentiel dans la décomposition de ma vie. »
Car ce que Webb a découvert durant son éducation baptiste, c'est que la connaissance de la Bible et le don de la parole conjugués constituent le meilleur moyen de manipuler ses coreligionnaires et d'obtenir, si ce n'est la fortune à tout le moins le pouvoir. Sauf que lorsque l'on manipule des humains, on s'expose, aussi bon soit-on pour anticiper leurs réactions et dresser des plans à l'avance, à ce qu'ils agissent en dépit du bon sens que l'on veut bien leur accorder et même à ce qu'ils soient encore plus vicieux que soi.
Ainsi le plan de Geoffrey Webb finit-il par se retourner contre lui. L'enfer de Church Street, c'est l'histoire de l'arroseur arrosé version massacre à la tronçonneuse dans la paroisse de la Petite maison dans la prairie qui aurait découvert la méthamphétamine, du type qui se débat dans des sables mouvants et s'enfonce un peu plus à chaque mouvement. L'innocence avec laquelle elle est racontée et les justifications a posteriori du narrateur font bien entendu penser au Lou Ford de Jim Thompson. Même si l'on ne peut pas vraiment comparer Hinkson à Big Jim, qui trône au sommet de la littérature noire, L'enfer de Church Street constitue néanmoins un bon roman assez barré (peut-être pas autant que ce que son début le laisse espérer, mais quand même) et résolument noir, une série B qui tient bien la route, une histoire poisseuse et sale.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Vous avez un long moment à passer dans une salle d'attente ? Avant l'extraction d'une molaire douloureuse ? un trajet monotone à accomplir en train ? Ce livre est celui qu'il vous faut ! Court, dépaysant et délicieusement iconoclaste.
Le héros n'est pas antipathique malgré ses nombreux forfaits et c'est avec une incrédulité un peu coupable que l'on découvre le plaisir de sourire à ses méfaits. On n'adhère pas mais on comprend la logique. On ne l'excuse pas : on s'en fiche et on veut connaître la suite. Qu'on espère sur la voie de l'encore pire. Et on n'est jamais déçu !
Il faut dire que ceux qu'il abat ne sont pas très fins, pas très attachants non plus. Ca ne justifie rien, on est d'accord. Mais comme c'est agréable de les voir aussi facilement canardés !
Et puis cette forme d'escalade dans l'abominable. Pas complètement vraisemblable, mais après avoir abandonné la morale, on jette avec gourmandise son sens du réalisme aux orties. Ca n'en fait pourtant pas une farce et rien n'est grotesque. C'est à désespérer de la nature humaine sans même le secours du pathos. A ne même pas pouvoir en pleurer car personne ne le mérite. Ne reste que le plaisir d'une hisoire menée à toute allure et le rire parfaitement gratuit et décomplexé. Un petit bijou.
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Une tentative de braquage avorté... Un homme qui en piste un autre, étant certain d'avoir une proie facile... Entre dans une automobile, pointe son arme, lui demande de l'argent... Et là, rien ne se passe comme prévu !! L'homme au volant n'en fait qu'à sa tête, et propose même que l'autre l'accompagne jusqu'en Arkansas, en lui promettant une somme d'argent à l'arrivée... Pendant la trajet, il se livre.... Ça fait si longtemps qu'il n'a pas conté... Comme toujours, c'est du lourd chez cette maison d'édition... C'est sombre, noir, comme j'aime... Un court roman qu'on lit d'une traite tant il est prenant... Une excellente lecture.
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Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir woh woh... sauf peut-être celui de se faire braquer et ça tombe bien, c'est pile ce qui arrive à Geoffrey Webb (qui n'avait plus d'espoir, donc)
Pas possible d'être aussi malchanceux. Vraiment, Webb on dirait un François Pignon mais néo-noir (hop, publicité Gallmeisterienne déguisée). Enfin en pire puisque comme il le dit si bien lui-même : "nous, on est une sacrée lignée de salopards qui se perpétue.", donc quand même, malchanceux mais pas blanc comme l'agneau neigeux qui vient de naître non plus.
Alors bon, quitte à se faire poser un flingue sur la tempe et avoir encore un peu de temps devant soi, autant poser ce lourd sac de briques de mauvaise conscience qui commence à peser au point que se faire tuer, ça semble encore ce qu'il peut arriver de plus beau.
Et c'est comme ça que Geoffrey Webb nous défile son CV dégueulasse qu'il a un peu cherché mais pas complètement non plus, y'a des gens comme ça, ils naissent sous une étoile mal formée et se trimballe ce fardeau toute leur vie.

Conclusion : gare aux flammes de l'enfer si vous voulez jouer au plus malin avec le vieux Barbu, pour une toute petite entourloupe histoire de vous donner toutes les chances de bien commencer votre vie, vous risquez au final de la devoir en monnaie d'échange.
L'arroseur arrosé dans sa version Jake Hinksonienne, du tout bon.

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Une rencontre improbable entre une victime et son braqueur et comme la victime ne se laisse pas faire, elle embarque son agresseur dans un voyage qui commence en Oklahoma pour finir en Arkansas. Ce voyage sert de prétexte à une confession hallucinante !! Tout au long de ma lecture, j'ai été sceptique, étonnée, scandalisée et tout cela avec le sourire quelques fois !! (D)Etonnant !
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 Un lecture plaisante mais sans plus. J'ai était enthousiasmé par le premier tiers (très ironique, voire cynique) du roman puis j'ai été un peu déçu par le tournant pris. En effet, la prédominance de l'action a, selon moi, conduit à ce que le roman revienne dans un style plus classique, ce qui, hélas, ne concourre pas à le différencier des autres polars du genre.
Au final, après une première partie jubilatoire, le roman est un peu "retourné dans le rang" et, alors que je pensais que j'allais lire un roman mémorable, j'en retiendrai que la lecture fût seulement agréable.
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Paul pensait que ce serait du gâteau : braquer un gars sur le parking d'une station service du Texas en pleine nuit, rien de plus simple. Surtout quand le gars en question est obèse et a du mal à se déplacer. Un coup de crosse de revolver sur l'oreille pour lui faire comprendre qu'il n'est pas là pour rigoler et il le force à démarrer. Seulement, une fois assis sur le siège du passager, Paul se voit proposer un drôle de marché. Il pourra empocher les 3000 dollars qui se trouvent sur la banquette arrière en échange de cinq heures de route vers l'Arkansas. Cinq heures au cours desquelles sa « victime » va se confesser et lui avouer bien des péchés…

Un roman noir barré comme j'aime. L'hommage à Jim Thompson est revendiqué et parfaitement réussi. On retrouve les personnages dingos, affreux bêtes et méchants qu'adorait mettre en scène l'auteur d'Une femme d'enfer. Plongé dans un engrenage qu'il ne maîtrise pas, s'enfonçant un peu plus à chaque nouvel événement tragique, l'anti-héros de Jake Hinkson est tellement poissard qu'on aurait presque envie de le plaindre malgré les horreurs qu'il commet. C'est drôle, déjanté, sans concession, porté par des dialogues percutants et des situations aussi sordides qu'improbables. Il flotte également dans cette peinture d'une Amérique en perdition l'esprit d'Harry Crews, notamment à travers les agissements d'une communauté d'illuminés où aucune âme, si charitable et mystique soit-elle, ne peux caresser l'espoir d'une quelconque rédemption à l'heure du Jugement dernier.

Ce roman est un régal pour qui aime la littérature américaine sauvagement décomplexée. Et c'est évidemment mon cas.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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