Esclavagisme et engagisme à La Réunion et à Maurice

Les réalités que mettent en lumière ce court essai ne me sont pas étrangères. En tant que Réunionnaise, je connais l'histoire de l'esclavage sur l'île et celle de l'engagisme qui lui a succédé. C'est donc l'envie de plonger plus scrupuleusement dans l'histoire de mon île qui a guidé mon choix lors de l'opération Masse Critique. Et grand bien m'en a pris car derrière les chiffres, les tableaux récapitulatifs et la narration de faits historiques, c'est aussi toute l'histoire du peuplement de la Réunion qui se dessine. Ainsi que celle de l'île Maurice - île voisine que les Réunionnais nomment l'île soeur - que je connaissais très peu.
Ces îles convoitées, parfois disputées, partagées entre puissances européennes ont été exploitées comme terres agricoles au gré des intérêts économiques. Et point de travail agricole sans main d'oeuvre, une nécessité qui conduira à l'arrivée d'esclaves sur l'île. Venus de Madagascar, du continent africain, d'Inde, ces hommes et ces femmes constitueront, avec les occidentaux, le premier peuplement de la Réunion et de Maurice.
L'essai de Ho Hai Quang rappelle aussi que l'abolition de l'esclavage n'a pas été une évidence, loin s'en faut, pour les propriétaires locaux dont l'activité reposait sur ce système. D'arrangements avec la loi à la mise en place de nouvelles organisations (l'engagisme, continuité d'un esclavage qui ne disait plus son nom), l'abolition effective aura largement été retardée dans ces territoires ultra-marins, notamment à la Réunion. Car bien que voisines, Maurice et la Réunion n'ont pas connu le même développement ni tout à fait la même histoire en raison à la fois de spécificités géographiques propres et de gouvernances différentes.
Un essai court et efficace pour plonger dans cette histoire terrible mais si représentative de la construction de la Réunion et de Maurice. Une histoire qui se lit encore aujourd'hui dans la répartition géographique de la population, dans le syncrétisme et dans cette langue commune à tous quelle que soit son origine, le créole. Un petit livre nécessaire pour se souvenir aussi et ne pas oublier surtout.

Je remercie @Babelio pour cette lecture, reçue dans le cadre de la masse critique.
D'origine réunionnaise, j'ai toujours été étonnée lors de mes séjours à Maurice et à La Réunion des différences existant entre les deux îles. Toutes deux font partie de l'archipel des Mascaraignes , ont le même climat tropical et la même géologie. Toutes deux ont été peuplées artificiellement . de surface quasi équivalente, Maurice est actuellement deux fois plus peuplée que La Réunion et la population d'origine indienne y est prépondérante.
Ho Hai Quang, économiste universitaire, va à travers cet essai nous expliquer l'influence de leur histoire politique et économique et des choix qui y ont été appliqués au 18 et 19 eme siècles à travers les deux systèmes de travail que sont l'esclavagisme et l' engagisme.
J'ai toujours entendu ma famille évoquer l'esclavagisme pratiqué à La Réunion. Ce système était privilégié par La France. A contrario Maurice appartenait à l'empire britannique au même titre que l'INDE . Les britanniques ont favorisé l'engagisme de leurs ressortissants indiens.
Mr Quang a écrit un ouvrage très facile à lire, très pédagogique. Chaque chapitre comporte une synthèse illustré par des graphiques. C'est une lecture qui m'a beaucoup appris sur l'histoire de ces deux îles. Je vous invite fortement à le lire.

L'île de la Réunion et l'île Maurice. Les îles soeurs. Et pourtant leur développement économique et démographique ont été très différents. Pourquoi et comment ? de leur découverte au début du 20e siècle, elles vont évoluer parfois de façon similaires et parfois de façon radicalement différentes. Mais cette différence se fera surtout sentir lorsque en 1814, le traité de Paris rattachera officiellement Maurice au royaume britannique tandis que la Réunion sera restituée à la France.
Ce livre permet de retracer l'évolution des îles qui auront recours à l'esclavage pour se développer. L'engagisme fera figure d'essai dans un premier temps, qui se soldera par un échec avant qu'elles n'aient plus d'autres choix que d'y avoir recours. J'ai trouvé très intéressant cette comparaison entre les deux îles qui permet en même temps d'avoir plus de détails sur le recours à l'esclavage et à l'engagisme. Les chiffres sont assez parlants. Un petit ouvrage clair et instructif qui permet de comprendre cette différence entre ces deux îles pourtant si proches.