Vers le milieu de la matinée, le train pénètre dans une autre région, où l'herbe est incroyablement abondante — comme elle peut l'être dans le pays vallonné suisse à une autre moment de l'année, pas à la mi-octobre, plutôt en juin ; mais la différence avec celui-ci, c'est l'absence de collines et de forêts, c'est quelque chose de beaucoup plus grand dans les lignes : Partout, le ciel est clair au-dessus de l'horizon et très haut. Et soudain, grand et sombre, se pointe réellement un moulin, comme dans les livres ; puis un autre et encore un autre. Ils sont dans les champs, sans auberge, ni routes, ni êtres humains, ils sont majestueux et très nombreux, ils ne sont donc pas plantés là pour des raisons publicitaires ? La plaine devient plus imposante et elle est peuplée d'animaux, partout des animaux, des vaches, des chevaux, des moutons, dispersés à l'infini, toujours et encore d'autres bêtes, personne ne les garde, on ne voit aucun être humain : la Hollande est un unique troupeau.
Mais le long de la côte se forme parfois une grande zone de couleur cadavérique. Aucun terme exact de la gamme des couleurs ne pourrait en dire autant : couleur de cadavre. Là-bas seulement, très loin, cette pâleur effrayante vire presque subitement au ton verdâtre de l'infernal mépris — qui apparaît maintenant comme un espoir de vie !
Ont-ils fini de jouer aux cartes, ils gueulent encore et toujours ! Et ce ne sont pas des cris monotones mais enthousiastes, qui laissent toujours l'espoir d'un nouveau fortissimo. C'est probablement la mer qui leur a appris cela, c'est "leur" manière de se comprendre.