Ludwig Hohl (1904-1980), auteur de langue allemande né en Suisse est quasiment un inconnu en France. Il faut dire qu'il semble s'être fort peu préoccupé de notoriété, écrivant si l'on peut dire, pour lui-même. Sa découverte pour moi, avec ce livre, est donc la conséquence d'un pur hasard; de ce genre de hasard que seule la fréquentation de ces lieux étranges, en voie de disparition rapide, que sont les librairies spécialisées avec passionnés aux commandes, permet à la base.
Hohl est un inclassable : je ne saurais même vous dire de quoi parle exactement cet ouvrage, cet ensemble de nouvelles disparates aux pouvoirs évocateurs proprement sidérants, écrites entre 1931 et 1938.
Toujours est-il que cela parle et fort à une part mystérieuse de notre être. D'une manière dont la substance, quelque peu vénéneuse, se retrouve assez bien en cette formulation abrupte, extraite de ce livre : "Prendre la lumière à même la nuit."
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Depuis très longtemps, Martin et sa femme, dans leur solitude, rêvaient d'avoir un animal; la solitude dans laquelle ils vivaient, dans ce quartier perdu et le plus désolé d'une ville désolée, n'était pas agressive, mais c'était vraiment la solitude, le silence total jusque dans les moindres quarts d'heure des jours; le silence, cependant que passent dans le ciel d'épais nuages blancs ...
...et au-delà des brumes attend une merveilleuse journée, pareille à un homme d'une bonté que rien n'entame, ni n'épuise.
Un homme, à bout de solitude, s'éloignait du centre de la ville; il s'assit sur un banc au bord d'un de ces grands boulevards prolétariens qu'on appelle là-bas "ceinture".