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4,05

sur 952 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Novembre 1920. La première guerre mondiale est terminée depuis deux ans, mais pour ceux qui restent, les rescapés, les endeuillés, le glas n'en finit pas de sonner. Anna Hope nous livre dans le chagrin des vivants, les portraits particulièrement touchants de trois femmes marquées par la perte. Un frère, un fiancé, un fils. C'est toute une nation qu'elle raconte, engluée dans la difficulté d'aller de l'avant. La cruauté inimaginable de la guerre.

Très documenté, le chagrin des vivants se passe sur cinq jours, du 7 au 11 novembre 1920. Les chapitres alternent à Londres entre Hettie, Evie, Ada, et de courts passages en France autour du rapatriement du corps du soldat inconnu. Tous ceux noyés dans la boue des tranchées, tous ces corps qu'on n'a jamais retrouvés, et les autres, enterrés en France mais sur les tombes desquels les familles ne peuvent pas aller se recueillir car le voyage coûte trop cher. C'est eux, leurs familles, leurs amis, que l'on croise dans ce roman.

La plume d'Anna Hope est élégante et son analyse des tempéraments, très fine. Cela rend certaines scènes d'autant plus violentes. Élans, détresse, colère, amertume, elle nous livre ses personnages dans leur entière humanité. Ceux pour qui c'est devenu un crime d'être heureux ; ceux qui veulent espérer en l'avenir.

Un premier roman poignant, une très belle réussite.

« Alors que le silence s'étire, quelque chose devient manifeste. Il n'est pas là. Son fils n'est pas à l'intérieur de cette boite. Et pourtant elle n'est pas vide, elle est pleine d'un chagrin retentissant : le chagrin des vivants. »
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Anna Hope à la rencontre de plusieurs femmes endeuillées par la grande guerre, leurs mots vont patiemment s'écrire, se trouver, s'apprivoiser avec maladresse, effroi, elles sont venues vers elle la voix encore engorgée de silences, et de vides, que savent elles de ces hommes, ceux qui sont revenus ne parlent plus.
Anna Hope parle de l'impossible, de l'impensable, de l'insoutenable, de cette peur aveuglante comme un délire à ciel ouvert, « pas envie de l'entendre beugler comme un sourd » P300, ce sont pourtant ces mots qu'il faut vomir, extraire de soi ou pourrir, « on s'attache une écharpe autour du visage et on creuse » P301.
La confession de Rowan est le moment plus fort du livre, extraire les mots pour parler de son ami Michael, dire le coup de feu, puis je ne peux pas, puis « je me mets à trembler. Je tremble sans m'arrêter. Je ne sens plus mon bras. le bras qui a tiré le coup de feu. Après ça il cesse de fonctionner, et il ne bougera plus jamais. ».
le Chagrin des vivants sonne comme des cris, indisciplinés que ni l'hommage de la Nation, ni la tendresse des amis ne peuvent arrêter, un tsunami intérieur qui va balayer ces femmes, les dévaster, dans leur incapacité de savoir de comprendre comment on peut se « noyer dans la boue ».
Toutes les femmes au coeur du Chagrin des Vivants se ressemblent, elles cherchent à savoir, à revivre parmi ces hommes qu'elles ne comprennent plus, rongés par leurs fantômes, encore surpris d'être vivants, mais qui n'ont pas les mots, des gestes parfois, pour se remettre à communiquer, la mémoire envahie par les bruits d'hier qui ne s'évanouissent pas, par un corps qui tremble et sursaute, une jambe manquante.
Anna Hope nous guide tel de courts interviews qui nous font avancer pas à pas.
Evelyne a perdu son fiancé, son frère blessé à la jambe n'est plus qu'une ombre, les propos sont incohérents, ma vérité mais laquelle, il faudra toute l'opiniâtreté d'Éveline, pour arracher enfin ces bribes de paroles à l'officier qu'il fut.
Hettie et Di accompagnent des soldats au bal pour oublier dans ce « Palais » , une rencontre est une épreuve, un défi , elles gagnent à chaque danse quelques pence, Hettie y rencontrera Edward le frère d'Éveline pleinement alcoolisé.
Ada et Ivy ont perdu un fils, le fils d'Ada n'est pas dans cette boite du soldat inconnu et pourtant Ada « n'est pas vide elle est pleine de chagrins retentissants, pleines du Chagrin des Vivants. » .

Le livre ne laisse pourtant pas un goût amer, les confessions soulagent, les blessures apaisent.
Livre éblouissant, pudique, vrai, d'une grâce littéraire affirmée, chacune de ces femmes vous laissera leur image au féminin, mère, épouse, amante, des images au fil d'une émouvante imagination.
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Une belle surprise que ce roman de Anna Hope, tant pour son thème que pour la construction habile. L'action se déroule entre le 7 et le 11 novembre 1920, date à laquelle le corps du soldat inconnu est rapatrié en Grande-Bretagne. Trois femmes qui ne se connaissent pas partagent – comme des milliers de familles – le chagrin d'avoir eu un fils, un fiancé ou un frère partis à la guerre. Certains ne sont pas revenus, d'autres ont eu cette chance mais les cicatrices demeurent, les séquelles d'un conflit barbare qui n'a épargné personne.
Le deuil est impossible, la souffrance s'exprime sous différentes formes : le déni, la colère, le repli… Evelyn, Ada et Hettie, chacune tente à sa façon de surmonter l'absence, le bouleversement intervenu dans leur vie. L'auteur peint des personnages très attachants, auxquels il est aisé de s'identifier, on est tour à tour mère, soeur ou amoureuse et on est ému (moi, en tout cas, c'est certain !) de tant de désarroi.
Le roman dévoile aussi certains pans de l'histoire, comment est « choisi » le corps du soldat inconnu, comment sont indemnisés les anciens combattants et, surtout, comment la société oublie rapidement les sacrifices infligés à des soldats qui se retrouvent à mendier quelques pence pour subsister, évoquées également les turpitudes des gradés, leur lâcheté…
Enfin, c'est aussi intéressant de constater comment des commémorations nationales permettent à la plupart, dans une communion collective, d'exorciser les drames, de s'affranchir de choses douloureuses grâce au partage.
Beaucoup d'enthousiasme donc pour un roman très inspiré, très bien traduit, qu'on referme avec regret. Je pense que je vais acheter le dernier roman d'Anna Hope !

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J'ai beaucoup aimé ce livre qui nous raconte le combat de trois femmes au cours de cinq journées, du 7 au 11 novembre 1920, date de l'arrivée du Soldat inconnu rapatrié depuis la France à Londres !!!!!!! Les meurtrissures de ces femmes, leur profond chagrin, l'absence des êtres chers morts ou mutilés à jamais et la vie qui doit continuer inéluctablement, c'est tout cela qui m'a bouleversée; ce livre me fait penser au très beau film " mémoires de jeunesse" d'après le best seller de Véra Brittain
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Une histoire de fantômes...
Les fantômes de ceux qui ont péri dans la boucherie de 14-18,
Les fantômes de ceux qui en sont revenus marqués à jamais,
Les fantômes de celles qui n'y sont pas allé mais qui y ont perdu un fils, un fiancé, un frère.

2 ans après l'armistice, alors que l'Angleterre attend l'arrivée de son soldat inconnu, Ada, Hettie et Evelyn, chacune dans leur coin, tentent de vivre avec leurs fantômes.
Anna Hope explore la premiere guerre et ses conséquences, elle nous raconte dans un grand élan romanesque comment, en plus des millions de morts des champs de batailles, 14-18 a engendré des millions de morts-vivants. Tous tentent de dépasser un traumatisme personnel qui pourra peut-être s'apaiser dans une catharsis nationale autour du cercueil d'un inconnu.
Comme quoi les symboles on leur utilité.

« Et quoi qu'on puisse en penser ou en dire, l'Angleterre n'a pas gagné cette guerre. Et l'Allemagne ne l'aurait pas gagnée non plus.
- Qu'est-ce que tu veux dire?
- C'est la guerre qui gagne. Et elle continue à gagner, encore et toujours. 
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Anna Hope nous fait suivre trois femmes dont le destin a été bouleversé par la Première guerre mondiale. Nous découvrons les blessures, la douleur de la perte ravivée par l'arrivée du soldat inconnu

L'auteur a fait le choix de séparer son roman en fonction des jours jusqu'au 11 novembre. le récit livré par Anna Hope m'a permis de comprendre que chaque personne, touchée par ce deuil tragique, pouvait imaginer son enfant/compagnon/frère reposant là et surtout de rendre au hommage au si nombreux morts.

A travers ces femmes, nous rencontrons d'anciens soldats qui réintègrent difficilement la société anglaise que se soit suite à leurs blessures physiques ou celles invisibles des traumatismes psychiques parfois plus violents et imprévisibles, voire une association des deux. Anna Hope a réussi à transmettre l'ensemble de ces émotions au lecteur, à rendre le récit vivant sans pour autant le rendre oppressant. Elle ose aborder un sujet longtemps tabou et qui continue à me choquer : l'administration militaire ordonnant de fusiller de jeunes déserteurs pour éviter les mutineries et fuites.


J'ai trouvé intéressant, le fait qu'Anna Hope écrive les ressentis de ces trois femmes représentant différents âges de la vie. Ainsi, Hettie est le symbole de cette génération à l'aube de sa vie, qui souhaite seulement que la vie reprenne son cours. Tandis qu'Evelyn est l'image de l'amante, de la femme au bord de l'abime après le décès de l'homme qu'elle aimait. Enfin, Ada représente toutes ces mères qui ont perdu leurs fils et qui ne pourront jamais vraiment leur deuil en l'absence de corps, d'explications sur la mort de leurs enfants et de tombes pour leur permettre de se recueillir.

Dans le chagrin des vivants, Anna Hope nous livre un récit émouvant, touchant, sensible sur un sujet difficile et violent. Elle ne cherche pas à omettre la vérité mais utilise des termes simples. On espère que tous ces personnages aux aspects parfois sombres parviendront à se pardonner leurs actes, à se relever et à vivre la vie qui leur a été offerte.

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Le roman se déroule sur quelques jours, du 7 au 11 novembre 1920, à Londres. Les trois personnages principaux sont trois femmes et on les découvre avec toutes les difficultés de vivre et de se reconstruire après la guerre.
Hettie est danseuse de compagnie : des hommes l'engagent pour une danse au Palais de Hammersmith. Peu convenable selon sa mère mais Hettie a ainsi un travail et peut contribuer à faire vivre la famille : sa mère et son frère Fred qui hurle toutes les nuits depuis qu'il est rentré de France, mais qui n'arrive plus à communiquer la journée.
Evelyn qui vit avec sa co-locatrice Doreen et qui travaille au bureau des pensions de guerre. En rupture avec sa famille aisée qui aimerait la voir aller de l'avant, elle ne sait comment vivre depuis qu'elle a appris la mort de son fiancé Fraser.
Ada enfin, mariée depuis 25 ans à Jack et dont le fils Michael est porté disparu. Elle ne cesse de le voir partout, dans la rue, chez le boucher, …
La « petite » histoire de ces trois femmes qui ne se connaissent pas (mais qui en fait ont des liens ..) et leur quotidien hanté par la guerre côtoient la « grande » histoire et le choix puis le rapatriement du soldat inconnu.
Un roman très dense, plein d'anecdotes révélatrices de la période (le fermier qui a perdu un oeil à Verdun qui veut simplement qu'on le laisse tranquille, une infirmière fiancée qui tombe amoureuse d'un capitaine français, le travail dans les usines d'armements, les coupes de cheveux à la garçonne, …)
« C'est la guerre qui gagne » pour certains des personnages qui se laissent envahir par leurs douloureux souvenirs mais certains arrivent aussi à tourner la page. Poignant, émouvant, une belle découverte !
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Chapeau pour un premier roman c'est très réussi ! une très belle histoire sur trois portraits de femmes en Angleterre en temps de guerre, c'est d'ailleurs une bonne idée car les femmes sont souvent les grandes oubliées des récits sur les guerres. Ada est mon personnage préféré, j'ai vraiment ressenti sa détresse, cela dit les autres personnages sont aussi très bien dépeints, les ambiances et les lieux très bien décrits, parfois même on s'y croirait. Une grande maîtrise dans l'écriture qui peut que porter le lecteur et l'entraîner dans cette fresque féminine de haut vol.

On suit trois femmes touchées par la guerre , chacune de façon différente, on entre dans leur vie sur une durée de 5 jours et cela donne lieu à des confidences, des silences, des souffrances, des espoirs , des souvenirs. J'ai été assaillie par des sentiments mêlés, de la compassion pour toute la galerie des personnages, les amputés, les veuves, les mères, les soldats, les fous. L'auteur réussi à mettre du sentiment sans que cela ne tombe dans le pathos. Chaque personnage a ses chapitres propres ce qui permet de bien faire le tour de chacun d'entre eux, même si parfois les destins se croisent.

L'auteur que j 'ai eu la joie de rencontrer s'est beaucoup documenté sur le sujet et a retranscris le fruit de ses découvertes avec intelligence et délicatesse. C'est un message universel qu'elle adresse à tous sur les dégâts causés par les guerres et les pertes irréversibles qu'elles soient physiques ou psychologiques. Je lirai volontiers le prochain livre d'Anna Hope.

VERDICT

Un livre que j'ai beaucoup apprécié sur les femmes en tant de guerre, sujet quasi jamais traité jusqu'ici. Un pur régal.
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Anna Hope livre avec le chagrin des vivants un roman poignant et émouvant que j'ai tout simplement adoré.
Si l'intrigue proposée ne se passe pas pendant la Première Guerre mondiale, mais deux ans après l'armistice, en novembre 1920, c'est pourtant tout comme pour nos trois personnages féminins : Ada, Evelyn, Hettie. Leur vie à toutes les trois s'est arrêtée à ces 4 années terribles, qui ont brisé leur insouciance et leur joie de vivre par la perte d'un fils, d'un fiancé ou le retour d'un frère mais qui n'est plus vraiment lui-même. Durant les 5 jours qui précèdent l'inhumation du soldat inconnu britannique, nous apprenons à mieux connaître ces femmes.
La plume de l'auteur et le choix de narration rendent parfaitement hommage au thème abordé dans le roman. L'écriture porte les émotions, les questionnements et nous immerge dans le contexte social de cette année 1920 en Angleterre. le roman progresse tout en lenteur, même si les jours semblent passer rapidement et se ressembler pour nos protagonistes en quête d'un futur qu'elles n'arrivent pas à percevoir.
Bref, un réel coup de coeur pour cette lecture, tant pour le style de l'auteur que pour le sujet très bien traité de cet après qui porte encore les stigmates du passé.
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Deux années après la fin de la guerre 14/18, l'Angleterre attend le retour du soldat inconnu. Ce retour symbolique permettra aux familles de faire un difficile deuil ; tant de familles ont perdu un être aimé, et aucune d'elles ne peut se recueillir sur une tombe.

C'est dans ce contexte que nous rencontrons 3 femmes, 3 destins. Ada, une mère éplorée qui n'arrive à accepter la mort de son fils, Hettie, une jeune fille de 19 ans qui monnaie ses danses et côtoie d'anciens soldats, et Evelyn, qui a perdu l'amour de sa vie. Ada et Evelyn n'attendent plus rien de la vie tandis qu'Hettie attend tout et veut vivre, un peu égoïstement, sa vie sans prêter attention aux souffrances qui l'entourent. Mais toutes 3 ont un point commun, elles étouffent de ne pouvoir vivre.
J'ai aimé suivre le travail que font ses femmes sur elles-mêmes durant les quelques jours que relatent le roman. Nous apprenons à les connaitre, elles s'ouvrent à nous, j'ai souffert pour elles.
On rencontre aussi les hommes, dont le retour à une vie normale est compliquée ; pourquoi sont-ils revenus alors que tant y sont restés ? A la culpabilité s'ajoute la souffrance : ils reviennent brisé à l'instar des frères d'Evelyn et d'Hettie. On découvre avec eux la difficulté de parler de ce qu'ils ont vécu, la difficulté de trouver quelqu'un à qui parler, car les gens ne sont pas prêts à entendre les horreurs de la guerre.

Avec le chagrin des vivants, Anne HOPE trouve les mots justes et avec humilité, malgré la noirceur des événements, elle laisse une lueur d'espoir, une place à la vie
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