De
Houellebecq, ce roman est certainement le meilleur.
A vrai dire, j'ai apprécié
Houellebecq dès le premier livre que j'ai lu de lui, à savoir
Extension du domaine de la lutte. Certes le style d'écriture de
Houellebecq est par moments lourd, quelque peu pataud: les longues descriptions de diverses actes sexuels sont parfois longuets et confinent à la vulgarité...Cela étant dit les passages confondants de beauté lumineuse sont également légion, comme si
Houellebecq, conscient de la crudité de sa propre écriture, voulait s'en écarter le temps de quelques pages.
Autant être honnête:
Houellebecq est l'un des très rares écrivains à avoir une vision juste de la société occidentale contemporaine, en osant déboulonner le mythe d'une libération des moeurs post Mai-68 qui aurait apporté le bonheur à tous. Rien que cela rachète à mes yeux l'ensemble de ses faiblesses d'écriture.
J'avoue qu'il entre une part de colère et de révolte dans l'admiration que j'ai pour les romans de
Houellebecq (je parlerais de "lecture protestataire", au même titre que le vote protestataire). En somme, lire des livres qui dépeignent les soixante-huitards pour ce qu'ils sont, des imbéciles égoïstes n'ayant su que déconstruire sans rien rebâtir derrière, en laissant aux générations suivantes, dont la mienne, des montagnes de dettes et leur retraite à payer m'est on ne peut plus agréable.
Combien de fois ai-je haï les hippies et autres soixante-huitards dégoulinants de suffisance dépeints dans
les Particules élémentaires...
Citez-moi une grande réalisation, politique, sociale, intellectuelle, artistique de cette génération-là...Rien, ou presque (ah, si,
Bernard Henri-Lévy et
Pascal Lamy! La bonne blague...). Les vrais progrès eux-mêmes, comme
l'abolition de la peine de mort, ne doivent que peu à ces gens-là (
Robert Badinter, son promoteur, est né bien avant la génération qui a fait mai 68...).
Après il suffit d'ouvrir n'importe quel Mauriac ou
Zola,
Balzac pour comprendre que la société d'avant était loin d'être aussi idyllique qu'on voudrait le croire, et qu'un retour au passé n'est donc qu'une chimère dangereuse: mais je doute que le progrès dont se gargarisent les Daniel Con-Bandit et consorts soit aussi grand qu'ils le prétendent, même s'il existe en partie...
La démarcation entre ceux appréciant
Houellebecq et ses détracteurs semble à cet égard posséder une dimension idéologique, au-delà d'une dimension littéraire.