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sur 2560 notes
Avec Sérotonine, son septième roman, Houellebecq nous entraine une nouvelle fois dans un récit où le héros, bien sûr déprimé, ressasse sa vie amoureuse et professionnelle, évidemment boit trop et fume trop, et inévitablement fantasme sur les femmes… Cette fois, le narrateur, Florent-Claude Labrouste, 46 ans, employé du ministère de l'agriculture et dépressif, se donne pour objectif de «maintenir le désespoir à un niveau acceptable».

Les scènes de sexe en tout genre sont récurrentes chez Houellebecq ; ici les amateurs de pornographie sauvage et d'obscénités sont particulièrement gâtés : au royaume du glauque, partouzes, gang bang, zoophilie, pédophilie, aucun détail n'est épargné au lecteur sur la plus grande partie du livre. S'y ajoutent les provocations, les insultes, les mots crus qu'on retrouve fréquemment tout au long des 347 pages, les mots « chatte » « cul » et bien d'autres que je n'ose citer ici, mais des dizaines de fois chacun, c'est vite lassant, comme si c'était devenu l'unique sujet d'inspiration de l'écrivain. Déconnecté de tout sentiment, le sexe est plus un souvenir qu'un regret, continuellement piteux, on a le fantasme qu'on peut.

Houellebecq joue sans cesse sur la frontière entre réalité et fiction et se pastiche lui-même. Ses narrateurs apparaissent souvent comme des doubles de l'auteur. Comme dans chacun de ses romans, le texte comprend de nombreux clichés où se faufilent d'affligeantes platitudes : « J'avais bien compris, déjà à cette époque, que le monde social était une machine à détruire l'amour », il est vrai que dans l'enfer Houellebecquien, un peu de Cendrillon ne saurait faire de mal.

Comme il s'agit de Houellebecq il faut, paraît-il, chercher du génie. Je fouille encore mais je ne trouve pas et ne m'habitue pas à son univers de déclin nombriliste cynique et provocateur. Houellebecq s'amuse à décrire une société en perdition qu'il décrit avec beaucoup de désarroi existentiel et de cynisme dépressif. Il y a toujours les mêmes effets, les mêmes obsessions, les mêmes travers, les mêmes angoisses. Ses personnages sont toujours affligés du même mal, désabusés, divorcés, séparés, impuissants, de préférence obsédés sexuels, vivant dans la solitude et sont incapables de s'adapter au monde contemporain.
Le nom de Houellebecq est toutefois devenu une marque de fabrique, une garantie de succès ; quant à moi, ses descriptions de scènes de pédophilie, de zoophilie, et du sexe flasque du héros, ne me provoquent aucune douce émotion. Comment, vous n'avez pas encore le dernier sextoy Houellebecq ?
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Pas de frein dans la descente, Florent Claude Labrouste descend à tombeau ouvert.

Celui que l'on appelle plus communément Florent dans le roman a cependant trouvé une potion presque magique qui l'empêche de sombrer définitivement dans la dépression: le Captorix. Un médicament efficace qui possède cependant des effets secondaires notoires que le récit ne manque pas de souligner.

Houellebecq est un décomposeur et son Florent est un peu la fleur qui pousse sur un immense tas de fumier. Florent a peut-être eu le chrysanthème comme totem chez les scouts.

En effet tout ce dont il parle se délite inévitablement: les relations avec les femmes, l'agriculture, la SNCF, Christine Angot, les fromages au lait cru, Laurent Baffie, les CSP + et ++ et leurs familles recomposées, Yves Simon, la religion chrétienne,etc. Les bons mots sur ses contemporains sont nombreux et souvent hilarants.
C'est un récit rythmé par les coups. Les coups de reins, les coups de feu et les coups de pub.

Pourtant passées les habituelles provocations, la question essentielle du roman tourne certainement autour du désir: peut-on vivre sans?

Le développement m'a semblé parfaitement maitrisé sauf peut-être la fin que je n'ai pas comprise ou pas voulu comprendre.
Houellebecq est sans doute un dépressif mais un joueur quand même et Serotonine m'a semblé finir sur un coup de bluff.
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La dernière page de Sérotonine lue, j'étais sûre d'une chose, ce roman ne ferait pas partie de mes livres de chevet. Cela dit en faire la critique s'avère plus délicat...
La première difficulté a été pour moi de ne pas superposer l'auteur à succès pour lequel je n'ai guère de sympathie, au héros de ce roman, même si pour moi les points de convergence sont forts. A commencer par le nombrilisme exacerbé du narrateur, Florent Claude Labrouste, ingénieur agronome de son état et qui revient par flashbacks successifs sur le désastre de sa vie en épinglant au passage le déclin civilisationnel dans lequel nous vivons. Racisme revendiqué, homophobie affichée, sexisme et anti-féminisme virulents font partie des obsessions névrotiques de cet homme. Compte tenu du goût de la provocation chez Houellebecq comment ne pas être mal à l'aise avec les élucubrations de ce personnage et ne pas voir en lui un double de l'auteur ou du moins d'une partie de lui-même !
Même ambiguïté pour tout ce qui relève du sexe. Obscénités, mots crus émaillent les longs monologues du narrateur sans parfois aucune raison liée ni à l'action, ni aux personnages. Cela m'a plutôt fait sourire car je n'ai pu m'empêcher de penser en rapprochant certaines photos actuelles de Houellebecq et ses écrits, qu'il y avait chez lui un phénomène compensa tatoire, celui du "vieux petit garçon" qui se gave ou se libère dans ses romans de tous les mots interdits et fantasmes sexuels transgressifs liés à son enfance ou adolescence...
Alors quid de ce héros dépressif, misogyne et misanthrope à souhait ? Faut-il le réduire à ses phobies et son obsession du sexe ? Non, pas tout à fait... Il y a l'amour qu'il a connu avec deux femmes Claire et Camille mais qui n'existeront jamais en tant que personnages, du moins c'est mon sentiment. Tout simplement parce que Houellebecq ne sait pas mettre en mots l'état émotionnel amoureux. D'ailleurs tous les passages qui relèvent de ce thème sont bourrés de clichés et noyés dans une écriture monocorde qui les saborde littéralement.
Ce n'est que lorsqu'il passe au désespoir amoureux que son héros m'a interpellée car le registre de l'auto-dérision, de l'ironie amère ou méchante est vraiment celui qui convient à Houellebecq. du moins c'est comme cela que je perçois son écriture. Pour moi, les scènes les plus réussies sont celles où il fait preuve d'un humour féroce, comme par exemple lors des retrouvailles avec Claire ou Aymeric, un personnage tragique, issu du monde agricole. La perception du monde rural et de son déclin est d'ailleurs bien vue et c'est l'aspect de la satire sociale qui m'a le plus intéressée. Pour le reste, Houellebecq est souvent plus dans le slogan ou la posture que dans la critique véritable.
Je voulais donner une deuxième chance à cet auteur dont je n'avais lu qu'un seul ouvrage. Il n'y en aura pas une troisième tant j'ai à coeur de ne pas apporter ma contribution à une machine médiatico-éditoriale qui préfère donner la priorité à des auteurs sulfureux parce que ce sont de bonnes locomotives au niveau des ventes.
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Florent-Claude Labrouste est un homme vieillissant, impuissant et dépressif qui, malgré le Captorix, un antidépresseur, songe beaucoup à la mort et aux femmes avec qui il a vécu ou qu'il a simplement rencontrées. ● Il me semble que la qualité première de ce texte est son humour quasi-constant et extrêmement jouissif. On sourit presque en permanence. ● Cependant, je comprends qu'il puisse choquer, car Houellebecq essaie de se cacher derrière un narrateur transparent pour dire les pires horreurs, notamment sur les femmes et les homosexuels. C'est très politiquement incorrect – ce dont il s'est fait une spécialité. ● Contrairement à d'autres lecteurs qui fustigent son style, au moins dans ce roman-ci, je l'ai trouvé très agréable, passant d'un lyrisme échevelé à la plus grande trivialité presque sans transition. C'est très revigorant et cela change de bien des romans qui se publient aujourd'hui. ● Certes, l'intrigue est des plus minces, mais je pense qu'en matière de roman, le plus difficile est d'en réussir un sans intrigue car il faut alors que tout le reste soit excellent (en l'occurrence monologue intérieur, style, personnages, réflexions d'ordre général...). ● Encore une fois contrairement à d'autres lecteurs, je ne trouve pas que son analyse de la société contemporaine soit si pertinente que cela. Dire qu'il a anticipé la crise des gilets jaunes me paraît très exagéré. Il me semble que dans ses analyses on peut trouver deux écueils : soit il se trompe complètement, soit il enfonce des portes ouvertes, comme ses propos sur les agriculteurs. ● Je comprends aussi que le surmarketing et le battage médiatique autour de lui et de son oeuvre puissent insupporter, de même que le placement de produits, franchement détestable. ● Mais, contrairement à ses livres précédents, comme Soumission, que j'avais détestés, Sérotonine m'a procuré un grand plaisir de lecture.
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Alors que certains auteur(e)s insufflent de la lumière dans leur récit, même à fortiori dramatique (oui oui c'est possible), Michel Houellebecq fait tout le contraire dans Sérotonine, il y raconte, et encore et encore LA dépression avec son panel de symptômes plus lugubres les uns que les autres :

- elle imprègne la perception du présent, du passé et du futur,
- elle engendre une incapacité à éprouver du plaisir,
- le monde paraît vide et rien ne peut avoir assez d'intérêt pour atténuer cette situation pénible,
- l'ennui, la monotonie, caractérisent la tristesse,
- l'absence d'avenir est omniprésente

Bienvenue dans le dernier roman de MH, deuxième pour moi après Les particules élémentaires. Pourtant, j'avais dit « plus jamais » mais… une (jolie) boîte à livres en a décidé autrement.
Ce dernier est plus facile (attention, je n'ai pas dit « agréable ») à lire.
La prose, plus aisée à suivre. C'est déjà ça !

Florent-Claude (prénom « ridicule » selon l'auteur qui lui donnera d'ailleurs l'occasion de quelques paragraphes pas intéressants du tout sur cette question du prénom) est « employé au ministère de l'Agriculture chargé de rédiger des notes et des rapports à destination des conseillers négociateur au sein d'administration européenne » (c'est long à dire – et encore je n'ai pas tout rapporté - mais MH aime bien rester longtemps sur ce genre d'information, ça occupe de l'espace dans son livre).

Ce personnage gris, très gris, nous raconte un grand pan de son existence. Il se replie sur lui-même, quitte sa « garce » de compagne (elle en prend plein la figure, plus noire c'est difficile) pour se réfugier dans une chambre d'hôtel, fumer et regarder la télévision. Il est quand même obligé de sortir quand il faut nettoyer la dite-chambre.
Les souvenirs, de ses rencontres (principalement féminines) affluent dans son-esprit-sous-cacheton.
Question « mémoire », ça va plutôt bien. La nouvelle molécule inclue dans le cachet semble efficace, pas d'altération des souvenirs contrairement aux autres cachets ( ne le cherchez cependant pas, il n'existe pas) existant dans le commerce, heu… pardon… dans les pharmacies.

Dès le début du roman, donc, un petit comprimé de SEROTONINE soutient ainsi l'ensemble, et surtout le bonhomme. Mais plus de libido pour celui-ci, et force est de reconnaître que l'auteur ne peut que saisir les souvenirs narrés par Florent-Claude (quel prénom bizarre quand même ! ) pour donner une dimension plus pornographique qu'érotique aux rencontres de son dépressif. Parler de sexe, il aime ça le bougre, même s'il paraît qu'il s'est calmé par rapport aux précédents romans.

Bref ! En gros c'est le roman d'un mec désabusé, misogyne et déprimé. J'ai lu dans les critiques qu'il serait LE « mâle occidental, homophobe à la libido en berne » …. expression littéraire d'une « dérive émouvante autour de la perte du désir, sur fond de révolte des agriculteurs ».
Gloups !!!
Pauvre mâle occidental !
Heureusement, je n'en connais pas des comme ça.
Pauvres agriculteurs aussi. Heureusement qu'ils ont Karine Lemarchand pour leur libido.

Eh bien, je ne me ferai plus avoir par ma curiosité de petite fille, même par les plus belles boîtes à livres de l'hexagone, car j'ai trouvé que ce texte sans aucun dialogue qui raconte l'insupportable vacuité des journées d'un personnage inintéressant au possible est indéniablement misogyne, détracteur de ses contemporains, vitrioleur même, dénigreur du monde moderne qui l'entoure sans qu'aucun espoir ne transparaisse nulle part.

Alors, je conseille à l'auteur ainsi qu'à son personnage (!) comme lectures consolatrices :
- Retrouver l'espoir (A.Pellisolo)
- Mon programme anti-dépression (C.André)
- Tout déprimé est un bien portant qui s'ignore (M.Lejoyeux)

Et puis aussi …
- de laisser tomber la clope,
- de manger mieux (j'ai déposé une liste de titres sur Babelio à ce sujet) ,
- de bouger son petit corps,
- d'aller voir ses contemporains (ils ne sont pas tous pourris).

… et la machine repartira peu à peu…

Lien : http://justelire.fr/serotoni..
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En France, on a l'habitude des stars clivantes, des personnalités adulées par les uns et détestées par les autres, comme Serge Gainsbourg, Éric Cantona ou Nicolas Sarkozy. Tous trois ont eu leurs heures de gloire, dues à d'immenses qualités. Mais en même temps, le premier déclarait à Whitney Houston chez Drucker avoir envie de la baiser ; le second injuriait les sélectionneurs ou sautait dans les tribunes pour cogner les spectateurs ; et le troisième prétendait nettoyer certains quartiers au Karcher.

Michel Houellebecq est de cette engeance. On l'aime moi non plus. On ne sait pas si son franc-parler est visionnaire ou s'il dénote une incontrôlable envie de choquer. Et parmi ceux qui en parlent et clament qu'il est le meilleur ou le pire écrivain français, nombreux sont ceux qui ne l'ont même pas lu.

Je fais partie de ceux qui ont lu les romans de Houellebecq et je considère que c'est un grand écrivain. Ses personnages, ou plutôt, soyons précis, son personnage principal habituel est particulièrement bien croqué et tout à fait crédible. Les péripéties imaginées par l'auteur sont toujours surprenantes, bien qu'inspirées de l'air du temps, voire prémonitoires. Ses commentaires anecdotiques sont ravageurs. Son humour, très politiquement incorrect, est souvent irrésistible. Son écriture est fluide et subtile, bien que proprement transgressive.

Sérotonine commence fort ! C'est du Houellebecq pur jus, avec, dans les premiers chapitres, des passages « trash », très drôles, d'autant plus drôles qu'on en imagine la lecture par des personnes trop bien élevées, contraintes de jongler avec des bites et des chattes à qui mieux mieux…

L'un dans l'autre !... me direz-vous…

Comme à chaque fois, le personnage principal et narrateur semble être un avatar de l'auteur, – en tout cas, c'est ce que celui-ci voudrait nous faire croire –, un homme plutôt médiocre et conscient de sa médiocrité. Florent-Claude est un ingénieur agronome de quarante-six ans. Ce Français moyen « fume des clopes et roule au diesel », pour reprendre la qualification récente d'une catégorie sociale du pays. Il boit aussi beaucoup. A la différence des précédents romans de l'auteur, il a dépassé le stade de la médiocrité et assume, toute honte bue, un mépris de soi qui l'amène à se laisser doucement tomber dans le néant.

Au fait, qu'est-ce que la sérotonine ? Cette hormone sécrétée par l'homme contribue à réguler son équilibre psychique. Florent-Claude est justement en manque de sérotonine et il prend un mystérieux antidépresseur pour compenser. Effets secondaires : perte de la libido et impuissance sexuelle. Pas grave ! Il a renoncé aux femmes, après avoir fait suffisamment de gâchis sur le sujet. Les regrets ne sont pas porteurs d'espoirs.

Professionnellement, rien ne l'intéresse plus non plus. Après avoir été cadre chez Monsanto, le groupe agrochimique américain symbole du capitalisme le plus cynique, il est entré dans l'administration française, où il a le sentiment d'avoir raté toutes ses missions.

Il perçoit avec lucidité les malaises de la société actuelle, lourdement réglementée et en même temps dangereusement libérale, mais il n'a pas assez d'énergie pour réagir. Il n'essaie même plus de comprendre les argumentaires politiques des uns et des autres, où il n'entend que des clichés rebattus. Il avoue d'ailleurs confondre République En Marche et France Insoumise… de quoi faire hurler de rire certains et hurler de rage les autres.

L'auteur pointe les difficultés rencontrées par les agriculteurs, met en scène des affrontements tragiques avec les forces de l'ordre, mais il n'a pas anticipé un mouvement aussi complexe que celui des gilets jaunes. du coup, Sérotonine n'apparaît pas aussi ancré dans l'actualité que ses précédents romans.

L'écriture est caractéristique de Houellebecq. La syntaxe et la ponctuation sont directement inspirées du langage parlé, ou plutôt du langage intérieur, car tout le livre n'est qu'un monologue, une longue plainte silencieuse, ressassée par un homme en désagrégation dans un monde en désagrégation.

Mais qu'on aime ou qu'on n'aime pas Michel Houellebecq, il faut être sincère. Malgré quelques fulgurances égrillardes, parfois hilarantes, le fidèle lecteur que je suis se donne le droit d'être déçu par un opus qui ne renouvelle rien, et où il a trouvé un brin de platitude dans les intrigues, les professions de foi et les mots d'esprit.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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C'est un bon cru, le Houellebecq 2019. Comme toujours fort en bouche, étrangement enivrant, noir de robe, râpeux au palais et plombant sur l'estomac, les amateurs apprécieront mais ne seront pas surpris je pense car tous les ingrédients connus sont là, ni plus ni moins, si ce n'est une dose d'humour féroce plus marquée : le héros qui tombe, étranger à lui-même, le regard juste sur l'époque, la mélancolie, les marques et le name dropping, une esthétique du monde atterrante de laideur et de vide, et toujours la souffrance du manque d'amour (je m'étonne sur ce dernier point de lire ici ou là que c'est un thème nouveau chez Houellebecq car l'amour est toujours présent, certes en creux, dans l'ensemble de ses romans et poèmes).
On peut saluer la cohérence de l'oeuvre ou déplorer que Houellebecq se fige dans son personnage de Houellebarre comme le beau Serge à l'époque; pour ma part, je continue de goûter à chacune de ses cuvées avec le même plaisir accompagné d'une étonnante tendresse.
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Je viens tout juste de le terminer. Au vu des quelques critiques que j'ai pu lire, je n'ai pas grand-chose à rajouter. Je me sens souvent comme un héros houellebecquien, enfin comme beaucoup de lecteurs, j'imagine. Il nous offre une bonne image de la France contemporaine et des préoccupations des représentants de la classe moyenne. Ce roman est fidèle et comparable aux autres. Peut-être encore un peu plus de cynisme et de dérision. L'humour, chez Houellebecq, me fait rarement rire car il est souvent synonyme d'une grande souffrance morale de ses personnages. Bien sûr il provoque, il caricature, il extrapole, mais ce n'est pas un hasard s'il est un des auteurs français les plus lus. Tout ceux qui aiment ses livres s'y retrouvent. Je fais souvent, comme le héros de « Soumission », le parallèle avec Huysmans. « A rebours » est un de mes romans fétiches. Une certaine volonté de vouloir (parfois) se retirer du monde, d'avoir la sensation d'avoir vécu tout ce que j'avais à vivre. Mais, à la différence des héros de Houellebecq ou de Des Esseintes, ma foi et ma spiritualité me sauvent. J'ai alors une autre vision du monde qui m'entoure, et de moi-même. Pour ceux qui connaissent, les personnages des films de Marco Ferreri sont comparables à ceux de Houellebecq. Un mal de vivre dans un monde qui les dépasse, dans lequel il ne peuvent se réaliser. Cette espèce de mélancolie que l'on traîne en fait depuis la nuit des temps, depuis que l'homme a pris conscience de sa condition d'homme. Une interrogation perpétuelle sur notre existence d'humain, face à la société. Chez Houellebecq, c'est l'amour qui pourrait sauver ses personnages. Mais bien souvent, ils passent à côté, et c'est après qu'il s'aperçoivent de leur erreur. Mais c'est trop tard. Il est vrai que l'amour est une certaine forme de spiritualité. Merci Michel pour cette grande lucidité sur l'humain.
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Je suis venue, j'ai lu et tout est dans l'Q!

Beaucoup de Q, même un peu de zoophilie et de pédophilie. de la provocation? Mais pour provoquer quoi? Est-ce que ça fait bander le lecteur?

Contrairement à plusieurs Babeliotes, je n'ai pas ri. Différence de cul-ture ? C'est vrai qu'un beau suicide, c'est toujours drôle… (ou à tout le moins ridi-cul-e…)

Bien sûr, impossible pour moi de m'identifier au héros. N'étant pas un homme français désespéré, je ne comprends sûrement pas tous les enjeux. J'ai même failli sourire en pensant aux producteurs laitiers québécois qui ont protesté contre les accords de libre-échange qui permettent davantage d'importation de fromages… français!

Et avec la valeur des bite-coins s'effondre, la société aura peut-être besoin d'avaler sa pilule…
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Cela commence comme dans un rêve. Deux filles superbes et brunes descendent de voiture, je regarde leurs sourires dans ma combinaison bleue de garagiste, un short moulant, une mini-jupe mini, ce parfum d'ivresse, de jasmin et de chatte humide. Je fond pour un sourire, et craque pour leurs culs croquants. Terriblement bandant cet effet qu'elles me font sur une route ensoleillée de l'Andalousie, dans la province d'Almeria. J'ai chaud, même dans les rêves, dès qu'il y a du soleil, je sue à grosses gouttes de plaisir de voir ces courbes danser autour de moi, comme un morceau de glace dans un verre de mojito, ces seins qui dansent le hula hoop sous mes yeux prêts à gicler des larmes de bonheur et de jouissance. Pour parfaire la tableau idyllique de cette scène, la radio diffuse un extrait de « Ummagumma », le plus grand album rock de l'histoire du rock et de tous les temps. Cela en devient presque trop pour moi, l'éjaculation est déjà au bord du drame quand je pose ma main au bord de leurs fentes sans défense et ouvertes à mes propositions.

C'est à ce moment-là que je me réveille, me demandant ce que je fais dans cette putain de vie qui n'en finit pas. J'avale ma salive, amère, en même temps que mon comprimé blanc et ovale. le café coule, ploc-ploc, au goutte-à-goutte dans la cafetière. Noir, un demi-sucre pour accompagner ma triste destinée dans un monde où la biochimie s'est substituée à mon plaisir. Mon taux de sérotonine (c'est fou comme ce mot me renvoie à mes cours de biochimie de M. Pelmont) sanguin croit en même temps que la ferme virilité de mon membre décroit. Point final d'une vie.

« Après avoir fouillé dans ses rayonnages une à deux minutes, il ressortit Ummagumma. « le disque à la vache, c'est de circonstance... » commenta-t-il avant de poser l'aiguille au début de Grantchester Meadows. C'était extraordinaire ; je n'avais jamais entendu, ni même soupçonné l'existence d'un son pareil ; chaque chant d'oiseau, chaque clapotis de la rivière était parfaitement défini, les graves étaient tendus, les aigus d'une pureté incroyable. »

[J'en profite pour faire un petit aparté, qui a tout de même son importance majeure dans cette histoire : Michel si tu m'écoutes – ou me lis en l'occurrence – si Grantchester Meadows fait bien partie de l'album Ummagumma, ce dernier n'est pas le disque à la vache, le disque à la vache, cette vache qui se prénomme Lulubelle III, une normande qui me regarde de son air désabusé face au pauvre type que je suis, est Atom Heart Mother, l'autre plus grand album rock de l'histoire du rock et de tous les temps.]

Lorsque lâchent les émois du coeur, enfouis sous une couche de poussière, la vie perd de sa signifiance et par delà l'envie. Un comprimé salvateur qui maintient la vie d'une putain de vie qui ressemble plus à l'échec de soi. Encore un matin, me dis-je, enfilant un caleçon aux couleurs bariolées, grimpant dans une voiture d'occasion, se dirigeant vers le centre Leclerc, là où la vie est moins chère, encore que je ne suis plus sûr de la justesse de l'enseigne, se dirigeant vers le rayon spirituel, celui qui accompagne ce genre de vie, du Calvados au Génépi, ce sont les régions profondes de la France qui sondent l'âme en perdition de cet être mi-zombi mi-homme, et encore c'est donné beaucoup d'importance à cette version de l'homme. Bref, je sors du magasin, pour faire le plein d'essence, m'en asperge la couenne, craque une allumette, illumination posthume d'une vie.

Mais avant, je ferme les yeux, une musique intérieure intervient pour inonder mon âme d'une puissante nostalgie d'un autre temps, une musique qui parle d'amitié et de silence entre deux ou trois types, qui se parlent en silence, autour d'une bouteille de bière, de deux même, ou d'une bouteille de gin, pas de suze pour moi, t'as pas un fond de schweppes qui traîne, Ian Paice, Roger Glover, John Lord, Richie Blackmore et Ian Gillan, une musique envoûtante bandante, hypnotique nique nique, des cymbales qui me cognent l'âme en peine, « Child in Time » la plus grande chanson rock de l'histoire du rock et de tous les temps. Elle passe en boucle dans ma tête triste, pourtant à l'intérieur des milliers d'étoiles s'illuminent, un feu d'artifice explosif qui éclaire la voie vers un néant sans nom, une lumière qui m'emmène loin de ce monde, des frissons m'emportent, je n'ose plus ouvrir les yeux, la bite molle après l'éjaculation sublime que me procure un telle beauté, symphonie du mouvement et des courbes, qui me renvoie à chaque fois au premier chapitre de cette histoire, celle de cette femme callipyge aux jambes caramélisées par le soleil d'Andalousie, avant que je perde l'adhérence à ce monde et de suivre la vacuité des jours, un commencement sans fin, comme ce titre de roman d'une rime en -ine.
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