AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,75

sur 238 notes
5
24 avis
4
23 avis
3
6 avis
2
0 avis
1
0 avis
Quand un dandy libertin et pervers rencontre la bonté-même au coeur de l'Angleterre victorienne.
Monsieur a 25 ans, une belle fortune et un grand train de vie, avec la luxure pour compagne et l'ironie pour compagnie. Un jour, avec le reflet de sa vie dépravée dans un regard plein de bonté et dénué de jugement, il croit voir son ange gardien : Lizbeth, la nouvelle recrue des domestiques de la maisonnée, commandés par une Mrs Oliver au regard et à la main de fer. le bon va-t-il frayer avec le mal ? Brouiller les cartes du contrat social ?
Le regard porté sur une société qui dresse autant de carcans que de désirs est affaire de franchise avec soi-même. Et avec les autres. Telle pourrait être la leçon de ce magnifique album, réussi sur tous les plans : l'intention, le dessin, l'histoire, les dialogues et le découpage. Et pour peu qu'on soit sensible au Londres des années 1840, la façon dont ce cadre et son contexte vivent ici, est un pur régal. Bravo Augustin et Hubert !
Commenter  J’apprécie          80
Londres, au XIXe siècle, Lisbeth, une nouvelle servante rentre au service de Monsieur Edouard. Comparée aux autres, elle n'a pas un beau physique, (même si cela la protégera des ardeurs de son maître), mais elle a un regard de Madone et sait être à l'écoute sans jugement qui la fera être la confidente de Monsieur.

À force d'être à l'écoute de Monsieur, et de l'aider à le mettre au lit le soir lorsqu'il revient complètement ivre... la gouvernante et le majordome par jalousie de voir que Monsieur consacre du temps plus à une servante qu'à eux, vont mettre leurs frustrations et colère sur elle, qui n'a rien évidemment demandé.

L'ordre social des différents personnages est très bien représenté, et bien expliqué ; que ça soit le maître qui a tout pouvoirs sur ses serviteurs qui doivent s'effacer, que les serviteurs entre eux, par rapport à leurs tâches qui leur sont assignées.


Monsieur Edouard est une personne très riche de la famille royale. En plus de cela il a un très grand charisme, le sachant fort bien que toutes les femmes le désir il en abuse. Malheureusement, bercé trop jeune dans la luxure, il n'en a rien à faire de briser des âmes, surtout de ces pauvres servantes qui se retrouvent enceintes, dehors, sans recommandation et la seule offre accessible pour survivre est la prostitution.


À travers les confidences d'Edouard à sa servante Lisbeth, où l'on suit ses nombreuses et diverses conquêtes sexuelles qu'il  se vante et qu'il espère être adulé pour flatter son ego. Mais au fond de lui il y a un immense vide de tristesse car ce n'est qu'un enfant qui a grandit trop vite... heureusement que Lisbeth sera là pour recoller les morceaux.

Une belle histoire par Hubert, malgré les nombreux et tristes contrastes, injustices de l'époque, qui sont toujours d'actualités.
Superbement mise en pages par Virginie Augustin, tant dans les expressions des visages, que les différentes positions et  postures des personnages.
Commenter  J’apprécie          110
Milieu du 19ème siècle, à Londres, époque victorienne. On suit la vie dissolue d'un jeune aristocrate. C'est un peu cru, choquant parfois mais la société est très bien dépeinte ainsi que les relations avec les domestiques qui sont considérés comme des objets. le bonus en fin de volume est très instructif et permet de compléter cette histoire.
Commenter  J’apprécie          30
Angleterre époque victorienne.... un aristocrate libertin qui se rapproche d'une servante.... tout les sépare.... mais s'instaure un climat de "confiance " ... j'ai aimé cet ouvrage... une belle histoire... par contre je déconseille aux enfants et aux personnes ayant des problèmes avec la sexualité... y'a des passages plutôt hard.
Commenter  J’apprécie          20
Le récit se situe début de l'ère victorienne (dans les années 1840 – 1850 ) et illustre bien la vie des domestiques, corvéables à merci et inexistants.

Une jeune femme de chambre, Lisbeth, vient d'être engagée par un jeune aristocrate, Edouard, arrogant, provocant, et débauché.
Lors d'une soirée habituelle de beuveries, c'est Lisbeth qui s'en occupe lorsqu'il rentre, fin saoul, le déshabille et le met au lit.
Elle est plutôt timide et effacée, sait qu'elle est laide, mais elle n'est pas impressionnée par l'état d'Edouard, pas choquée non plus, par les confidences de plus en plus régulières de son employeur à propos de sa vie sexuelle.

Un lien se tisse entre ces deux êtres si différents. Lui a besoin de se raconter, de provoquer son émoi par ses exploits sexuels, mais il comprend vite qu'elle est bien différente de toutes les femmes rencontrées jusqu'alors. Il appelle les yeux bleus de Lisbeth, des « yeux de Madone ». Elle, reste toujours calme, jamais surprise, toujours attentive, et surtout pleine de compassion.
Cela pourrait être le vice et la vertu, c'est beaucoup plus profond et nuancé que cela.

Les dernières pages replacent l'histoire dans son contexte historique, en expliquant bien la situation économique et sociale de l'époque. J'ai pris autant de plaisir à les parcourir qu'à découvrir les planches de la BD.

J'avais déjà beaucoup aimé « Peau d'homme » du même auteur avec Zanzim en illustrateur. Mais j'apprécie encore plus « Monsieur désire ? Une BD qui suscite les questions, les réflexions, pleine de nuances et de sens.
Une vraie réussite !


Commenter  J’apprécie          40
Le jeune aristocrate Edouard a mauvaise réputation. Celle d'un joyeux queutard sans foi ni loi. Queutard, il l'est sans aucun doute ; d'ailleurs l'ostentation qu'il affiche en matière de sexe en choque beaucoup dans cette Angleterre victorienne conservatrice. La joie qu'Edouard semble afficher n'est en revanche qu'une façade. C'est ce que comprend rapidement Lisbeth, une domestique de la maison.
Quand Lisbeth devient la confidente du jeune homme, son entourage est plus choqué que s'il avait simplement fait usage de son droit de cuissage ! Un tel rapport affectif enfreint en effet plus les règles de distanciations entre classes sociales que le viol d'une servante par son maître ! Il semble que le physique ingrat de Lisbeth puisse la prémunir de tels assauts d'Edouard.

A l'instar d'Edouard, cette bande dessinée dénonce les hypocrisies de la haute société anglaise du XIXème siècle, où les pratiques sexuelles doivent rester cachées : la prostitution est une institution mais la liberté sexuelle consentie est prohibée, surtout si l'on est une femme ou un homosexuel.

Le mot monarchie n'est à lui seul pas joli, mais sur la monarchie anglaise contemporaine, il y aurait encore beaucoup à dire !
Commenter  J’apprécie          192
Tandis que je cherchais seulement la date de ses noces, Paris Match m'apprend avec des mots de poids et des photos-choc que la reine Victoria a lancé la mode du mariage en robe blanche. J'ai en effet lu récemment dans DADA que le rouge était de rigueur en Europe, avant, pour se passer la corde au cou dans la liesse.
Je tiens la date de l'union entre la reine Victoria et son prince Albert : 10 février 1840.

C'est pour assister à cette cérémonie & à contrecoeur que notre Monsieur Edouard (fictif) est de retour dans sa propriété londonienne.
Les domestiques s'affolent, certain(e)s frétillent à tous les étages, pas seulement pour astiquer la maison du sol au plafond : monsieur est jeune, beau, séducteur... et membré comme un âne, un zèbre 🦓, un poney shetland 🐴...
Monsieur aime se rouler dans la fange ; il fréquente les prostituées de Whitechapel - bas-fonds de Londres où Jack l'Eventreur fera son marché un demi-siècle plus tard. Il boit, se bat, et rentre en triste état au milieu de la nuit. Mais visiblement, il ne se satisfait complètement de ses orgies & orgasmes que s'il les raconte crûment, avec moult détails. Contre toute attente, il choisit comme confidente une jeune domestique au physique ingrat.

Monsieur est pervers, Monsieur est provocateur. Mais surtout, Monsieur semble entraîné dans une spirale d'autodestruction, et ce n'est ni sa mère, ni la société victorienne hypocritement corsetée qui peuvent lui reprocher ses comportements.

L'histoire est complétée par un documentaire d'une vingtaine de pages sur la famille royale britannique, l'époque victorienne côté aristocratie et en coulisse.

Dans ce roman graphique finement illustré, Hubert montre les rigidités et la ségrégation sociale de l'Angleterre victorienne.
Il interroge également les rapports hommes-femmes, la sexualité, le respect entre partenaires, comme dans 'Peau d'homme', co-signé avec Zanzim.
Ce WE, j'ai également lu 'L'Ile aux femmes', de Zanzim, dont les thématiques et personnages sont proches de ceux des albums écrits/dessinés à quatre mains.
Il me reste à découvrir 'La Sirène des pompiers', j'essaie de résister et me garder cette lecture pour ce WE... 😋

Cru, salé, sucré, acide, amer, piquant et doux. En un mot : savoureux.

-----

* https://www.parismatch.com/Royal-Blog/Royaume-Uni/Il-y-a-179-ans-la-reine-Victoria-du-Royaume-Uni-lancait-la-mode-du-mariage-en-blanc-1604526
Commenter  J’apprécie          477
Voici une chouette Bd qui nous plonge dans les deux mondes d'une grande demeure anglaise : celui d'en haut, des aristocrates, des bourgeois, et celui d'en bas, des domestique et des gens de maison. Si tel est le décor, l'histoire est plus perverse : un aristocrate débauché, cynique et jouisseur, sorte De Valmont anglais du XIXe siècle, décide de raconter toutes ses frasques à une domestique au physique disgracieux mais aux yeux de Madone et à la force et à la vertu inégalable.
L'histoire est intéressante, bien menée quoiqu'un peu répétitive.
Le dessin est assez bon, un peu maniéré mais tout à fait dans le ton de la BD.
L'ouvrage se termine par un petit dossier intéressant sur la reine Victoria, le contexte historique et géographique et les codes de la société d'alors.
Juste après ce dossier se trouve un petit dessin qui clôture l'histoire...une bonne idée.
Commenter  J’apprécie          80
Voici l'étonnante histoire de Lizbeth, servante dans une grande maisonnée britannique et aristocratique au beau milieu du XIXe siècle, imaginée et écrite par Hubert (scénariste des Ogres-Dieux, de Peau d'homme, …) et astucieusement mise en images par Virginie Augustin.
Derrière ce titre et une couverture singulière semblant annoncer un scénario à tendance frivole et libertine se cache une page essentielle de l'histoire sociale et de l'émancipation féminine.
La ville de Londres en pleine période victorienne est grosse de 2,5 millions d'habitants – quand Paris n'en comptait à peine un million – et représentait parfaitement cette époque de pleine effervescence et en mutation.
Des populations issues de classes sociales que tout opposait furent attirées par l'essor économique sans précédent que connaissait l'Angleterre, conséquence directe de la défaite de la France napoléonienne et des choix politiques et économiques fait par la Couronne, ce qui allait assurer à la Grande-Bretagne un siècle de suprématie et fonder les bases de la modernité technologique.
Des archaïsmes sociaux très stricts ainsi que les nombreux abus dont l'aristocratie et le clergé s'étaient montré capables avaient nettement défini les enjeux sociaux et formé une caisse de résonance qui allaient attiser ce que l'on nommerait bientôt la lutte des classes.

Lizbeth est une servante intelligente, moderne et profondément féministe. Elle a la tête bien faite et les pieds sur terre.
Monsieur Édouard représente le pouvoir à travers le monde aristocratique libertin et décadent. Paradoxalement, il sera l'instrument de la révolution sapant lui-même les bases de la caste dirigeante par ses frasques et parce qu'il choisira Lizbeth comme confidente ; transgression des genres.

Le dessin de Virginie Augustin est très évocateur et véhicule parfaitement les émotions ressenties par les personnages, qu'ils soient aristocrates, gouvernantes, majordomes, servantes, gens du peuple ou prostituées.
L'ordre social reposait alors sur des conventions connues et tacitement acceptées ; chacun connaissait sa place et ses limites ainsi que les prérogatives héritées des siècles précédents. Il n'aura suffit qu'une seule pièce, qu'une unique brique de cet édifice se descelle pour que des anfractuosités se révèlent et fassent que le mur se lézarde menaçant de ruine toute la maisonnée…

A la fin de l'album - qui se termine un peu abruptement à mon goût - se trouve un cahier de 28 pages fait d'encarts historiques abordant différents thèmes comme celui de la prééminence de la Grande-Bretagne au XIXe et de Londres en particulier ; les problèmes de santé publique rencontrés dans la capitale liés à l'explosion démographique ; l'histoire et le fonctionnement de la monarchie Britannique ; celle de la famille royale ; l'organisation du monde aristocratique et celui de la domesticité et… la condition féminine.

Il est choquant de constater à quel point la place de la femme était insignifiante dans l'Europe du XIXe siècle et cela même – paradoxalement – dans une Angleterre gouvernée par une reine.
A cette époque, il était inconcevable qu'une femme puisse vivre seule. Les filles étaient préparées à un rôle d'épouse et on leur inculquait les notions de servitude de leur mari, de douceur et d'humilité. L'éducation religieuse, les arts ménagers et les arts d'agrément leurs étaient enseignées alors qu'elles étaient dispensées des études universitaires (les sciences et le droit en particulier) !
Bien entendu, leurs lectures étaient strictement encadrées. C'est dire que Jane Austen (Orgueil et préjugés, Persuasion, …) a eu bien du mérite !
Juridiquement la femme était une perpétuelle mineure qui n'avait pas le droit de vote, ni celui de porter plainte, ni celui de posséder des biens en propre, ni celui d'occuper un emploi en dehors de l'enseignement ou de la servitude des classes dirigeantes, à moins celle fut prostituée.
Lors du mariage, ses biens appartenaient au mari et celui-ci gardait les enfants en cas de divorce. En cas de veuvage, c'est le fils ainé qui prenait possession des biens de sa mère… Il faudra attendre la fin du XIXe s. pour la loi commence enfin à envisager un rétablissement de l'équilibre.
Mais un siècle et demi plus tard, il reste encore du chemin à parcourir…

Cet album est un très beau plaidoyer pour le GIRL POWER.

Et pour les lecteurs curieux ou perspicaces, les jolis motifs floraux de la première et de la quatrième de couverture (des lys ou des ipomées rouges sang ?), préfigurent les allégories de l'Art Nouveau et dissimulent de petits corps féminins extatiques à moins qu'ils ne représentent quelques vulves épanouies : un joli travail de la dessinatrice !
Quant aux gardes colorées en papier marbré, elles sont très… spéciales.

N'hésitez pas à aller jusqu'à la toute dernière page de l'album (p. 128) où Lisbeth apparait siégeant fièrement devant son épicerie et portant une Winchester.
Commenter  J’apprécie          180
Dans l'Angleterre victorienne, Monsieur Edouard, jeune et séduisant aristocrate, profite de la vie comme il l'entend. Dandy libertin qui enchaîne les nuits de débauche, rien ni personne ne lui résiste. Jusqu'au jour où il fait plus ample connaissance avec l'une de ses femmes de ménage, Lisbeth, au physique plutôt ingrat. Lisbeth lui vient en aide suite à une beuverie qui a mal tourné. Suite à cela, son noble patron demande à ce qu'elle vienne le voir lorsqu'il le demande. Au fil des soirées, des situations et des discussions, Lisbeth devient la confidente d'Edouard, celui-ci n'hésitant pas à lui confier toute l'étendue de son expérience et de ses pratiques sexuelles.

Après la lecture de "Peau d'homme", il me tardait de découvrir une autre oeuvre D Hubert. C'est chose faite avec "Monsieur Désire" qui m'a bien séduite aussi et que l'on aurait pu appeler "Le vice et la vertu". Cette fois-ci, Hubert met en scène deux mondes qui s'opposent avec les personnages de Monsieur Edouard et sa femme de ménage, Lisbeth : d'un côté la vieille noblesse anglaise, engoncée, riche, arrogante et qui vit dans l'entre-soi ; de l'autre, les pauvres, soumis et serviles.
A travers les frasques sexuelles d'Edouard et ses multiples désirs, on dénonce une société patriarcale hypocrite et inégalitaire, qui cache les scandales de la famille royale elle-même derrière le voile de moralité et de pudibonderie de la nouvelle reine. Edouard veut choquer et provoquer toujours plus, conscient que le monde privilégié où il a grandi n'a rien de pur. Seule Lisbeth reste de marbre face à ses provocations et lui apparaît alors comme son salut. Mais là encore, pour les "gens bien nés", leur relation est contre nature.
Le dessin de Virginie Augustin met en valeur le décor où vit Edouard : grand, trop grand pour un homme seul qui se sent seul. Quant à Lisbeth, son gros nez disparaît face à la mise en lumière de sa sincérité, de sa force et de sa volonté, la rendant de plus en plus belle.
Chronique sociale, bande-dessinée historique - un long dossier en fin d'ouvrage sur le contexte économique, social et politique de l'époque complète l'histoire-, "Monsieur Désire ," nous dresse un portrait sans concession d'une Angleterre inégalitaire et gangrenée par les scandales, dont la lie est encore plus mise en valeur par la pureté de ces deux personnages écorchés vifs qui nous poussent à une réflexion pertinente et sévère sur nos rapports les uns aux autres.

C'est une histoire sombre, dure et cruelle. C'est une histoire belle et réaliste. Attention, certaines scènes très crues destinent cet ouvrage à un public adulte.
Commenter  J’apprécie          340




Lecteurs (379) Voir plus



Quiz Voir plus

Peau d'Homme

Comment s'appelle le personnage principal ?

Govanni
Bianca
Angelo
Lorenzo

10 questions
1 lecteurs ont répondu
Thème : Peau d'Homme de HubertCréer un quiz sur ce livre

{* *}