La Hulotte, n°103

J'ai retrouvé avec plaisir cette façon sérieuse et humoristique qu'a “La hulotte”, “le journal le plus lu dans les terriers”, de nous narrer la vie de Barberousse, le rouge-gorge.
Les dessins sont à l'unisson du texte, tantôt réalistes tantôt humoristiques selon le propos.

Lorsque le rouge-gorge arbore son plastron rouge (à dessiner en orange en fait ! ) c'est pour repousser les intrus. Et il chante, il chante… produisant un tintamarre de guerre pour surveiller son territoire (dont vous pouvez lire l'importance dans la citation).

Ces petits oiseaux sont tellement phobiques du rouge qu'ils peuvent se battre entre eux comme des chiffonniers et que 10% en meurent. “La haine de certains rouge-gorges pour la couleur rousse est telle que, lorsqu'ils tombent par hasard sur leur propre reflet dans une vitre, ils s'attaquent eux-mêmes et s'assomment contre le miroir.”

Lire cette revue à l'âge adulte, c'est regretter de ne pas la lire avec des enfants.
Didactique, elle m'aura enseigné que nous pouvons offrir à ces oiseaux du lard, du saindoux, de la margarine, du beurre et autres graisses mais attention sans sel ! et de petites miettes de noisettes râpées.
Le top est de leur proposer des vers de farine, ils en sont si friands qu'ils viendront parfois les chercher jusque dans votre main.

Saviez-vous que le rouge-gorge est un des rares oiseaux à chanter en hiver, malgré le froid et la neige. C'est que même sous le blizzard il défend son territoire cette petite boule de poil.
Ce nouveau petit journal consacré à un petit passereau bien connu de nos jardins. Avec La hulotte on découvre ses petits secrets et ses petites anecdotes. 44 pages pour s'émerveiller de dame nature et pour apprendre à la connaitre.
Un petit journal toujours bourré de dessins, tantôt réalistes tantôt humoristiques. Un vrai plaisir.

"Sur son territoire, le Rougegorge ne supporte pas la vue de la poitrine colorée d'un autre rougegorge : il ente aussitôt en furie et ne retrouve son calme qu'après avoir fait disparaître cette horrible chose du paysage. (...) Une expérience classique des savants est d'ailleurs de planter, au beau milieu d'un territoire, un rougegorge empaillé ou n'importe quelle autre imitation plus ou moins réussie de l'oiseau. (...) Pas besoin que le faux voisin soit très ressemblant : il suffit qu'il ait du rouge sur lui : une simple touffe de laine orangée accrochée à un fil de fer peut, à elle seule, déclencher le feu du ciel." (10)

La magie de la Hulotte opère ici une fois encore. Je n'ai pas encore fini de lire la première page que je suis déjà tout entière transie par le sujet. La mue, les stratégies de voisinage, le mystère des migrations - le rouge-gorge qui passe l'hiver aux alentours de ma terrasse vient-il du bois d'à côté ou de l'autre bout de l'Europe ? - sont autant de sujets traités avec tant de finesse et de détails inusités que je ne relâche jamais mon intérêt. La Hulotte a un regard très singulier de lucidité nourrie de tendresse, ce qui lui permet de présenter mauvais caractères et comportements grossiers dans une grande accolade fraternelle. En parlant de fraternité, il va falloir que je songe à trouver un fournisseur de vers de farine à bon prix avant l'hiver, notre locataire saisonnier en est féru...

Le lynx, absent de mes contrées, m'intéresse moins, mais j'aime bien "le fameux Bonjour Lynx" :

"Une mimique qui consiste à se placer face à face et à se donner des petits coups de tête, en ronronnant, comme deux nouveaux amis qui fêtent leur rencontre en trinquant avec leur crâne." (30)

Un nouveau numéro dans ma boite au lettres c'est toujours réjouissant. Attention, bientôt la fin de mon abonnement, ne pas oublier d'envoyer des sous à Tante Hulotte pour ne pas manquer la suite.
La petite bête à l'honneur, c'est un oiseau qu'on aime voir l'hiver sous nos fenêtres, avec ses ailes grises et sa belle poitrine orangée, sautillant dans un décor blanc et givré à la recherche de miettes et de graines. La vie secrète de ce piaf rustique nous est dévoilée ainsi que des conseils pour l'aider à passer l'hiver.

En deuxième partie, nous suivons les aventures de Mme Lynx et de sa famille, avec de magnifiques dessins et même des photos.


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Barberousse le Rougegorge plastronne avec son jabot orange. Comme l'écrivait le poète belge Maurice Carême, il fait « flamboyer autour de lui l'hiver entier ». La dernière livraison de la Hulotte du 2e semestre 2015 est consacrée au petit passereau insectivore. de ses mesures d'intimidation sur son territoire à son comportement lors de la reproduction, du nourrissage à la mue, Barberousse est mis à nu avec délicatesse par Pierre Déom qui puise aux sources sûres des spécialistes allemand et anglais. le lecteur découvre que le Rougegorge peut étriller un concurrent, que l'oiseau niche à proximité du sol et s'immobilise, profitant de son mimétisme, à l'approche d'un danger, qu'en 4 heures, un nid peut être construit dans la poche d'une veste suspendue de jardinier, que la femelle en couvaison consomme 40 à 50 becquées par jour, que le froid hivernal peut tuer 9 oiseaux sur 10. Une foultitude d'informations rend grâce à un oiseau commun et peu farouche dont le chant mélodieux s'élève tout au long de l'année. La deuxième moitié du numéro poursuit l'étude du lynx. Madame Lynx s'éloigne définitivement de ses deux chatons à peine émancipés. L'hiver est là et la saison des amours commence. Les distances peuvent être considérables avant que mâle et femelle se trouvent. le « Bonjour Lynx » consistera « à se placer face à face et à se donner des petits coups de tête, en ronronnant, comme deux nouveaux amis qui fêtent leur rencontre en trinquant avec leur crâne ». La mortalité des félins est effrayante, qu'ils soient percutés par des voitures ou détruits par des chasseurs qui voient d'un sale oeil la soixantaine de chevreuils et chamois prélevés annuellement par le lynx contre le demi-million abattus par les hommes. Quelques rares photographies ainsi qu'un bêtisier du lynx traduisent l'imbécillité, l'ignorance et la méchanceté des hommes à l'égard d'un animal emblématique exterminé en France à la fin du XIXe siècle.
Si la qualité des dessins décroît sensiblement dans les dernières parutions, La Hulotte reste une revue essentielle et indispensable ne serait-ce parce qu'elle enrichit le regard du lecteur ainsi porté à mieux sentir le monde alentour.