Toutes les perceptions de l’esprit humain se répartissent en deux genres distincts, que j’appellerai IMPRESSIONS et IDEES. La diffé-rence entre ces perceptions consiste dans les degrés de force et de vi-vacité avec lesquels elles frappent l’esprit et font leur chemin dans notre pensée ou conscience. Les perceptions qui entrent avec le plus de force et de violence, nous pouvons les nommer impressions ; et sous ce terme, je comprends toutes nos sensations, passions et émo-tions, telles qu’elles font leur première apparition dans l’âme. Par idées, j’entends les images affaiblies des impressions dans la pensée et le raisonnement. Telles sont, par exemple, toutes les perceptions exci-tées par le présent discours, à l’exception seulement de celles qui pro-viennent de la vue et du toucher, et à l’exception du plaisir immédiat ou du désagrément qu’il peut occasionner.
Une question très importante a été soulevée concernant les idées abstraites ou générales : sont-elles générales ou particulières quand l’esprit les conçoit? Un grand philosophe a remis en question l’opinion reçue sur ce point, et a affirmé que toutes les idées générales ne sont rien que des idées particulières jointes à un certain terme, qui leur donne une signification plus étendue, et qui leur fait rappeler à l’occasion d’autres idées particulières qui leur sont semblables. Com-me je regarde cela comme l’une des découvertes les plus importantes et les plus précieuses qui aient été faites ces dernières années dans la république des lettres, je tâcherai ici de la confirmer par certains ar-guments qui, je l’espère, la placeront au-delà de tout doute et de toute controverse.
Dans toute cette agitation, ce n'est pas la raison qui remporte le prix, c'est l'éloquence; et nul ne doit jamais désespérer de gagner des prosélytes à l'hypothèse la plus extravagante, s'il est assez habile pour la peindre sous des couleurs favorables.
La principale fonction de la mémoire n’est pas de conserver les simples idées, mais leur ordre et leur position.
Fixons notre attention hors de nous autant que nous le pouvons; lançons notre imagination jusqu'au ciel, ou aux limites extrêmes de l'univers; en fait nous ne progressons jamais d'un pas au-delà de nous-mêmes, et ne pouvons concevoir aucune sorte d'existence que les perceptions, qui ont apparu dans cet étroit canton.
La
nature humaine selon David Hume
Causerie de
Gilles DELEUZE,
philosophe, sur
David HUME : sa
théorie de l'association des idées, son
analyse du principe de causalité ; ses ouvrages principaux, dont le "Traité de
la nature humaine", sa conception de
la nature humaine.