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sur 188 notes
Loterie en juin, abondance de grains
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Ce tome contient une histoire compète indépendante de toute autre. Sa première édition date de 2016. Il s'agit de l'adaptation d'une nouvelle du même nom La loterie (1948) écrite par Shirley Jackson (1916-1965), et adaptée par son petit-fils Miles Hyman, pour le scénario, les dessins, les couleurs. La traduction a été réalisée par Juliette Hyman. Il commence avec une courte introduction de l'auteur remerciant les personnes grâce à qui ce projet a pu être mené à bien. Il se termine avec un trombinoscope des douze principaux personnages, un article comprenant sept illustrations pleine page, et un texte de huit pages, rédigé par Hyman, évoquant le seul souvenir qu'il reste à l'auteur de sa grand-mère, quelques éléments biographiques sur l'écrivaine et la description de la réception de sa nouvelle par le public, ainsi que sa postérité dans la culture américaine. Sans oublier la dédicace de Stephen King pour son roman Charlie (1980) : À la mémoire de Shirley Jackson qui n'a jamais eu à hausser la voix.

Dans un petit village du coeur des États-Unis, alors que la nuit tombe, une voiture aux phares allumés avance tranquillement dans la rue principale. Elle roule à vitesse réduite, passant devant les maisons aux fenêtres éteintes, et arrive devant le magasin vendant du charbon, dont les lumières sont encore allumées. Harry Graves coupe le moteur et éteint les phares. Il sort de son véhicule et reboutonne sa veste. Il va taper au carreau du magasin. Joe Summers lève la tête, va prendre les clés à côté de la photographie de son épouse, au pied du calendrier qui indique la date du 26 juin. Il ouvre la porte. Les deux hommes se saluent en se serrant la main, Harry ayant retiré son chapeau. Il le pose sur une table et il retire sa veste, puis il emboîte le pas à Joe qui entre dans la réserve et allume la lumière. Ils regardent tous les deux une boîte un peu usagée posée sur l'étagère la plus haute. Joe monte sur une chaise pour l'attraper, et Harry aide à la porter pour déposer cette urne sur la table, avec une ouverture ronde sur le dessus.

Joe et Harry vident un sac en papier sur la table : il contient des petits morceaux de papier blanc, tous de la même taille. Avec un air grave, ils les plient soigneusement en deux, avec application pour que chacun présente la même forme. Une fois cette tâche terminée, Joe en prend un qu'il place entre eux. Harry s'en saisit et noircit un cercle au milieu d'une des deux parties, avec un crayon noir. Il montre le résultat à Joe, et replie le papier de sorte que le cercle soit à l'intérieur. Tous les papiers sont remis dans l'urne. Joe met l'urne dans le coffre-fort, sous le regard d'Harry, et il verrouille le coffre-fort. Les deux hommes remettent leur veste et s'apprêtent à partir. Joe jette un coup d'oeil à l'horloge : minuit dix. Il se tourne vers l'éphéméride et enlève la page du vingt-six pour faire apparaître celle du vingt-sept juin. le lendemain matin, Tessie Hutchinson passe le balai et jette un coup d'oeil par la fenêtre : son époux Bill est en train de couper du bois dehors. Ce matin est clair et ensoleillé.

Soit le lecteur connaît déjà la nouvelle et il s'attache à découvrir comment le petit-fils l'a adaptée, soit il découvre l'intrigue. Il commence par observer la très belle couverture avec cette urne qui va être déposée sur la table. Puis il découvre l'entrée du village à la nuit tombante, avec les maisons et la route qui semble encore en terre. Les couleurs sont foncées pour l'ambiance nocturne, de type pastel ou crayons de couleur, apportant une texture soutenue à chaque surface, ainsi que nuances qui transcrivent des surfaces présentant des irrégularités comme dans la réalité. Il prend le temps d'apprécier le paysage. L'artiste donne beaucoup de place aux illustrations : sur 136 pages de bande dessinée, il y a sept dessins en pleine page, huit dessins en double page. le lecteur observe quarante-et-une pages muettes, sans aucun mot, et une dizaine de plus avec seulement un mot ou deux. le lecteur constate que les pages se tournent rapidement : une narration à la fois dense, à la fois aérée, presque décompressée. de grandes cases, souvent de la largeur de la page, un maximum de quatre par page, plus souvent deux ou trois.

Le lecteur peut donc jeter un coup d'oeil rapide à chaque case et tourner aussitôt la page pour lire à une vitesse soutenue afin de découvrir le fin mot de l'histoire. Il se rend vite compte que paradoxalement les grandes cases et la faible densité en mots l'incitent à prendre son temps, à profiter du paysage, à regarder les personnages. de fait, les couleurs viennent compléter les dessins, évitant que dans certaines cases, un élément ou deux paraissent un peu naïfs ou pas tout à fait assez consistant. Au contraire son regard est attiré par des éléments visuels : la façade d'une maison en planches de bois peintes en blanc, le commodo de la voiture avec le levier de changement de vitesse au volant, le modèle de pompe à essence attestant de l'époque à laquelle se déroule récit (dans les années 1930 ou 1940), les bretelles de Harry et leurs attaches caractéristiques, le bois de l'urne, le modèle de coffre-fort, une batte et un gant de baseball, les plants de maïs, un silo, une montre à gousset, une cafetière, les modèles de pantalon, de robe, etc. Il s'attarde sur le visage des personnages, souvent fermés ou peu expressifs. Il prend le temps de comparer la famille Overdyke et la famille Percy, représentées en vis-à-vis comme dans un portrait de face l'un en page 88 et l'autre en page 89. Il pense à la fois au tableau American Gothic (1930) de Grant Wood (1891-1942), à la fois à la représentation iconique de l'Amérique dans les tableaux de Norman Rockwell (1894-1978) mais sans la joie de vivre associée. L'artiste montre des individus sérieux, impliqués dans ce qu'ils font. Il éprouve à la fois la sensation d'une lecture facile et rapide, à la fois une satiété visuelle peu commune, le sérieux des personnages colorant l'histoire qui en devient elle aussi sérieuse.

S'il ne connaît pas le fin mot de l'intrigue, le lecteur se rend compte que cette narration essentiellement picturale a également pour conséquence de l'inciter à prêter attention à tous les détails, car il ne peut pas savoir lesquels seront signifiants pour le récit. L'urne ? Oui bien sûr. Les bretelles ? Peu probable. Tessie Hutchinson entrant dans la salle de bain et prenant un bain pour une séquence de quatre pages ? Sûrement, mais pour dire quoi… Il se produit alors un effet tout aussi étrange que pour la facilité de lecture de dessins : chaque événement, chaque accessoire relève de la banalité de la vie quotidienne, pourtant il est certain qu'ils apportent leur pierre à l'édifice, qu'ils ont un sens au regard de l'histoire. le lecteur sent bien que sa lecture devient plus participative, qu'il s'interroge sur ce à quoi il doit accorder de l'importance, sur ce qui est signifiant, ce qui confère à cet album une dimension ludique pour assembler les pièces du puzzle, car un drame va survenir, c'est sûr. En fait, il assiste à un quasi-reportage en temps réel, sur une tradition collective, appelée la Loterie, à laquelle tous les habitants du village participent. En passant, il est question de villages qui auraient abandonné cette tradition, et de la bêtise que c'est.

Le dossier en fin d'ouvrage expose l'impact qu'eut cette nouvelle, l'avalanche de courriers reçus par l'autrice et son éditeur, soit de colère, soit d'incompréhension, soit de lecteurs ayant la conviction que l'histoire était basée sur des faits réels. En découvrant la scène finale, le lecteur prend conscience que Miles Hyman a joué franc jeu avec lui et qu'il a tout montré depuis le début, laissant présager la nature du dénouement. En fonction de son degré d'implication dans sa lecture, le lecteur dispose d'une vue globale sur ce qu'il vient de se dérouler, ou il peut revenir en début, feuilleter rapidement les pages et relever quelques phrases qui rétrospectivement en disent long. Il relève : À quoi bon changer les choses maintenant ? Ça n'aurait aucun sens. C'est le thème de la tradition séculaire, mais en même temps les pages 54 à 62 évoquent quelques évolutions dans cette pratique et se terminent sur la phrase : Mais avec le temps, cela avait aussi changé. L'autrice s'amuse à pointer du doigt que ce respect des traditions perpétue un rituel qui n'est en fait pas immuable. Plus loin, le vieux Warner évoque le fait que c'est sa soixante-dix-septième loterie et que : À écouter les jeunes, rien n'est assez bien pour eux. Bientôt ils voudront vivre dans des grottes, plus personne ne travaillera. Mais ils ne tiendront pas longtemps comme ça. Ou encore : Les gens ne sont plus ce qu'ils étaient. La tradition séculaire semble s'opposer au désir de changement de la jeunesse, mais en fait celle-ci participe de son plein gré à la loterie, sans velléité de la remettre en cause.

L'horreur du dénouement, de la raison d'être de la loterie atteint le lecteur de plein fouet, en particulier le comportement de la foule où tout le monde participe, sans état d'âme. Mais en y repensant, il se demande si la préparation par Joe & Harry, en toute connaissance de cause, n'est pas encore plus monstrueuse. Ou le fait qu'il existe des règles très précises pour le tirage au sort : que faire en cas de plusieurs familles habitant sous le même toit ? La loterie est institutionnalisée, codifiée par des règles connues et acceptées par l'ensemble de la communauté. le conformisme des individus composant cette communauté est d'une uniformité terrifiante et sidérante : aussi bien de se soumettre de son plein gré à cette cérémonie, aussi bien d'en accepter l'issue quel que soit l'âge de l'individu tirant le papier avec le point, ou encore son acceptation par les jeunes générations dont l'élan naturel de changement ne va pas jusqu'à la remise en cause de cette pratique qui lie la communauté. le récit se termine sur un dessin en double page : l'entrée de la ville depuis la route en terre, avec le même cadrage que le dessin en double page d'ouverture du récit, mais à midi au lieu d'être en fin de soirée. le cycle est arrivé à son terme, et un autre cycle peut commencer à l'identique, la loterie se perpétuant d'une génération à l'autre, semblant immortelle pendant que les êtres humains vivent et meurent.

Cette adaptation d'une nouvelle est remarquable en tout point. La narration visuelle est incroyable, riche et dense, les cases étant rapidement assimilées par le lecteur ce qui l'amène paradoxalement à lire moins vite. L'intrigue est respectée à la lettre, tout en aboutissant à une véritable bande dessinée, et pas à un texte illustré tant bien que mal. La force du récit est intacte, et il reste tout autant dérangeant.
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Récit glaçant !

On ouvre les premières pages et on découvre de grandes illustrations travaillées délicatement comme des peintures d'Edward Hopper, dans un ton plus rural, ou plutôt dans le style de Grant Wood dont tout le monde connait ce portrait de paysans américains, l'homme avec sa fourche et sa grande fille célibataire, raides, posant devant leur maison avec cette étrange fenêtre en ogive, ce fameux tableau intitulé American Gothic, symbole de cette Amérique rurale.

Ça ressemble à l'Amérique profonde, puritaine, qui ne fait pas de vagues, ce village est plutôt silencieux, les couleurs des illustrations sont feutrées, avec des tons naturels, un grain qui leur donne un aspect passé, usé. Les cadrages sont souvent au départ décalés, pas vraiment centrés comme dans les tableau d'Edward Hopper, une façon d'insister sur les matières, le bois, la lumière, l'impact du soleil sur les formes, puis quand le récit devient plus intense, au contraire, les portraits sont cadrés, posés avec rigueur et autorité, comme dans les tableaux de Grant Wood, se sont des gens, des familles.

La Loterie semble un rituel bien étrange, une tradition avec tout ce que ce mot comprend. Evidemment, la référence à Grant Wood, les décors avec ces maisons de bois, les noms des personnages, tout cela nous immerge dans l'Amérique profonde, et la suite du récit met mal à l'aise, quand on comprend de quoi il s'agit, la beauté et la douceur des illustrations nous propose un trompe l'oeil, mais il n'y a pas d'explication sur ce rituel. Nous avons le choix de l'interprétation, mais les choix graphiques de Miles Hyman nous aiguillonnent vers différentes options, une critique du puritanisme, des traditions, et des hypocrisies qu'elles sous-entendent, ou plus globalement sur la violence contenue d'une société, il y a une multitude d'interprétations possibles, mais toutes sont terribles. C'est une critique de la société, de la nature humaine, qui nous est jetée à la face de façon brutale et pourtant dans un silence pesant, un engourdissement lourd et oppressant.

Une lecture choc.
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Totale découverte pour moi à travers cette bd. Je ne connaissais ni Miles Hyman, ni Shirley Jackson et donc, bien sûr,pas La loterie qui est pourtant une nouvelle culte qui a fait scandale à sa sortie en 1948 lorsque Sh.Jackson, grand mère de M.Hyman ,la publia dans The New Yorker.
Je ne peux donc pas juger de l'adaptation du texte en bd mais juste donner mon humble avis sur l'album.
Les dessins m'ont immédiatement plongée dans l'Amérique des années 50. L'organisation de la loterie,rituel du village ( comme de beaucoup d'autres) m'a dérouté dès les premières planches car les visages sont tendus,durs,le rassemblement des villageois se fait dans la lourdeur et il est évident que nul ne peut y échapper. Rien de festif... où donc SH.Jackson via son petit fils voulait elle donc me conduire!?
Stupeur et tremblements face à la scène finale!
Il n'est pas étonnant que cette nouvelle ait fait scandale et heurtée l'Amérique bien pensante et certaine que le Mal de trouve forcément hors l'Amérique.
Les extraits de lettres de lecteurs de l'époque figurant en fin d'album sont édifiantes et super intéressantes quant au tsunami que La Loterie avait déclenché.
Pour le fait de finir ma journée moins bête qu'en me levant et pour la qualité du graphisme j'attribue sans hésiter 4 étoiles, mais j'avoue ne pas être sensible à ce type de dessins.
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27 Juin. Les enfants se réunissent en premiers, puis les hommes et enfin le village au complet. La grosse boîte en bois percée d'un trou est déposée au centre de la place, Les villageois s'attroupent autour, le cérémonial va pouvoir commencer.
Aujourd'hui, 27 Juin, comme chaque année, c'est le jour de la loterie...
Difficile d'en dire plus sans spoiler cette nouvelle de Shirley Jackson parue en 1948 et adaptée ici en roman graphique par l'Illustrateur Miles Hyman (qui est aussi son petit fils).
Cette nouvelle avait fait scandale lors de sa publication dans le journal The New Yorker de l'époque, avant de devenir un classique du genre. Car n'imaginez pas un gentil bingo de fête de village avec fanfare, cotillons et gros lot à la clé... A cette loterie là, il vaut mieux ne pas perdre...
J'ai beaucoup aimé les dessins tout au crayon, l'atmosphère rurale de Nouvelle Angleterre et la mise en couleur qui joue sur les lumières et n'est pas sans rappeler les toiles d'Edward Hopper.
J'ai aimé aussi le contraste entre l'ambiance feutrée presque douce de ce village de campagne et la brutalité inouïe de l'histoire. Un texte biographique sur sa grand mère et le contexte d'écriture de la loterie est inséré en fin d'ouvrage.
Un bel hommage qui finalement m'a donné envie de découvrir la nouvelle de Shirley Jackson.
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Chaque année, dans ce village, comme beaucoup d'autres aux Etats-Unis, a lieu la loterie. Mais la loterie de quoi ? le suspens est bien gardé. L'explication de cette histoire, tirée d'un livre, est donnée à la fin. L'ensemble, allié aux dessins et couleurs, en fait une petite perle troublante plein de questionnements.
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Décidément de belles trouvailles actuellement dans la catégorie roman graphique.J'avais lu ou entendu parler de celui-ci mais à chaque fois que je voulais le prendre..... pas là..... Un signe peut être qu'il avait du succès.
Ça y est je l'avais, j'allais pouvoir me faire ma propre opinion.
Je commence : un peu surprise par le graphisme : assez froid, sans relief, plaqué, lourd.... au début peu de textes, un silence comme celui qui à l'air de régner dans le village où arrive un homme, simplement des images sombres (tiens, tiens) et puis peu à peu un peu de texte, comme si le village prenait vit .... oh peu de texte, l'essentiel et puis les habitants apparaissent doucement, bizarrement ils ne sont pas non plus très éloquents. Je me fais la réflexion qu'il y a comme un mystère sur cette fameuse Loterie. Que gagne-t-on ? Et puis commence la loterie..... en plein-air, en présence de tous les habitants du village, les absents doivent se justifier et se faire remplacer (bizarre, bizarre) et brutalement on a la clé du mystère, tout se met en place très vite, il règne même une certaine effervescence comme si il y avait urgence et pour moi c'est le coup de massue sur le gain de cette Loterie.....
Je suis restée avec le livre ouvert ayant peine à réaliser ce que je venais de lire alors je l'ai repris et relu entièrement pour mieux comprendre le mécanisme d'installation de ce drôle de jeu. Je vois des détails que je n'avais pas vu (je ne vous dirais pas lesquels bien sûr pour vous laisser le plaisir de la Surprise), j'ai lu les explications de l'auteur à la fin du livre (l'histoire de sa grand-mère et de cette nouvelle qu'il a adapté en roman graphique).
Je pense que cette histoire va me rester dans la tête un petit moment car elle est horrible, monstrueuse mais après tout connaît-on vraiment ses voisins ???
Lien : http://mumudanslebocage.cana..
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Grand classique de la littérature américaine de Shirley Jackson, " La loterie " a été adapté en roman graphique en 2016 par Miles Hyman - son petit-fils - et est paru aux Editions Casterman.
Dans un village de la Nouvelle-Angleterre, à la fin des années 40, est organisée chaque année, au début de l'été, une loterie. Ainsi, chaque 27 juin, les habitants se rassemblent.
p. 30-31 : " Dans certaines villes, il y avait tant d'affluence que la loterie prenait deux jours et devait commencer le 26 juin. "
Tout a été scrupuleusement préparé la veille. Deux hommes ont rempli l'urne de plusieurs petits papiers blancs, pliés en deux. Seul l'un d'eux est marqué d'un gros rond noir.
Le lendemain donc, les femmes et les hommes se rejoignent au centre du village pour participer à l'événement, quittant pour quelques heures les tâches domestiques pour les unes, les travaux des champs pour d'autres.
p. 85 : " Avant on disait : Loterie en juin, abondance de grains. "
Au même moment, curieusement, les enfants établissent un monticule de pierres...
Le tirage au sort de la loterie peut enfin commencer. Au fur et à mesure que le lecteur tourne les pages, il ressent que quelque chose n'est pas normal, pas "conventionnel". Les visages se crispent. La tension monte. Que peut bien révéler ce rituel ?
Au coeur d'une Amérique profonde et rurale, majestueusement reconstituée par des planches aux couleurs surannées, le dénouement est une véritable claque !
Dans une implacable économie de moyens, le conte décrit avec brio la subtile transformation d'une anodine cérémonie en boucherie sanguinolente.
L'ambiance est franchement pesante. le texte qui est réduit au minimum instaure un climat d'une grande fébrilité.
Shirley Jackson qui est donc à l'origine de cette nouvelle, était une romancière américaine, spécialiste du récit fantastique et d'horreur.
Son petit-fils, Miles Hyman, peut aujourd'hui se targuer d'avoir rendu un si bel hommage à sa grand-mère, non seulement en restant fidèle au texte d'origine, mais aussi en l'illustrant avec efficacité, c'est-à-dire en conservant ce suspens déroutant.
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Une petite ville américaine où se déroule chaque 27 juin une loterie d'un genre... vraiment particulier : voici en résumé l'histoire, adaptation graphique d'une nouvelle de Shirley Jackson.
Angoissant, inévitablement. Que cache ce rituel auquel se livre cette communauté d'apparence si tranquille ? le lecteur est tenu en haleine, même s'il pressent le pire... il ne sera pas déçu.
Dessins superbes (difficile de ne pas songer à Hopper dans les premières planches), dialogues minimalistes, tension croissante, voici les principaux ingrédients de cet album dont on ne ressort pas forcément indemne...
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Un village d'antan de l'Amérique profonde, une « communauté » de 300 âmes, un beau jour d'été, une loterie.
Cette loterie est une tradition, un rite, un rituel qui sait ?

Miles Hyman adapte ici une nouvelle qui a secoué l'Amérique bien-pensante de l'époque de la chasse à la sorcière. Mais je n'en dis pas plus…
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Roman graphique étonnant, dérangeant... qui laisse littéralement sous le choc! Tout d'abord, cette unique phrase très intrigante en quatrième de couverture: "Dans un village de la Nouvelle-Angleterre, chaque année, au mois de juin, on organise la Loterie, un rituel immuable, où il est moins question de ce que l'on gagne que de ce que l'on risque de perdre à jamais", puis on commence à parcourir l'oeuvre pour découvrir de très belles illustrations montrant des scènes rurales de la vie quotidienne il y a plusieurs décennies. Pas de texte avant la 23e page, puis toujours très peu par la suite: une évocation seulement, quelques indices égrenés au fil des images et des mots (qu'on perçoit uniquement à la 2e lecture du roman graphique), un suspense qui monte lentement toutefois dans l'esprit du lecteur, une certaine excitation: mais qu'est-ce donc que cette loterie? Des personnages antipathiques, trop calmes, des gros plans de leurs expressions et une lenteur proche du temps réel: l'ambiance est créée! le lecteur est également dans l'attente et l'anticipation, sans savoir pourtant ce qui l'attend! Jusqu'au choc final...
C'est presque un automatisme: il faut relire une deuxième fois (on n'a peut-être pas bien compris? Y avait-il des signes avant-coureur?...)

Puis, il y a l'histoire entourant la nouvelle littéraire de cette adaptation, avec des commentaires de gens de l'époque qui avait écrit au journal ayant publié l'histoire. Cette partie est presque aussi fascinante que le récit lui-même et donne une grande envie de lire la nouvelle originale de Shirley Jackson. On comprend facilement pourquoi cette nouvelle littéraire a choqué à sa sortie, à la fin des années 40. D'ailleurs, elle est choquante encore aujourd'hui, c'est ce qui est fascinant!

Nul doute que je vais me procurer d'autres romans graphiques de Miles Hyman et que je vais retrouver la nouvelle de Shirley Jackson!
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