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sur 478 notes
Roman-fleuve, puisque baigné de part en part par le Mississippi dont le cours instable, les inondations dramatiques ont façonné la ville de Natchez, désigné l'origine sociale de ses habitants en fonction de la rive sur laquelle ils vivent, enrichi ceux qui ont spéculé sur les catastrophes naturelles, notamment Katrina ou la crue-record de 1927 au cours de laquelle des digues ont été dynamitées, sacrifiant des quartiers populaires pour épargner la Nouvelle-Orléans. Roman historique qui plonge dans l'histoire des Etats du Sud, aux origines du racisme et de la ségrégation raciale, dont les relents nauséabonds sont toujours, plus que jamais, à l'oeuvre de nos jours.


Le prologue rapporte des crimes perpétrés au début des années 60 contre des noirs qui rêvent de couples mixtes ou s'engagent dans le mouvement des Droits civiques, après le vote du Civil Rights Act en 1964. le Ku Klux Klan est au sommet de son art, brûle au lance-flammes, éviscère, émascule, crucifie, écartèle, écorche, noie, découpe... Mais le Ku Klux Klan paraît bien trop tendre à une poignée d'hommes qui créent l'organisation terroriste la plus meurtrière des Etats-Unis, Les Aigles Bicéphales (du nom d'une pièce de monnaie frappée au début du XXème siècle, le Double Eagle, 20 dollars-or), cellule dissidente et ultra-secrète des Chevaliers Blancs qui fait passer les membres du Klan pour des enfants de choeur sous l'oeil apathique du FBI, et avec la complaisance muette d'une grande partie de la population.


Retour en 2005 à Natchez où Tom Cage, médecin unanimement apprécié pour ses compétences et sa tolérance, père de Penn Cage, devenu maire après avoir été procureur, est soupçonné de suicide assisté, voire de meurtre sur la personne de Viola, une infirmière noire avec laquelle il a travaillé dans les années 60, et rentrée au bercail lorsqu'elle a su ses jours comptés. le suicide assisté étant possiblement puni de prison à perpétuité, Penn s'engage dans le combat de sa vie, sauver son père et rendre justice à des victimes anonymes. Il paie le prix fort dans sa douloureuse quête de vérité, aidé par sa fiancée Caitlin, et Henry, un incorruptible journaliste qui traque sans relâche les Aigles Bicéphales devenus de riches notables pour la plupart d'entre eux.


Il est bien sûr impossible de résumer ce roman foisonnant, vibrant de l'humanité et de la tolérance de Greg Iles, qui met en scène des personnages complexes aux motivations ancrées dans leur histoire familiale imbriquée dans celle de leur pays, et prouve que la vérité est rarement pure et jamais simple. Actes Sud a confié la pharaonique traduction à Aurélie Tronchet dont je salue l'excellent travail.
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« Brasier Noir » est le premier tome d'une trilogie mettant en scène Penn Cage, ancien procureur et aujourd'hui maire de Natchez, état du Mississippi dans le récit. Tom Cage, son père, médecin, est accusé d'avoir tué Viola Turner, son ancienne infirmière. Celle-ci avait quitté la région depuis plusieurs années à la suite d'évènements tragiques. Elle y revient chercher une forme de paix et y meurt. Tom Cage, rongé par un passé dont il ne souhaite pas parler, se mure dans le silence. Pour organiser sa défense, son fils, Penn devra se replonger dans les années 60, là où tout a commencé, dans cette région où la ségrégation a fait rage. Les suprémacistes blancs, tous membres du KKK y faisaient leur cuisine interne, se débarrassaient des fauteurs de trouble et surtout de ceux qui ne respectaient pas les règles : un homme noir ne pouvait pas fréquenter une femme blanche et inversement. le mélange des races constituait une forme de crime nécessitant un châtiment divin. Les opposants étaient punis, ceux qui savaient et s'étaient tus aussi. le lecteur oscille entre les évènements tragiques de la période 1964-1968 et 2005 où les pratiques du docteur Cage sont disséquées et sa probité sévèrement remise en cause.

Mille cinquante pages pour planter le décor. Mille cinquante pages pour asseoir des personnages forts. Mille cinquante pages de révélations, de secrets, de pratiques abjectes, de plongée dans l'histoire américaine où noirs et blancs vivent les uns à côté des autres sans pour autant vivre ensemble, où les dénonciations, la peur, la vengeance, la cruauté font partie intégrante d'un abject quotidien. Une ville du sud où les blancs font loi, où les relations entre les hommes se définissent par la couleur de peau et où chaque action, chaque mot de travers a de regrettables conséquences.

L'atmosphère poisseuse de cette région du Mississippi fait partie intégrante des personnages …. C'est dans ce décor que naissent les aigles bicéphales en 1964, une branche plus radicale, plus sadique et plus sanguinaire que celle du Ku Klux Klan : ils découpent, noient, brûlent au lance-flamme, écorchent vif, étripent, émasculent. Des poètes charismatiques en somme dont l'imagination prolixe bouillonne aux pulsations de leurs haines.

Grâce à une écriture hyper réaliste, Greg Iles nous fait ressentir, au plus près des hommes et des drames, l'ambiance de cette époque où le maître mot semble être « sauver sa peau ». Pour se faire, mentir, cacher, se cacher semblent être les seules solutions possibles. C'est donc au rythme des secrets et des révélations que le lecteur avance dans les pas du journaliste Henri Sexton et des découvertes de Penn confronté au silence de son père qui ne veut/peut pas se défendre. Si ce roman aborde une période de l'histoire américaine dont nous connaissons tous les tenants et les aboutissants, sa colonne vertébrale s'articule surtout autour de l'héritage et de la transmission : en 2005, le lecteur est confronté aux fils de…Tous les protagonistes de 1964, devenus pour la plupart de riches notables ont une descendance élevée selon des règles précises, dans un univers systématiquement déterminé par les opinions et actes de leurs parents. L'héritage familial, la transmission de la bienveillance ou de la haine, des valeurs humaines ou au contraire d'une répugnance absolue pour la différence rendent ce roman réellement passionnant. Greg Iles ajoute à cette fresque historique, la révélation de secrets à la fois sur des évènements passés, mais aussi sur des incidents du présent. Ceci engendre une remise en question profonde et violente des protagonistes sur leurs convictions personnelles, rend les choses qu'ils croyaient immuables terriblement précaires. Les certitudes s'effondrent, la foi vacille, la confiance est bousculée.

Greg Iles est né en Allemagne en 1960. Sa famille déménage aux États-Unis, Mississippi en 1963 où elle s'installe à Natchez. Après des études de médecine, il est finalement diplômé en anglais, mais sa réelle passion est la musique. Il a joué de la guitare dans un groupe durant de nombreuses années. Ceci explique sans doute son sens du rythme dans son écriture, et cette musicalité singulière de son phrasé. Mille cinquante pages sans aucun temps mort, sans longueur, sans ennui. « Brasier noir » est un roman d'une intensité viscérale, d'une profondeur instinctive que seuls ceux qui ont vécu dans la région qu'ils décrivent peuvent retranscrire, d'une puissance quasi tripale. Une attention toute particulière est apportée aux personnages, riches de leurs héritages et de leurs valeurs, à la retranscription d'une époque, à l'atmosphère, aux idées véhiculées alors, et aux problématiques de deux époques. Autant sur la forme que sur le fond, « Brasier Noir » est un roman magistral, un page turner redoutable et addictif, une plongée prodigieuse vers un autre temps, d'autres lieux et d'autres conventions. Mille cinquante pages que vous ne verrez pas passer, tant l'immersion est totale et sans réserve.

Rassurez-vous, l'aventure continue avec « L'arbre aux morts » (976 pages) et « Le sang du Mississippi » (896 pages). Autant vous dire qu'ils sont déjà dans ma bibliothèque !
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Brasier Noir est mon premier défi de cette année 2019, tant ce pavé de plus de 1000 pages peut avoir l'air impressionnant aux premiers abords. Mais une fois la première page tournée, rien à dire, j'ai été happée. 

On découvre donc Penn Cage, maire de la ville de Natchez dans l'état du Mississippi. Au sommet de sa carrière politique , tout semble lui réussir... Mais le jour où l'ancienne infirmière de son père meurt, tout bascule. Aidé d'Henry Sexton, journaliste consciencieux , le voilà lancé dans une course-poursuite , les deux pieds dans le passé, pour innocenter son père, que tout accuse. 

Tout d'abord  deux choses m'ont attirées vers ce roman : le thème et le lieu. Même si le thème du Ku Klux Klan a déjà été abordé dans la littérature policière, cela faisait plusieurs années que je n'avais pas lu de roman à ce sujet (Daniel Easterman:le K) . Ici l'enquête menée par Henry et Penn, librement inspirée de faits s'étant déroulés dans la région, est tout simplement passionnante, tant elle est bien documentée et parfaitement menée. Car à nouveau, la parole est laissée prioritairement aux victimes, s'exprimant par la voix d'Henry, plutôt qu'à des forces de l'ordre toutes puissantes, qui restent au final en retrait.

Je me suis prise au jeu dès le départ, car même si l'identité des coupables n'est jamais cachée, c'est plus le jeu du chat et de la souris engagé qui accroche. Page après page, on passe de personnage en personnage, des gentils aux méchants (qui sont de véritables méchants!!) et l'alternance de narrateur nous oblige à rester. On se trouve au coeur d'une enquête journalistique de haut vol! 

D'ailleurs on s'attache rapidement aux personnages, mon préféré restant Henry, on adore ou comprend les gentils , on déteste et abhorre les méchants.  

Le lieu ensuite, joue sa partition dans l'intrigue et occupe une place à part entière. Entre humidité poisseuse, marais mystérieux et coutumes locales, on retrouve bien là , l'ambiance du Sud des Etats Unis décrite dans des séries comme Treme,  musique comprise. 

Avec un style très acéré et direct, sur un ton journalistique, l'auteur livre ici le premier tome d'un projet dantesque, qui laissera, à tort des lecteurs sur le bord de la route, étant donné son épaisseur, mais ne vous y trompez pas, ouvrez la première page et tombez pieds devant dans ce roman magistral. Pour ma part, je fonce acheter le tome 2. 
Lien : http://livresforfun.overblog..
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« Brasier noir » est le premier volet d'une trilogie. Au coeur de ce roman, la question raciale dans le sud des États-Unis. On y retrouve Penn Cage, héros de trois précédents romans, dont un seul est traduit en Français (Turning angel - Une petite ville sans histoire). Penn Cage, avocat, puis romancier, est maintenant le maire de Natchez, Mississipi.
Au tout début du livre, Greg Iles ouvre son roman sur un prologue historique, qui contient les éléments à partir desquels va se développer son histoire.
En 1964 à Natchez, Albert Norris est le propriétaire noir d'un magasin de musique. Sa boutique est le lieu de rendez-vous naturel des musiciens, et son arrière-boutique sert occasionnellement de lieu de rencontre clandestin pour des couples illégitimes, et multiraciaux.
Au nombre de ces couples mixtes figurent Pooky Wilson et Katy Royal, un jeune musicien noir et une jeune blanche, fille de Brody Royal, le chef des « Aigles Bicéphales », un groupe ultra-violent dissident du Ku Klux Klan.
A la recherche du jeune garçon, Royal et ses sbires vont incendier la boutique d'Albert Norris, et le brûler vif.
Quelques semaines après, Luther Davis et Jimmy Revels, deux jeunes noirs activistes des droits civiques, sont assassinés et Viola, la soeur de Jimmy, est violée par ces mêmes membres des « Aigles ».

Quarante ans plus tard Viola, qui était partie à Chicago après ces dramatiques événements, revient à Natchez. Elle est en phase terminale d'un cancer du poumon et revient sur les lieux de son enfance pour y terminer sa vie.
Quand son décès survient dans des circonstances douteuses, le procureur Shad Johnson, ennemi juré du maire Penn, y voit une trop belle occasion de lui nuire en inculpant Tom Cage, le père de Penn. Tom est un médecin local jouissant de l'estime de tous, qui a soigné toutes les couches de la société de Natchez durant des décennies. L'opinion générale, selon laquelle Tom et Viola furent amants, donne corps à ce soupçon, d'autant qu'ils avaient conclu un accord d'euthanasie.
Alors que Tom, rongé par la culpabilité, refuse de se défendre et de s'expliquer, se réfugiant dans le silence. Penn entreprend alors ses propres recherches, qui le conduiront à exhumer des secrets de famille enfouis, vieux de quatre décennies.
Il est secondé dans ses recherches par sa fiancée Caitlin Masters, journaliste ambitieuse qui a déjà obtenu un prix Pulitzer, et Henry Sexton, un journaliste local blanchi sous le harnais. Celui-ci a consacré l'essentiel de sa carrière à rassembler des preuves sur les crimes non résolus de l'époque de la lutte pour les droits civiques. Sexton est un des personnages les plus vivants du roman et sa quête obsessionnelle de la vérité sert de fil rouge à l'histoire.
La narration est très fluide, le scénario se développe sur un tempo enlevé, qui comporte son lot de surprises et de rebondissements. L'intrigue, solide se suffit à elle-même et tient le lecteur en haleine, sans artifices inutiles.
Tous les personnages sont traités avec beaucoup de soin, et psychologiquement très bien dessinés. Il y en a d'ailleurs un nombre important pour peupler cet imposant bouquin. Certains sont des ordures de première grandeur, notamment Brody Royal et les membres des « Aigles bicéphales ».
Tout au long de ses presque 1000 pages, « Brasier noir » aborde de nombreux sujets, l'importance de la famille, la vérité ou la justice, le rôle de la presse, et le sujet toujours brûlant des relations sexuelles entre races.
Il intègre dans son scénario une possible responsabilité (non prouvée) du Ku Klux Klan dans les assassinats de John Fitzgerald Kennedy et de Martin Luther King, et la volonté du Klan d'éliminer Robert Francis Kennedy, frère du président.
Ce roman, à mi-chemin entre le roman noir et le roman historique, nous propose une fresque flamboyante sur l'histoire récente des États-Unis, une exploration épique des démons de l'Amérique et de ses péchés. Avec passion et un style indéniable, il signe un roman soigné et ambitieux, un page-turner qui efface la barrière entre la littérature de fiction et la littérature de genre.
Formidable conteur, qui imprime à son histoire un rythme qui fait que, de page en page, un chapitre après l'autre, on se retrouve au bout de ce pavé en moins de temps qu'il n'en faut pour le lire.
Et on est frustré de devoir attendre la parution de la suite d l'histoire.
Mais bon sang, quel bouquin ! On en redemande !
Éditions Actes Sud, 2018

Lien : https://thebigblowdown.wordp..
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M Iles nous entraîne dans un gros pavé pendant la période de racisme, pègre et violence aux USA et dans un contexte d'un système de justice et de police corrompus. C'étaient des années bien sombres, une lutte pour les droits civiques, des meurtres gratuits. C'est un roman qui a sa part d'histoire déjà racontée mais ici, l'auteur a fait un très bon travail et a décortiqué plusieurs autres aspect. L'amour, l'amour filial, le carriérisme, la famille, la folie, la notoriété, entre autres. Il y a une longue mise en place qui peut lasser un tout petit peu, mais il faut persister. le tout est largement rattrapé par la suite. La fin est trépidante, le suspense intense, même si un peu tirés par les cheveux. J'ai été assez surprise de l'ensemble qui me pousse à continuer certainement au deuxième tome.
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Une bombe ! Premier volet d'une trilogie qui ravira les aficionados de Michael Connelly et James Ellroy, ces champions du "polar politique" américain, "Brasier noir" nous plonge dans l'univers, sombre à souhait, du Sud américain. Cinquante ans après les luttes pour les droits civiques, qui ont ensanglanté la communauté noire et causé la mort tragique d'un président, son frère et un prix Nobel de la paix, la haine raciale est toujours présente en Louisiane et ravivée par les ravages de l'ouragan Katrina. le récit, puissant et efficace, s'articule autour de la mort de Viola Turner, l'ancienne infirmière du docteur Tom Cage, le père de Penn Cage, maire de Natchez mais aussi écrivain et ancien procureur. Revenue vivre ses derniers instants dans sa ville natale, après avoir fui la clique raciste et criminelle, transfuge du sinistre Ku Klux Klan, qui l'avait violée et avait assassiné son jeune frère en 1968, Viola est décédée dans des conditions mystérieuses qui ont conduit à la mise en accusation de Tom Cage. Tel est le point de départ d'une terrible descente aux enfers, à la poursuite du commanditaire de la série de meurtres ayant eu lieu à cette époque, un personnage puissant ayant pignon sur rue, à la tête du trafic de drogue et s'appuyant sur une police aux ordres. le récit, haletant, met en scène de multiples personnages, avec lesquels on a toutefois largement le temps de se familiariser au long des mille et quelques pages de ce polar complexe, d'une noirceur pas seulement due à la couleur de la peau. Fort heureusement, nombreux sont les héros auxquels le lecteur va rapidement s'attacher, et les multiples enquêtes qui s'enchevêtrent font vite oublier certaines scènes d'horreur pouvant rebuter les âmes plus sensibles.
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L'Amérique sudiste, le ku klux klan, le devoir de mémoire tout est là dans ce long roman. Il est long mais dès que l'ennui arrive : hop un rebondissement. L'intrigue est bien ficelée, les personnages attachants ou rebutants. Par contre la narration laisse à penser qu'il y a un « avant » et la fin donne la certitude d'un « après », comme un clifhanger, ce que je déteste.
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Maire de Natchez, Mississipi, Penn Cage se retrouve confronté à un terrible problème. Son père, docteur apprécié de toute la communauté, est accusé du meurtre de son ancienne infirmière assistante noire, Violia Turner. Cette affaire pourrait vite être réglée, si Tom Cage ne refusait pas de collaborer avec la justice.
Penn comprend très vite que cette accusation vient de très loin : dans les années 60, le frère de l'infirmière était un militant pour les droits civiques et a disparu du jour au lendemain, sans doute victime du Ku Klux Klan. Henry Sexton, un journaliste local vient lui expliquer que de nombreux meurtres racistes de l'époque sont le fait d'un mouvement appelé « les Aigles bicéphales », émanation du triple K, et que le docteur Tom Cage détiendrait encore des secrets sur eux. D'où l'accusation de meurtre…
Dans un premier temps, nous voyageons entre l'époque contemporaine (2005) et les années 60, mais très vite, ces événements passés sont occultés pour la confrontation directe entre Penn et ses amis d'un côté et les militants racistes d'autre part.
Et là, Greg Iles ne fait pas dans la dentelle. Les gentils sont vraiment très gentils, au point de se reprocher leur moindre défaut. Et surtout ils sont très très courageux. Et bien sûr les méchants sont très très méchants : sadiques, ultra-violents, phallocrates et bien sûr racistes. Et là le roman déborde de testostérone. Les scènes d'action se multiplient à n'en plus finir.
Bref, au fil pages, moins le roman reste crédible, plus la violence gratuite s'accumule et tout cela dure 1200 pages. Sans oublier qu'il ne s'agit que du premier volume d'une trilogie. Malgré le savoir-faire de l'auteur (indéniable), ce roman se perd au fil du récit, préférant l'action et le sensationnel à une approche plus historique sur la lutte des droits civiques dans le Sud des États-Unis. Dommage.
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Il m'aura fallu un peu de temps pour laisser reposer cette lecture et la digérer comme il se doit. Les quelques 1050 pages de ce premier tome ont été denses et intenses. Sans aucun temps mort, Greg Iles pose les bases d'une oeuvre magistrale qui a le mérite de tenir en haleine le lecteur d'un bout à l'autre.

Dans les années 60, à Natchez, dans le Mississippi, Franck Knox fonde les aigles bicéphales, une charmante branche dissidente du Ku Klux Klan. Une poignée d'hommes ultra-violents s'en prend à des noirs, les pourchasse et les tue en toute impunité. de nos jours, Henry Sexton, journaliste à Natchez tente d'élucider tous ces meurtres commis 40 ans plus tôt. Parallèlement, Tom Cage, le père du maire de Natchez est accusé d'avoir tué son ancienne infirmière noire, Viola Turner. Médecin respecté par toute la communauté, Tom ne veut pas dire la vérité sur cette nuit où Viola est morte. Penn Cage, son fils, va alors tout faire pour innocenter son père alors que toutes les preuves l'accablent.

Brasier noir c'est d'abord une plongée dans la violence la plus pure. La partie qui se déroule dans les années 60 s'inspire de faits réels. Les aigles bicéphales, groupuscule raciste, s'en prend à de jeunes noirs afin d'imposer leur supposée suprématie blanche. Greg Iles décrit à la perfection cette période pendant laquelle la communauté noire a enfin accéder aux droits fondamentaux de tout citoyen américain. L'atmosphère est pesante et en même temps on sent ce papillonnement de la jeunesse noire qui prend sa liberté à bras le corps. Greg Iles fournit une description fidèle des passages à tabac, des chasses à l'homme et des exactions commises par la bande de Franck Knox, car on sait dès le départ qui sont les coupables. Cette partie historique m'a passionnée.

La partie qui se déroule 40 ans plus tard se fait sous forme d'enquête. Il y a d'abord l'enquête d'Henry Sexton, le journaliste qui cherche à faire la lumière sur ces crimes raciaux alors même que le FBI ne bouge même pas le petit doigt. Il y a également l'enquête de Penn Cage qui cherche à savoir si oui ou non son propre père aurait tué Viola Turner, son ancienne infirmière. Les deux enquêtes vont bien sûr se rejoindre. Penn et Henry vont vite se rendre compte que les aigles bicéphales existent encore et qu'ils n'en ont pas fini avec leur vieilles rancoeurs raciales.

Greg Iles nous décrit une fois de plus un Mississippi dans lequel subsiste des relents raciaux nauséabonds. Il entraîne son lecteur au coeur des marécages où les alligators ont fait disparaître plus d'une preuve. C'est le coeur des USA qui résonne dans ce livre: le problème du racisme, la violence des armes, la corruption, le jeu politique lié à tous les trafics possibles. Sans aucune pause, Greg Iles entraîne son lecteur dans une intrigue foisonnante, aux multiples rebondissements. C'est d'ailleurs cette dernière particularité qui pour moi est la seule faiblesse du roman: la multiplication des scènes d'actions m'aura un poil lassée.

Ce « Brasier noir » tient en tout cas toutes ses promesses. Les deux prochains tomes m'attendent dans ma PAL et ils n'y feront pas long feu!
Lien : https://carolivre.wordpress...
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Cela fait un certain temps que cette trilogie de mais de l'oeil. le nom de son auteur me disait vaguement quelque chose sans pour autant que je puisse le raccorder à ce que j'avais déjà lu et apprécié de l'auteur.

Brasier noir est le point de départ d'une trilogie de près de 3000 pages. Autant le savoir avant de s'embarquer, pour ne pas s'engager ailleurs !

Brasier noir n'est pas un simple roman policier ; il n'est pas juste la résolution d'une mort suspecte au regard de la loi, dans une ville du sud profond, à savoir Natchez dans le Mississippi.

Le bon docteur Cage, le père de l'actuel maire de la ville est accusé, bien vite d'avoir précipité la mort de son ancienne infirmière, revenue terminer ses jours dans sa ville.
Pourquoi Tom Cage refuse de parler, de se défendre ? Que s'est -il passé dans la chambre de Viola ?

Penn Cage son fils, maire de la ville et ancien procureur ne peut se résoudre à voir son père risquer la peine capitale. Il s'engage dans une folle poursuite contre le temps, et surtout contre les forces obscures qui ont plombé le sud des Etats -Unis dans les années 60 et dont les acteurs historiques sont, depuis, devenus de puissants notables.

Penn Cage va s'immiscer dans la vie de son père, et revenir de fait sur les violences du KKK, et de sa branche extrémiste des Aigles bicéphales.
Fiction, ce roman en est une ! Mais pas que ! On y retrouve quelques grandes figures en proie à la lutte contre la ségrégation raciale en vigueur dans ces années là et dans ces régions là (en tout cas de manière plus criante qu'ailleurs aux US)
La question raciale est centrale dans ce roman, et l'on se rend bien compte qu'avec les années elle est loin d'avoir été résolue.

Si l'action de ce premier volume se déroule sur 2 jours seulement, il n'y a aucune lassitude, tant l'auteur varie astucieusement les points de vue, la narration.
Si le propos est exhaustif, le style l'est beaucoup moins et donne ainsi au roman une ambiance tendue, nauséabonde.

Greg Iles maîtrise à la perfection le suspense. Vivement la suite !

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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