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EAN : 9782070326310
371 pages
Gallimard (03/05/1991)
3.95/5   37 notes
Résumé :
En réalité, j'ai surtout combattu pour sauvegarder ma liberté d'esprit, ma liberté d'écrivain. Il est évident qu'il s'est agi, en grande partie, d'un dialogue de sourds, car les murs n'ont pas d'oreilles et les gens sont devenus des murs les uns pour les autres : personne ne discute plus avec personne, chacun voulant de chacun faire son partisan ou l'écraser [...]. L'œuvre d'art doit contenir en elle-même, et cristalliser, une plus grande complexité des débats dont ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un "théâtre-de-l'absurde-mode-d'emploi...mais pas que!

Avec humour, pugnacité, en ramant presque toujours à contre-courant des modes ou du prêt-à-penser, le vieil écrivain éternellement jeune et iconoclaste nous éclaire sur la création, sur son matériau de prédilection, aussi dangereux à manipuler que la nitro-glycérine: le langage.

Il ouvre le rideau rouge sur le rite initiatique de la représentation théâtrale, véritable cérémonie religieuse, célébration magique où s'exorcisent dans le rire absurde nos peurs, nos obsessions, nos angoisses.

Il dévoile par la farce tragi-comique la nature bizarre et double du rire, et revendique pour siennes l'expérimentation et la recherche auxquelles doivent se vouer les vrais écrivains..

Décapant, toujours d'actualité: on peut lire tout,dans Notes et Contre notes ou simplement reprendre ce livre dans le désordre, en picorant un article puis un autre, selon le caprice du moment, comme on prend des vitamines en hiver ou des glaces quand il fait trop chaud...

Ionesco devrait être remboursé par la sécurité sociale...
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Que l'oeuvre d'art est bien une aventure de l'esprit… que ce qui est original est vrai… que ce qui ressemble à tout ce qui se fait est mensonger… que la critique doit être l'élève de l'oeuvre… que le théâtre bourgeois est trivial et simpliste… que l'expression est fond et forme à la fois… Voilà comment ces affirmations d'Eugène Ionesco, et mille autres, ouvrent la porte à d'infinies réflexions et polémiques sur le théâtre, l'art, la politique, la condition humaine… Ces textes ont près de cinquante ans et on conservé tout leur mordant.
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Ce texte est important à plus d'un titre : d'abord parce qu'il éclaire l'oeuvre de Ionesco de manière très efficace; ensuite, parce qu'il traite non seulement de l'art scénique de l'après-seconde guerre mondiale mais aussi de ce qui fait le propre du théâtre depuis ses origines : c'est donc un ouvrage à avoir dans sa bibliothèque si l'on s'intéresse à ce genre et, plus largement, à la littérature.

FB
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Regardez les gens courir affairés, dans les rues. Ils ne regardent ni à droite, ni à gauche, l'air préoccupé, les yeux fixés à terre, comme des chiens. Ils foncent tout droit, mais toujours sans regarder devant eux, car ils font le trajet, connu à l'avance, machinalement. Dans toutes les grandes villes du monde c'est pareil. L'homme moderne, universel, c'est l'homme pressé, il n'a pas le temps, il est prisonnier de la nécessité, il ne comprend pas qu'une chose puisse ne pas être utile; il ne comprend pas non plus que, dans le fond, c'est l'utile qui peut être un poids inutile, accablant. Si on ne comprend pas l'utilité de l'inutile, l'inutilité de l'utile, on ne comprend pas l'art; et un pays où on ne comprend pas l'art est un pays d'esclaves ou de robots, un pays de gens malheureux, de gens qui ne rient pas ni ne sourient, un pays sans esprit; où il n'y a pas l'humour, où il n'y a pas le rire, il y a la colère et la haine. Car ces gens affairés, anxieux, courant vers un but qui n'est pas un but humain ou qui n'est qu'un mirage, peuvent tout d'un coup, aux sons de je ne sais quels clairons, à l'appel de n'importe quel fou ou démon se laisser gagner par un fanatisme délirant, une rage collective quelconque, une hystérie populaire. Les rhinocérites, à droite, à gauche, les plus diverses, constituent les menaces qui pèsent sur l'humanité qui n'a pas le temps de réfléchir, de reprendre ses esprits ou son esprit, elles guettent les hommes d'aujourd'hui qui ont perdu le sens et le goût de la solitude. Car la solitude n'est pas séparation mais recueillement, alors que les groupements, les sociétés ne sont, le plus souvent, comme on l'a déjà dit, que des solitaires réunis. On n'a jamais parlé « d'incommunicabilité » du temps où les hommes pouvaient s'isoler; l'incommunicabilité, l'isolement sont, paradoxalement, les thèmes tragiques du monde moderne où tout se fait en commun, où l'on nationalise ou socialise sans arrêt, où l'homme ne peut plus être seul, — car même dans les pays « individualistes » la conscience individuelle est, en fait, envahie, détruite par la pression du monde accablant et impersonnel des slogans : supérieurs ou inférieurs, politiques ou publicitaires, c'est l'odieuse propagande, la maladie de notre temps. L'intelligence est à tel point corrompue que l'on ne comprend pas qu'un auteur refuse de s'engager sous la bannière de telle ou telle idéologie courante — c'est-à-dire de se soumettre.
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L'homme moderne, universel, c'est l'homme pressé, il n'a pas le temps, il est prisonnier de la nécessité, il ne comprend pas qu'une chose puisse ne pas être utile ; il ne comprend pas non plus que, dans le fond, c'est l'utile qui peut être un poids inutile, accablant. Si on ne comprend pas l'utilité de l'inutile, l'inutilité de l'utile, on ne comprend pas l'art ; et un pays où on ne comprend pas l'art est un pays d'esclaves ou de robots, un pays de gens malheureux, de gens qui ne rient pas ni ne sourient, un pays sans esprit ; où il n'y a pas l'humour, où il n'y a pas le rire, il y a la colère et la haine.
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Né en 1852, dans les environs de Bucarest, I. L. Caragiale écrivit d'excellents contes et quelques pièces de théâtre qui « révolutionnèrent » le théâtre roumain, facile à révolutionner, puisqu'il n'existe pour ainsi dire pas. En fait, il le créa. Par la valeur de ses comédies de mœurs et de caractères, écrites, hélas, dans une langue sans circulation mondiale, I.L. Caragiale est, probablement, le plus grand des auteurs dramatiques inconnus. Dégoûté par la société de son temps, ayant aggravé son dégoût en la dénigrant, dans toute son œuvre, avec violence et raison, talent et humour, I.L. Caragiale profita d'un héritage tardif pour s'expatrier à la fin de sa vie à Berlin, en 1912, à soixante ans et cinq mois.
[...]
[…] à force d'avoir injurié ses compatriotes, ceux-ci avaient fini par l'admirer.
I.L. Caragiale prit à partie, dans son œuvre, les commerçants, l'administration, les politiciens : ses griefs étaient justes, naturellement.
[...]
La principale originalité de Caragiale c'est que tous ses personnages sont des imbéciles. Imaginez-vous les petites gens d'Henri Monnier poussés plus à fond, sombrant tout à fait dans l'irrationalité du crétinisme.
[...]
Les héros de Caragiale sont fous de politique. Ce sont des crétins politiciens.
[...]
I.L. Caragiale ne nous dit pas que l'ancienne société était meilleure. Il ne le croit pas. Il pense que telle est « la société ». Tout est toujours à refaire. L'auteur, lui, s'en lave les mains (il s'est toujours défendu de faire autre chose que de l'art pour l'art) et se retire à l'étranger où il n'arrivera jamais à connaître suffisamment les gens pour qu'ils deviennent si insupportables que ceux qu'il a trop bien connu chez lui.

(pp. 194- 200 de l'édition folio n°163)
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J'ai connu personnellement Brancusi très tard, dans les toutes dernières années de sa vie, chez le peintre Istrati dont l'atelier se trouvait Impasse Ronsin, juste en face de celui du sculpteur, séparés par une ruelle large d'un mètre.
[...]
Bien entendu, j'admirais depuis longtemps les œuvres du maître. J'avais aussi entendu parler de l'homme. Je savais qu'il était hargneux, pas commode, bougon, presque féroce. Il chassait, en les couvrant d'injures, les marchands ou collectionneurs qui venaient le voir pour lui proposer d'acheter ses sculptures. Il éloignait aussi, en les menaçant de son gourdin, les admirateurs sincères et naïfs qui l'importunaient.
[...]
On aurait pu croire que Brancusi était un artiste primaire, instinctif, rustique. Son œuvre, en même temps élémentaire et subtile, est l'expression d'une pensée artistique (et par là philosophie) infiniment lucide, élaborée, profonde.
[...]
Nous savons que la poésie de Mallarmé ou de Valéry était une réflexion sur la poésie. En grande partie, la sculpture de Brancusi est aussi une réflexion sur la sculpture ; en même temps, une méthode purement sculpturale de penser le monde, traduit en formes et lignes de forces vivantes.
[...]
Bien surprenante, incroyables, ces synthèses : folklore sans pittoresque, réalités anti-réaliste ; figures au-delà du figuratif ; sciences et mystère ; dynamisme dans la pétrification ; idée devenue concrète, faite matière, essence visible ; intuition originale, par-delà la culture, l'académie, les musées.

(extraits de « Portait anecdotique de Brancusi », pp. 341 - 349 de l'édition folio n°163)
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En réalité, j'ai surtout combattu pour sauvegarder ma liberté d'esprit, ma liberté d'écrivain. Il est évident qu'il s'est agi, en grande partie, d'un dialogue de sourds, car les murs n'ont pas d'oreilles et les gens sont devenus des murs les uns pour les autres : personne ne discute plus avec personne, chacun voulant de chacun faire son partisan ou l'écraser [...].
L'œuvre d'art doit contenir en elle-même, et cristalliser, une plus grande complexité des débats dont elle est la réponse ou l'interrogation plus ample.»
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Vidéo de Eugène Ionesco
FACE-À-FACE CRITIQUE Pour son cinquième long métrage, Valeria Bruni Tedeschi opte à nouveau pour l'autofiction, en romançant ses années d'apprentissage à l'école des Amandiers de Nanterre, dans les années 1980.
L'école des Amandiers, dirigée par Patrice Chéreau, est dans les années 80 un rêve pour beaucoup de jeunes comédiens. Décrite comme un « anti-Conservatoire », elle voit défiler dans ses rangs Agnès Jaoui, Vincent Perez, Marianne Denicourt, Éva Ionesco, et donc Valeria Bruni Tedeschi.
La réalisatrice conte les souvenirs de sa promotion en les romançant. Louis Garrel, en Patrice Chéreau, et Nadia Tereszkiewicz, en Valeria Bruni Tedeschi, sont bluffants. Les Amandiers est un film de troupe dans lequel la réalisatrice parvient à dépeindre les années sida mais aussi les amours et amitiés d'une bande de vingtenaires qui découvrent le théâtre et y mettent toute leur énergie.
#amandiers #valeriabrunitedeschi #theatre
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