AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,38

sur 313 notes
Diantre, saperlipopette et juste ciel, quel bazar ! Plus de 500 pages et des heures à trainer sur l'Avenue des mystères, et pas moyen de trouver la porte d'entrée de ce joyeux bordel.

D'accord j'ai bien compris, victime de l'association pas toujours appropriée de bêtabloquants et de pilules bleues, dopant (entre autres) l'imaginaire et l'émergence des souvenirs, notre héros oscille en permanence et sans sommation entre un présent quasi onirique et un passé du genre bousculé.

De par le fait, protagonistes et situations aléatoires s'accumoncellent en strates insolites et baroques, mais moi je dis halte-là John, as-tu pensé à l'ami lecteur ? Parce que pour ma part et personnellement je me suis plus ou moins perdue moi, vois-tu ? Moult fois, en lisière de saturation, j'ai piqué du nez sur tes pages, calé sur le bizarre des phrases, tenté de reprendre le fil, souriant souvent, pourtant, à ce ton désinvolte et facétieux qui m'a fait tenir jusqu'au bout malgré tout.

N'empêche, quel bazar (oui, je me répète, mais quel bazar j'ai envie de dire).

Aaah John, « L'épopée du buveur d'eau » se trouve hélas trop loin dans mon souvenir, mais plus récemment « A moi seul bien des personnages » m'avait tellement plu, plus introspectif, plus touchant, plus structuré…
Sans doute aussi, pour arpenter cette Avenue des mystères, ne devais-je pas être assez bien lunée, et crois-moi j'en suis la première désolée.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
Commenter  J’apprécie          719
Quand, en aficionado fidèle, on a lu toute l'oeuvre de John Irving depuis la traduction en français du Monde selon Garp (1980), est-il possible d'être étonné par le dernier roman du septuagénaire américain ? le qualificatif le plus approprié serait celui d'admiratif, non que Avenue des mystères tutoie la perfection, mais à cause de l'énergie déployée, de la densité du livre, sans oublier la persistance des thèmes que l'écrivain s'ingénie à traiter dans un texte qui ne ressemble à rien d'autre qu'à du Irving tout en nous piégeant par des trésors d'imagination et un récit totalement débridé et décomplexé. Sexe, religion et mort : c'est cette trilogie familière qui tient le haut du pavé d'Irving. A en étouffer presque, si ce n'est que l'auteur réussit à habiller chaque scène qui pourrait paraître répétitive d'oripeaux nouveaux. Cela mérite des applaudissements. Même sentiment devant la maîtrise d'une narration qui se poursuit sur deux échelles temporelles : le présent, avec un voyage aux Philippines d'un écrivain d'âge mûr ; le passé, avec le même, alors adolescent dans une décharge publique au Mexique puis dans un orphelinat et dans un cirque. Impossible de synthétiser un roman aussi foisonnant où entre une fillette extralucide, un hippie américain, un couple composé d'un apostat et d'un travesti (sic), une mère et une fille obsédées sexuelles, deux statues de Vierges ennemies (l'une blanche, l'autre noire) et quelques lions et une multitude de chiens plus ou moins errants, la galerie de personnages marquants est impossible à énumérer. Bref, Avenue des mystères est un maelström incantatoire qui passe aisément du registre loufoque et délirant au dramatique sans oublier une touche de fantastique (moins convaincante). le résultat est aussi détonant que le mélange de bêtabloquants et de viagra que le héros du livre, Juan Diego, pratique sans grand discernement. Sur 500 pages, Irving maintient le rythme sans faiblir. le lecteur, lui, a parfois besoin de souffler sans que la possibilité ne lui en soit donnée. Mais à quoi bon faire la fine bouche, le caractère cinématographique de l'écriture, avec ses images "bigger than Life", le sens du suspense (si le sort de Lupe, la soeur de Juan Diego, est connue depuis le début du livre, il faut attendre les dernières pages pour connaître les circonstances) et le torrent de péripéties emportent tout sur son passage. Irving reste Irving et le temps va paraître long avant la parution de son prochain roman.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
Commenter  J’apprécie          582
bon bon bon que dire ? J'étais pourtant en transe. Un nouvel Irving j'étais si contente. J'avais aimé, adoré le monde selon Garp, l'hôtel du New hampshire, l'épopée du buveur d'eau et l'oeuvre de Dieu la part du diable, et je m'attendais donc à être emportée dès les premières lignes.

Et bien non, donc je me suis dis il faut rentrer dans le bouquin, ça demande de t'y investir, donc j'ai persisté et au bout de 150 pages, j'ai estimé que j'avais fait assez d'efforts j'ai lâché l'affaire, désappointée et déçue.

Je n'ai strictement rien compris à cette histoire. Les flash backs constants et récurrents, l'histoire dans l'histoire m'ont perdue et surtout le manque terrifiant d'humour a fait que je n'ai à aucun moment retrouvé la verve, la plume, la faconde d'Irving. Quelle déception !
Commenter  J’apprécie          470
Juan Diego est un écrivain célèbre. Il est invité par un de ses anciens élèves à se rendre aux Philippines où la famille de ce dernier réside. En faisant ce voyage d'agrément, il effectue aussi un voyage dans son passé, celui où il était gamin et où il vivait sur une décharge d'Oaxaca au Mexique, en compagnie de sa soeur télépathe, Lupe, celle dont il est le seul à comprendre le langage.
« L'avenue des mystères » c'est l'avenue de la vie, celle que des inconnus traversent regardant les vitrines de milles et un magasins, prêts à leur offrir tout ce qu'ils ont rêvés d'avoir mais aussi et surtout tout ce qu'ils n'ont jamais souhaités. Ce sont ces moments où l'on voit défiler une vie entière, l'heure du bilan venue, juste avant de mourir.
Ce roman de John Irving ne semble pas le plus abouti de l'ensemble de son oeuvre magistrale (Il y a certaines redites dont on se demande si elles sont un fait exprès ou un oubli de la part de l'auteur, personne n'est infaillible, et des dialogues qui par moment frisent la confusion, la cacophonie, par l'intervention d'un nombre important d'interlocuteurs). Mais le talent de l'auteur, sa sensibilité à extraire du néant des personnalités émouvantes aux destinées extraordinaires comblent largement la langueur du récit.
Traduction de Josée Kamoun et Olivier Grenot.
Editions du Seuil, Points, 604 pages.
Commenter  J’apprécie          460
Au soir de sa vie, Juan Diego Guerrero, écrivain américain, se rend à Manille pour honorer une promesse faite à un hippie rencontré durant sa lointaine jeunesse. Fragile du coeur, l'auteur suit un traitement aux bêta-bloquants qu'il mélange allègrement à du viagra, au cas où une occasion se présenterait. Son long voyage le mène d'abord à Hong Kong où il est pris en charge par deux femmes rencontrées dans l'avion. Mère et fille vont ainsi organiser ses déplacements, lui prodiguer des conseils et partager son lit à tour de rôle. Faible, dépassé, amoindri par son traitement qu'il interrompt et reprend sans cohérence, Juan Diego se plonge dans les rêves et les souvenirs de sa vie. Car il n'a pas toujours été cet écrivain américain plus ou moins connu. Son enfance, il l'a passé au Mexique, à Oaxaca, dans la décharge de Guerrero. Là, avec sa soeur Lupe, il brûlait les déchets, les cadavres de chien et sauvait les livres promis au bûcher. Nés de père inconnu et d'une mère prostituée la nuit, femme de ménage chez les jésuites le jour, les deux enfants vivaient chez le chef de la décharge, père putatif du garçon, et surtout l'homme qui lui écrasa le pied accidentellement, le rendant infirme et boiteux. Accueillis d'abord par les jésuites qui ont compris toute l'intelligence de Juan Diego, lecteur autodidacte, les deux enfants vivront ensuite dans un cirque, embauchés par le dompteur de lions pour le don exceptionnel de Lupe. En effet, la fillette qui parle une langue inconnue que seul son frère comprend, peut lire les pensées et entrevoir l'avenir et le dompteur, secrètement effrayé par ses lions, veut être prévenu de leurs intentions. Après un drame, Juan Diego partira pour l'Iowa et une nouvelle vie en Amérique avec des parents adoptifs peu conventionnels, un jésuite défroqué et un travesti, amoureux comme jamais.

Quoi ?! Un livre de John Irving sans que le moindre ours ne vienne montrer le bout de son oreille ? Effectivement. Mais ils sont remplacés ici par des lions et sont accompagnés de quelques autres thèmes fétiches de l'auteur : le père absent, l'homosexualité et le sida, les prostituées, les accidents mortels et même une toute petite allusion à la lutte. S'y ajoutent aussi des personnages totalement déjantés, avec, dans le désordre et sans exhaustivité : une mère et sa fille nymphomanes, un jésuite pratiquant l'auto-flagellation, une fillette extra-lucide, une Sainte Vierge assassine, beaucoup de chiens, des mignons, des laids et même des ''fantômes volants''. Tout ce beau monde est embarqué dans une épopée baroque qui flirte avec le surnaturel et dont le fil conducteur est la vie de Juan Diego, personnage complètement dépassé qui se laisse aller à ses rêveries au point de ne plus différencier le songe de la réalité. Au centre de ses préoccupations, outre le sexe, il y a sa famille, ses chers disparus qu'il continue de pleurer et la religion. Athée, l'écrivain a pourtant beaucoup fréquenté le religieux, dès son plus jeune âge en récupérant les livres jugés impies par les jésuites, plus tard dans l'orphelinat tenu par ces mêmes jésuites et aussi à travers l'obsession de sa soeur Lupe qui reprochaient aux colonisateurs espagnols d'avoir relégué la Vierge noire de Guadalupe au second plan, au profit de Marie.
Du Mexique aux Philippines, en passant par Hong Kong et l'Iowa, John Irving nous invite dans un joyeux bazar où il s'est fait plaisir à divaguer, digresser, soliloquer, au risque de laisser parfois le lecteur au bord de la décharge d'Oaxaca, lui qui d'habitude sait si bien l'entraîner dans son univers. Ici les longues considérations sur la religion finissent par lasser, surtout si l'on ne s'intéresse pas plus que ça au sujet...Les inconditionnels de l'auteur pourront s'y retrouver, tant il apparaît au détour d'un chapitre (Juan Diego a écrit un roman qui ressemble à s'y méprendre à L'épopée du buveur d'eau), même s'il brouille les pistes. Pour les autres, ce n'est définitivement pas le meilleur roman pour entrer dans l'oeuvre de cet écrivain de talent. Une légère déception.
Commenter  J’apprécie          4211
Foisonnant et éblouissant le dernier roman de John Irving !

j'ai suivi Juan Diego Guerrero et sa soeur Lupe à travers la décharge publique de Oaxaca, une petite ville du Mexique , l'orphelinat des Enfants perdus puis le Cirque des Merveilles, pour retrouver Juan Diego adulte vieillissant en voyage pour les Philippines, fidèle à une promesse qu'il avait faite pendant son enfance , obsédé par la prise de ses bêtabloquants et de son Viagra ...

Rencontres décisives avec des personnages hors du commun pour ces deux gamins, qui eux-même ne sont pas ordinaires , enfants de pères inconnus et d'une mère femme de ménage au presbytère le jour et prostituée la nuit, Juan Diego sauve les livres du bucher pour les lire et Lupe est extralucide .

Il faut laisser le lecteur découvrir par lui-même cet univers si inventif , une danse permanente entre le Bien et le Mal, le réel et l'imaginaire, où le sexe a une place à part et où la vierge blanche et la vierge noire sont en compétition ... Quelle imagination débordante mêlant réalité , superstition et rêve : et devant la platitude de nombreux romans on en redemande du John Irving de ce cru !

Quel plaisir de lecture, un véritable rafraichissement pour l'âme .
Commenter  J’apprécie          370
Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu Irving. Il a longtemps été mon auteur préféré et puis le temps a passé.

Il y a quelques années j'avais relu une prière pour Owen et j'avais été décue.

L'an dernier j'ai relu le monde selon Garp et j'ai retrouvé le plaisir Irving.

Alors avec ce roman on retrouve l'imagination débridée de Irving avec des personnages déjantés

[/masquer] 2 enfants de la décharge de Mexico dont le frère va partir aux US.... et la soeur qui sait lire dans les pensées.

Il y a des jesuites dont un quittera les ordres pour suivre un travesti. 2 statues de la vierge

il y a un cirque, un avortement.

bref du Irving. [/masquer]

ce n'est pas son meilleur mais c'est un bon cru.
Commenter  J’apprécie          200
Quel bazar ce livre..... Mon dernier livre de John Irving remonte au moins à 20 ans et j'en garde de bons souvenirs, ce qui m'a donné envie de relire un roman de cet auteur. Celui-ci m'a été offert et il s'agit de son dernier roman (je l'avais vu à la Grande Librairie sur la 5 ......).
Comment résumer ce récit ???
Nous passons du présent au passé sans cesse, des vivants aux morts.
Juan Diego (le narrateur) et sa soeur Lupe vivent dans une décharge au Mexique. Ils n'ont pas connu leur père (le même pour les 2 enfants ???), leur mère se prostitue et est femme de ménage chez les Jésuites !
Juan Diego, 14 ans est un enfant doué, grand lecteur, et est le seul à pouvoir traduire le langage de sa soeur. Celle-ci a des dons de voyance, lit dans la pensée des gens.
Nous allons les suivre de la décharge à l'orphelinat, puis au cirque jusqu'à l'adoption par un prêtre ayant rompu ses voeux et un travesti, traversant des aventures toutes aussi étranges les unes que les autres, le tout baignant dans les relations que les deux enfants et surtout Lupe entretiennent avec la Vierge.... Mais quelle Vierge ???
A travers les pages de ce roman on évoque les grandes questions de notre siècle sur la religion, son influence, ses incohérences mais aussi sur le SIDA et ses ravages.
Il faut s'accrocher : bien souvent j'ai eu envie d'abandonner car on se perd, on a du mal à voir où veux en venir l'auteur. C'est un grand bric à brac, on bascule parfois dans des mondes parallèles, des fantômes flottent un peu partout.
Je n'ai pas vraiment été emballée, surprise oui, mais je ne pense pas que j'en garderais un souvenir impérissable mais je pense que je relirais ceux que j'avais lu il y a quelques années afin de me refaire une idée sur l'auteur.


Lien : http://mumudanslebocage.cana..
Commenter  J’apprécie          203
Il faut le talent de John Irving pour écrire un pavé racontant l'histoire d'un enfant perdu boiteux qui devient écrivain. Des décharges mexicaines où il a grandi, aux Philippines où il voyage aujourd'hui en passant par les États-Unis où il a été publié, la vie de Juan-Diego est surprenante dans "Avenue des mystères".
John Irving réussit à rendre crédible ce qui semble a priori improbable. C'est comme ça que l'on reconnait les bons romanciers.

Au cours d'un voyage de New-York à Manille, Juan Diego va tomber sous le charme de Miriam et Dorothy qui se présentent comme mère et fille. le vol étant long, il ne va pas prendre ses bêtabloquants qui limitent ses montées d'adrénaline. Il en prendra l'habitude pour rester alerte et passer des nuits torrides accompagné de l'une ou l'autre, avec l'aide du viagra.
Son coeur en sera bouleversé puisque son passé va reprendre possession de lui. Ses souvenirs d'enfance ne vont plus le quitter ainsi que ses morts prématurés : sa mère prostituée et femme de ménage chez les jésuites, victime d'une statue de la Vierge Marie, sa soeur Lupe qu'il était le seul à comprendre dévorée adolescente par un lion lorsqu'ils travaillaient dans un cirque, ses parents adoptifs Flor et Eduardo deux homosexuels dont un travesti morts du Sida aux États-Unis.
Juan-Diego s'endort et rêve d'eux, ce qui ne l'empêche pas de se poser des questions.
Pourquoi était-il si souvent gagné par le passé ? Les bêtabloquants en étaient-ils seuls responsables ? Et qui sont ces deux femmes Miriam et Dorothy qui n'apparaissent pas sur les photos ? Pour autant les spectres ne lui font pas peur, lui qui était récupérateur de décharges au Mexique dans son enfance.

Si le roman peut apparaitre au premier abord décousu parce que le narrateur fait des allers-retours entre différentes périodes du passé et le présent, j'ai trouvé l'histoire assez facile à suivre. Et puis, John Irving réussit à mettre une pointe d'humour, un deuxième degré, aux situations cocasses, sordides ou mystérieuses qui se déroulent en continu dans des lieux qui ne sont pas choisis par hasard.


Challenge Solidarité 2022
Challenge Multi-défis 2022
Challenge ABC 2021-2022
Commenter  J’apprécie          170
J'aime bien Irving, que j'ai découvert assez récemment, grâce à une voisine qui m'avait conseillé le lecture d' "A moi seul bien des personnages", que j'avais beaucoup aimé. Dans la foulée j'avais également lu "Hôtel New Hampshire", "L'oeuvre de Dieu, la part du diable", "Le Monde selon Garp" et "L'épopée du buveur de Dieu", également appréciés (surtout les deux premier cités).
Celui-ci, "Avenue des mystères", je l'ai lu en anglais dans une version de poche car les "résumés" assez confus que j'avais pu en lire ici et là ne m'emballaient pas vraiment et donc j'hésitais à l'acheter alors qu'il n'existe pas encore en poche en français. Mais une chose m'attirait : le fait que l'intrigue se déroule pour partie à Oaxaca (prononcez : "Ouahhâka") au Mexique, une ville que j'adore, non pas une "petite ville" mais la capitale de l'Etat mexicain du même nom, splendide cité dotée d'une architecture baroque coloniale espagnole et attirant à elle des artistes de toutes disciplines venant des quatre coins de la planète. Malheureusement sur cet aspect du livre, se déroulant à Oaxaca, j'ai été assez déçue car de Oaxaca l'auteur ne nous livre que la vie d'enfants, Juan Diego (le principal protagoniste) et sa soeur Lupe, élevés dans le cadre peu engageant d'une décharge publique au début des années 70 (décharge qui n'existe plus sous cette forme "apocalyptique" de nos jours). Bref rien de ce qui fait le charme de Oaxaca et de la superbe région dans laquelle cette ville se trouve ne nous est livré ici et je crains que les lecteurs peu avertis n'en restent sur une impression misérabiliste du Mexique, dimension certes existante mais qui est loin d'épuiser l'essence de ce pays, certes fou ("loco") à bien des égards mais dont émane une magie qu'on est généralement loin de se représenter avant de l'avoir visité....
Pourtant je trouve que le climat se dégageant de ce livre, brillant exercice de style, traduit assez bien l'âme mexicaine, en équilibre précaire sur un fil tendu entre le rêve confinant au fantastique hallucinatoire et une certaine misère humaine aux aspects parfois sordides... Et c'est précisément parce que j'ai pu expérimenter le Mexique à diverses reprises sous cet angle que j'ai trouvé ce livre assez réussi. Mais je ne peux que conseiller à ceux qui ne seront pas rebutés par ce récit, oscillant sans arrêt entre le rêve et la réalité d'un écrivain vieillissant et ayant à composer avec de graves problèmes de santé, à prendre leur bâton de voyageur et à aller découvrir un pays dont on ne revient pas indemne, au bon sens du terme...
Je ne vais pas rappeler l'intrigue, somme toute assez sommaire, composant la trame de ce livre, d'autres l'ont fait ici, celle qui voit un écrivain mexicano-américain entamer une sorte de pèlerinage aux Philippines tout en revivant dans le désordre les événements tragiques qui ont jalonné son enfance et adolescence d'enfant "de la décharge" pour le conduire finalement aux États-Unis où il deviendra un écrivain connu, adopté par un couple improbable formé par un jésuite défroqué et un travesti... Ce qui compte encore une fois ici c'est l'atmosphère très étrange qui imprègne le récit et qui ne pourra "fonctionner" que par un lâcher prise du lecteur, qui d'ailleurs suivra celui auquel parviendra finalement Juan Diego, le principal héros de l'histoire...
J'ai hésité sur la note à laisser à ce livre, trois ou quatre étoiles ? Comme je le disais j'ai été déçue par la peinture faite de Oaxaca. Dans un entretien Irving a confié qu'il avait très bien connu cette ville au début des années 70, lorsqu'il rendait visite à des amis déserteurs, fuyant la guerre du Vietnam, et errant sans but, âmes désolées d'un pays dans lequel ils ne se reconnaissaient plus. Je ne connaissais pas cette dimension de l'histoire de Oaxaca que j'ai trouvé intéressante et qui explique sans doute une partie de son pouvoir d'attraction sur nombre d'artistes étasuniens (c'est par l'entremise de l'un d'entre eux que j'ai découvert cette ville). Mais c'est dommage que rien de ce qui fait la beauté de cette ville ne transparaisse ici. Par contre là où je trouve qu'Irving réalise un tour de force c'est qu'en dépit de cette présentation peu flatteuse de Oaxaca et aussi du fait que son héros mexicain ait choisi de ne jamais retourner sur place (ce qui renforce l'impression négative que pourra en tirer le lecteur) il accomplira son destin dans un style finalement purement mexicain, fait d'une spiritualité baroque où les codes se bousculent, illustrés par ce duel entre la vierge blanche du colonisateur espagnol et la Vierge noire de la Guadalupe (dont j'aurai appris qu'elle est également présente aux Philippines).
Les thèmes et obsessions récurrents de l'auteur (ses comptes qu'il règle en permanence avec l'Eglise catholique, non parfois sans verser dans le caricatural même s'il s'en défend lorsqu'on l'interroge là-dessus, le cirque, l'enfance et la relation fraternelle etc.) se retrouvent ici encore dans une oeuvre qui révèle les questionnements et la recherche de lâcher prise qui, sans nul doute, animent également Irving à l'âge qu'il a désormais...
Somme toute une très bonne lecture.
Commenter  J’apprécie          170




Lecteurs (791) Voir plus



Quiz Voir plus

Complétez ces titres de John Irving

"Liberté pour ...

faire les courses'
les nounours'
les ours'
Florence Cassez'

12 questions
414 lecteurs ont répondu
Thème : John IrvingCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..