Tout d'abord, un immense merci à Taifu comics pour l'envoi de ce service presse que j'attendais avec impatience, et que je suis heureuse d'avoir enfin entre les mains !
La couverture est de toute beauté, vous ne trouvez pas ? Personnellement, je l'adore. La profondeur du fond rouge la rend percutante, et met en valeur Sôgo, magnifique dans son kimono et ses expressions si féminins. Cette illustration est très graphique et artistique, nous promettant de plonger dans un univers où l'Art a une place de choix. Et c'est bel et bien le cas, puisqu'ici, nous abordons le thème unique du kabuki, que je vais vous expliquer un peu après. En tous les cas, c'est vraiment un gros coup de coeur pour moi que cette couverture, et j'ai hâte de voir à quoi ressemblera celle du tome 2 !
Les dessins sont tout doux, mais vraiment superbes. Ils sont plutôt simples, mais j'en aime les traits si jolis, les expressions travaillées, la délicatesse qui en ressort. Ce sont des éléments qui vont mettre en valeur la thématique de ce manga et accentuer la finesse de cette histoire qui, pour ce tome 1, démarre de manière très douce (même si Sôgo est chargé d'émotions contraires et trèèèès dynamique). Et les dessins nous montrant le monde du kabuki, les décors, les costumes, les maquillages, sont de toute beauté, j'ai vraiment adoré !
Qu'est-ce que le kabuki, me direz-vous ? C'est un art théâtral japonais traditionnel. Assez complexe à aborder, il se caractérise par un jeu d'acteurs très poussé et très codifié (il est donc difficile d'accès pour le néophyte), et des maquillages, coiffures et costumes très traditionnels. Il jouit d'une grande notoriété au Japon, et la plupart des troupes n'emploient que des hommes, y compris pour les rôles féminins, dits onnagata (même si aujourd'hui ces rôles s'ouvrent à nouveau aux femmes, le kabuki reste un art essentiellement masculin, même dans l'interprétation de la féminité de certains rôles).
Voilà, à présent vous cernez un peu mieux dans quel cadre se déroule ce manga. Et quel cadre ! Magnifique, grandiose et bien détaillé, sans être complexe, nous abordons l'univers du kabuki sous l'égide de Sôgo, jeune comédien, héritier d'une famille d'acteurs spécialisés dans les rôles d'onnagata, donc rôles féminins. du coup, oui, Sôgo joue uniquement des rôles féminins sur scène ! On y aborde donc le travestissement, mais d'une manière simple et sans questionnement, puisqu'il s'agit à la fois d'un jeu d'acteur et d'une tradition. Sôgo ne se pose jamais la moindre question sur ses rôles de femme, cherche à interpréter à fond ses personnages, et personne ne le lui reproche ou ne se moque de lui pour cela. Il est reconnu en tant que comédien émérite et possède une notoriété unique, qui fait qu'il est avant tout admiré et plébiscité.
Enfin, au début de l'histoire, notre beau Sôgo à la beauté somme toute assez féminine vient d'échouer monumentalement lors d'un mois de représentation (les représentations de kabuki se jouant tous les jours pendant 25 jours, en général). Il a découvert que l'opinion publique à son sujet est plutôt mitigée, voire carrément négative, et il stresse énormément, et déprime aussi. Là-dessus, son grand rival, Gensuke, lui donne son avis et tente de lui donner quelques conseils, et c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase : Sôgo déteste Gensuke, parce qu'il le considère comme un orgueilleux imbu de sa personne, qu'il croit qu'il se moque tout le temps de lui et qu'en plus, il le considère comme un meilleur comédien que lui. Les deux adolescents ont le même âge, et aux yeux de Sôgo, Gensuke est vraiment un rival, et ce même si ce dernier, pour sa part, joue des rôles masculins uniquement.
C'est dans cette ambiance tendue que les deux jeunes hommes apprennent qu'ils vont devoir prochainement tenir les deux rôles principaux dans une pièce commun. Et là, Sôgo est révolté. Quoi ? Jouer avec Gensuke ? Mais quelle horreur ! Pourtant, quelle n'est pas sa surprise quand il découvre, au cours des répétitions, qu'en fait, niveau interprétation et jeu théâtral, non seulement il s'entend très bien avec Gensuke, mais en plus, celui-ci le pousse vers le haut. Sôgo, qui était inquiet parce qu'il stagnait et ne parvenait plus à évoluer, se transforme soudain en un acteur de kabuki expressif, magnifique, complètement féminin, émouvant et fascinant, qui va prendre d'assaut le coeur des spectateurs…
Et comme si ça ne suffisait pas, Gensuke avoue à Sôgo qu'il est en fait un de ses plus grands fans. Et clairement, il semble obsédé par lui. Qu'est-ce que ça signifie ? Alors que Sôgo est obligé de se rapprocher de lui, il se questionne à son sujet, tout en ne pouvant pas empêcher son coeur de battre de plus en plus fort, et son esprit de rechercher la présence et le sourire de Gensuke… Et étrangement, quand celui-ci se montre jaloux envers son cousin, si proche de Sôgo, ce dernier s'en sent plutôt… content. Mais qu'est-ce qui se trame entre ces deux jeunes comédiens qui, après leur fusion, n'ont plus qu'une seule envie : monter encore une fois ensemble sur scène, et partager les projecteurs pour une nouvelle pièce commune…
Une très belle histoire touchante, drôle et légère, dans un univers coloré, artistique et sensuel, que j'ai vraiment adoré découvrir. J'ai hâte de retrouver Sôgo et Gensuke pour un second tome qui, je l'espère, les verra encore se rapprocher et balbutier entre deux mondes, celui du kabuki, dans lequel ils sont si proches et si libres de leurs sentiments, et le monde réel, dans lequel ils hésitent encore à suivre les penchants de leurs coeurs…
Aurélie, pour le blog d'Amabooksaddict
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