Total Khéops

Marseille, sa racaille et sa géographie pittoresque avec un soleil d'enfer. Bon, et alors ?
ça ne vaut pas Portland et Nuits de chiens de Kent Anderson.

Un roman policier dont l'épicentre est constitué d'une ancienne bande d'amis. Ceux-ci, bien des années plus tard, bandits ou flics, se retrouvent pris tour à tour dans des affaires mafieuses qui les dépassent. L'intrigue et les personnages sont agréables ; le réalisme laisse parfois à désirer et le style est assez dactylographique. Bref, il s'agit d'un roman policier qui se lit très bien et qui a su me captiver d'autant mieux qu'il se déroule à Marseille au point de transpirer Marseille, sa culture, son peuple et ses innombrables us et coutumes.

Jean-Claude Izzo : "Total khéops" – Gallimard, 1995 - collection Folio policier

Premier volume de la trilogie marseillaise centrée autour de l'inspecteur Fabio Montale qui incarne le narrateur à la personne "je".

Pour ne pas décevoir le nouveau lecteur, précisons d'emblée que l'auteur cède à divers lieux communs hélas trop répandus depuis trop longtemps dans le roman policier :
- l'enquêteur est un policier atypique, né dans les quartiers défavorisés de Marseille,
- amateur de poésie, de livres, de bonne chère,
- dont les déboires amoureux (toutes les filles lui tombent dans les bras, c'est magique, mais ça se termine toujours mal, oh là là !) constituent une bonne part de la trame du récit,
- narrée sur le ton lamento de l'introspection catastrophique
- accompagnée de chansons de variété anglo-saxonne (dernier tic à la mode).
Dans ce premier volume, le lecteur a droit de surcroît à la légende des trois bons copains épris de la même nana, qui les a tous plaqué bien sûr tour à tour. Ajoutées à cela les quantités invraisemblables d'alcool que notre héros ingurgite, et nous voilà en plein milieu des pires lieux communs du roman policier.
Autre faiblesse, l'auteur utilise le genre policier pour démontrer une thèse, celle de la connivence entre la mafia, les extrémistes islamistes et l'extrême-droite méridionale : pour ce faire, il n'hésite pas à tirer un peu beaucoup sur la corde de la crédibilité.

Il convient de passer sur tous ces défauts pour apprécier l'écriture et le rendu de certaines scènes indéniablement fort bien troussées (voir citation).

Ceci étant, j'avoue n'être point marseillais, ni même originaire du grand Sud, il appartient aux lectrices et lecteurs d'apprécier ou non le charme de l'ode à cette ville, qui constitue indéniablement le personnage principal du roman.

Se lit bien.

Le titre, un hommage personnel de l'auteur à un des créateurs d'un célèbre groupe de rap marseillais, évoquera sans doute à bien des lecteurs un "chaos total". Et c'est bien de cela qu'il s'agit. Le Marseille des années 90, en plein bouleversement urbanistique avec l‘expulsion des populations immigrées du centre-ville et leur relogement forcé dans les fameux "quartiers nord", est le théâtre d'affrontements sanglants entre bandes rivales cherchant à s'approprier le juteux marché de la drogue et de la prostitution, auparavant tenu par quelques "grandes familles". C'est dans ce contexte "explosif" que Fabio Montale, un simple flic de quartier, récemment de retour dans sa ville natale, va mener son enquête sur l’assassinat de Manu et Ugo, ses deux amis d’enfance, et de Leila, violée et tuée de trois balles dans le dos. Ami des immigrés de toute obédience, mais aussi des prostituées et des petits malfrats, Fabio Montale détonne dans un milieu où il est de bon ton de "casser du bougnoule", sinon en actes du moins en paroles. Son enquête va donc s'avérer particulièrement délicate car il doit compter avec des collègues ayant des objectifs et des méthodes aux antipodes de sa conception humaniste du métier de policier. Jean-Claude Izzo inaugure, par un polar associant un lyrisme exalté à une écriture d'une efficacité redoutable, sa célèbre "trilogie marseillaise", plus d'un demi-siècle après celle de Marcel Pagnol. Son esprit séditieux à l'égard des "puissants" de ce monde, officiels et officieux, la qualité de son écriture, en font un égal de ses ainés des années 70, Jean-Patrick Manchette, Jean Vautrin (première manière) et Pierre Siniac. Mais Izzo va beaucoup plus loin dans l'empathie avec ses personnages, sa personnalité singulière se fondant totalement dans ce policier au grand coeur qu'est Fabio Montale, un "vilain petit canard" que l'on ne peut que haïr ou aimer avec passion. On l'aura compris, j'ai choisi sans hésiter la seconde option…

On ne peut séparer la trilogie "Montale". Noir sous le ciel bleu implacable de cette ville belle mais parfois repoussante, riche mais souvent miséreuse, éternelle rebelle mais assoupie, anesthésiée par un clientélisme dévorant. Les intrigues sont parfaitement ficelées, les situations sont vraies car Jean-Claude Izzo les a lui-même vécues. Pas de pathos mais un constat sec comme un PV. le sang coule mais il sèche vite sous le soleil. Pour Montale, le désespoir fait vivre... Izzo est un grand écrivain.

Roman policier à l'intrigue bien ficelée mais là n'est pas le principal... À travers les réflexions de Fabio, le policier que l'on suit, c'est tout Marseille qui s'anime devant nous avec ses problèmes d'Arabes, ses odeurs d'ail et la langueur propre à ses habitants. Sans y ressembler aucunement, la profondeur du personnage m'a fait penser à l'inspecteur Wallander ou encore à Bernie Gunther de Philip Kerr; il y a de la chair autour de ces flics! En prime l'écriture est fluide, dense par moments, mais toujours attirante. Premier tome de la Trilogie Marseillaise, c'est certain que je vais déguster les deux autres opus.

Un bon polar français qui nous immerge dans la cité phocéenne.
Un héros torturé et attachant.
Je me précipite sur la suite.

Il s'agit d'une relecture en fait.... Il y a longtemps , environ 20 ans ... , j'ai découvert Pepe Carvalho- excellent - deManuel Vasquez Montalban et Barcelone !( moi , je voyage avec les polars , chacun son truc !) A la suite , j'ai entendu parler d'un écrivain qui semblait être du même genre mais sur Marseille / Izzo. (et puis après j'ai découvert les polars nordiques , une révélation!)

J'ai lu , j'ai aimé sans condition( mais je lisais moins de polars à ce moment ) , triste que ce ne soit qu'une trilogie ... Et puis j'ai rangé mes livres sur l'étagère en me disant qu'un jour il faudrait les relire... J'ai déménagé et j'habite Marseille , je les ai prêtés à des Marseillaises qui ne connaissaient pas (honte à elles ) et puis le challenge et alors là je me suis senti obligée de le/les relire . total KhéopsJean Claude Izzo

J''ai donc repris total Khéops , je ne m'en souvenais quasi plus ... et ce fut une redécouverte . La différence c'est que maintenant je connais les rues , les bars , l'ambiance marseillaise , du coup je ne sais plus si le livre est bon ou si c'est parceque je suis en terrain connu ?

En tout cas il ya là, une idée juste de Marseille qui est pire que ce qu'on en dit et tellement mieux que ce qu'on en dit , une ville compliquée qui ne me raconte pas encore tout ,mais qui vaut mieux que ce qu'elle montre ...
Lien : http://theetlivres.eklablog...

Total Khéops c'est une bonne histoire, sombre et tortueuse. Suite à l'assasinat de deux amis d'enfance, un flic sans envergure se met en chasse d'un gibier mafieux beaucoup trop gros pour lui. L'histoire est donc assez prenante, d'autant que le flic est très prétentieux et donc très drôle. Ce qui gâche un peu le récit : les leçons de bon goût et de bien penser de l'auteur, permanentes et répétitives. Par exemples, on apprend que le racisme c'est pas bien, que Marseille c'était mieux avant, que César a fait de la merde. Bref, un peu agaçant...

Premier opus d'une trilogie exceptionnelle,
Total Kheops, c'est le "waï", le gros bordel.
C'est la splendeur et la misère sociale De Marseille chantée par IAM et merveilleusement décrites sous la plume d'Izzo.
C'est Fabio Montale un flic mis à l'écart, ange déchu qui aime les femmes, la poésie et sa ville. Pour les besoins d'une enquête, Fabio plonge dans les eaux troubles de son passé et les milieux obscurs de la cité phocéenne.
Noir, noir, noir !