Fabre d'Églantine : Chef des Fripons

Il n'est pas si fréquent qu'un historien s'attache aux pas d'une figure qu'à tous égards il méprise.
Et, Jean de la Varende, en 1948, lorsqu'il écrivit sa biographie, ressentit une sensation singulière de ne pas aimer Suffren.
Peut-être les historiens ont-t-ils besoin d'estimer les silhouettes qu'ils présentent pour leur rendre justice devant l'Histoire.
Celle de Philippe-François-Nazaire Fabre n'a guère tenté l'un d'eux.
De ce fait, "Fabre d'Eglantine, chef des fripons" est un portrait à charge.
Louis Jacob, en 1946, s'y fait procureur.
"Il pleut, il pleut ,bergère,
Presse tes blancs moutons ;
Allons sous ma chaumière,
Bergère, vite, allons" ...
Fabre est accusé de prévarication et guillotiné le 17 germinal de l'an II de la République.
Un libelle de l'époque, d'un cynisme peut-être exagéré, affirme que "pour donner un abrégé de la vie de M. d'Eglantine, il faudrait fouiller dans le fumier ... car elle ne présente qu'un tissu de bassesse de tout genre".
Et, Louis Jacob emboîte, jusqu'au pied de l'échafaud, le pas du jeune homme prétentieux dans sa vie passionnée de comédien pauvre, de secrétaire de Danton, de dénonciateur et de falsificateur ...
Cet ouvrage historique est adossé à une bibliographie dont les sources, pour la plupart primaires, sont des pièces d'archives, des documents imprimés de la Bibliothèque Nationale, des journaux, des revues et de nombreux ouvrages.
"Fabre d'Eglantine, chef des fripons" est une étude fouillée et précise.
Louis Jacob n'hésite pas à y contredire certains autres historiens de la Révolution Française dont Alphonse Aulard avec qui il semble avoir des comptes en suspens.
Le livre est intéressant, déconcertant même, car il va à l'encontre de l'image d'Epinal du sage Danton liquidé par le terrible et incorruptible Robespierre.
Car derrière Fabre d'Eglantine, sur les bancs des accusés, se pressait aux côtés de Danton, de Camille Desmoulins, de Chabot, de Basire, de Delaunay, une horde de financiers et de louches intermédiaires ...