La Bande Bonny-Lafont

J'ai appris et compris beaucoup de choses grâce à ce livre de petit format (175 pages) au contenu explosif !
Par exemple, le lien étroit existant entre les membres de la "Carlingue" et les exactions du terrible docteur Petiot; le rôle joué par ces flics français de la Gestapo en Afrique du nord, et bien d'autres choses encore...Le tout très bien raconté par Serge Jacquemard, qui zoome plus particulièrement sur Henri Lafont et son "associé" imposé à savoir l'ex-inspecteur de police Bonny.

J'ai trouvé qu'Henri Lafont était un "sacré bonhomme", à la fois terrifiant, sans pitié pour ceux qui osaient ne pas respecter les règles du "Milieu" et à la fois charmeur et sympathique, truand au grand coeur, respectant un code de l'honneur comme il n'en existe plus aujourd'hui.
Quand Lafont avance avoir "vécu 10 vies" en 4 ans, on peut lui concéder -à la lecture de ce récit passionnant- que ce n'est pas exagéré. Il est intervenu, en effet, dans tant d'opérations d'envergures, que c'est réellement impressionnant. Dommage qu'il ait mis ses qualités au service du mauvais camps... Ce qu'il a fait, ce n'était pas par idéologie car il répugnait aux actions visant les juifs, et tout ce qui est politique au sens large du terme. Non, son but principal, en servant l'occupant allemand, était l'enrichissement (car il escroquait plus que largement les allemands), l'accès au pouvoir, au luxe et aux belles femmes.

Quant à Bonny, c'est un personnage froidement calculateur, méprisable qui a trempé dans de forts sales affaires, qui ont mis à contribution ses talents d'organisateur hors pair et d'enfumeur de haut vol.
C'est un individu complexe, vénale et opportuniste. Pour en apprendre plus sur lui, je viens de me procurer "L'inspecteur Pierre Bonny : le policier déchu de la "Gestapo française" du 93, Rue Lauriston" de Guy Penaud (978-2296551084).

Certes, la Carlingue ne se résume pas à ces deux hommes. Beaucoup d'autres personnes (et personnalités) y sont passés et ont participé aux dégâts terribles perpétrés lors de ces années sombres de la collaboration. Serge Jacquemard les évoque également dans ce livre et explique leur implication.

J'ai vraiment beaucoup apprécié ce livre qui montre bien la vraie nature des hommes, capables du pire comme du meilleur, selon les circonstances....
Mais parfois, pour certains, le "meilleur" arrive trop tard...