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4,09

sur 793 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je n'avais jamais lu de Jaenada avant ce livre. C'est le titre qui m'a poussé à le prendre dans les mains dans ma librairie et ensuite j'ai vu une photo de Pauline Dubuisson à Malo-les-Bains. Il se trouve que je suis né dans cette ville aujourd'hui absorbée par Dunkerque. Je ne pouvais qu'acheter ce bouquin. J'ai beaucoup aimé cette histoire pour plusieurs raisons. Premièrement j'ai appris pas mal de choses sur ma ville de naissance et les lieus ne me sont pas inconnus. J'ai d'ailleurs retrouvé parfois les histoires que mes parents me racontaient dans ma jeunesse. Ils sont de la même génération que Pauline et ont vécu la guerre et les bombardements tout comme elle. Deuxièmement, le destin de cette jeune femme est vraiment bouleversant. J'ai été vraiment touché par cette histoire triste que je ne connaissais absolument pas. Et enfin, Philippe jaenada est un conteur hors pair qui donne beaucoup de vie à son récit et il se permet souvent des digressions et des pointes d'humour qui allègent un peu cette biographie parfois dramatique. En résumé, j'ai vraiment adoré et dévoré ce livre assez rapidement et j'ai bien l'intention de continuer à suivre cet écrivain.
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Je lis l'oeuvre de Philippe Jaenada dans le désordre : j'ai commencé par La Serpe et je suis tombée sous le charme de ses parenthèses désarmantes et drôles qui côtoient un sérieux documentaire sans concession. J'ai enchaîné avec Au printemps des monstres, à la construction similaire, et que j'ai savouré avec autant de plaisir. Ces deux ouvrages faisaient référence à l'affaire Pauline Dubuisson qui est le sujet de la petite femelle. de construction plus classique, chronologique, et moins ponctué de digressions, ce livre m'a moins plu, m'a moins touché, bien que la thématique résonnait dans notre époque de défense des droits des femmes (encore !…).
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Lire un roman de Jaenada, c'est comme retrouver un copain, quand on en a déjà lu plusieurs. On attend les éclats de rire (et ils ne sont pas si nombreux les auteurs qui nous font rire), les exagérations, les partis-pris, mais aussi les apartés, bref toutes les circonvolutions qui vont avec l'oeuvre de Jaenada. Et je n'ai pas été déçue. Mais peut-être qu'il est un poil trop long ce roman, j'ai éprouvé une lassitude au moment du procès.
Je me suis aussi dit qu'il était tout de même dur avec Felix, que Pauline a bien mené par le bout du nez. J'ai par contre été touchée par la vie de Pauline après sa libération de prison.
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J'aime lire l'histoire des femmes, les contraintes auxquelles elles doivent faire face, leur courage, leurs actes et les raisons qui les motivent et toutes les raisons qui font que je reste persuadée que le combat n'est pas fini pour la femme.
Pauline DUBUISSON, la diabolique ... J'avais lu "je vous écris dans le noir" de JL SEIGLE et j'ai donc logiquement souhaité lire le texte de JAENADA et quel texte ! J'apprécie la façon d'écrire de l'auteur qui croise quotidien actuel, histoire personnelle et l'histoire tout court. Ici, on ressent à la fois une réelle empathie pour Pauline, mais aussi des recherches très sérieuses qui réhabilitent drôlement la jeune femme, une jeune femme trop en avance sur son époque, victime d'un père dominateur, d'une mère absente dans l'enfance et l'adolescence, une jeune femme comme beaucoup d'entre nous maintenant qui voulait devenir pédiatre et avait toutes les compétences, qui ne voulait pas se marier si cela impliquait d'abdiquer qui elle était ... C'est un portrait très attachant de Pauline DUBUISSON que nous donne à voir JAENADA. A lire pour comprendre et faire en sorte que Pauline revive et soit reconnue pour qui elle était.
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Lu après La Serpe, j'ai reconnu la patte de l'auteur, l'intrigue judiciaire en moins puisqu'il ne cherche pas la vraie coupable. le livre est par contre un saisissant plaidoyer pour les femmes car le procès du livre illustre une époque (révolue) où les femmes n'avaient qu'un rôle à jouer dans la société et où on leur attribuait des sentiments, des actions prédéterminées qui ont fait condamner P Dubuisson. L'auteur réussit à dresser un portrait humain, réaliste et non sexiste qui vaut vraiment le détour et qui mérite qu'on s'accroche malgré quelques digressions un peu longues.
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Le fait divers, associé au sensationnalisme, au voyeurisme, à l'indiscrétion, a longtemps eu à mes yeux une connotation négative, sordide. Je réalise à présent que l'image que j'en avais était davantage fondée sur la manière dont les médias l'exploitent que sur le fait divers lui-même, tranche de vie dont la dimension inhabituelle suscite naturellement la curiosité, mais pas seulement... La littérature, en s'emparant régulièrement du fait divers (parmi mes lectures de ces dernières années, je pense notamment aux affaires Génovèse, évoquée ICI et LA, Manson, ou encore Perrais), démontre souvent qu'il est par ailleurs révélateur du contexte culturel, social, historique d'une époque et d'un lieu.

Philippe Jaenada, après s'être penché sur la personnalité du célèbre braqueur Bruno Sulak, s'intéresse ainsi à l'affaire Dubuisson, qui défraya la chronique au début des années 50. Pauline Dubuisson, étudiante, a tué son ex petit ami en lui tirant dessus à trois reprises. Lors de son procès, elle sera présentée comme un monstre, une femme sans coeur ayant fraternisé avec l'ennemi pendant la guerre, une femme vénale aussi, dépitée d'avoir laissé passer sa chance d'épouser un gentil garçon de bonne famille et promis à un brillant avenir...

En reprenant chaque détail de l'enquête, en décortiquant les rapports, les témoignages, les dépositions, les plaidoiries, les articles de presse, dont il analyse chaque élément sous un nouvel éclairage, Philippe Jaenada lui rend l'humanité qui lui a été volée, déchire l'image du monstre pour faire apparaître celle d'une jeune femme à la personnalité complexe, qui abritait sous sa carapace des fêlures menaçant à chaque instant de l'engloutir.

Il revient sur son enfance et sa jeunesse, son éducation par un père qui pense reconnaître chez sa fille le fort tempérament et les capacités dont il se prévaut lui-même. Il place en elle l'espoir de l'élever à un niveau d'éducation et d'intelligence hors du commun. Il engage une préceptrice à domicile jusqu'à son entrée au collège, et lui enseigne des valeurs morales et philosophiques inspirées de Nietzsche : la vie étant un combat, il convient pour le gagner de maîtriser ses émotions en toutes circonstances, de viser l'excellence, et, en cas d'échec, de savoir tirer sa révérence...
La mère, éternelle dépressive, est inexistante. Pauline a également deux frères aînés, trop "médiocres" pour capter l'attention paternelle, et dont son préféré, parce qu'il est "le seul être léger de la famille", meurt, jeune, dans un accident. Alors âgée de neuf ans, elle est dévastée par cette disparition...

Pendant l'occupation, les Dubuisson restent à Malo, près de Dunkerque, plongée dès le début de la guerre dans une atmosphère apocalyptique (car bombardée par l'ennemi lors de la célèbre évacuation des forces britanniques qui y ont battu en retraite, prises en étau par l'armée allemande) et qui sera l'une des dernières villes françaises à être libérée, ayant été transformée en place forte par une garnison allemande. le père de Pauline entretient un commerce florissant avec l'occupant, chargeant sa fille alors adolescente et déjà très attirante de missions régulières auprès de ses nouveaux clients. Elle finit par avoir une aventure avec d'eux d'entre eux ; elle ne le sait pas encore, mais ces épisodes contribueront à sa chute...



Car lors de son procès, c'est un véritable acharnement que subira Pauline, chaque élément de son passé sera réinterprété de manière à démontrer son caractère perverti, au besoin certains témoignages seront remaniés, l'accusation se fendant même de quelques mensonges que l'avocat de la défense, davantage préoccupé de la rédemption de sa cliente que de lui rendre justice, ne prendra guère la peine de démentir... aucune circonstance atténuante ne lui sera accordée -la possibilité même n'en sera pas abordée-, les déclarations contredisant sa nature soi-disant intéressée, froide et malveillante seront occultées.

Philippe Jaenada, à l'inverse, s'attache au contexte dans lequel a grandi Pauline, et va même plus loin, en adhérant à la version de la jeune femme, qui évoque, pour expliquer la mort de son ex fiancé, un accident. Il nous livre ainsi un portrait de femme rendu bouleversant par la tendresse et le respect avec lesquels il investit l'histoire de sa vie, insistant sur l'injustice avec laquelle elle a été d'emblée condamnée par une société au sein de laquelle elle n'avait pas sa place... Car Pauline se voulait avant tout une femme libre et indépendante, s'investissant dans des études de médecine à une époque où l'ultime réussite de la femme consiste à faire un beau mariage puis à s'occuper de ses enfants.
Là où ses juges -qui attendent d'une femme des pleurs et des supplications (d'où vient donc cette bougresse qui ose garder la tête haute ?)- ont vu mépris et froideur, il voit la dignité et la fierté que lui a inculqué l'éducation paternelle. Il sonde, sous sa discrétion et son apparente indifférence, sa détresse et sa solitude. Il lui rend son intégrité, le droit d'avoir été amoureuse, sincère, altruiste.

Et tout cela en faisant montre d'un véritable talent de conteur, capable de rendre passionnant le siège de Dunkerque, de mêler Histoire et anecdotes en une parfaite osmose, truffant son texte de digressions, de commentaires souvent drôles, assumant un parti pris communicatif pour cette petite femelle qu'il a su rendre inoubliable.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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L'histoire de Pauline Dubuisson, criminelle par passion, est disséquée minutieusement par l'auteur pendant plus de 700 pages. Sa jeunesse en eaux troubles à Dunkerque, dans les années 40, la désigne de fait comme une femme sans vertu, immorale, voire dangereuse. le reste, c'est-à-dire sa relation amoureuse et tortueuse avec Félix, la victime, ne viendrait que confirmer la personnalité trouble de Pauline et donc sa capacité à tuer de sang froid. L'auteur veut nous convaincre du contraire; il épluche les procès-verbaux, les articles de presse, les compte-rendus judiciaires, les lettres personnelles pour nous présenter une autre femme, perturbée par une éducation sans sentiment, rigide, dédiée à la réussite. Si elle n'est pas innocente, elle n'est pas non plus à accabler; il lui trouve nombre de circonstances atténuantes et cherche à réhabiliter sa mémoire.
Si le début du roman/biographie passionne, la redondance des faits et de leur dissection fatigue un peu. Dommage.
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Longue enquête sur la vie de Pauline Dubuisson. Où on se demande comment elle a pu survivre à des débuts si particuliers dans la vie pendant la guerre, à des injustices aussi criantes...d'après l'auteur ensuite.
On trouve le style de Mr Jaenada, ironique et plein de parenthèses (en encore, pas autant qu'avec la Serpe...cela m'aurait presque manqué ici!) qui plaît ou pas...Plutôt oui dans mon cas;
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Une pointe de Truman Capote, un dose de Norman Mailer (voire de Dos Passos) et un zeste de Hunter H. Thompson: voilà, vous avez un Jaenada!

Alléchant? Oh que oui!

Philippe Jaenada s'empare du faits divers avec talent, sensibilité et une bienveillance qui manque cruellement au monde actuel. Jaenada prend son lecteur par la main et lui raconte son histoire: comment il a écrit ce livre, et pourquoi.

Cette narration, très personnelle, faite de digressions sur la vie de l'auteur, a pour effet d'impliquer totalement le lecteur, suspendu aux lèvres de l'écrivain tout au long de ce très gros roman, lequel connait quand même certaines longueurs qui ne nuisent pas pour autant à ses mérites.

Dans La petite femelle, Jaenada revient sur un fait divers qui a marqué son époque, l'histoire de Pauline Dubuisson qui, en 1951, tua son ancien amant Félix Bailly de trois coups de revolver.

Nous sommes dans l'immédiat après-guerre, la presse flaire le sang lorsqu'elle apprend que Pauline est une "pute à boches", et lâche les fauves aveuglés de haine, emplis d'un besoin de vengeance cathartique, sur la petite femelle.

La hyène, la salope. Une misérable petite putain. Une fille sans âme, une garce, un monstre. Une meurtrière qui a tué plus qu'un homme, qui a tué la pureté. Mauvaise, féroce, perverse, diabolique, insensible, amorale, tous ces mots lui ont été appliqués, plutôt jetés dessus, dans la presse et dans les rues, partout en France. Madeleine Jacob, chroniqueuse judiciaire sans pincettes ni scrupules, a écrit dans Libération (le journal qui a été créé dans la clandestinité en 1941 et a couvert l'après-guerre jusqu'en 1964, pas celui de Sartre et July) : « Orgueilleuse, obstinée, sensuelle, égoïste, méchante et comédienne. Tout cela se lit au premier regard sur le visage pâle, émacié, de Pauline Dubuisson. »

A cette vague nauséabonde, Jaenada répond:

C'est bien, de se contenter du premier regard, Madeleine, ça évite de perdre du temps avec les traînées dans son genre.

Le ton est donné, Jaenada s'est fixé une mission: comprendre.

Et pour ce faire, il rouvre l'enquête. Minutieusement, à tâtons, il va fouiller l'histoire (absolument passionnante) de Pauline, de son enfance à son décès. Point par point, il va reprendre l'enquête policière, en démontrer les incohérences, les non sens, les erreurs, et ce qui est terrifiant, c'est qu'il ne fallait pas moins de 700 pages pour en faire la liste.

Il va analyser les minutes de ce procès bâclé qui s'est déroulé dans un climat de tension intolérable, sous les assauts conjoints de la populace et de la presse qui auront raison de la Justice, et dont le seul mérite aura été de faire prendre la Robe à un tout jeune homme: Jacques Vergès.

Pauline est une héroïne tragique. Fragile, victime d'une éducation défaillante, elle se construit en temps de guerre. Elle a tué, c'est certain, Jaenada ne prêche pas l'absolution, mais demande Justice pour celle qui est devenue à ses dépens, le symbole de ce qu'un pays brisé, peinant à se révéler, doit oublier.

Et Pauline va payer, plus que de raison. Elle paiera pour sa dignité, sa modernité, son refus de de soumettre ou de justifier ses choix de vie.

Jaenada souligne l'abjection de ces emballements médiatiques populistes qui sacrifient l'humain pour amuser la foule, folie répugnante décuplée avec l'apparition des réseaux dits "sociaux" , encore aggravée par l'impunité de l'anonymat.

Jaenada en appelle à la raison, à l'humanité des lecteurs.

Raphaëlle Leyris a écrit dans le Monde:

La Petite Femelle est le récit d'une chute (...) la beauté du livre tient au fait que le geste de l'écrivain consiste à se pencher vers elle pour l'aider à se relever

Au final, je ne pense pas pouvoir mieux dire.

Plus de lectures sur https://chatpitres.blogspot.fr/
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J'ai découvert Pauline Dubuisson en lisant le roman de Jean-Luc Seigle " Je vous écris dans le noir " paru aux éditions Flammarion. Lorsque j'ai su que Philippe Jaenada nous livrait un nouveau récit sur cette femme fascinante je me suis précipitée; ( j'avais beaucoup aimé son livre "Sulak") C'est encore un régal, car très documenté et très vivant comme toujours. C'est un "pavé" mais qui se lit avec plaisir et qui nous ouvre d'autres perspectives sur ce personnage hors du commun!
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